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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, March 22, 2016, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures trente-neuf minutes)

Mme David (Gouin) : Messieurs mesdames, bonjour. C'est en équipe, collégialement, toute l'équipe des députés de Québec solidaire, qui, en un moment très triste, au fond, pour la démocratie, très triste pour les victimes, pour leurs familles, pour leurs proches, veut vraiment dire que toute cette folie meurtrière qui accable nos amis belges nous touche profondément. Nous voulons, évidemment, adresser nos plus sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes et nous voulons redire, une fois de plus, que le terrorisme, que la guerre, que le fanatisme n'apportent que malheur, souffrance, barbarie. Nous voulons le redire une fois de plus.

Cette horreur, cette souffrance, cette barbarie ne doivent pas porter atteinte aux valeurs que nous portons profondément : la démocratie, le vivre-ensemble, la justice sociale. Ce qu'il faut faire, c'est combattre la haine et défendre la démocratie. Nous devons le faire ici, nous devons le faire partout sur la planète.

Je voudrais rappeler que, jusqu'à présent, les principales victimes — et elles se comptent par centaines de milliers, voire millions — les principales victimes de l'islamisme fanatique sont les musulmans eux-mêmes. Un quotidien de Montréal parlait de 20 000 victimes de Boko Haram au Nigéria. On en parle moins, c'est plus loin de nous, c'est l'Afrique, mais pourtant c'est 20 000 personnes en quelques mois. N'oublions pas non plus les peuples de Syrie et d'Irak, qui ont vu leur vie détruite par la violence et par la guerre.

Donc, les victimes de cette barbarie sont nombreuses et elles se trouvent non seulement en Occident, elles se trouvent, en fait, surtout en Afrique et au Moyen-Orient. Il ne faut faire aucun compromis face à l'idéologie terroriste, face au salafisme ou à tout autre islamisme intégriste, comme d'ailleurs face à quelque intégrisme et à quelque, je dirais, fanatisme, qu'il soit religieux ou autre, que ce soit. Ça, ça doit être très clair.

On doit agir, par contre, aussi sur le plan de l'éducation, de la culture et de l'intégration pour faire en sorte que des jeunes, souvent sans emploi, souvent se sentant exclus de sociétés, particulièrement occidentales, ne soient plus un terreau fertile pour une idéologie qui les manipule et qui les amène eux-mêmes à la mort, d'ailleurs, la plupart du temps.

Donc, attaquons-nous aux racines du problème de ce fanatisme, ne laissons pas la terreur l'emporter, ayons confiance dans les valeurs que nous portons et continuons à les défendre. Merci.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous trouvez que le gouvernement canadien en fait suffisamment pour combattre, actuellement, l'État islamique? Et est-ce que le gouvernement du Québec en fait suffisamment aussi pour éviter la radicalisation?

Mme David (Gouin) : Le gouvernement du Québec a quand même mis en oeuvre certaines mesures — je pense au centre contre la radicalisation — je rappelle aussi qu'il y a tout de même un projet de loi sur la table, le projet de loi n° 59, qui, après avoir reçu beaucoup d'amendements qui étaient hautement désirables si on voulait que ça serve à quelque chose, continue d'être en discussion. Mais, comme chacun le sait, le Parti québécois s'y oppose farouchement, donc je ne sais pas ce qui arrivera de ce projet de loi qui pourrait, en étant évidemment très bien resserré, faire oeuvre utile contre le discours haineux et la radicalisation.

Quant au gouvernement canadien, savez-vous quel est le meilleur service qu'il pourrait rendre dans la lutte contre le terrorisme islamique? Ce serait d'annuler son contrat de vente de blindés à l'Arabie saoudite. Ça, ce serait un geste vraiment positif que tout le monde serait capable de comprendre. Autrement dit, on tarit la source qui finit par nourrir les terroristes islamiques.

M. Laforest (Alain) : Sur le financement des partis politiques, ce matin encore le gouvernement libéral confirme que les députés ont des objectifs de financement. Là, ça varie entre 10 000 $ et 20 000 $. Est-ce que vous considérez que c'est toujours un problème qui doit être réglé? Est-ce que, chez Québec solidaire, vous faites du financement également et quel est le montant?

Mme David (Gouin) : Chez Québec solidaire, nous faisons du montant, mais nous ne demandons à nos associations aucun... nous ne leur proposons aucun objectif chiffré. Chaque association, avec ses membres, ses militantes et militants, fait ce qu'elle peut pour, effectivement, aller chercher du financement, comme c'est normal de le faire, à pas plus de 100 $ par année par parti politique. C'est notre façon de faire et nous n'avons jamais eu le moindre problème, je le rappelle, en 10 ans, avec la direction générale des élections.

Pour ce qui est des montants que vous avancez pour d'autres partis politiques, c'est sûr que plus les montants sont élevés et plus il y a risque, disons, d'aller chercher des montants d'argent en, peut-être, suggérant aux gens que ça leur faciliterait, je ne sais pas, moi, l'accès à un ministre, par exemple. Donc, il faut être très, très précautionneux avant de fixer des objectifs chiffrés. Nous, nous ne le faisons pas, je tiens à le répéter.

Journaliste : M. Khadir, vous avez l'air à vouloir réagir.

M. Khadir : Bien, vous faites sans doute allusion à la question que j'ai déjà posée en Chambre, puis il y a eu d'autres exemples, le Parti libéral continue malheureusement la culture qui consiste à utiliser le gouvernement pour renflouer ses caisses. Qu'est-ce qui se passe? Bien, c'est que, malheureusement, des députés sont amenés ou leurs employés sont amenés à appeler les gens pour dire : Si vous voulez parler au ministre, bien, il faut que vous payiez un ticket de cocktail de financement. Puis ce n'est pas vrai que c'est la députée, je ne sais pas, moi, de Saint-François, ou c'est le ministre Blais qui est en cause, c'est la machine libérale. C'est la machine libérale, qui est d'ailleurs condamnée par le rapport Charbonneau. C'est la machine libérale pour laquelle, malheureusement, Mme Normandeau se trouve à être la seule incriminée, alors que c'est la machine qui est responsable. Et c'est pour ça que nous, on va redéposer notre motion. Il faut que la machine libérale paie l'argent frauduleusement ramassé. C'est plusieurs millions de dollars depuis 1997.

Journaliste : Concernant les attentats, vous dites : Ne cédons pas à la terreur. Est-ce que vous ne craignez pas que ce soit le cas, par contre, parce que, là, évidemment, les attentats se multiplient? Et quelles seraient les solutions pour essayer de rassurer la population?

M. Khadir : C'est sûr qu'il faut faire quelque chose pour arrêter ce terrorisme. Ça fait 15 ans qu'on a des réactions, parfois émotives, hein, qui consistent, pour les politiciens, par exemple, dire : On s'en va en guerre. Moi, je suis d'accord qu'on fasse la guerre, mais qu'on fasse la bonne guerre, une guerre intelligente, une guerre qu'on peut gagner, une guerre qui vise les causes. Parce que peser sur un bouton, là, pour larguer des bombes, ça fait 15 ans qu'on fait ça dans cette région-là, et je ne pense pas que ça nous a avancé à autre chose que d'ajouter à chaque fois un peu plus de chaos dans tout ça.

Puis d'ailleurs les terroristes, ils n'ont pas peur de la guerre. Ils font tout ça pour qu'on aille à leur guerre de la manière qu'on a faite à date. Parce que, dans cette violence-là, eux autres, ils gagnent. Ils gagnent la guerre de gagner des coeurs dans des zones où on a largué des bombes, puis ils veulent prendre le pouvoir; et il ne faut pas céder, il ne faut pas tomber dans ce piège-là. Il faut faire la bonne guerre, faire la guerre aux sources de financement, demander à l'Arabie Saoudite d'arrêter de financer et d'appuyer le fondamentalisme enragé de ces gens-là, faire en sorte que la Turquie cesse d'appuyer les terroristes de DAESH en leur permettant d'acheter des armes ou de transiter leur pétrole par son territoire.

Mais est-ce qu'on a le courage de faire ça? Est-ce que le gouvernement canadien va avoir de courage? Est-ce que M. Couillard va mettre le même soin à éviter d'être associé à l'Arabie Saoudite qu'il a mis des soins à éviter d'être associé à Marine Le Pen? Parce que c'est de ça qu'il s'agit, là. Là, on est en train de vendre des armes à l'Arabie Séoudite. Peut-on, s'il vous plaît, faire une guerre intelligente au terrorisme puis cesser la complaisance envers des gouvernements qui appuient les terroristes?

Journaliste : Vous avez parlé du remboursement des sommes perçues illégalement par le Parti libéral, mais le gouvernement lui-même, est-ce qu'il a des gestes à poser pour rassurer la population après l'arrestation de deux membres importants de gouvernements précédents?

Mme David (Gouin) : Oui, alors, je vous rappelle le libellé de la motion que j'ai eu l'honneur de déposer jeudi dernier. Aujourd'hui, nous allons récidiver, c'est mon collègue M. Khadir qui va déposer la même motion. J'espère que le Parti libéral aura eu le temps de réfléchir et que, cette fois-là, il va l'adopter. En fait, on demande des choses simples, hein? Féliciter l'Unité permanente anticorruption — elle a fait un très bon travail et on souhaite qu'elle continue de le faire — et on veut que le gouvernement s'assure que toutes les recommandations de la commission Charbonneau soient mises en oeuvre, et on lui demande aussi d'élargir la portée du projet de loi sur les lanceurs d'alerte pour faire en sorte que les employés des entreprises privées et des municipalités soient couverts par cette loi, donc les gens qui dénoncent des pratiques frauduleuses, qu'ils soient protégés, et qu'on exige que le gouvernement s'assure de récupérer les sommes mal versées et les pénalités. On n'élabore pas sur le choix des moyens, mais ce qu'on dit à M. Couillard, au Parti libéral et au gouvernement — parce qu'entre vous et moi c'est un peu la même chose — on leur dit : Prenez vos responsabilités, c'est ça qu'on vous demande.

Journaliste : Concernant les règles de financement, les lois électorales puis les pouvoirs du DGE, est-ce que vous pensez que tout a été fait à ce chapitre-là?

Mme David (Gouin) : Sans doute non. Entre autres je vous rappellerai l'un des rapports que Québec solidaire a produits depuis sa fondation, en 2012, rapport dans lequel nous avons fait état, avec des noms, avec des entreprises, de tout le système de prête-noms... enfin, tout… d'une bonne part du système de prête-noms qui a existé durant bien des années. Nous avons ciblé des firmes de génie-conseil, des firmes comptables, des firmes d'avocats. Tous les vieux partis, là, ont trempé dans le financement sectoriel. Si vous avez un petit peu oublié le contenu de ce rapport, je vous suggère d'y retourner, c'est plein de renseignements extrêmement intéressants. Et, dans ce même rapport, nous suggérons des modifications à la Loi électorale pour diminuer les plafonds permis de dépenses électorales. Parce que, pensez-y, pourquoi les partis politiques veulent-ils ramasser tant d'argent? Parce que les campagnes électorales coûtent de plus en plus cher. C'est un fait et nous-mêmes nous sommes un petit peu aux prises avec ce problème-là, là. Ça coûte extrêmement cher, faire une campagne digne de ce nom. Si les plafonds sont diminués pour tout le monde et qu'on fait des campagnes raisonnables, tout le monde, l'appétit pour du financement illégal va être beaucoup moins grand. Donc, oui, il y a d'autres choses à faire encore.

Journaliste : Est-ce que vous pensez qu'il y a des députés actuellement à l'Assemblée nationale qui auraient pu se retrouver dans des positions délicates si le délai de prescription des infractions avait été de plus que de cinq ans?

Mme David (Gouin) : C'est possible, c'est possible.

M. Khadir : Je vous rappelle, en toute candeur, que le ministre, hein... Dans le rapport Charbonneau, il est dit que la ministre des Affaires municipales, qui était Mme Normandeau, la ministre des Transports, qui était Mme Boulet, avaient plus de facilité à donner des contrats en retour des dons qui étaient faits au parti. Mais ces ministres-là ont été des exécutantes dans les fonctions qu'elles occupaient, c'est à cause des fonctions. Or, Jean-Marc Fournier, l'actuel leader du gouvernement libéral était ministre des Affaires municipales dans les premières années du gouvernement Charest alors que prenait son envol ce mécanisme, ce système des ministres qui devaient ramasser 100 000 $ et, en retour, des retours d'ascenseur par des contrats offerts par différents ministères. L'actuel président du Conseil du trésor, Sam Hamad, était le ministre des Transports de ce gouvernement. C'est des ministères qui étaient à découvert et vulnérables. Et ça serait une grande injustice que la machine libérale fasse porter tout le blâme sur Mme Nathalie Normandeau. Mme Nathalie Normandeau répondait à une commande qui venait de la machine, et c'est pour ça que nous, on dit : C'est la machine qu'il faut rendre responsable, et la machine doit payer l'argent mal acquis.

La Modératrice : Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : What is the message that you're trying to send with the motion that you'll be presenting again today at the National Assembly?

M. Khadir : The message is that it would be a great injustice to just take Mrs. Normandeau as the only one accountable for all the wrongdoings that were carried during 15 years. Mrs. Normandeau was just acting as the Minister of Municipal Affairs. She was giving the contracts in order to comply with the requirement of the machine, the Liberal machine that was gathering money, collecting money in return for contracts. There are other people responsible : the party, the machine itself, and there are other ministers actually in command : the actual Leader of Government is one of those, he was Minister of Municipal Affairs during the first years of Charest Government; the actual head of the Treasury, Mr. Sam Hamad. So, they have… I don't want to blame individually. The machine forced them to do so. So, we say, the machine responsible is the machine… it's to the machine to pay for all the wrongdoings. They have to give back the money that was collected. Millions are at stake, because the scope of the commission was 1997 until 2012, I think. So, the millions collected during that time should be given back.

Mme Johnson (Maya) : Premier Couillard says that this is a new era, there is a new culture within the party, that political financing rules have changed substantially, and so these issues that we had to deal with in the past are not the reality today. And what is your response to that?

M. Khadir : I hope Mr. Couillard doesn't want people to accept that. Don't count on us to believe that. This is just unbelievable that he thinks we're so… how do you say it, out of our memories to forget that he was a minister of $100 000. You know those ministers of $100 000? The commission… the Charbonneau Commission told that him, like other ministers were forced to collect $100 000 a year, so he knew exactly what he was doing. A lot of those who are most close to him now at power, other ministers in function today, were there, so how could it change? And we know that there are new dynamics going on for the collection. People are forced by political attachés at different ridings to buy tickets of «financement», «cocktails de financement»... cocktails, fund-raising cocktails for the Liberal Party in order to have access to ministers. So, again, there is this culture where the Liberals consider that the Government is a tool to collect money for their party.

(Fin à 12 h 55)

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