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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Friday, March 11, 2016, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Une heure deux minutes)

M. Khadir : Bonjour. Alors, Québec solidaire tient, à quelques jours de l'annonce du budget, à exprimer nos attentes par rapport au budget que s'apprête à nous annoncer le gouvernement libéral. Nous pensons que ceux qui ont contribué à l'effort budgétaire, parfois malgré eux, devraient être les premiers bénéficiaires des surplus qui ont été engrangés, suivant les données statistiques du Québec.

À une semaine, donc, de la présentation du budget et de l'annonce du ministre des Finances Leitão, ce que nous pensons, c'est que le vrai problème, ce n'est pas la dette du Québec, qui, heureusement, s'il fallait s'en convaincre encore, n'est pas la catastrophe dont on annonce... Il y a des mythes malheureusement bien construits. Je voudrais vous montrer ici la cote de crédit du Québec attribuée et calculée par Standard & Poor's depuis les 15 dernières années, hein? S'il fallait s'en convaincre, s'il vous faut une courbe plus plate que ça... Il n'y a rien de plus plate que de dire : Rien n'a bougé, c'est la même cote de crédit depuis 15 ans, il n'y a pas de danger.

La réalité, par contre, c'est que, du côté économique, il y a un véritable ralentissement, il y a un véritable fléau de pertes d'emploi qui fait très mal au Québec, qui ruine la vie de milliers de travailleurs qui doivent composer en plus avec des pertes de services, en plus de leurs emplois, avec des services qu'ils doivent dorénavant payer parfois plus chers, que ça soit l'hydroélectricité ou simplement au cabinet des médecins... auxquels on leur demande des frais accessoires, comme on le sait, avec bien d'autres problèmes que nous connaissons, notamment pour les services de garde.

Alors, voici la situation de l'état économique du Québec. Le taux de croissance de notre produit intérieur brut, il y a un véritable ralentissement si on se projette depuis les 30 dernières années, alors qu'il y avait une activité économique toujours aux alentours de 1 %, 1,5 % et 2 % de croissance... de taux trimestriel. Nous sommes rendus plus proches de zéro. Et la réalité, tout le monde le sait, c'est que, s'il y a des annonces de gains d'emplois aujourd'hui, ces gains-là, c'est des gains en emplois précaires, en jobines dont la population n'a pas besoin. Ce que la population du Québec, ceux qui ont perdu leurs emplois ont besoin, c'est la création de véritables emplois, un véritable programme de relance qui corresponde aux besoins de l'ensemble de la population et non pas taillé sur mesure pour offrir une main-d'oeuvre à bon marché à des entreprises qui veulent réduire les conditions de travail détériorées, les conditions du travail de notre population.

Donc, la véritable catastrophe, c'est la crise que connaît le marché de l'emploi, c'est la crise que connaît notre économie, qui ne réussit pas à être relancée. Et il faut cesser, donc, d'axer les choix budgétaires en fonction de la dette, mais en fonction de la relance... de la nécessaire relance de l'emploi.

Alors, ce n'est certainement pas le temps de mettre les 2 milliards et plus de surplus dans le Fonds des générations ou à payer la dette, ce n'est certainement pas le temps d'utiliser 50 % des surplus au service de la dette et un autre 50 % à réduire l'impôt, qui va surtout profiter aux familles les plus riches et aux très riches.

Alors, voici des propositions très pratiques que Québec solidaire fait à M. Leitão pour l'utilisation des 2,2 milliards de surplus annoncés. Nous croyons qu'il faut réinvestir massivement dans la santé, puisque ce qu'on va réinvestir va créer des emplois et des opportunités, qui va permettre à des familles bien rémunérées de payer des impôts et surtout de consommer et de faire relancer la machine économique, ce qui contribue à soutenir l'économie par en bas et pousse l'ensemble de l'économie vers le haut.

Donc, développement du réseau des CLSC pour favoriser l'accès aux soins de santé gratuits, nous proposons 450 millions. C'est le temps, plus que jamais, de ne pas faire l'erreur d'investir des centaines de millions de dollars dans les supercliniques dont on n'a pas besoin. On a déjà un réseau de plus de 290 points de service de CLSC bien répartis à travers le Québec, ils n'ont besoin que d'un budget et d'une volonté politique pour que ça fonctionne et que ça soit un accès de première ligne axé alentour des intervenants de santé, pas nécessairement les médecins. Soutien à domicile, un autre 450 millions, puis l'annulation des coupes en santé publique, c'est-à-dire un autre 30 millions.

Donc, 950 millions, secteur santé, 400 millions pour l'embauche de professeurs ou de professionnels dans le secteur de l'éducation. Nous croyons en la nécessité de réinvestir dans les réseaux de garde publics au Québec, en la création, donc… avec la création de places supplémentaires dans les centres de petite enfance. Nous croyons qu'il faut réinvestir, non seulement annuler les hausses de tarif, mais réinvestir un autre 125 millions. Donc, au total, 250 millions pour le réseau de services de garde au Québec.

Il faut aussi une véritable volonté de lutter contre la pauvreté. Nous savons que tous les pays qui ont oeuvré à diminuer la pauvreté ou à éliminer la pauvreté, ce que ça a fait, c'est que ça a soutenu le développement de leur classe moyenne et ça a soutenu les petites et moyennes… les très petites et les petites entreprises. Donc, c'est une relance de l'économie par le bas et par l'emploi. Donc, nous croyons à une… Nous voulons investir 100 millions dans une bonification du crédit d'impôt à la solidarité.

Ensuite, c'est une demande que nous avons faite depuis plusieurs années auprès à la fois des ministres de l'Économie du gouvernement Charest, du ministre de l'Économie du gouvernement Marois puis auprès de M. Leitão, il faut enfin un traitement fiscal juste des pensions alimentaires. Ça n'a besoin que de 50 millions de prévisions budgétaires pour cesser de compter ces revenus comme des revenus déductibles de l'aide sociale que reçoivent les femmes monoparentales qui reçoivent ces pensions alimentaires. Donc, il faut cesser le traitement injuste de ces pensions alimentaires comme un revenu, donc, tel que fait actuellement le gouvernement du Québec. Et ensuite nous voulons une relance du programme d'AccèsLogis, ce qui nécessite 150 millions supplémentaires.

Enfin, pour la transition écologique, pour un véritable plan de relance de l'économie du Québec, le gouvernement libéral pourrait commencer par une bonification des budgets de transport collectif. Nous, nous lui suggérons d'accorder 200 millions supplémentaires à ce secteur, puis aussi, pour le développement du transport interurbain en région, un 50 millions, un budget dont les régions du Québec ont grandement besoin, où nous connaissons tous le problème de la perte des services par des transporteurs privés. Que ça soit en Gaspésie ou ailleurs en région, c'est une véritable désertion du secteur privé en matière de transport, et l'État doit remplir son rôle, et combler les besoins, et développer des transports alternatifs qui sont soutenus par les communautés.

Donc, voilà un plan pour utiliser les 2,2 milliards. Au lieu de s'attaquer à une dette où on n'a pas de problème — la cote de crédit du Québec est très bonne — le consacrer essentiellement à relancer une économie qui en a grandement besoin, une économie qui connaît d'importants problèmes dans la création d'emplois de qualité et qui soient bien payés.

Journaliste : ...poser la première question.

M. Khadir : Bien sûr, et nous vous attendions avec impatience.

Journaliste : Oui, bonjour, M. Khadir. Je vois que la part du lion dans ce que vous proposez aujourd'hui vient en partie en soutien à domicile, mais aussi dans le développement du réseau des CLSC. Ça veut dire quoi, pour vous?

M. Khadir : Les CLSC ont besoin d'un soutien financier adéquat pour offrir des plages étendues de services, en termes d'horaires, les fins de semaine, tard en soirée, surtout pour embaucher des intervenants qui ont été coupés au fur et à mesure au cours des dernières années, et structurer des services reposant sur des infirmières de première ligne qui s'occupent essentiellement d'évaluer les besoins les plus, disons, de base en matière d'accès de première ligne. Un certain nombre de conditions pour lesquelles les gens consultent les urgences aujourd'hui et qui engorgent nos urgences peuvent très bien être évalués et adéquatement orientés dans des CLSC.

C'est d'ailleurs le modèle qui a inspiré, en partie, le modèle 24... non, excusez-moi, 07 dans les pays scandinaves, où les services de première ligne sont gérés par des infirmières qui, dans des cliniques hors hôpitaux, dans des cliniques, donc, en communauté, assurent un contact immédiat avec un professionnel. C'est une infirmière qui, lorsque c'est nécessaire, s'assure, dans les sept jours, que ce ou cette patiente puisse voir un médecin, disons, en cohérence avec le besoin de santé.

Le seul problème des CLSC, c'est que les CLSC sont mal aimés par l'establishment médical, dont le pouvoir immense sur le pouvoir politique vous est maintenant connu, hein, il suffit de voir la marque qu'ont laissé Couillard et maintenant Barrette sur le système de santé, où tout est pensé en fonction des avantages à accorder au corps médical, alors que, si on pensait à ce qui est nécessaire pour la population, les CLSC sont déjà payés de nos poches. On a déjà payé cette hypothèque, c'est 290 points de service à travers l'ensemble du territoire. On n'a plus besoin d'investir dans des installations coûteuses comme veut faire le ministre Barrette. Donc, notre proposition, c'est pour éviter de gaspiller l'argent public et renforcer une structure qu'on a, en y accordant les services nécessaires.

Journaliste : Mais eux argumenteraient probablement qu'ils favorisent ou qu'ils privilégient les groupes de médecine familiale, par exemple.

M. Khadir : Oui, mais les groupes de médecine familiale, c'est l'argent public, mais sous contrôle privé par des médecins. La seule différence entre les CLSC puis le modèle des GMF, c'est quoi? C'est qu'il y a des médecins qui ne veulent pas travailler de manière multidisciplinaire ou, quand ils veulent travailler de manière multidisciplinaire, ils veulent être les boss. C'est juste inacceptable. Et ça fait quoi? Ça fait que, si on le fait trop souvent... Et, vous le savez, l'expérience des GMF, ça fait plus de 10 ans, combien de fois, vous-mêmes, vous avez rapporté que nombre d'entre eux, pratiquement 50 %, ne rencontrent pas les obligations pour lesquelles on les a... on leur a accordé des budgets? Pourquoi? Parce que, sous contrôle médical, les services sont taillés sur mesure pour convenir aux besoins des médecins et non pas aux besoins de la population. Dans les CLSC, c'est le contraire qui se passe.

Journaliste : D'accord. Si vous me permettez, j'aimerais vous poser une question sur la proposition que semble vouloir mettre sur la table le ministre Daoust concernant Uber et les taxis, c'est-à-dire l'achat des permis pour pouvoir les louer ensuite à l'industrie du taxi et d'Uber. Est-ce que vous pensez que c'est une bonne direction?

M. Khadir : La seule décision qui soit à l'avantage de l'industrie du taxi, à l'avantage de la population du Québec et de l'amélioration des services du taxi, c'est d'interdire Uber, un point c'est tout. En fait, rien n'empêche déjà ceux qui veulent travailler pour le service d'Uber de louer des taxis, de louer pas nécessairement des permis, des taxis, simplement. Il y a des propriétaires, des petits propriétaires de taxi... Vous savez qu'à plus de 90 % l'industrie du taxi est entre les mains de petits artisans du taxi, puis ils seraient plus qu'heureux de louer leurs autos. Donc, il faut cesser de tourner alentour du pot.

Maintenant, c'est sûr que le remède que propose M. Daoust, à défaut d'être le remède logique et idéal, c'est un remède de pis-aller, c'est-à-dire de faire en sorte d'éviter de permettre à Uber de se moquer de la loi, de se moquer des citoyens, des chauffeurs de taxi.

Journaliste : ...parce qu'au pis aller, pour reprendre votre expression, ça permet quand même, au minimum, de faire une forme de gestion de l'offre.

M. Khadir : Oui, bien sûr, mais il faut commencer dans l'immédiat, c'est ce que... Je ne sais pas si vous avez suivi les dernières discussions qu'on a eues en commission parlementaire hier soir, c'est que la réalité, c'est qu'une décision aurait pu être prise aussi tôt que l'automne dernier, c'était la volonté d'un autre ministre du gouvernement, M. Poëti. Il y a eu des pressions de la part du cabinet de M. Couillard, et nous, on lui a demandé la question : Qui a-t-il rencontré exactement de la direction d'Uber — était-ce à Dorval? Était-ce à New York? — pour que cette décision... qu'il y ait ce revirement? Parce que la seule décision logique dans ce dossier, c'est d'arrêter les activités d'Uber, qui est une activité illégale de transport de personnes. Je ne vois pas pourquoi on se pose d'autres questions.

Ce que je suis en train de vous dire, c'est que l'industrie du taxi est en pleine transformation, tous les acteurs sont maintenant déterminés, si le cadre législatif peut bien leur permettre d'accélérer les choses, d'améliorer le service, de le rendre plus moderne, d'introduire tous les systèmes de géolocalisation, et des tablettes, etc. Je ne vois pas pourquoi on devrait faire une concession à Uber, si ce n'est parce que le gouvernement actuel a peur de déplaire au milieu d'affaires, a peur de juste dire non à une entreprise multinationale. Ce n'est pas plus compliqué que ça. D'autres pays et d'autres villes l'ont fait, même le maire de Montréal ne se gêne pas pour le faire. Sauf qu'il y a des lobbys puissants qui agissent qui font qu'on se ramasse avec des moyens comme ça, là, tarabiscotés dont on n'a pas besoin.

Journaliste : Et je me fais un peu l'avocate du diable et je reprends un peu ma question : Est-ce que, pour vous, c'est une concession, donc, de contrôler au minimum la gestion de l'offre? On a une forme de contrôle au moins en le faisant de la sorte.

M. Khadir : Disons que c'est une concession gênée, c'est une concession timide, c'est une concession, en fait, qui a honte. C'est un peu honteux, non? Comment ça se fait qu'un gouvernement n'est pas capable de dire à une compagnie : Non, tu n'as pas le droit de violer ma loi? Puis là ils trouvent toutes sortes de moyens, de subterfuges, dont celle-là. Parce que le moyen le plus... si le gouvernement a de l'argent à investir quelque part, il doit l'investir dans l'amélioration du service de taxi légal qui existe actuellement, parce que ça va coûter des choses. Là, là, le gouvernement va prendre l'argent des contribuables pour aider Uber. Moi, je préfère que le gouvernement prenne l'argent des contribuables pour aider l'industrie du taxi, son extension, son développement, la réforme des règlements qui puisse permettre le taxi collectif, qui puisse permettre le taxi partage, qui puisse permettre une uniformisation des plateformes, ce que demandent les chauffeurs et les intermédiaires pour offrir de meilleurs services en intégrant les zones les unes aux autres. Il y a un tas de choses qui peuvent être faites dont on a besoin des sous. Pourquoi est-ce que M. Daoust préfère utiliser ces sous pour aider Uber? Moi, je préfère que M. Daoust utilise l'argent des contribuables pour aider les honnêtes chauffeurs de taxi.

(Fin à 13 h 17)

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