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Point de presse de M. Sylvain Roy, porte-parole de l'opposition officielle en matière de forêts, de faune et de parcs, M. Harold LeBel, député de Rimouski, M. Pascal Bérubé, député de Matane-Matapédia, et M. Gaétan Lelièvre, député de Gaspé

Version finale

Wednesday, March 16, 2016, 14 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures six minutes)

M. Roy : Bonjour. Je tiens à saluer mes collègues le député de Rimouski, M. Harold LeBel, le député de Matane-Matapédia, M. Pascal Bérubé, le député de Gaspé, Gaétan Lelièvre, qui m'accompagnent pour ce point de presse. Nous sommes aujourd'hui ici pour parler d'un enjeu extrêmement important, soit celui de l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, qui frappe de plein fouet les forêts publiques et privées du Québec.

En 2015, c'est 6 315 000 hectares de forêts qui ont été affectés par l'épidémie, soit deux millions de plus qu'en 2014. La superficie touchée continue donc d'augmenter de manière importante, et cette épidémie doit être considérée de plus en plus comme une catastrophe naturelle, et nous devrons prendre tous les moyens disponibles pour la combattre. Pour la forêt privée, plus spécifiquement, on parle de 778 000 hectares qui sont affectés. Dans le Bas-Saint-Laurent, la proportion de la forêt privée infestée s'élève à 47 %. En Gaspésie, la progression de l'épidémie s'est accélérée depuis 2012.

En ce moment, il n'existe aucun programme de prévention, de lutte directe ou de récupération pour aider les petits propriétaires forestiers à combattre l'épidémie. Ils doivent eux-mêmes assumer les coûts de l'arrosage aérien ou tout simplement couper leur bois de manière prématurée. Je vous rappelle que la forêt privée, c'est 130 000 propriétaires, ça fait travailler plus de 25 000 personnes partout au Québec, et chaque dollar investi en forêt privée génère 6 $ en activités économiques, pour un total d'environ 2,3 milliards de dollars au Québec. Je vous rappelle également que les budgets en forêt privée ont diminué considérablement en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent depuis que ce gouvernement a été élu, il y a près de deux ans.

Nous demandons donc au ministre des Forêts, en concertation avec son homologue fédéral, une stratégie permanente de soutien aux producteurs forestiers affectés par la tordeuse, qui prévoit, entre autres, l'investissement en prévention, en lutte directe et en récupération. Et ça va s'opérationnaliser de la manière suivante : on demande donc des budgets d'arrosage afin de protéger les plantations d'avenir, qui ont nécessité des investissements importants dans le passé. Donc, on ne peut pas perdre ce qui a été produit. Il faut absolument arroser pour garder les tiges du futur.

Dans un deuxième temps, le gouvernement doit mettre en oeuvre une stratégie de mise en marché du bois récolté prématurément, étant donné le volume important qui sera pris. Quand la tordeuse va être dans les peuplements matures, il va falloir récupérer le bois. Et là il va falloir appliquer, à un moment donné, le principe de la résidualité, c'est-à-dire que… la loi dit que le bois doit, en priorité, être acheté chez les propriétaires privés et, par la suite, sur les terres publiques. Et un autre élément qui est important : si le bois n'est pas récupéré, en cas de feu de forêt, ça peut être extrêmement dangereux et dévastateur.

La stratégie doit permettre le maintien de la possibilité forestière grâce à des programmes de plantation pour éviter une rupture de stock. Ce n'est pas compliqué, si tu coupes un arbre, il faut que tu plantes un arbre. Sur les terres privées, si les gens sont obligés de couper leurs terres à blanc, dans certaines situations on va être obligés de le faire, mais il va falloir que ces gens-là aient des programmes pour réinvestir en aménagement et en plantation. Il ne faut pas perdre de possibilité forestière, c'est comme ça qu'on calcule, pour les décennies à venir, la matière ligneuse à laquelle les moulins auront accès.

Autre élément, le capital forestier étant diminué, il doit également y avoir un ajustement des taxes foncières des lots affectés par l'épidémie, ainsi éviter toute forme de gentrification d'évaluation des lots forestiers, qui pénalise généralement les producteurs. Actuellement, on a une problématique : les lots forestiers sont de plus en plus évalués comme des lieux de villégiature, et on voit qu'il y a une forme d'urbanisation comme on a vu dans les bois de villégiature, une forme d'urbanisation de l'évaluation, ce qui n'est absolument pas viable pour ces gens-là. Donc, une réforme de la fiscalité via les taxes foncières, c'est extrêmement important.

Finalement — bien, pas finalement, il en reste un autre après — étant donné la hausse importante des revenus due à l'obligation de couper leurs forêts, des modifications fiscales doivent être mises en place pour permettre aux propriétaires de ne pas donner tous leurs revenus en impôt. Dans le milieu, on parle d'une mesure de CELI bois ou de REER forestier où le propriétaire peut également étaler son imposition et surtout réinvestir en aménagement les surplus d'argent. Donc, ce que ça veut dire, c'est que, si tu coupes ta terre et que tu fais des profits, bien, ton actif a perdu de la valeur, donc il faut absolument que tu réinvestisses pour gagner la valeur perdue. Et, ce qui se passe, c'est que les gens vont... ils paient de l'impôt sur la détérioration de leur actif. Donc, il faut réaligner la fiscalité pour permettre à ces gens-là d'avoir des budgets à long terme pour investir dans la mise... ou la plantation et les travaux sylvicoles de leurs terres.

Pour les travailleurs sylvicoles qui ne pourront pas faire des travaux d'éclaircie précommerciale... Quand on a une épidémie de tordeuse, la tordeuse s'attaque en premier lieu au sapin, par la suite, à l'épinette, elle ne touche pas aux feuillus. Et, quand on fait de l'éclaircie précommerciale, qui sont les travaux normaux actuellement, on enlève le feuillu et on donne un garde-manger extraordinaire à la tordeuse. Donc, on demande au gouvernement provincial de rétablir les budgets de programmes d'investissement sylvicole provincial, fédéral, ainsi que le PCEF, pour donner une chance aux travailleurs forestiers, qui vont être obligés de se recycler vers d'autres travaux forestiers, de travailler à de l'aménagement possible en cas d'épidémie. Donc, on demande que les budgets soient redéployés, redébloqués pour permettre à ces gens-là d'avoir du travail.

En conclusion, les producteurs forestiers en territoire privé ne font pas seulement qu'occuper le territoire, ils s'en occupent. Ils sont au coeur de nos villages et ils méritent d'être soutenus, car ils contribuent d'une manière importante à notre vivre-ensemble. Qui plus est, il y a un précédent : Résolu a reçu 10 millions de dollars pour combler des manques à gagner en cas de pertes dues à la tordeuse. Donc, on ne peut pas avoir deux poids, deux mesures. Le gouvernement doit traiter les petits travailleurs forestiers, les propriétaires de lots forestiers comme il traite les grandes compagnies. Merci beaucoup. Je vais laisser la place à Pascal Bérubé.

M. Bérubé : Merci, Sylvain. Salutations également à mes collègues.

Si la caméra peut me suivre, j'attirerais votre attention vers le tableau qui est juste à ma droite, ici. Alors, je ne sais pas si c'est possible, sinon je vais me rapprocher.

Alors, ce qu'on peut voir, essentiellement, c'est que, sur le territoire de l'Est du Québec, ma circonscription de Matane-Matapédia-Mitis est particulièrement touchée, mais c'est le cas également de la Haute-Gaspésie, chez le député Gaétan Lelièvre, dans la région des plateaux de la baie des Chaleurs, ça se rapproche chez Sylvain, également ça pousse vers l'ouest, donc vers Rimouski, vers Rivière-du-Loup, vers le Témiscouata. Donc, ça, c'est la situation actuelle.

Donc, ma circonscription est particulièrement touchée, et ce qui est en cause, c'est toute l'industrie forestière, mais également des centaines, voire des milliers de propriétaires de lots privés, des gens qui ont investi, qui l'ont aménagé, pour qui c'est une richesse exceptionnelle — c'est presque le fonds de pension de certaines personnes — et là qui se rendent compte, présentement, que le fruit de tout leur travail va disparaître parce qu'il y a la tordeuse des bourgeons d'épinette, parce qu'on n'a pas les ressources pour affronter ce péril. Parce que l'impact, il est réel. J'ai eu l'occasion de visiter cet été, avec le maire de Saint-Alexandre-des-Lacs, des forêts où c'est vraiment très, très loin, les avancées, là, de la tordeuse des bourgeons d'épinette.

Ce qu'on demande, essentiellement, et ça, je l'ai validé encore ce matin avec la Société d'exploitation des ressources de la vallée de la Matapédia, c'est être capables d'avoir des incitatifs à la récolte pour des peuplements matures qui sont affectés par la tordeuse des bourgeons d'épinette, surtout pour la remise en production et reboisement de ces superficies, comme vous l'a indiqué le député de Bonaventure, mais également de protéger le peuplement vulnérable des plus jeunes par un arrosage. Et l'arrosage, il se fait en partie sur les terres publiques, mais, selon moi, il doit se faire également sur les terres privées pour protéger un investissement, une richesse qu'on a dans tout l'Est du Québec, pas seulement dans la Matanie, la Matapédia et la Mitis, mais également dans les plateaux, en Haute-Gaspésie, dans la région de Rimouski, dans le Haut-Pays de la Neigette également. Toute notre région est touchée, et bientôt ça sera tout l'ouest du Bas-Saint-Laurent également.

Sylvain vous a évoqué un précédent. Le gouvernement a reconnu que, pour l'entreprise Résolu, il y avait un manque à gagner directement lié à la tordeuse du bourgeon d'épinette. C'est vrai. On est heureux pour cette entreprise, mais, par équité, on souhaiterait qu'on ait également une aide financière importante pour protéger notre forêt, protéger les lots privés des gens de chez nous.

Alors, c'est un impact réel. Les gens qui nous écoutent, d'ailleurs, au Québec, vont se poser la question : Pourquoi un enjeu régional devrait être un enjeu national? Bien, parce que le Québec est un pays forestier, et notre région contribue puissamment à l'économie du Québec avec ses ressources, et on a besoin de ce soutien pour qu'elle continue d'être une richesse pour l'ensemble des Québécois et des Québécoises.

Je ne sais pas si mes collègues veulent ajouter quelques mots... Ça va? Harold? Gaétan? Donc, je vous remercie, et puis le message est pour le ministre Laurent Lessard. J'espère qu'on aura son oreille et surtout de l'action bientôt. Il y aura un budget demain, on verra bien ce qu'on nous réserve pour la forêt et particulièrement pour la forêt privée également. Merci.

(Fin à 14 h 16)