(Treize heures dix-huit)
M. Lelièvre : Bonjour à tous.
Il me fait plaisir d'être ici avec mes collègues aujourd'hui — François
Gendron, d'Abitibi, Sylvain Gaudreault, de Jonquière, Alexandre Cloutier, du Lac-Saint-Jean,
Sylvain Roy, de Bonaventure, Harold LeBel, de Rimouski, Pascal Bérubé, de
Matane — pour vous entretenir sur des récentes données de l'Institut
de la statistique du Québec qui démontrent clairement les problématiques des
seuils migratoires dans les régions, notamment dans les régions ressources.
C'est des données qui sont quand même très inquiétantes. Puis, au-delà de ces
chiffres-là, ce qu'il faut prendre en compte, c'est la situation économique et
sociale, je dirais, qui est très malmenée au niveau, notamment, des régions
ressources au Québec.
Quelques exemples concrets : sur la
Côte-Nord, on parle de fermeture de l'usine FerroAtlantica, 345 emplois qui ont
été perdus; la fermeture de Cliffs au lac Bloom, 500 emplois de perdus; au
Saguenay—Lac-Saint-Jean, cette année, il y a autant de fermetures et de saisies
de propriétés en deux mois qu'on a eues durant l'année 2015, donc une année
2016 qui s'annonce extrêmement difficile au niveau du Saguenay—Lac-Saint-Jean;
au Bas-Saint-Laurent, on parle de coupures importantes dans l'ensemble du
Québec, mais qui ont un impact particulier au niveau du Bas-Saint-Laurent au
niveau de la forêt publique et de la forêt privée, on parle d'une hausse de
16,4 % des faillites d'entreprises en 2015 au Bas-Saint-Laurent.
Également, récemment, le rapport Gagné déposé par le gouvernement du Québec,
qui est un exemple concret de mise à mal des communautés rurales qui sont dans
l'industrie du sirop d'érable, vraiment un rapport inadapté qui démontre
vraiment la méconnaissance de la réalité des régions.
En Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine,
notamment, le dossier des transports rend très difficile le développement
d'entreprises, l'occupation du territoire. Un bref portrait du côté
aérien : un billet d'avion entre Gaspé et Québec est autour de 1 500 $,
c'est du jamais-vu. Du côté du chemin de fer, qui est propriété du gouvernement
du Québec, de Transports Québec depuis un an, c'est la fermeture complète du
tronçon Matapédia-Gaspé. Et, du côté du service interrégional par autocar avec
Orléans Express, on le sait, il y a eu une diminution de 50 % du service,
et sans parler que le secteur de Percé et Forillon est dorénavant non desservi,
absolument non desservi par le service d'autocar, c'est du jamais-vu. Donc,
c'est très difficile de développer l'industrie touristique avec l'état de
situation des transports en Gaspésie.
Du côté de l'Abitibi, la deuxième région
en importance à être touchée par les mesures qu'on apprend aujourd'hui par les
données démographiques, l'Abitibi-Témiscamingue qui prend un dur coup, on parle
notamment de la fermeture de Québec Lithium, 200 emplois, on parle de nombreux
arrêts temporaires, mais qui affectent l'économie locale, au niveau de
l'industrie forestière, au niveau des scieries.
Donc, en résumé, ce sont les conditions de
base au développement et à l'occupation du territoire qui sont absentes de nos
régions ressources. Donc, c'est extrêmement difficile pour les intervenants
locaux et régionaux d'arriver à développer le territoire.
Les grandes causes? Bien, d'abord, le gouvernement
du Québec a mis en place... a tenté de mettre en place deux politiques
nationales, soit la Stratégie maritime et le Plan Nord, deux stratégies
nationales qui ne livrent aucun résultat, notamment dans les régions
ressources. En plus de ces stratégies nationales là, qui sont complètement
inefficaces pour assurer le développement des régions ressources, on a assisté,
durant l'arrivée du gouvernement libéral, à l'abolition de nombreux outils de développement
dans les régions, qu'on pense à l'abolition des conférences régionales des
élus, qui détenaient des budgets importants au niveau du développement
économique, qu'on pense à l'abolition des CLD, des forums jeunesse, le Fonds de
développement des territoires, qui est passé de 180 à 110 millions, une
diminution de 55 % des budgets affectés au développement des régions, donc
des outils financiers qui ne sont plus à la disposition du monde municipal et
des intervenants socioéconomiques. Les élus municipaux sont vraiment abandonnés
à eux-mêmes avec l'ensemble des partenaires qui tombent partout autour d'eux, et
le pacte fiscal, également, qui dessert très mal les régions ressources.
On a deux ministres qui sont censés être au
fait des problématiques des régions. Malheureusement, le ministre responsable
de l'Occupation du territoire et la ministre responsable du Développement
économique des régions sont deux députés de l'île de Montréal. Les régions sont
défendues par deux ministres issus de l'île de Montréal, c'est du jamais-vu. En
25 ans de travail, personnellement, dans le développement régional, je n'ai
jamais vu un tel démantèlement des régions, un tel démantèlement du coffre à
outils des régions. Il y a réellement urgence de s'occuper des régions
ressources.
Après deux ans d'arrivée du gouvernement
libéral, il n'est pas trop tard. Le gouvernement doit s'assurer de mettre en
place, vraiment, une stratégie de développement des régions. Même si les deux
années ont été extrêmement stériles, extrêmement difficiles, le gouvernement
doit s'affairer immédiatement à mettre en place une véritable stratégie de
développement des régions ressources. Il doit démontrer — ce qu'il n'a
pas fait jusqu'à aujourd'hui — une vision, une volonté et des actions
concrètes pour soutenir le développement des régions. Il doit également écouter
les acteurs du développement économique des régions, qui ont des choses à dire
et qui connaissent les solutions à leurs problématiques et connaissent les
solutions pour relancer leurs territoires.
Donc, on se demande : Est-ce que le
gouvernement attend que le point de non-retour soit atteint dans certaines
régions pour agir? On espère que non. Et on se demande, une fois de plus, qui,
au gouvernement, qui, au Conseil des ministres, connaît et défend les régions.
Merci.
(Fin à 13 h 24)