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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins

Version finale

Monday, March 21, 2016, 15 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures douze minutes)

Mme Lamarre : Bonjour. Alors, je suis avec vous aujourd'hui pour qu'on puisse exprimer notre préoccupation par rapport à l'abolition que le ministre désire faire du poste de commissaire, de l'institution qu'est le Commissaire à la santé et au bien-être. En fait, ce n'est pas une abolition, c'est un rapatriement sous l'égide du ministère. C'est une grande différence. Il faut bien, bien comprendre, c'est très différent, ramener cet organisme-là au sein du ministère par rapport à en faire, comme c'était jusqu'à maintenant, un organisme indépendant qui faisait des études indépendantes, des analyses d'impact, qui avait un portrait vraiment autonome et qui apportait des solutions qui étaient parfois différentes de celles du ministre mais qui étaient toujours des solutions constructives pour améliorer notre système de santé et contribuer au bien-être de la population.

C'est étonnant parce que cet organisme-là a été créé par M. Couillard, l'actuel premier ministre, et finalement aujourd'hui on décide que ce n'est plus pertinent que cet organisme fasse ces études et ces analyses. C'est d'autant plus inquiétant parce que le premier ministre nous a promis plus de transparence, et le ministre Barrette a quand même fait... dans le projet de loi n° 10, si vous vous souvenez, il y avait le mot «modifier la gouvernance». Mais, dans la gouvernance, il y a le maintien d'institutions indépendantes qui ont une voix différente, une voix complémentaire à apporter dans une société. Ça, c'est un acquis et c'est un atout important.

Or, il y en a eu beaucoup, des abolitions d'organismes qui avaient cette mission. En fait, systématiquement, le ministre les abat les uns après les autres. Il y avait l'AQESSS, l'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux, l'association pour les centres jeunesse, l'association en réadaptation et en dépendance, tous les regroupements qui visaient à travailler au niveau de la déficience intellectuelle, trouble envahissant du développement. Donc, tous ces organismes-là sont systématiquement, je vous dirais, éliminés, et on perd, à l'intérieur de notre système de santé, des lieux où on peut aller déposer une information autre que celle qui est dans l'oreille du ministre, et ça, je pense que c'est vraiment un précédent qui est très, très risqué.

Je vous dirais aussi qu'une autre préoccupation qu'on a, c'est le commissaire aux plaintes, où on avait historiquement des commissaires dans chacun des établissements et où, là, tout à coup, ils ont été réunis au niveau du CISSS ou CIUSSS, donc seulement 33, maintenant, commissaires aux plaintes avec des gens qui travaillent avec lui, mais qui ont un statut hybride à la fois d'employé et de responsable des plaintes, ce qui affaiblit énormément, encore une fois, l'objectivité.

Alors, c'est comme si le ministre craignait d'avoir des voix différentes, des voix parfois discordantes, mais des voix qui pourraient aussi, des fois, soutenir ce qu'il pense. Alors, s'il les redoute tant que ça, c'est peut-être parce que ce qu'il avance n'est peut-être pas toujours aussi bien documenté, aussi bien réfléchi que ce que ces organismes-là avaient comme mission. Et, entre autres, le Commissaire à la santé et au bien-être a vraiment une réputation d'un organisme qui faisait énormément attention, qui consultait beaucoup, qui consultait le terrain, qui était à l'écoute du terrain et qui faisait une analyse très juste, très pondérée avec des recommandations pondérées. On pense à la fécondation in vitro où, clairement, ils avaient apporté des balises pour diminuer, je vous dirais, les dérapages au niveau de la fécondation in vitro, mais jamais il n'a recommandé la désassurance.

Alors, on a beaucoup d'inquiétude. C'est dommage, ça contribue à une forme de silence, de loi du silence. Et moi, je suis convaincue que les travaux du commissaire ont toujours comporté des voies de solution, et je le cite dans son communiqué, et c'est vrai, c'est vraiment l'esprit dans lequel le commissaire... et, quand on dit le commissaire, c'est vraiment l'institution, mais travaillait toujours pour trouver des voies de solution. Or, quand ce ne sont pas les solutions que le ministre recherche ou quand les thèmes choisis ne sont pas ceux que le ministre voudrait voir étudiés... et là je ne peux pas m'empêcher de questionner, et je pense que c'est votre rôle aussi, les journalistes, de questionner le ministre, mais, quand on regarde ce que le commissaire avait sur sa feuille de route, il y avait une étude sur la performance des urgences du Québec, une analyse inédite du régime des plaintes, un rapport sur l'hébergement de nos personnes âgées et, dans les projets qui avaient été annoncés, il y avait la révision du mode de rémunération des médecins et la couverture publique des services sociaux.

Alors, on voit, à travers tout ça, qu'il y a des questions. Qu'est-ce qui inquiète tant que ça le ministre pour mettre fin à un organisme qui coûte à peine 2,5 millions de dollars par année, là? C'est vraiment très, très modeste. Je pense que chaque sou de cet organisme là était resté avec énormément de rigueur et c'est un très bel exemple d'une institution qui avait une valeur ajoutée, définitivement, et que le ministre désire faire taire, finalement, en la privant de son indépendance.

M. Blanchet (Jean-Nicolas) : C'est ça, qu'est-ce que vous craignez le plus, Mme Lamarre, en rapatriant ce service-là au sein du ministère? Vous craignez quoi? Qu'il y ait intervention directe du ministre? Vous craignez qu'elle perde toute possibilité d'indépendance?

Mme Lamarre : Bien, le ministère a déjà le pouvoir de faire ce genre d'analyse là à l'interne, alors que le commissaire, lui, était un lieu où on pouvait... il pouvait recueillir des commentaires qui étaient différents, qui étaient beaucoup plus libres de toute contrainte. On se rend compte que le ministère est également un organisme négociateur, négociateur avec les syndicats, négociateur avec plein d'organismes. Alors, les gens qui seraient invités à partager de l'information avec un commissaire qui serait sous l'égide du ministère n'aurait certainement pas la même liberté de penser, la même liberté de parler.

M. Blanchet (Jean-Nicolas) : Vous pensez que les gens pourraient craindre des représailles?

Mme Lamarre : Oui, ils pourraient craindre des représailles. Il pourrait y avoir aussi un rapport qui soit clairement tabletté, alors que le commissaire, lui, s'engage toujours à publier... Et c'est sur un site, donc il y a vraiment une disponibilité pour tous d'aller chercher l'information. Et on l'a vu, nous, dans les commissions parlementaires, souvent, les groupes s'inspiraient du commissaire. Le Protecteur du citoyen aussi s'inspirait...

Alors, c'est un instrument... On en a très peu. Vous savez, le ministre n'arrête pas de dire qu'il lui faut des indicateurs de performance dans le système de santé. Alors, c'est comme ça qu'il justifie ses trois cliniques privées pour aller chercher des indicateurs de prix. Alors, ça, je remets beaucoup ça en question, mais c'est un autre sujet, mais là il avait, à travers le commissaire, au lieu de le voir comme quelqu'un qui l'affronte, bien, de le voir comme quelqu'un qui lui procure des informations, des données, des statistiques qui sont vraiment complètement indépendantes. Et moi, je crois que c'est un très bon instrument, un acquis important, et c'est vraiment... Je vous dirais, c'est dangereux, cette rupture de toutes les voies de communication autres que celles qui vont originer du ministre ou du ministère.

M. Croteau (Martin) : C'est ça, vous dites que vous voyez là une volonté du ministre Barrette de faire taire les critiques à son égard?

Mme Lamarre : Bien, de faire taire, en tout cas, d'autres voix que les siennes, et ce n'est pas nécessairement des critiques. Si vous regardez le commissaire, il propose des solutions, mais on dirait clairement que, quand les solutions n'originent pas du ministre, ce ne sont pas des vraies solutions.

Alors, il peut y avoir effectivement des critiques. Il y avait des gens, à travers ces organismes, qui pouvaient avoir des critiques, et je pense que, quand on est ministre, on doit être prêt à affronter certaines critiques. Mais, dans le cas du commissaire, je vous dirais qu'il avait en plus la très grande qualité d'essayer de formuler ses recommandations sous forme d'alternative, de solution, d'autres voies de passage pour atteindre des objectifs qui pourraient être ce que le ministre voudrait.

Alors, oui, le ministre, actuellement, ne semble pas disposé à faire en sorte que d'autres que lui puissent prendre la parole et puissent apporter des réformes. Il n'y a que sa réforme à lui, avec les modalités que lui juge pertinentes, qui sont recevables.

M. Croteau (Martin) : Combien de fois le commissaire s'est montré critique à l'égard du gouvernement? Combien de... Tu sais, à quel point vous estimez que cette institution-là a fait une différence dans les dernières années? Pouvez-vous donner des exemples, peut-être?

Mme Lamarre : Je vous dirais qu'il a apporté un éclairage beaucoup plus précis et détaillé. Donc, il y avait, à travers chaque rapport, une dimension qui n'était pas nécessairement critique par rapport au ministère, mais qui était peut-être une vision beaucoup plus contemporaine de ce que le système de santé devrait être et vers quoi il pourrait s'orienter, et ça, c'est tout au crédit de cette institution du Commissaire à la santé.

Dans la FIV, clairement, ils ont dit : Écoutez, oui, il y a des dérives. On a vu des choses, et ils ont mis le doigt... et ils ont même apporté des informations qui, d'après moi, ont pu être utiles au ministre, mais leur conclusion était de dire : Balisons, encadrons et surveillons plutôt que d'abolir et de désassurer.

Alors, vous savez, en santé, ça peut avoir l'air... Comment je pourrais dire? Les gens, parfois, aiment quelqu'un qui tranche, mais à force de faire... d'imposer, dans un système de santé, des choses qui n'ont jamais été soumises à une réflexion collective, il y a des erreurs qui se commettent. Et actuellement je pense que le ministre aurait intérêt à prendre un peu l'avis des autres et non pas penser qu'il est le seul à avoir la vérité absolue. Merci.

(Fin à 15 h 24)

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