(Neuf heures quarante-huit minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour, tout
le monde. Merci d'être là. En fait, aujourd'hui, je suis pas mal moins fière de
mon premier ministre en ce qui a trait à Anticosti. Je pensais, comme plusieurs
Québécois et Québécoises, qu'il avait fait définitivement la croix sur la
fracturation hydraulique sur cette île-là pour la recherche au niveau gazier et
pétrolier. Ce qu'on apprend hier, au sortir de sa rencontre avec Pétrolia, à tout
le moins de la bouche de M. Gagnon, c'est que le gouvernement semble, bien
sûr, réitérer qu'il va respecter son contrat. Et, pour nous, les Québécois et Québécoises,
on continue de ne pas savoir qu'est-ce qu'il y a dans ce contrat-là.
Alors, ce que je souhaite depuis le
début... On est en 2016. Il y a énormément d'incertitudes de part et d'autre
dans le projet d'Anticosti. Ce qu'on souhaite depuis le début, c'est que le
gouvernement soit clair et dise : Non, il n'y aura pas de fracturation
hydraulique dans le fleuve Saint-Laurent. Alors, on compte sur le premier
ministre pour... et/ou le ministre de l'Environnement, parce que c'est de sa prérogative,
de sa responsabilité de dire un non clair à la fracturation sur Anticosti.
M. Khadir
: Sur un
autre registre, je voudrais prendre quelques instants pour dire à quel point,
de mon point de vue et après maintenant plus d'un an d'observation, le
comportement du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, avec sa critique de
vis-à-vis du PQ, Mme Lamarre, est inacceptable. Écoutez, je suis déjà
intervenu auprès de lui en privé il y a de cela plus de six mois, je crois, où
je suis allé directement m'asseoir à côté de lui et dire : Gaétan, ton
attitude vis-à-vis Mme Lamarre est indigne. Ce n'est pas acceptable de
tenir toujours des propos vexatoires, des propos qui atteignent à la dignité de
Mme Lamarre, qui personnalisent des débats, qui sont véhéments, qui sont
toujours sur le registre de l'injure ou de l'affrontement, qui sont souvent
teintés de dérision, une tentative de ridiculiser son adversaire. Tout ça, c'est
des éléments qui, lorsqu'on regarde notre propre politique relative à la
prévention du harcèlement au travail, sont carrément dans le registre du
harcèlement.
Je vous en donne une définition :
«Une conduite vexatoire se manifestant par des comportements, des paroles, des
actes ou des gestes répétés, qui sont hostiles ou non désirés, laquelle
conduite porte atteinte à la dignité ou à l'intégrité psychologique ou physique
de la personne et qui entraîne, pour celle-ci, un milieu de travail néfaste.»
On nous dit, bien sûr : Ce code n'est pas prévu pour les délibérations
parlementaires, soit, mais M. Barrette tient ces propos dans les points de
presse, dans les couloirs ici.
Et, même si ça ne s'applique pas immédiatement
au débat parlementaire, quand ce comportement est si répété, si constant, je
pense que, sur le plan moral, c'est un... même si on ne l'a pas admis ici, ce document
porte un jugement très sévère sur le comportement de M. Barrette à l'endroit
de Mme Lamarre, et il faut que ça cesse.
M. Vigneault (Nicolas) :
Donc, M. Khadir, il fait carrément de l'intimidation?
M. Khadir
: Le
harcèlement psychologique fait partie du registre de l'intimidation, oui.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous considérez, comme les deux autres chefs de l'opposition, que les
oppositions, actuellement, sont muselées et que le premier ministre Philippe
Couillard tente de faire de l'intimidation auprès des oppositions pour les
museler?
M. Khadir
: C'est sûr
que c'est un gouvernement... M. Couillard emprunte beaucoup de ses orientations
politiques, sa vision des choses et aussi ses pratiques parlementaires sur le
Parti conservateur de M. Harper, c'est évident. Les parallèles sont
nombreux.
M. Laforest (Alain) : Dans
quel sens?
M. Khadir
: Dans le
sens qu'un gouvernement qui prétendait être un gouvernement de transparence...
Bien, essayez un peu avec l'accès à l'information, demandez des informations
sur le contenu de ses décisions, les documents ministériels, etc., vous allez
avoir une difficulté énorme. Toute la communication du gouvernement est
concentrée aussi dans l'entourage du premier ministre...
M. Laforest (Alain) : Donc, ça
fait partie de l'intimidation, selon vous?
M. Khadir
: Non, non,
mais je parle de... Le gouvernement actuel s'inspire beaucoup du gouvernement
Harper. En fait, c'est un gouvernement conservateur sous un déguisement
libéral, on le comprendra, surtout en matière économique et sociale, on le voit
dans ses attitudes. C'est sûr que le gouvernement Harper était réputé pour ses
tentatives d'intimidation en essayant, de toutes sortes de manières, disons,
d'éteindre la voix de ses adversaires par des propos injurieux, par un
affrontement permanent dans son refus de collaborer et de répondre aux questions
légitimes de l'opposition. Dans ce registre-là, oui, il y a une tentative
d'intimidation, c'est clair, mais on ne se laissera pas faire.
M. Vigneault (Nicolas) : Mais
est-ce que l'opposition... Par exemple, le bureau du premier ministre vient de
nous envoyer un communiqué, là, où Pierre Karl Péladeau qualifie M. Barrette
de tartufe. Est-ce qu'on n'ajoute pas de l'huile sur le feu quand, de part et
d'autre, on y va d'insultes comme ça?
M. Khadir
: Je laisse
les gens en juger. Moi, je n'injurie ni M. Couillard ni M. Barrette,
je fais des associations sur la base de leurs orientations, de leurs décisions,
des pratiques ici, en Parlement, quand je dis... à moins que M. Couillard
estime qu'être associé au gouvernement Harper, c'est une injure à la hauteur de
l'injure que vous venez de mentionner. Mais la réalité est que M. Couillard
n'est pas à la hauteur des promesses minimales qu'il avait faites avant les
élections.
(Fin à 9 h 54)