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Point de presse de M. Pierre Karl Péladeau, chef de l'opposition officielle

Version finale

Tuesday, March 22, 2016, 12 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures vingt-trois minutes)

M. Péladeau : Bonjour à tous et à toutes. Aujourd'hui, à Bruxelles, au coeur des institutions politiques et démocratiques européennes, la haine, la lâcheté et la violence ont frappé. Nous sommes également choqués et révoltés devant la répétition d'attentats meurtriers qui continuent encore et encore de faucher des vies innocentes, de semer la terreur et de s'en prendre à ce que nous avons de plus cher. Ces attaques à la liberté et à la démocratie sont inacceptables, injustifiables, et nous les condamnons fermement.

Je tiens à exprimer toute notre solidarité et notre amitié envers la Belgique et les Belges. J'offre mes sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes. Kofi Annan, ex-secrétaire général des Nations unies, a dit, je le cite : «Une attaque terroriste contre un pays est une attaque contre l'humanité tout entière.» La lutte contre le terrorisme islamiste et les autres formes de terrorisme interpelle tous les pays. Le Québec, à l'instar des autres nations, doit contribuer à l'effort international en ce sens. Nous devons poursuivre les efforts sur notre territoire afin de prévenir les manifestations de haine ou de violence quelles qu'elles soient. Devant la haine aveugle, désespérée et destructrice des terroristes, devant toutes ces victimes innocentes, devant le sentiment de révolte, d'indignation et d'urgence qui nous habite en ces moments tragiques, nous devons poursuivre notre engagement pour une société plus juste, une société — j'allais dire une planète — où l'espoir, la liberté et la paix seront plus forts que la terreur. Merci.

Le Modérateur : Merci, M. Péladeau. Pour les questions, micro de droite, M. Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : M. Péladeau, je veux vous poser une question par rapport à votre déclaration. Est-ce que vous considérez que le gouvernement canadien a une réponse suffisante envers l'État islamique?

M. Péladeau : Vous le savez fort bien, donc, la défense nationale est une compétence fédérale. Je crois que, dans les circonstances d'aujourd'hui, mais celles d'hier, celles des mois derniers et celles des dernières années également, qu'une collaboration très étroite devrait s'instaurer entre le gouvernement fédéral et le Québec. Nous le souhaitons ardemment pour faire en sorte que le combat contre le terrorisme puisse être le plus efficace possible.

M. Laforest (Alain) : Il n'y en a pas une actuellement? Il y en a une actuellement entre le GRC et la Sûreté du Québec. Qu'est-ce que vous demanderiez de plus?

M. Péladeau : Qu'elle puisse se faire également au niveau des parlementaires, au niveau de la société civile, au niveau de toutes les instances qui vont faire en sorte que nous puissions partager ce même objectif commun, cet objectif de démocratie et de protection de ce que nous avons de plus cher comme citoyens.

M. Laforest (Alain) : Sur un autre sujet, est-ce que vous avez des objectifs de financement dans votre circonscription et est-ce que vous trouvez que... le Parti libéral réclame environ entre 10 000 $ et 15 000 $ à ses députés ministres. C'est trop? Ce n'est pas suffisant? Ça ne devrait plus se faire comme ça?

M. Péladeau : Il n'y a pas d'objectif en tant que tel de la part des députés. Il y a des objectifs par circonscription, et ce sont les différentes associations de circonscription qui ont la responsabilité, donc, de recueillir les contributions des citoyens et des citoyennes, des militants et des militantes ainsi que des sympathisants. Les contributions varient pour certaines circonscriptions dont on sait qu'il serait fort peu probable qu'ils puissent venir au Parti québécois. Donc, de 3 000 $, dans le plus bas des cas, à entre 20 000 $ et 25 000 $ pour les circonscriptions les plus importantes.

M. Laforest (Alain) : Donc, vous n'avez pas de problème avec le fait que des ministres actuellement sollicitent? C'est normal pour vous que ça se passe...

M. Péladeau : En fait, cette question-là... non, je ne trouve pas ça normal parce qu'on a vu ce que ça a donné. On aura l'occasion probablement d'en reparler, mais les objectifs, qui étaient ceux du gouvernement de M. Charest, donc de fixer des objectifs de 100 000 $ aux membres du Conseil des ministres, m'est apparu une ouverture au dérapage.

Le Modérateur : M. Robillard, LaPresse canadienne.

M. Robillard (Alexandre) : M. Péladeau, est-ce que vous pensez que le gouvernement a des gestes à poser pour rassurer la population après l'arrestation de deux membres importants de précédents gouvernements libéraux?

M. Péladeau : Oui, certainement. J'ai eu l'occasion de m'exprimer là-dessus vendredi dernier et je pense que le premier ministre, pour combattre le cynisme qui s'est installé depuis de nombreuses années au Québec, pour combattre cet éloignement entre le citoyen et la politique, devrait faire en sorte d'expliquer comment fonctionnait le système de financement du Parti libéral du Québec afin que les citoyens soient adéquatement éclairés sur les pratiques qui ont eu cours au Parti libéral.

M. Robillard (Alexandre) : Sur le plan législatif, est-ce que vous pensez qu'il y a des modifications qui s'imposent?

M. Péladeau : Bien, écoutez, vous savez que c'est le Parti québécois qui est à l'origine. M. Lévesque a été, à cet égard, je dirais, excusez-moi l'expression, un grand timonier, mais de changer, donc, les méthodes de financement afin de chasser ce qu'on pourrait considérer être une influence indue, particulièrement des personnes morales, et le Parti québécois est à l'origine, donc, d'une modification significative des méthodes de financement des partis politiques.

Vous étiez probablement à la tribune parlementairealors que je n'y étais pas encore, mais mes collègues également, donc Stéphane Bédard et Bernard Drainville, lors du gouvernement de Mme Marois, ont proposé et fait adopter le projet de loi n° 1 qui a limité, donc, les contributions politiques à 100 $, n'en déplaise au premier ministre qui tente éventuellement de faire connaître que le Parti libéral serait à l'origine d'une telle mesure, bien au contraire. Et, dans ces circonstances, je pense que l'acte législatif où les mesures ont été prises pour justement faire en sorte... et c'est le Parti québécois qui a toujours tenté de demeurer le plus proche d'un financement populaire. Oui, j'en conviens qu'il y a eu des arrestations qui ont eu lieu la semaine dernière, mais elles ne sont d'aucune comparaison avec celles qui ont eu lieu notamment à propos de l'ancienne vice-première ministre qui, comme vous le savez, est accusée d'abus de confiance, de fraude et de complot.

Le Modérateur : Merci. M. Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert) : Bonjour, M. Péladeau. M. Legault, tout à l'heure, s'est porté à la défense du Parti québécois et a critiqué le Parti libéral d'avoir fait l'amalgame ou d'avoir fait un rapprochement entre le PQ et le Front national. Vous en pensez quoi, vous?

M. Péladeau : Je pense que quelque comparaison que ce soit est plus qu'inappropriée, elle est inexistante. Cette formation politique à laquelle vous faites référence est une formation politique qui est française. L'histoire de la France, l'histoire de l'empire français, l'histoire de l'Europe est évidemment bien différente de celle du Québec, et c'est la raison pour laquelle je ne peux faire autrement que de dire qu'il n'y a aucun rapprochement possible.

M. Dutrisac (Robert) : Parce que Marine Le Pen, elle, a fait ce rapprochement avec les souverainistes, a dit : Nous sommes un parti pour la souveraineté, et elle a dit, bon : J'ai des affinités... ou il y a des points en commun entre les souverainistes québécois et les souverainistes qu'elle dit représenter.

M. Péladeau : Écoutez, Mme Le Pen a droit à ses opinions, à la liberté d'expression, bien évidemment. Le Parti québécois sera toujours un défenseur de la liberté d'expression, mais je pense avoir été clair, dans ma publication Facebook que j'ai dû faire compte tenu, bon, de l'événement qui s'est produit, il n'y a rien qui rapproche notre formation politique de la leur, de notre histoire et de ses valeurs.

Le Modérateur : M. Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : Évidemment, concernant le terrorisme et tout ça, ici, il y a des projets de loi qui sont quand même à l'étude, notamment les discours haineux. M. Legault disait tout à l'heure : On doit quand même s'assurer de tout faire pour freiner les discours qui peuvent mener à ce type d'acte terroriste là à travers la planète. Votre point de vue là-dessus? Est-ce que c'est votre opinion également?

M. Péladeau : Écoutez, je vous dirais que, dans les circonstances aujourd'hui, ce n'est peut-être pas approprié de faire de la politique, là, au sens strict du terme, c'est-à-dire de commenter sur l'étude d'un projet de loi qui a lieu actuellement. Ce que je souhaite, par contre, vous dire, c'est que le Parti québécois, comme je l'ai dit à votre collègue, sera toujours une formation politique qui va défendre la liberté d'expression, et c'est exactement ce qui guide les principes émis par ma collègue Agnès Maltais, qui travaille justement en commission parlementaire sur le projet de loi n° 59.

Le Modérateur : Mme Lajoie.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour, M. Péladeau. Mme Le Pen est quand même une députée européenne. Pourquoi est-ce que vous n'avez pas accepté de la rencontrer? Vous auriez quand même pu lui faire valoir vos points de vue qui ne sont pas nécessairement les mêmes qu'elle.

M. Péladeau : J'ai été clair sur cette question. Je ne souhaite pas la rencontrer et je ne partage pas ses orientations politiques. Et, en ce qui concerne la France, bien, je pense bien la connaître pour y avoir étudié, pour y avoir vécu, pour y avoir travaillé et de continuer à lire systématiquement les journaux français, dont particulièrement ce grand journal, ce grand quotidien Le Monde.

Le Modérateur : Merci. On y va en anglais?

M. Laforest (Alain) : ...

Le Modérateur : On y va en anglais. Mme Johnson...

M. Laforest (Alain) : Bien, j'aimerais ça avoir une réponse, M. Péladeau. Est-ce que vous seriez prêt à rencontrer un dictateur africain, s'il vient ici dans une délégation?

M. Péladeau : Je ne répondrai pas à cette question, M. Laforest. Désolé.

Le Modérateur : Merci. En anglais.

Mme Johnson (Maya) :  Bonjour, M. Péladeau. To what extent has the Liberal Party's brand been damaged by the UPAC arrests we saw last week, specifically that of Mme Normandeau?

M. Péladeau : Well, I guess, as you probably know, it's the first time ever that the Vice-Premier had been accused of, you know, significant charges, and that comes from fraud to «abus de confiance», I guess that the population is well aware about that situation. It's been the first time. As you know, there are other enquiries taking place with… we will have, I guess, the results in the next months. I guess that will have an impact.

Mme Johnson (Maya) : So you're suggesting there could be more to come that will be damaging to the Liberal Party?

M. Péladeau : Well, this, I don't know specifically, but what I know is there are additional enquiries that are going on, and we'll wait for the results to be able to find out and properly appreciate the situation.

Mme Johnson (Maya) : How surprised were you by these arrests?

M. Péladeau : Well, I will be frank, I was not completely surprised. You know, we heard some many things during the Charbonneau Commission. As you probably know also, the Parti québécois was behind, you know, the establishment of the Charbonneau Commission. The previous government was asking… Not the government, but the previous legislature was asking to Premier Charest, you know, I don't know how many times, probably hundreds of times and… to have a specific investigation team to be able to find out about what took place in the previous years is certainly a good news for democracy, and I guess that, you know, it will be the proper thing to fight what cynicism is all about in politics for the last few years. Merci.

(Fin à 12 h 37)

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