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Point de presse de M. Carlos J. Leitão, ministre des Finances, et M. Sam Hamad, président du Conseil du trésor

Version finale

Tuesday, March 22, 2016, 17 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix-sept heures cinquante-huit minutes)

M. Leitão : Alors, bonjour, tout le monde, merci d'être là. Donc, on va vous livrer, avec mon collègue le président du Conseil du trésor, nos impressions préliminaires sur le budget fédéral parce que, comme le nôtre, celui-là aussi est bien rempli, donc ça prendra un peu plus de temps pour avoir une appréciation plus globale.

Mais, comme première évaluation, je vous dirais que c'est un budget qui est très intéressant pour les familles, pour les familles canadiennes. Il y a des transferts importants qui vont se faire pour les familles. Donc, ça, c'est très utile, très important. Il y a aussi d'autres mesures pour la classe moyenne, comme par exemple, que ce soit en éducation, que ce soient les fonds des travailleurs aussi. Nous sommes contents de voir que le gouvernement fédéral a maintenu sa décision d'améliorer ça. Pour ce qui est de Radio-Canada aussi, il y a réinvestissement à Radio-Canada, c'est très bien. Pour l'innovation, pour la recherche, pour la lutte aux changements climatiques, donc toute une série de mesures qui sont positives et qui vont bénéficier les familles canadiennes, et particulièrement les familles québécoises, selon nos estimés, encore une fois, préliminaires. Juste pour cette année, l'année 2016‑2017, les familles québécoises qui ont des enfants vont recevoir 800 millions de dollars. Ce n'est pas rien ça, 800 millions, c'est un stimuli, une aide très considérable pour les familles.

L'autre partie du budget qui nous laisse un peu plus sur notre faim, c'est en ce qui concerne les infrastructures. Pas que les montants ne soient pas importants, ils le sont, mais il reste encore beaucoup de détails à régler, beaucoup de paramètres qui n'ont pas été clarifiés. Donc, nous, on aurait souhaité avoir un peu plus de clarté à ce niveau-là. Mais, bon, comme M. Morneau l'a bien dit, ça, ce n'est que la phase I, on verra après quelles sont les autres phases. Mais, en termes d'infrastructures, on aurait aimé avoir un peu plus de couleurs de leur part. Mais, pour les familles, pour les familles canadiennes, ce sont certainement de bonnes nouvelles. Et, en termes de politique économique, écoutez, c'est six années de déficits consécutifs, donc ça devrait donner un certain stimuli à l'économie. Voilà, c'est ce que j'avais...

Mme Dufresne (Julie) : Est-ce que vous avez l'impression, M. Leitão, que ça rachète, pour les familles, ce que vous, vous avez fait en compressions, notamment pour les garderies?

M. Leitão : Absolument pas. Écoutez, ce qui est annoncé aujourd'hui pour les familles sont des montants très importants, très substantiels. Nous, ce qu'on a fait, encore une fois, c'est de moduler les frais de garde. Le Québec demeure l'endroit en Amérique du Nord avec les frais de garde les plus abordables de l'Amérique du Nord. Donc, non, ce n'est pas du tout...

M. Hamad : Et plus, dans le dernier budget, on a ajouté 50 % pour le deuxième enfant, rétroactif, 2015. Alors, ça, c'est une mesure importante. Aujourd'hui, budget fédéral vient ajouter de l'argent pour les familles. On est contents pour les familles du Québec, là.

M. Laforest (Alain) : Bombardier, vous êtes inquiets?

M. Leitão : Bombardier, je ne suis pas inquiet. On savait déjà que, dans le budget fédéral, il n'y aurait pas de très grands détails là-dessus, mais nous demeurons, évidemment, bon, convaincus qu'il y aura de l'aide fédérale pour Bombardier, pour la série C en particulier, et, pour l'instant, il n'y a rien qui laisse croire que ça ne viendrait pas. Mais, franchement, on ne pensait pas que cela viendrait déjà dans ce budget.

M. Dutrisac (Robert) : Dans le cas des infrastructures, on apprend que, bon, le fédéral serait prêt à augmenter du tiers... participation du tiers à 50 %. Comment est-ce que vous voyez ça? Puis est-ce que vous pensez que le fédéral va vouloir, finalement, financer ces projets-là avec les municipalités directement?

M. Leitão : Encore une fois, en ce qui concerne les infrastructures, il y a beaucoup de questions et, maintenant, en tout cas, d'une façon préliminaire, peu de réponses à ces questions-là. Les montants sont importants, l'accent qui est mis sur le transport en commun, pour cette première phase, ça aussi, c'est très important, mais les détails, vous savez, sont importants, et ça reste encore à être déterminé.

M. Hamad : Mais, j'ajouterais, M. Dutrisac, la priorisation des projets au Québec va se faire par le gouvernement du Québec en collaborant avec les municipalités, donc, ça, ce n'est pas direct aux municipalités, l'aide. Et actuellement, dans le budget, on voit qu'il y a 12 milliards sur cinq ans. Pour ça, on reste sur notre appétit, sur les infrastructures. Par contre, il y a des détails à voir, à les voir avec le gouvernement fédéral, comment il s'entend... entend faire les subventions. Mais il reste que la priorisation, c'est le gouvernement du Québec.

M. Dutrisac (Robert) : Harmonisation, maintenant. Bon, souvent, avec les budgets fédéraux, on va faire certaines harmonisations. Est-ce que, dans ce cas-ci, il y en a à faire? Est-ce que c'est mineur? Est-ce que...

M. Leitão : Écoutez, je n'ai pas eu le temps dans ce type de détails là. Il y a plusieurs... Encore une fois, dans la fiscalité aux particuliers, il y a eu plusieurs annonces qui ont été faites, parce qu'en fin de compte l'allocation canadienne pour enfants, c'est une refonte majeure de l'aide financière du gouvernement fédéral aux familles. Donc, la PUGE disparaît, toute une série de crédits d'impôt qui disparaissent aussi. Il va falloir qu'on prenne le temps d'analyser ça comme il faut.

Mme Lajoie (Geneviève) : Que pensez-vous de l'ampleur des déficits qui sont annoncés?

M. Leitão : Pardon?

Mme Lajoie (Geneviève) : ...de l'ampleur des déficits qui sont annoncés par le gouvernement Trudeau?

M. Leitão : Bien, écoutez, je ne vais pas porter un grand jugement là-dessus. Ce sont donc des déficits de l'ordre de presque 30 milliards pour plusieurs années de réductions très graduelles. Comme le gouvernement fédéral l'a mentionné, leur ratio de dette/PIB change très peu. Mais, bon, je ne me prononcerai pas plus sur ça. Juste dire que, donc, une accumulation de déficit de l'ordre d'une centaine de milliards de dollars sur quelques années, théoriquement ça pourrait donner un certain stimuli à l'économie. Reste à voir si c'est le cas.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais vous, vous n'avez pas fait ce choix-là.

M. Leitão : Pardon?

Mme Lajoie (Geneviève) : Vous, vous n'avez pas choisi…

M. Leitão : On ne peut pas faire ce choix-là. On ne peut faire ce choix-là parce que notre niveau d'endettement, en partant, est bien plus élevé que ça, donc on ne pouvait pas se permettre d'avoir six déficits consécutifs.

Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce qu'il y a des projets d'infrastructure qui devront être mis sur la glace, reportés à cause des attentes que vous aviez, là, en termes de financement d'infrastructure dans le budget qui ne sont pas là?

M. Leitão : Je ne dirais pas qu'aujourd'hui on peut déjà dire ça, non, mais on va voir. Encore une fois, on va poursuivre nos discussions avec le gouvernement fédéral pour être plus au courant des détails et des paramètres pour ces programmes-là. Écoutez, il y a les trois projets que nous avons nous-mêmes mentionnés dans notre budget : la ligne bleue du métro de Montréal, le service d'autobus... rapide d'autobus pour Québec et les deux projets de la Caisse de dépôt. Donc, ça, ce sont nos priorités, et nous voulons nous assurer que ça demeure à l'intérieur du nouveau programme fédéral.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais, au moment où on se parle, c'est que vous ne savez pas exactement combien d'argent vous aurez pour financer ces programmes-là.

M. Leitão : Vous avez raison, je ne le savais pas hier.

Mme Richer (Jocelyne) : Et vous ne le savez pas plus…

M. Leitão : Et je ne le sais pas aujourd'hui non plus.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que ça peut compromettre le projet de SLR?

Mme Dufresne (Julie) : Mais donc, est-ce que vous craignez, M. Leitão, que certains projets ne puissent pas être réalisés?

M. Leitão : Je ne crains pas que ce soit le cas. Mais il va falloir voir à quel rythme ce financement-là va venir. Et ce sont ces genres de détails là qu'aujourd'hui ils ne sont pas disponibles.

Mme Richer (Jocelyne) : …qu'ils soient reportés, retardés, refinancés?

M. Hamad : Le travail n'est pas terminé avec le fédéral, actuellement. On va continuer notre travail et faire valoriser nos projets. On va avoir des discussions avec le gouvernement fédéral.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que ça peut compromettre les projets ou forcer le gouvernement du Québec à payer davantage?

M. Hamad : Pour le moment, on reste sur notre appétit. Le gouvernement du Québec ne paiera pas plus davantage qu'on a prévu dans nos plans. Nous, on a un plan, on va respecter nos plans. Il y aura des discussions avec le fédéral dans les jours qui s'en viennent pour discuter les détails de notre plan d'infrastructure et les subventions.

M. Laforest (Alain) : Vous venez de le dire, vous restez sur votre appétit, M. Hamad, là.

M. Leitão : Mais j'aimerais souligner que le déficit… pardon, le budget fédéral est quand même un budget qui est très positif pour les familles canadiennes, incluant les familles québécoises. Donc, il ne faudrait pas non plus arrêter notre analyse et notre discussion aux infrastructures. C'est une partie, une partie importante, mais ce n'est pas seulement ça. Il y en a beaucoup d'autres... il y a beaucoup d'autres sources de...

M. Dutrisac (Robert) : Le côté expansionniste du budget, qui stimule l'économie, ça, ça fait votre affaire, finalement?

M. Leitão : Ça fait notre affaire, mais, encore une fois, je... On ne va pas se lancer dans des grandes discussions d'économistes, mais le genre de support qui est présenté dans ce budget, on est dans l'ordre du... moins de 1 % du PIB en termes de déficit, et généralement ce n'est pas ça qui va donner un «boost», si vous me permettez l'expression, considérable à l'économie. C'est bien, quand même, un déficit de l'ordre de presque 30 milliards, ce n'est pas rien, mais, en proportion de l'économie canadienne, c'est... on est loin d'avoir un effet multiplicateur qui soit si élevé que ça. C'est positif, mais ce n'est pas énorme.

Mme Lajoie (Geneviève) : Une précision sur Bombardier. Donc, qu'est-ce que ça dit, selon vous, qu'il n'y ait pas une ligne sur Bombardier dans ce budget-là?

M. Leitão : Ça veut dire que le gouvernement fédéral n'était pas encore tout à fait prêt à annoncer ses couleurs là-dessus. Mais, si on suit bien le raisonnement du gouvernement fédéral, surtout les propos de M. Trudeau à New York, surtout à sa conférence avec Bloomberg, je pense, c'est très clair que M. Trudeau s'est vraiment engagé à supporter une telle entreprise, il a vanté les mérites de la série C de Bombardier. Donc, à mon avis, ce n'est qu'une question de temps.

M. Laforest (Alain) : Une précision, M. Hamad. Vous avez parlé de... vous êtes resté sur votre appétit concernant les infrastructures. Vous pouvez extrapoler davantage?

M. Hamad : Bien, en fait, c'est... Pour les familles du Québec, on est très heureux aujourd'hui, très heureux, c'est la bonne nouvelle. Il y a aussi... on a parlé, il y a des bonnes nouvelles pour les Indiens, il y a des bonnes nouvelles pour les technologies vertes, il y a des bonnes nouvelles pour les infrastructures, mais évidemment on a souhaité d'avoir plus que 12 milliards sur cinq ans, c'est clair.

Maintenant, comme il l'a dit, mon collègue, on va s'asseoir avec le fédéral, on va regarder les détails des subventions, leurs programmes pour voir c'est quoi exactement.

La Modératrice : En anglais maintenant.

M. Hicks (Ryan) : Can you just start off with an overview, in English, of your initial reaction?

M. Leitão : Yes, but... Avant de faire ça, juste pour revenir à M. Dutrisac. On parlait tantôt de l'effet stimulatif. Donc, le déficit fédéral de 1,5 % du PIB cette année, 1,4 % du PIB l'année prochaine et 1 % du PIB en 2018‑2019, donc ce sont des déficits importants, mais, dans ces niveaux-là, il ne faudrait pas s'attendre à un effet multiplicateur qui soit si élevé que ça.

D'ailleurs, si vous regardez les prévisions économiques du gouvernement fédéral pour ce budget, elles n'ont pas beaucoup bougé de ce qu'ils avaient publié au mois de février. Donc, eux non plus n'ont pas incorporé, dans leurs prévisions budgétaires, un kick, si vous voulez, un stimuli fiscal si important que ça. C'est bien, mais ce n'est pas tout.

M. Hamad : Juste une petite parenthèse pour Québec. Il y a des bonnes nouvelles pour la région de Québec, en passant, comme ministre responsable de la région de Québec : il y a l'étude Québec-Windsor de transport. Ça, c'est très important, les gens d'affaires l'ont demandé, les gens de Québec. Et aussi il y a des subventions intéressantes à l'INO, on parle de 50 millions, si ma mémoire est bonne. Alors, des... il y a des parties... Donc, les familles, dans la région de Québec, elles vont être heureuses, l'INO et le transport. Juste vous dire ça pour la région de Québec.

M. Leitão : Ryan, to get back to your question, then, our initial evaluation of this budget — and there's still some details, of course, to be worked out — is that we find this to be a very interesting and very useful budget for the middle class, especially for families, for Canadian families, of course for Québec families. There are some very interesting and important transfers to families, to families with children, same thing in education, same thing in the... for Radio-Canada, CBC, so all that... and for research and innovation as well, as for First Nations. So, there are some substantial transfers to individuals, so it's very positive for families.

Where we were a little expecting something more was on the infrastructure side. We feel that there are still many details that were not clarified. I heard Mr. Morneau say that this was phase I, so we understand that there will be more in future announcements. But, for this phase I, that's fine, but the details are still to be determined. So, we can't really make a full assessment of that.

M. Hicks (Ryan) : Last week, you said that you wanted to see the federal Government step up in terms of the health care funding formula, changing the formula so it addresses the aging population. We don't see a lot, when it comes to health, in health's funding in this federal budget. Did you see what you needed to see from the federal Government when it comes to health care?

M. Leitão : In terms of health care, actually, there's nothing, there's nothing new other than — and that's important — the fact that the federal Government reiterated its commitment to continue to work with the provinces to arrive at a new transfer formula. But, again, in terms of details, in terms of a new formula, there was nothing in this budget about that. So, that work will continue in the weeks and months to come.

M. Hicks (Ryan) : Is that disappointing to you? Would you have wanted to...

M. Leitão : I don't think it's disappointing, I think it would have been better if that would have been already enshrined in the budget. But, again, as was the case at the first federal-provincial health care ministers' conference, the willingness on both sides is there to continue working on this, to continue searching for a formula that is acceptable to all.

M. Hicks (Ryan) : And on Québec infrastructure projects, public transit like the Montréal blue line, what does this mean for Québec infrastructure projects that you want to push forward?

M. Leitão : Well, again, there is nothing today that is… you know, that has moved forward from what we knew yesterday. We hear the emphasis of the federal Government on public transit for this phase I, so that's fine, that's great, but in terms of specific projects, whether it is the blue line or, you know, in Québec city, the rapid bus system, the details are not there yet, so we will continue to work with our federal partners to work on those details.

Mme Fletcher (Raquel) : Bombardier, can you speak about... Are you concerned about the fact that this wasn't brought up in the federal Government… in the federal budget?

M. Leitão : I am not surprised that there is nothing in the budget about Bombardier. The federal Government already told us that, you know, the budget was not the appropriate place for them to indicate what their decision would be on Bombardier. But, judging from the public statements of the Prime Minister, particularly in his recent trip to New York, I think it is clear that the federal Government is leaning towards, you know, a significant investment in Bombardier and specifically in the CSeries.

So, we remain positive on that, we will continue to press our point with the federal Government that the CSeries deserves substantial investment by the federal Government, and we hope to see that in the very near future.

Mme Fletcher (Raquel) : Do you think that they are dragging their feet on it?

M. Leitão : I do not think it is a question of dragging their feet, I think it is a question for them of also, you know, due diligence, finding out, you know… It's a substantial investment that will likely be coming down the line, so I understand that they need to do their due diligence and make sure that it fits within their priorities. But, again, if we judge by the public statements of the Prime Minister, Mr. Trudeau, they are leaning very heavily towards investing in Bombardier.

Mme Fletcher (Raquel) : Trudeau and the Liberals campaigned on a $10 billion deficit for this year. They exceed that by three times, so we are now looking at a $30 billion deficit. Last week, you presented a budget that was balanced. Are you concerned about the deficit and the debt load that the federal Government is taking on?

M. Leitão : As I mentioned earlier to some of your colleagues, this deficit is 1.5% of GDP this year, 1.4%, next year and 1%, the year after. So, this is not insignificant, but, at the same time, given Canada's starting point in terms of indebtedness, it is perfectly manageable. So, I think this can be managed. Unfortunately, there were no details in this budget on how the federal Government intends to return to balance. But, again, given the size of the deficits in proportion to the size of the economy and the level of indebtedness of the federal Government, this can be easily financed, easily managed, I should say.

(Fin à 18 h 15)

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