(Onze heures trente-neuf minutes)
M. Khadir
: Bonjour.
Je peux commencer? J'ai présenté tout à l'heure une motion à l'Assemblée
nationale pour souligner l'échec de ces partenariats public-privé dans le
domaine des services sociaux... qui a été débuté il y a à peu près sept ans
entre le gouvernement libéral de l'époque — rappelez-vous, Tony
Tomassi était encore aux commandes du ministère de la Famille — et la
fondation Chagnon. Ça a apporté d'importants frais de gestion, tout ça aux frais
des contribuables, tout ça parce que la moitié de ces argents-là ont été payés
par le public. Et, pire encore, ça a entraîné au-delà de tout ce qu'on a
dénoncé, hein? Vous vous rappelez, il y a sept ans, une de mes premières
interventions dans des dossiers à l'Assemblée nationale, c'était pour dire :
On n'avait pas besoin de ces partenariats, ça allait fragiliser le réseau communautaire
et ça allait dédoubler les structures, qu'on n'avait que le gouvernement
reconnaisse, bon, le secteur social à sa juste mesure et le finance.
On ne nous a pas écoutés à l'époque. Ça a
entraîné tout ce qu'on a prédit, mais ça a entraîné encore pire, c'est que les
groupes sociaux, maintenant, constatent que la bureaucratie plus lourde pour
gérer, et pour obtenir du financement, et pour agir sur le terrain avec ces
partenariats, avec la fondation Chagnon qu'avec ceux qui prévalaient à l'époque
dans les ministères, où on reconnaît déjà qu'il y a une certaine bureaucratie
lourde.
La fondation Chagnon a annoncé qu'elle
retirait ses billes, qu'elle allait rembourser ceux qui s'étaient engagés. Moi,
je demande au gouvernement, maintenant, de rapatrier l'argent, l'argent du
public qui a été investi dans ces sociétés, qui sont privées, malheureusement,
sous contrôle privé, et on doit refinancer simplement les organismes, tel qu'on
l'a fait dans le passé, et qui rendent de fiers services à la population
québécoise.
Ça prouve encore une fois le mal-fondé, le
caractère malavisé de ces partenariats public-privé, et on en voit maintenant
un autre lamentablement en train de se dérouler sous nos yeux, c'est-à-dire la privatisation
des CLSC. Ce que fait le ministre, finalement, c'est de reconnaître que les
GMF, ça n'a pas fonctionné. Je vous rappelle que les GMF, ça a parti en 2001
sous un gouvernement péquiste. L'idée c'était d'offrir un soutien aux médecins
qui ne voulaient pas travailler dans les CLSC, de mieux structurer et surtout
de prendre en charge une partie de la population, de mieux structurer la
première ligne. Or, on sait que c'est un échec, le Vérificateur général l'a
confirmé. Ils ne sont même pas capables de couvrir 40 % de la
responsabilité en matière de la couverture de la population et d'étendue
d'heures de disponibilité dans les GMF. Et, devant ce constat d'échec,
qu'est-ce que fait le gouvernement? Bien, il dépouille les CLSC des ressources
qui y sont. On parle de 27 travailleurs sociaux ici, dans le CIUSSS de la
Capitale-Nationale, qui sont transférés des CLSC aux GMF sans compensation,
c'est-à-dire sans ajout de services ou d'autre personnel dans les CLSC, on
parle de 34 dans la région de Lanaudière, et on pourrait faire le décompte un
peu partout au Québec. C'est très déplorable. Donc, le gouvernement continue
dans cette pente.
Ce qui me fait revenir sur la question que
j'ai posée en Chambre, tout à l'heure, au ministre, parce que Pierre Dostie, le
candidat de Québec solidaire dans l'élection partielle de Chicoutimi, qui est
un directeur d'établissement, un travailleur social, mais qui, après une vaste
expérience dans le réseau public, a été directeur d'établissement de santé, d'un
CSSS qui incluait un CLSC, il m'a écrit ce matin pour dire que : Amir,
partout où les médecins collaborent, où on réussit à obtenir une bonne
collaboration des médecins qui acceptent le fait, la réalité qui est prouvée
partout... Regardez en Ontario, regardez en Europe, quand il y a une équipe
multidisciplinaire qui n'est pas uniquement axée sur le curatif, mais sur la
prise en charge et la prévention, ça marche mieux, c'est moins coûteux, ça
offre un meilleur accès aux patients chroniques et aux patients de première
ligne. Et, quand les médecins acceptent cette réalité, acceptent les meilleures
pratiques, ça marche très bien, les CLSC, à preuve dans sa région.
Maintenant, aujourd'hui, on remarque qu'au
Québec, malheureusement, les fédérations médicales n'ont pas voulu embarquer,
ont toujours un peu boycotté les CLSC, y compris le ministre actuel, hein, de
la Santé qui est là... est parmi ceux qui a le plus déconsidéré dans le passé,
et il continue à le faire, les CLSC du Québec. Alors, Pierre Dostie me demandait :
Qu'est-ce qui va arriver aux femmes enceintes vulnérables, actuellement, hein, de
Jonquière, du CLSC de Jonquière, qui sont économiquement faibles, d'accord, qui
n'ont pas accès à des services privés, qui doivent accoucher bientôt, dont le
suivi de grossesse était pris en charge à Chicoutimi? Elles ont cette
chance-là. Toutes les femmes enceintes du Québec, malheureusement, n'ont pas
cette chance-là. Mais, quand leur infirmière praticienne, là, va être
délocalisée, va être dépêchée dans les GMF, qu'est-ce qui va arriver à ces
femmes-là? Le GMF ne sera pas à la même proximité dans la région où elles
étaient desservies. Et ces femmes-là n'ont pas les moyens d'aller là où le
ministre va forcer les infirmières praticiennes à aller pratiquer, c'est-à-dire
dans les GMF. Merci beaucoup de votre attention.
M. Lavallée (Hugo) : Quel
rôle vous voyez, M. Khadir, pour la philanthropie, avec les grosses
fondations? Parce que, là, évidemment, la fondation Chagnon mettait quand même
passablement d'argent dans ces partenariats-là. Vous souhaitez qu'il y ait plus
de partenariats de ce type-là, mais la fondation va quand même avoir de l'argent
à dépenser ces prochaines années. Quelle contribution vous voyez pour les
fondations comme la fondation Chagnon?
M. Khadir
: Vous savez
qu'on l'a déjà démontré, au Québec, Brigitte Alepin l'a fait, ce qu'on appelle
la philanthropie type fondation Chagnon, ce n'est pas de l'argent donné par de
riches personnes aux Québécois, là, on le finance en grande partie par nos
impôts. Nous, ce qu'on dit, c'est que, dans une société qui se respecte, qui
est démocratique, tout le monde contribue. La meilleure philanthropie, dans une
société démocratique avancée, c'est lorsque tout le monde paie ses impôts. Et l'État,
avec les représentants du peuple, fait les bons arbitrages et alloue les
ressources en fonction des besoins de l'ensemble de la population. On ne remet
pas une partie des impôts du monde entre les mains de certains gestionnaires
privés, puis de leur remettre le pouvoir de décider quelle est la meilleure
manière d'utiliser les ressources de la collectivité.
Donc, dans une démocratie qui se respecte,
si vraiment on est dans une société démocratique, en principe ça ne doit pas
relever, même avec les meilleures intentions du monde, à une, deux personnes ou
des personnes nommées par des philanthropes très riches, des hommes et des
femmes très riches aux commandes de nos leviers économiques, de décider comment
l'impôt du monde doit être utilisé.
Malheureusement, c'est ce qu'on a fait sous
l'égide d'un ministre qui s'appelait Tony Tomassi sous l'ancien gouvernement
Charest. Des... en fait, tout proche de 200 millions de dollars d'argent
du public. Il n'y a pas juste le volet Enfants, il y a le volet aussi des
proches aidants pour les personnes âgées. Et d'ailleurs c'est une demande que j'ai
oublié de faire tout à l'heure, nous demandons au gouvernement, le plus
rapidement possible, d'éclaircir la situation quant à l'autre volet, avec les
partenaires avec la fondation Chagnon, qui touche le programme qui s'appelait
Appui, là, l'aide qu'on accorde aux proches aidants.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
donc, au-delà des questions fiscales, là, même s'il n'y avait plus de crédit
d'impôt pour les dons aux fondations, il y aura quand même toujours des gens
qui voudront donner de l'argent avec ou sans crédit d'impôt.
M. Khadir
: Bien sûr.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
quel... vous voyez pour ça, justement? Est-ce que les organismes communautaires
devraient accepter cet argent-là?
M. Khadir
: Il y a une
foule d'utilisations de ces ressources qui peut être faite à bon escient. Ce
que nous disons, c'est : Nous ne voulons pas interdire l'initiative que
peuvent prendre des gens au-delà de leurs impôts, de leur rôle en société, de
leur devoir, c'est-à-dire de contribuer au filet social, de faire ce qu'il
semble... que ça soit en matière, par exemple, des maladies rares... des gens
ont besoin d'appui, que ça soit en matière d'itinérance, de lutte à la
pauvreté. Mais le rôle de l'État, ce n'est pas pour s'autolimiter, de se
dépourvoir de ses propres capacités pour pelleter, dans la cour de la
philanthropie, ce rôle-là, puisqu'en démocratie, en principe... et le
rabattement fiscal qui est accordé, là, et les genres de partenariats qui ont
été conclus, c'est détourner une partie des impôts du public pour les mettre
entre les mains de gestionnaires privés qui doivent, eux, arbitrer à la place
des représentants du peuple. C'est ça que nous trouvons déplorable et qui n'a
pas sa place.
D'ailleurs, vous savez très bien que c'est
une tendance importée, comme la privatisation en santé, directement des
États-Unis. Et aujourd'hui il existe une large, je dirais, réflexion sur le
rôle dévastateur du philanthrocapitalisme à l'américaine dans la fabrique de la
société américaine.
M. Caron (Régys) : En parlant
des CLSC et des GMF, M. Khadir, tout à l'heure, vous avez dit : C'est
un échec. Qu'est-ce qui est un échec? Ce sont les CLSC ou les GMF?
M. Khadir
: Les GMF, les
GMF. Les CLSC peinent parce que les gouvernements successifs n'ont pas cru aux
CLSC parce que des médecins successifs qui ont été à la tête du ministère de la
Santé font partie de l'establishment médical, qui n'a jamais voulu adhérer à
l'idée de renoncer à une partie du pouvoir des médecins. Alors, les médecins se
refusent à accepter l'évidence. Ça, c'est une évidence clinique — on
a une vaste expérience depuis une trentaine d'années — la première
ligne ne peut pas être axée sur le curatif, la première ligne ne doit pas être
axée sur les médecins. La première ligne doit être axée sur des équipes
multidisciplinaires et le plus possible sur le préventif et une prise en charge
globale. Et il y a des médecins, malheureusement, qui ne veulent pas accepter
cette évidence clinique, cette évidence scientifique, veulent garder du
pouvoir, et c'est ces médecins-là, malheureusement, qui ont guidé beaucoup
d'orientations. C'est pour ça que les CLSC ont d'abord été, dès leur conception
au début des années 70, largement, malheureusement, boycottés par
l'establishment médical et n'ont jamais eu bonne presse.
Moi, je me rappelle, moi-même, dans ma
formation durant la résidence, le mépris avec lequel certains de nos
professeurs, de nos moniteurs cliniques, malheureusement, abordaient la première
ligne et les CLSC. En plus, je vous rappelle, les CLSC, c'est plus de 40 %
de moins de coûts pour le réseau public pour les mêmes actes. Pour la
facturation à l'acte, là, pour les mêmes actes posés en CLSC, le médecin est
payé 40 % de moins qu'en clinique privée, y compris les GMF. Les CLSC sont
déjà payés par l'argent du public. Nous les avons... nous avons payé leur
hypothèque. Il s'agit de 293 ou 294 points de service, tout proche de 170 CLSC,
parfois avec deux ou trois points de service, bien répartis sur l'ensemble du
réseau, qu'on a déjà payés de nos poches.
Pourquoi est-ce que le ministre veut
gaspiller l'argent public, financer des cliniques privées alors qu'on a juste à
consolider un réseau public bien établi à travers tout le territoire, qui rend
de fiers services? Et là il vient aggraver le cas, ce qui était le propre déjà
pour les médecins, maintenant il veut aggraver le cas en forçant des
travailleurs sociaux, des infirmières, des kinésithérapeutes, des, j'imagine,
nutritionnistes, à sortir des CLSC et à aller offrir, avec l'argent du public,
des services qui sont les mêmes qu'en principe les CLSC pourraient donner. La
différence, c'est que, dans les GMF, le contrôle, c'est entre les mains des
médecins. Et, comme votre collègue Francine Pelletier, dans son papier d'aujourd'hui,
le démontre, dans le fond, c'est que ça permet aux GMF, contrairement aux CLSC,
de structurer les services en fonction des meilleurs intérêts des médecins et
non pas du public. Dans des CLSC, les médecins ne peuvent pas décider des
heures d'ouverture, comment on organise des rendez-vous, qu'est-ce qu'on
priorise, en plus du fait, et je l'ai mentionné dans ma question... c'est que,
dans les GMF, les médecins peuvent s'organiser en corporation. On n'a pas fait
le décompte, je ne sais pas combien de ces 200 GMF sont organisés en
corporation. Et vous savez maintenant le problème de l'incorporation des
médecins.
M. Caron (Régys) : Mais les
CLSC, est-ce qu'à ce moment-là... est-ce que ce n'était pas au désavantage des
médecins sur le plan financier?
M. Khadir
: Oui, parce
que... Oui, et c'est là... Là, le gouvernement...
M. Caron (Régys) : Mais, si
c'était désavantageux, M. Khadir, ce n'est pas incompréhensible que les
médecins ne veuillent pas y aller.
M. Khadir
: Ce n'est
pas incompréhensible. Ce qui est incompréhensible, c'est que le gouvernement ne
prenne pas ses responsabilités, ne revoit pas la formule pour le rendre plus
attrayant pour les médecins, et surtout... comme on l'a fait avec les hôpitaux,
imposer des primes, par exemple, hein? On l'a fait dans les hôpitaux, à un
moment donné, quand ça a été une catastrophe pour la prise en charge des
patients dans les hôpitaux. On a forcé, par des activités médicales
particulières, les AMP, les médecins généralistes, qu'ils soient en clinique
privée ou ailleurs, d'offrir un certain nombre d'heures dans le réseau des
établissements publics que sont les hôpitaux. On aurait pu faire exactement la
même chose pour les CLSC. Il en va de la responsabilité de l'État. Puis aussi
j'en appelle à nos facultés de médecine, il en va aussi de la culture médicale
qu'on inculque et qu'on enseigne à nos médecins.
M. Caron (Régys) : Donc, le
gouvernement est-il en train d'assécher ou de laisser les CLSC végéter avec la
complicité des médecins?
M. Khadir
: Absolument.
Bien, c'est-à-dire que l'establishment médical... Là, on ne peut pas parler des
médecins comme on ne peut parler de tous les journalistes en même temps,
n'est-ce pas, ni de tous les politiciens, j'espère, en même temps. Vous ne
jugez pas de nous de la même façon que vous jugez du gouvernement libéral,
j'espère. Donc, c'est la même chose pour les médecins. Vous savez que, par
exemple, en termes d'incorporation, tout, dans le... dans les promotions que
nous font nos associations, devrait nous pousser à nous incorporer, mais il y
en a quand même plus de la moitié qui résistent encore et qui ne le font pas
malgré tous les avantages que ça représente sur le plan pécunier.
Donc, ce n'est pas tous les médecins qui
sont contre les CLSC, mais même des médecins pratiquant dans les CLSC, dévoués
au service de leurs patients, m'ont dit : Il y a deux ans, quand on
avait... on a présenté notre programme de renflouer, d'investir dans les
CLSC... que le gouvernement déconsidère tellement les CLSC qu'ils se sont
aperçus qu'ils sont mieux de s'organiser en GMF pour pouvoir avoir plus de
ressources dans les CLSC. Et vous le savez qu'il y a des CLSC qui sont
organisés en GMF. Pourquoi? Parce qu'ils se sont aperçus que, dans la logique gouvernementale,
ils avaient intérêt à s'organiser en GMF pour avoir droit aux mêmes ressources
qu'on alloue aux GMF. Donc, il y a un choix idéologique que ce gouvernement
fait en parfaite ligne avec tout ce que Couillard a fait, lorsqu'il était
ministre de la Santé, pour privatiser notre réseau public, pour le rendre le
moins opérationnel partout où le réseau public subsiste encore et pour pousser
une partie des ressources, des effectifs, de l'argent, vers le privé.
M. Robillard (Alexandre) :
M. Khadir, j'aimerais ça savoir ce que vous pensez du fait que
M. Blanchette a retenu les services de consultants de KPMG dans
l'élaboration de sa vision stratégique du secteur minier.
M. Khadir
: Vous savez
que KPMG est un grand cabinet de comptables, je dirais, au rayonnement
tentaculaire au Canada et ailleurs dans le monde. C'est, je crois, on peut le
dire, une multinationale, mais sans la particularité, comme d'autres
multinationales, d'avoir des pratiques fiscales frauduleuses, pour lesquelles
l'entreprise a été plusieurs fois épinglée, a reconnu son erreur, a payé. La
dernière en date, tout le monde s'en rappelle, c'est la semaine dernière, la
conclusion d'une entente avec l'Agence de revenu Canada parce que KPMG a aidé
d'autres filous, des multimillionnaires qui voulaient cacher leur argent de
l'impôt, à les cacher à l'extérieur du pays.
Or, on apprend aujourd'hui que le
gouvernement du Québec a de multiples contrats, dont dans le domaine minier. Alors,
ça ne serait rien de plus que, je dirais, l'absurdité d'une telle chose, si ce
n'était qu'en plus, dans le domaine minier, un des problèmes majeurs sur lequel
on se penche ici même, au Parlement, depuis des années — et il y a eu
un gros débat entre 2009 et 2013, si vous vous rappelez, jusqu'à ce que Martine
Ouellet élabore son dernier projet de loi quand elle était
ministre — sur comment on va faire pour avoir un meilleur contrôle de
nos ressources. Comment ça se fait que des milliards de dollars, encore cette
année, là — l'année passée, c'était plus de 8 milliards de
dollars — sortent de nos sous-sols puis qu'au bout du compte, en
termes de redevances effectives, le Québec touche moins de 2 %. Sur chaque
0,98 $ qui appartient... sur chaque dollar qui sort de notre sous-sol et
qui nous appartient, il en reste, pour le Québec, 0,02 $ en termes de
redevances. C'est tout à fait... Pourquoi? Bien, parce que des compagnies
minières, assistées de firmes comptables comme KPMG, s'organisent pour déclarer
leurs coûts ici mais leurs profits ailleurs : au Luxembourg, par exemple,
pour ArcelorMittal; pour d'autres compagnies, c'est dans les Caraïbes, donc c'est...
M. Robillard (Alexandre) : Et
donc, quand vous voyez que KPMG conseille le ministre comme ça, est-ce que vous
diriez que le loup est dans la bergerie?
M. Khadir
: C'est un
loup filou dans la bergerie de nos régions du Québec. Nos richesses naturelles,
si aujourd'hui elles échappent de nos mains, c'est à cause d'entreprises filous
comme KPMG. C'est eux qui assistent, c'est des entreprises de leur sorte qui
assistent les compagnies minières pour structurer leurs opérations comptables
qui font en sorte qu'on est floués. Alors, comment ça se fait que le gouvernement
a jugé bon de confier à KPMG de guider sa main pour écrire sa stratégie
minière? C'est ça qui est... En fait, KPMG a guidé la main du ministre pour
écrire sa stratégie minière. Autrement dit, le gouvernement dit à KPMG :
Voici, voici comment tu peux me guider pour mieux dépouiller le peuple du
Québec de nos richesses naturelles.
M. Robillard (Alexandre) :
Puis, si tout ce que vous dites au sujet de KPMG en termes, bon, de
détournement fiscal est avéré, comment vous expliquez que cette entreprise-là
ne soit pas sur le registre des entreprises non admissibles aux contrats
publics?
M. Khadir
: Bien, c'est
parce que c'est... le registre a été prévu d'abord pour le secteur de la
constuction, les firmes de génie-conseil. Et c'est une question qu'on peut
poser : Qu'est-ce qu'attend le gouvernement pour étendre par règlement ce
registre-là aux entreprises, aussi, dans d'autres domaines? Et là la liste
serait longue. Il y a des entreprises dans le domaine de la santé qui opèrent
et qui ont des contrats en PPP dans nos hôpitaux, dans... Les CHUM, par
exemple, on avait déjà dénoncé, il y a deux ans. Cardinal Health, c'est la même
chose. Cardinal Health a été accusée à maintes reprises aux États-Unis en vertu
du False Claims Act américain, qui poursuit des entreprises pour leurs
pratiques dolosives, leurs pratiques...
M. Robillard (Alexandre) : Il
faudrait élargir le spectre de...
M. Khadir
: Il
faudrait élargir le spectre puis inclure les KPGM de ce monde. Notamment et
plus particulièrement on devrait commencer par KPMG à cause de sa présence
tentaculaire partout dans les ministères et à cause de son rôle central dans ce
qu'on a su pour ce qui est de l'évasion fiscale des millionnaires. Merci.
(Fin à 11 h 59)