(Neuf heures trente-six minutes)
M.
Bonnardel
:
Merci d'être là. Donc, dans une semaine, ce sera le troisième budget du gouvernement
Couillard qui sera déposé, et on arrive à un point tournant en ce qui a trait à
l'imposition des Québécois, au fait que les Québécois restent les plus taxés en
Amérique du Nord, et j'ai des chiffres extrêmement inquiétants pour vous ce
matin.
Premièrement, vous ne serez pas surpris de
savoir que les Québécois restent au sommet en ce qui a trait à l'impôt payé. 44 %
de leurs revenus va directement à l'impôt. Vous avez vu des chiffres aussi
inquiétants hier, qui disent que les Québécois sont de plus en plus endettés.
Chaque Québécois, excluant sa dette hypothécaire, son prêt hypothécaire, doit
18 070 $ en moyenne. Vous le savez aussi, les chiffres du revenu disponible
par habitant, le Québec est au dernier rang des provinces canadiennes en termes
de revenus.
Malheureusement, les salaires n'augmentent
pas. Les gens qui nous écoutent, qui vont nous lire, savent très, très bien que
les taxes et les impôts, depuis l'arrivée des libéraux, ont augmenté d'à peu
près 1 500 $ et même plus. Donc, les Québécois ont vu leur fardeau
fiscal augmenter.
Vous avez une situation, donc, qui nous
amène à comprendre que le Québec est le champion des faillites au Canada. Pour
ce qui est des particuliers, les chiffres de 2015 nous démontrent que 36 %
des faillites des particuliers au Canada viennent du Québec. Pour ce qui est
des entreprises, c'est 54 % des faillites canadiennes qui viennent du
Québec pour les entreprises québécoises.
Vous avez une situation aujourd'hui, en
2015, qui est pire que l'après-crise de 2008‑2009, donc une situation où on dit
une chose : Le gouvernement doit comprendre que les Québécois, les
entreprises sont étouffées, les Québécois ont besoin d'oxygène. On souhaite
que, dès la semaine prochaine, le gouvernement entende et réponde en baissant
les impôts des Québécois. Merci.
M. Laforest (Alain) : M.
Bonnardel, les chiffres de l'emploi ont été dévoilés ce matin, création de
3 400, mais perte de 3 200 en janvier, taux de chômage à 7,6 %.
Ça vous dit quoi?
M.
Bonnardel
:
C'est la stagnation, monsieur. C'est la stagnation parce que les indices de
confiance ne sont pas là. Vous avez un environnement fiscal qui n'amène pas les
sociétés à entreprendre, à vouloir démarrer des entreprises, et malheureusement
des faillites qui sont en augmentant, des offres de règlement qui sont en
augmentant. Donc, dans ces conditions, on leur demande une chose aussi avec la
baisse des impôts, c'est un plan de relance économique qu'on a de besoin. On a
de besoin de redonner un élan au secteur manufacturier, redonner un élan aux
entreprises, abaisser le fardeau fiscal de ces entreprises pour être capables
d'être concurrentiels dans un environnement canadien.
M. Gagnon (Marc-André) : Toujours
sur le thème de l'emploi, vous avez vu les mises à pied chez Davie qui sont
causées, donc, par le litige qu'il y a entre la Société des traversiers et le gouvernement.
Votre réaction à ça, M. Bonnardel?
M.
Bonnardel
:
Bien, c'est extrêmement grave, là, quand on voit la situation entre la STQ et
la Davie. On a de l'improvisation, on a un ministre qui voudrait nommer
supposément un médiateur. On s'attend à ce que la Davie soit performante, on
s'attend à ce que la Société des traversiers du Québec aussi donne les bonnes informations.
Donc là, est-ce que ce sont les ingénieurs qui ont mal fait leur travail? Est-ce
que ce sont les devis qui ont été mal faits par la STQ ou la Davie? Donc, on
s'attend à ce que le ministre puisse rassurer les Québécois.
Il y a énormément d'argent qui a été
dépensé pour ces projets, puis, dans ce contexte, je pense que l'argent des Québécois
doit être bien dépensé, puis le ministre doit rassurer tous les Québécois pour
ces dépenses extrêmement importantes là.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
ne croyez pas qu'il y a un problème majeur à la STQ? Il y a des dépassements de
coûts, l'achalandage est en baisse, le nombre d'employés a augmenté énormément
dans les dernières années.
M.
Bonnardel
: Il
y a certainement un problème de leadership, un problème de gestion présentement
à la STQ. On s'attend aussi... Mon collègue l'a maintes et maintes fois
mentionné, on souhaiterait que le Vérificateur général puisse se pencher
rapidement sur cette situation, parce que, quand on regarde, bon, les coûts,
donc, des traverses qui ont augmenté pour les automobiles, pour les
automobilistes, les dépassements de coûts, les traversiers qui sont arrivés
neufs qui ne fonctionnent pas... Et là vous avez la problématique avec la Davie
aujourd'hui.
Je pense qu'il y a un examen d'ensemble important
à se faire, un test de leadership de la part du ministre responsable aussi de
la STQ. Puis on s'attend à ce que le gouvernement agisse pour défendre les
intérêts des Québécois.
M. Gagnon (Marc-André) : Sur un
autre sujet, si on parle de bingo, Loto-Québec, bon, qui envisage un projet
pilote pour le bingo électronique, est-ce que vous croyez à ça?
M.
Bonnardel
:
Bien, il ne faut pas oublier que, dans plusieurs villes au Québec, villes et
villages, il y a des bingos qui fonctionnent, et l'argent qui est gagné par ces
entrepreneurs ou ces organismes sans but lucratif sont versés plus souvent
qu'autrement dans les villages et les différents organismes qui viennent en
aide aux gens dans le besoin.
Là, on a le projet de loi n° 74, où
on nous dit : On va légiférer pour avoir, sous l'égide d'Espacejeux,
le jeu en ligne comme le poker et tout ça, puis là on nous parle donc de bingo
en ligne. Je vais attendre de voir un projet de loi, là, qui va me démontrer la
véracité de tout ça et si vraiment le gouvernement souhaite aller de l'avant, parce
que présentement, bon, l'offre de jeu... Le projet de loi n° 74 n'est pas
encore adopté, puis on pourra suivre la suite de ce projet de loi dans les
prochaines semaines. Mais, encore une fois, si on augmente l'offre de jeu,
bien, ça peut être nécessairement encore plus inquiétant pour ceux qui ont des
problèmes de jeu compulsif, là.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
comprends l'enjeu pour ce qui est du financement des organismes communautaires,
mais il reste que le bingo est en perte de popularité. On se souvient que, lorsque
la cigarette a été interdite dans les salles de bingo, qu'il y a eu une chute
drastique de la fréquentation des bingos.
Est-ce qu'il n'y aurait pas plutôt lieu de
revoir le financement des organismes communautaires, plutôt que d'essayer de...
M.
Bonnardel
:
Bien, si le but du gouvernement, c'est d'aller augmenter, encore une fois, les
dividendes de Loto-Québec au détriment des organismes communautaires, moi, je
leur dirais : Un instant! Dans toutes les villes et villages au Québec, on
voit plusieurs bingos fonctionner et qui remettent l'argent, donc, à ces
organismes, même chez moi.
Donc, avant toute chose, là, je veux avoir
les tenants et aboutissants de cette future loi ou de ce futur règlement qui
amènerait donc le jeu en ligne, donc l'offre de bingo additionnel. Donc, avant
toute chose, là, je m'attends à recevoir plus d'information pour être capable
d'avoir une position qui va être... Puis j'imagine qu'on aura peut-être ces infos
d'ici aux études des crédits en avril prochain.
M. Gagnon (Marc-André) : Juste
revenir sur l'interpellation de ce matin. Donc, si j'ai bien compris, M. Leitão
ne sera pas présent?
M.
Bonnardel
:
Oui, oui, oui. Vous savez, c'est extrêmement triste. Ça démontre toute
l'arrogance de ce gouvernement depuis le début de cette session, même depuis le
début de cette législation. Cette semaine, on a atteint une arrogance hors du
commun de la part du premier ministre, puis ce matin, bien, vous avez, encore
une fois, un ministre qui se dégage de ses responsabilités, qui se défile de
ses responsabilités en disant : Moi, ce matin, là, à une semaine du
budget, je n'ai pas à être ici à répondre aux critiques de l'opposition et de
l'opposition officielle pour répondre d'une situation comme je vous démontre ce
matin. C'est extrêmement inquiétant. On aurait pu minimalement l'aider, s'il
restait encore des bribes d'information à amener pour ce budget.
Alors, on a un ministre qui se défile.
C'est la deuxième fois, là. Au printemps passé, j'ai eu une interpellation, le
ministre s'est défilé. Vous avez encore une fois un ministre, ce matin, qui
s'est dit : Moi, je n'ai pas besoin d'être là. Alors, encore une fois,
extrêmement décevant de la part du gouvernement.
Puis ça démontre encore une fois qu'on se
fout un peu du travail parlementaire. Le ministre a été là cette semaine pour
la motion du mercredi sur le même sujet, a été là toute la semaine, puis, ce
matin, il nous dit : On va envoyer le ministre responsable de l'Emploi et
Solidarité sociale. C'est complètement aberrant.
M. Gagnon (Marc-André) : En
même temps, on est à quelques jours du dépôt du budget. Le ministre a
certainement beaucoup de pain sur la planche. Ce n'est pas plutôt le moment de
votre interpellation qui est mal choisi?
M.
Bonnardel
:
Pas du tout. À une semaine du budget, on s'attend qu'on puisse modifier encore
des choses, d'amener la pensée du ministre et du gouvernement à changer.
Je vous démontre ce matin des chiffres
extrêmement inquiétants pour ce qui est des faillites. Je le répète, le Québec
est le champion des faillites au Canada. Donc, dans ces conditions, là,
j'espère que le gouvernement va prendre des positions qui vont amener de
l'oxygène aux entreprises, aux particuliers, parce que les Québécois sont
étouffés, ont bien besoin de voir des impôts baisser dans les prochaines
semaines ou prochains mois. Puis on espère que le gouvernement aura compris.
Puis on aurait été bien, bien fiers d'en discuter avec le ministre ce matin sur
plusieurs, plusieurs aspects du prochain budget, mais il faut croire que, pour
lui, ce n'est pas assez important d'être avec nous ce matin.
Des voix
: Merci.
(Fin à 9 h 45)