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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition, et Mme Nathalie Roy, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière d'immigration

Version finale

Tuesday, March 15, 2016, 11 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures dix-huit minutes)

M. Legault : Donc, bonjour, tout le monde. Je veux revenir sur ce qui s'est produit la semaine dernière. Je crois vraiment que le premier ministre a manqué à ses responsabilités en essayant de museler le débat sur un sujet qui est très important, c'est-à-dire la hausse des seuils d'immigration au Québec. Ce n'est pas vrai qu'au Québec on peut augmenter de 20 %, donc de 50 000 à 60 000, le nombre d'immigrants sans se poser des questions fondamentales sur les impacts sur notre société. Et je crois que M. Couillard a été guidé davantage par ses émotions que par sa raison.

On l'a vu, M. Couillard, à chaque période de questions, lorsque j'ai abordé le sujet, il a porté des attaques plutôt que de faire un débat avec des arguments sur le fond.     Et je pense qu'il faut faire le lien avec ce qui s'est produit aussi avec le Dr Barrette. Le Dr Barrette a porté des attaques, là, inacceptables envers Mme Lamarre, a refusé de s'excuser. Mme Lamarre et M. Péladeau ont fait appel au premier ministre, et pour l'instant, après presque une semaine, M. Couillard n'a pas respecté sa parole, là, ce qu'il avait dit au début de la législature, c'est-à-dire qu'il ne tolérerait pas que des ministres disent des choses que lui ne dirait pas. Donc, actuellement, est-ce que M. Couillard a peur de M. Barrette? Pourquoi ne lui demande-t-il pas de retirer ses propos? C'est incroyable puis inacceptable que M. Couillard tolère ce genre de propos de la part du Dr Barrette.

Ce qu'on voit depuis un certain temps, c'est un gouvernement qui est arrogant, qui semble irritable. Moi, je suggérerais à M. Couillard de prendre une tisane de camomille, surtout avant les périodes de questions. Je lui suggère de peut-être se reposer. Je sens que l'équipe libérale est fatiguée, usée, et c'est de plus en plus visible. Les ministres et l'équipe, là, libérale ne semblent pas avoir de plaisir, là, à être à l'Assemblée nationale. Et ce n'est pas vrai que le Québec va être géré par les sautes d'humeur de Philippe Couillard et de son équipe.

Actuellement — je reviens sur le dossier de l'immigration — c'est une décision grave de conséquences pour l'avenir de la nation québécoise. Je pense que la grande, grande majorité des Québécois sont fiers de parler français, et ils ont le droit de demander qu'on prenne les mesures nécessaires pour conserver cette langue à long terme au Québec.

Donc, la CAQ va déposer, dans sa motion du mercredi, donc une motion qui est obligatoirement votée par tous les députés à l'Assemblée nationale, une motion dont le texte est très clair, où on demande au gouvernement de ne pas hausser le seuil d'immigration qui est actuellement à 50 000 immigrants par année. On pense que c'est irresponsable de le hausser dans un contexte où 41 % des nouveaux arrivants ne parlent pas français, où le trois quarts des adultes n'acceptent pas de suivre des cours de français. Dans un contexte où M. Couillard refuse de mettre des cours de français obligatoires, on pense, c'est important, dans ce contexte-là, de ne pas augmenter les seuils d'immigration. Et moi, je veux savoir, chez les 125 députés de l'Assemblée nationale, quels sont ceux qui sont d'accord pour ne pas hausser les seuils d'immigration.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va prendre les questions. Juste s'avancer au micro, s'il y en a. Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert) : Alors, si je comprends bien, vous mettez en quelque sorte la sortie de M. Couillard contre vous, au sujet de l'immigration, un peu sur le même pied que le comportement de M. Barrette, là.

M. Legault : Oui, effectivement. C'est de l'arrogance, c'est un gouvernement qui pense que tous les coups sont permis, on peut attaquer personnellement une députée, on peut traiter un chef de l'opposition d'intolérant, de presque xénophobe et que ce soit sans conséquence. Moi, je pense, ce n'est pas le genre de politique que les Québécois souhaitent. Et puis je ne sais pas si c'est M. Barrette qui prend exemple sur M. Couillard ou le contraire, mais, en tout cas, une chose qui est certaine, là, c'est que le premier ministre a une responsabilité de leadership, de rappeler à l'ordre son ministre de la Santé puis lui-même se comporter avec moins d'arrogance, parce que les Québécois, là, n'aiment pas les personnes arrogantes.

M. Dutrisac (Robert) : Mais vous avez demandé à M. Couillard qu'il retire ses propos, on a demandé à M. Barrette qu'il s'excuse, ça n'a pas été fait. Qu'est-ce que vous comptez faire à partir de là?

M. Legault : Bien, écoutez, effectivement, c'est à M. Couillard... Est-ce qu'il souhaite qu'on rétablisse un climat plus sain à l'Assemblée nationale? Je le répète, moi, je ne pense pas que c'est ce que les Québécois souhaitent, d'avoir un gouvernement qui soit arrogant, qui refuse les débats. Ce sont des débats qui sont nécessaires. On ne peut pas dire : J'augmente de 20 % le nombre d'immigrants, alors que j'ai déjà des difficultés d'intégration pour les 50 000 qu'on accueille à chaque année. Je pense, c'est un débat légitime, puis l'arrogance puis les attaques non fondées de Philippe Couillard, là, sont inacceptables.

Et puis moi, je lui demande, là, de prendre une camomille et puis de se reposer, s'il est fatigué. Mais on sent vraiment, là, qu'il y a une fatigue, une certaine panique.

La Modératrice : Merci beaucoup. Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.

M. Robillard (Alexandre) : M. Legault, est-ce que la position de M. Couillard est claire concernant la fracturation hydraulique sur Anticosti, selon vous?

M. Legault : Non, pas du tout. Écoutez, on a eu M. Couillard qui a dit clairement, en réponse à une de mes questions, qu'il était contre toute fracturation hydraulique sur l'île d'Anticosti. Dans le contrat avec Pétrolia, il est prévu que l'été qui vient, là, il y aura trois forages qui seront faits par fracturation hydraulique. Il a dit, suite à sa rencontre avec Pétrolia la semaine dernière, qu'il respecterait le contrat, donc qu'il respecterait le fait que, si ses fonctionnaires donnent leur certificat d'autorisation, il y aura fracturation hydraulique. Donc, à moins qu'il nous confirme, là, qu'il vient de faire un virage à 180 degrés, il y a eu un changement important.

Puis, écoutez, mettez-vous à la place de Pétrolia, là. Est-ce que ça vaut la peine d'explorer s'il y a un premier ministre qui dit : Il n'y aura jamais de fracturation hydraulique, au moins à grande échelle? Parce que, là, il semble y avoir eu une confusion. Est-ce que M. Couillard serait prêt à le faire à une petite échelle mais pas à une grande échelle? Il n'y a aucune logique là-dedans. Ça veut dire que, si on faisait de la fracturation pour l'exploration puis qu'on découvrait qu'il y a assez de gaz et de pétrole pour que ça soit rentable d'exploiter, bien là, la prochaine étape ne serait pas acceptable pour M. Couillard.

Je veux dire, ça ne se tient pas debout, là, et puis, écoutez, là, à moins qu'il ne fréquente pas du tout les gens du monde des affaires, là, je peux vous dire qu'il y a toute une grogne actuellement. Vous avez vu une compagnie gazière qui a radié des actifs, qui a décidé de quitter le Québec. Actuellement, M. Couillard envoie un très mauvais message aux investisseurs.

M. Robillard (Alexandre) : Mais donc ce changement-là, selon vous, c'est un recul ou pas?

M. Legault : Moi, je pense que M. Couillard essaie de jouer au fin finaud. Il essaie de dire, d'un côté, qu'il va respecter le contrat, mais, en même temps, il ne veut pas le respecter pour ce qui est de la fracturation hydraulique. Donc, probablement que ce sont ses avocats qui lui ont dit qu'il s'exposait à des poursuites, donc il essaie de jouer au fin finaud, mais actuellement, là, il n'y a plus personne qui comprend sa position.

M. Robillard (Alexandre) : M. Legault, est-ce que les gens sont unis dans votre caucus, concernant le registre des armes à feu?

M. Legault : Oui. On a une position qui est de dire : On a besoin d'une liste des armes à feu d'épaule pour être capable de permettre aux policiers de faire leur travail. Par contre, ce qu'on dit, on était le seul parti à le dire, on est inquiets des coûts. On sait qu'il y a déjà des données qui existent lorsque les gens achètent une arme ou prennent leur permis. Donc, est-ce qu'on peut partir de ces données-là?

C'est important, là, de voir ce que le Parti libéral va proposer. J'ai compris aussi que le Parti libéral est prêt à reculer pour ce qui est de l'inscription sur les armes, là, de numéros de série. Ils vont utiliser les numéros de série qui sont déjà sur les armes. Donc, on attend de voir la position finale du Parti libéral pour prendre une position claire, pour ou contre le projet de loi, mais déjà on sait qu'il va y avoir...

M. Robillard (Alexandre) : Le projet de loi, il est déposé, M. Legault.

M. Legault : Oui, mais déjà le Parti libéral...

M. Robillard (Alexandre) : C'est facile de dire si vous êtes pour ou contre.

M. Legault : Non, déjà le Parti libéral nous dit qu'il va y avoir des changements. Donc, dans la façon dont le projet de loi est écrit, on est contre, mais est-ce qu'il y aura des modifications? On va attendre de voir les modifications avant de dire si, avec les modifications, on est d'accord ou on est contre.

La Modératrice : Merci beaucoup.

Journaliste : M. Legault, justement, si on poursuit sur le registre des armes, il y a la candidate libérale dans Chicoutimi qui pourrait peut-être voter contre. Donc, du côté des libéraux, il ne semble pas y avoir d'unité. On ne s'entend pas tout à fait, là, sur cette question-là.

M. Legault : Bien, effectivement, puis M. Couillard a dit clairement qu'il ne tolérerait pas personne dans son caucus qui voterait contre le registre des armes à feu. Donc, il va falloir que quelqu'un lui parle, à la candidate libérale, là, parce qu'elle est en contradiction avec son parti. Si elle veut se présenter pour un autre parti, là, il n'est peut-être trop tard, mais, si elle veut se présenter pour le parti libéral et puis que le chef dit : Je ne tolérerai pas aucune dissidence sur ce sujet-là, bien, il y a un problème, là, puis il faut poser la question à M. Couillard.

Journaliste : Je ne sais pas si vous avez lu sur le fameux congrès des chefs pompiers à Gatineau. On voit que le ministre de la Sécurité publique, M. Coiteux, est attendu parmi les invités d'honneur et qu'il y a aussi son sous-ministre associé, donc, qui est conférencier. Est-ce que ça pose problème, selon vous?

M. Legault : Bien, ça pose sûrement, au moins, un problème d'image. Je pense que les Québécois, actuellement, en ont marre de voir ce genre de congrès à l'extérieur, qui pourrait être organisé à Montréal ou dans les bureaux, dans les salles de réunion qui sont déjà à la disponibilité du personnel.

Maintenant, il y a plusieurs problèmes, là. Il y a le problème du 1 % de formation. On demande depuis longtemps que la loi soit resserrée pour être bien certains, là, que l'argent serve à la formation et non pas à payer des voyages dans certaines régions du Québec, mais c'est aux municipalités, là, à répondre à ces questions-là.

Journaliste : On voit aussi que des fournisseurs des services incendie commanditent des cocktails, commanditent des repas, financent le congrès grâce à un salon d'exposants.

M. Legault : Ça peut créer des problèmes de conflit d'intérêts, effectivement.

La Modératrice : Davide Gentile, Radio-Canada.

M. Gentile (Davide) : Bonjour, M. Legault. La fondation Chagnon fait des efforts, depuis quelques années, c'est critiqué par des gens, par exemple, du secteur communautaire qui parlent de frais de gestion, de salaires trop élevés. Qu'est-ce que vous pensez de ça? Avez-vous l'impression, justement, qu'il y a exagération de ce côté-là?

M. Legault : Bien, écoutez, je pense que ce qu'a fait M. Chagnon avec son épouse, d'investir, là... on parle de plus de 1,5 milliard pour éventuellement aider les enfants, l'objectif est sûrement noble et puis appréciable.

Maintenant, la façon de le faire, effectivement, il ne faut pas que le gouvernement du Québec se fasse dicter, par la fondation Chagnon, ses priorités. Est-ce que, dans certains cas, c'est possible de travailler ensemble? Est-ce que c'est possible de s'assurer que la majeure partie de l'argent aille dans les services plutôt que dans la bureaucratie? Bien, c'est tout ça, là. Moi, je pense que le gouvernement du Québec doit mieux négocier avec la fondation Chagnon, et ça serait souhaitable que l'argent de la fondation Chagnon serve aux priorités qui sont identifiées par le gouvernement.

M. Gentile (Davide) : Maintenant, sur le front de l'immigration, vous dites : Ce relèvement-là du seuil à 60 % est problématique à certains égards, entre autres au plan culturel, mais, dans le monde des affaires, à micro fermé, la plupart des gens ont l'air de dire qu'il manque de main-d'oeuvre. Donc, comment réconcilier les deux, là?

M. Legault : Même dans le monde des affaires, là, vous avez vu les derniers chiffres vendredi dernier, 11 % de chômage sur l'île de Montréal, 11 % de chômage. Donc, au moins à court terme, là, il ne semble pas y avoir de problème de main-d'oeuvre.

Deuxièmement, il y a eu des rapports qui ont été faits, entre autres par Pierre Fortin, qui montrent que le type d'immigration qu'on reçoit... Puis n'oublions pas, là, 30 % des immigrants sont choisis par Ottawa, surtout au titre de ce qu'on appelle la réunification familiale, sans aucune qualification pour répondre aux besoins du marché du travail. Ce que les études montrent, c'est que ce n'est même pas évident que ça améliore le PIB par habitant, l'immigration, actuellement, telle qu'elle est faite.

M. Gentile (Davide) : Mais, si on revoit les critères, est-ce que, justement, une immigration choisie différemment ne pourrait pas pallier au problème de main-d'oeuvre qui existe, M. Legault? Vous le savez, parce que vous parlez avec des gens d'affaires.

M. Legault : D'abord, si on s'assure que chaque immigrant répond aux besoins du marché du travail, parle français, accepte les valeurs québécoises, je peux vous dire que de facto, là, on va en avoir beaucoup moins que 50 000 par année.

M. Gentile (Davide) : Donc, vous, vous refusez, même si les critères changent, peu importe ce qui peut être énoncé par le monde des affaires, qu'on aille au-dessus de 50 000. Peu importe, pour vous, c'est un plafond qu'on ne peut pas dépasser.

M. Legault : Bien, écoutez, c'est qu'il y a d'autres considérations. Quand je vois, là, que, selon les chiffres de 2014, les derniers chiffres disponibles, 41 % des 50 000 immigrants arrivent ici et ne parlent pas français, bien, si on met plus d'emphase sur répondre aux besoins du marché du travail, il y a des risques que ce 41 % monte à 50 %, 60 %. Puis déjà, à mon avis, 41 %, c'est inacceptable, surtout dans un contexte où les cours de français ne sont pas obligatoires. C'est pour ça que la CAQ dit : On veut bien mettre plus d'emphase sur répondre aux besoins du marché du travail, mais, en échange, donnons-nous trois ou quatre ans pour avoir des tests de français puis de valeurs qui soient obligatoires.

M. Gentile (Davide) : Mais donc éventuellement vous pourriez accepter que ça aille au-delà de 50 000?

M. Legault : Si on s'assurait qu'à chaque fois on respecte les trois critères : répondre aux besoins du marché du travail, connaître le français, connaître les valeurs québécoises, on est ouverts. Actuellement, on n'est pas contre l'immigration. On est pour respecter une certaine capacité d'accueil qui, actuellement, est dépassée. Merci.

(Fin à 11 h 33)

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