(Onze heures douze minutes)
M. Fournier
: Simplement
donner quelques explications sur la motion présentée par la CAQ aujourd'hui,
prendre la peine de réexpliquer ce qu'on appelle, dans le langage traditionnel,
les votes libres, qui sont une expression qui peuvent laisser entendre que, lorsqu'on
fait un vote suite à une discussion et l'arbitrage du caucus, qu'on est moins
libres. On a la même liberté, les députés votent librement. S'ils décident de
ne pas se soumettre à une discussion de caucus, s'ils décident de ne pas se
sentir liés dans un caucus, bien, ils ne font plus partie du caucus. Ils ne
sont pas forcés d'être dans un caucus, ils sont libres.
Mais, dans notre système parlementaire,
l'existence des caucus est une dimension fort inconnue, évidemment. Pour tous
les partis, c'est confidentiel, c'est secret, pour permettre, justement, une
saine discussion. Et ça ne veut pas dire qu'ils ne font pas partie de notre
système parlementaire. Comme vous le savez, les gouvernements sont issus du
législatif, sont issus de l'équipe ministérielle, et, pour qu'ils tiennent
debout dans notre système, il y a la règle de la confiance, qui fait en sorte
que les caucus sont le vecteur de confiance, et c'est là qu'il y a une
discussion.
Évidemment, il y a des cas particuliers.
Ceux d'ordre moral, par exemple la loi sur les soins de fin de vie, où là il y
a eu un vote libre, comme tous les autres qui sont des votes libres, mais où
les députés n'étaient pas obligés de convenir qu'ils allaient suivre l'arbitrage
exercé par le caucus. Et cette discussion-là avait été prise antérieurement à
la discussion au caucus. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de discussion
au caucus, mais ça a conditionné, évidemment, le genre de discussion ou… Là, je
n'ai pas besoin de vous rappeler comment cette question d'ordre moral est bien
différente de la question d'une licence, d'une inscription ou toute autre
question de gouverne générale.
En fait, ce que M. Legault met sur la
table aujourd'hui, c'est ni plus ni moins qu'une démission face à la
responsabilité qu'ont les partis d'offrir une direction. Si un chef ne peut pas
rallier librement les membres de son caucus autour de certaines valeurs, il ne peut
pas rallier les Québécois.
D'ailleurs, dans cette législature, même
dans celle-ci — et je ne parlerai pas de toutes les autres, vous connaissez
autant l'histoire que moi, au cours des nombreuses autres législatures,
depuis au moins 15 ans — dans cette législature, en décembre
2014, toutes les femmes se sont levées et elles ont indiqué une direction, et
nous allons suivre cette direction de l'inscription des armes à feu avec
courage, et avec cohésion, et évidemment aussi en s'assurant du minimum
d'inconvénients pour l'ensemble des Québécois.
Donc, nous sommes toujours libres, mais
nous avons décidé qu'en cette matière, comme dans les autres matières d'ordre
de gouverne générale, nous allons respecter le parlementarisme et le véhicule
du caucus pour faire ces arbitrages. Je tiens à le dire parce qu'on peut faire
des raccourcis parfois. Et M. Legault fait un grand raccourci en
prétendant que les députés ne font pas représenter les sons qu'ils entendent de
leurs concitoyens. Et nous avons de bons débats là-dessus, dans cette matière
comme dans toutes les autres, mais notre système a besoin de stabilité, notre
système a besoin de prévisibilité et notre système a besoin d'un leader qui est
capable d'indiquer une direction à laquelle se rallient minimalement les
membres de son caucus. Si lui n'est pas en mesure de le faire, nous, nous
voulons y arriver. Voilà.
M. Robillard (Alexandre) :
M. Fournier, est-ce que vous vous adressez à la CAQ ou aux membres de
votre caucus avec votre intervention d'aujourd'hui?
M. Fournier
: Bien, en
fait, je m'adresse à vous et pour la deuxième fois aujourd'hui. Alors, je
m'adresse, dans le fond, à travers vous, aux Québécois pour expliquer un des
éléments importants sur lequel on ne s'arrête pas très, très souvent, à savoir
comment fonctionne notre système. Et c'est évident que, dans notre caucus comme
dans tous les autres, il y a des discussions. Et je ne vous ne le cacherai pas,
il y en a.
Mais, ceci étant, nous avons aussi des façons
de faire et une appartenance au caucus qui nous amène à dire : On doit
offrir aux Québécois une cohérence dans l'action. Et cette cohérence, elle ne
s'exprime pas juste parce qu'on accepte l'arbitrage du caucus, mais aussi les
énoncés que nous avons faits.
En décembre 2014, dans cette législature,
les femmes de tous les partis politiques se sont levées — je ne sais
pas si vous vous souvenez de ce moment, lorsqu'on commémorait l'anniversaire de
Polytechnique — elles se sont toutes levées, nous avons tous parlé de
ce sujet-là, nous avons tous dit que nous allions suivre cette direction. Et,
tout à coup, il y a un chef d'un autre parti qui, de toute évidence, ne veut
plus suivre cette direction et qui appelle à ce que les caucus n'ait plus,
maintenant, le... ne soit plus le lieu de faire les arbitrages. Je crois que ce
n'est pas une bonne gouverne pour l'avenir.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais est-ce qu'il y a de vos collègues qui vous ont demandé à vous un vote
libre? Est-ce que, autrement dit, aujourd'hui vous leur donnez la réponse?
M. Fournier
: Ce que je
vous dis aujourd'hui est le fruit d'une discussion, au caucus, que nous avons
eue sur la motion de la CAQ. Alors, je vous explique encore une fois comment ça
fonctionne : les motions sans préavis nous sont données avec un petit préavis
pour qu'on ait le temps, justement, d'en discuter avec les membres du caucus,
ce que nous avons fait ce matin. Et ce que je vous dis aujourd'hui et en ce
moment est le fruit de l'arbitrage du caucus, c'est-à-dire les membres du
caucus, tous et chacun, souhaitent que ce soit là ce que je vous dis.
M. Lacroix (Louis) : M. Fournier,
qu'est-ce qui arriverait à un député de votre caucus qui déciderait, malgré ce
que vous nous dites là, là, de voter, par exemple, contre la décision du
caucus? S'il décidait, par exemple, de dire : Moi, là, le registre des
armes à feu, philosophiquement, je suis contre et je vote contre, il arriverait
quoi?
M. Fournier
: Oui, votre
question est hypothétique, mais on... Je ne veux pas vous empêcher...
M. Lacroix (Louis) : Non,
non, mais c'est parce qu'il faut qu'ils sachent à quoi s'attendre, les députés,
aussi, là.
M. Fournier
: Ça y est,
alors, votre question est hypothétique, mais je vais y répondre quand même.
M. Lacroix (Louis) : Parfait.
M. Fournier
: Voilà.
Bravo! Même si je pourrais vous dire qu'elle est hypothétique et je ne
répondrai pas.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous l'avez dit, d'ailleurs.
M. Fournier
: Non, mais
elle est hypothétique, mais elle se répond par les exemples du passé. Ce n'est
pas nouveau, les caucus. Ce n'est pas nouveau, ces questions-là qui
interviennent. Je me souviens — c'était autour des années 90 ou
dans ce coin-là, et je n'étais pas membre de l'Assemblée, mais je suivais ça,
un peu comme certains d'entre vous — il est déjà arrivé, je me
souviens dans le cas de Russ Williams, à l'époque, qui était adjoint parlementaire
du premier ministre Robert Bourassa, qui s'était exprimé d'une façon différente
que le caucus et il est resté membre du caucus, mais n'était plus, par la suite,
adjoint parlementaire du premier ministre. Alors, je me souviens de cet exemple-là.
Ce que ça veut dire, c'est qu'on ne peut pas, à l'avance, prédéterminer — d'où
l'hypothèse — quelles peuvent être les conséquences. Par contre, qu'est-ce
qu'un...
M. Lacroix (Louis) : Mais il
y en a une...
M. Fournier
: Bien, ça
dépend lesquelles puis ça dépend quels sont les manquements.
M. Lacroix (Louis) : Mais là
vous citez M. Williams, qui a perdu son poste, là.
M. Fournier
: Oui, oui.
Bien, il y a d'autres cas où ce n'est pas arrivé, là. Alors, ça dépend, ça
peut... ça dépend de la nature, et je ne peux pas prévoir à l'avance ce qui
arriverait. Permettez-moi de continuer.
Ceci étant, les membres de notre caucus et
tous ceux qui participaient à la discussion ce matin veulent que nous puissions
continuer de faire les consultations sur le projet, qu'on en discute et ont
tous convenu que nous allons suivre la règle de l'arbitrage du caucus, et nous
le faisons tous librement. C'est un peu ce que je peux vous dire ce matin.
M. Lacroix (Louis) : O.K., mais
donc ce que vous nous dites, M. Fournier, c'est qu'il y a une conséquence
à ne pas suivre la règle d'équipe.
M. Fournier
: Il
peut — je n'ai pas dit «il doit» — il peut, il y a des
exemples. Je m'en souviens d'un où quelqu'un est resté membre du caucus, mais a
perdu son poste d'adjoint parlementaire de M. Bourassa à l'époque. Il doit
être arrivé d'autres cas où il n'y en a pas eu. Ça dépend de la nature.
Ceci étant, dans le processus, ce n'est
pas une sanction qui arrive comme ça, c'est une... ce n'est pas une règle
d'expulsion, c'est une règle d'admission. Lorsqu'on fait partie d'un caucus
dans un système parlementaire, c'est parce qu'on sait très bien qu'on va vouloir
influencer nos collègues, et qu'ils vont nous influencer, et qu'à la fin il
faut se rallier autour de certaines valeurs. Et, si on démissionne de notre
responsabilité de trouver un point de convergence, nous n'offrons pas aux
Québécois une direction cohérente. C'est une démission à l'égard de la
nécessité pour les Québécois d'avoir une gouverne prévisible.
M. Lacroix (Louis) : Vous
allez conclure, à ce moment-là, qu'un député qui voterait contre n'est pas un
bon joueur d'équipe.
M. Fournier
: Bien,
quelqu'un qui vote contre peut avoir ses raisons, et ça dépend des dossiers,
sur les conséquences. Il peut y en avoir, il peut ne pas y en avoir, mais il
est bien évident que, lorsqu'on fait partie d'une... D'abord, un gouvernement,
c'est une équipe, et, si on décide d'être dans un gouvernement ou dans un parti
politique, mais d'être un indépendant, bien, on n'est pas à sa place. Dans un
parti politique, on partage des enjeux, on a des valeurs communes. Et je crois
que M. Legault, pour des raisons de populisme, est en train de nous dire :
Bien, moi, quand ça fait mon affaire, je décide que je ne donne pas de
direction. Et, s'il n'est pas capable de rallier son monde autour de certaines
valeurs, bien, il ne sera jamais capable de rallier les Québécois. Il vient de
nous dire, en fait, qu'il ne serait pas un chef des Québécois.
M. Dutrisac (Robert) : Les
députés pourraient s'abstenir, cependant. C'est déjà arrivé que des députés
s'abstiennent sur un vote ou sont absents. Est-ce que...
M. Fournier
: Il y a
des fois que cela peut arriver.
M. Dutrisac (Robert) : Mais
ça ne risque pas d'arriver...
M. Fournier
: Mme Ouellet,
dernièrement, au Parti québécois... Prenons cet exemple-là, puisque c'est
hypothétique. Alors, je ne sais pas ce qui peut arriver pour l'avenir, mais
essayons de nous inspirer du passé. Alors, Mme Ouellet, il n'y a pas si longtemps,
n'a pas participé à un vote, et M. Péladeau et Mme Ouellet n'avaient
pas tellement la même raison sur laquelle elle n'avait pas participé au vote,
mais donc voilà un cas où une personne s'est retirée pour ne pas exprimer un
vote à l'encontre de son propre son propre caucus. Alors, ça, c'est fort...
M. Dutrisac (Robert) : Est-ce
que ça ne risque pas d'arriver à quelques-uns de vos députés?
M. Fournier
: Alors,
voici maintenant la réponse que je peux vous donner. C'est très hypothétique,
mais j'aime bien répondre aux questions hypothétiques avec le plus de
précision. Je suis en rappel, je suis en rappel... Mais c'est bête parce que
j'ai perdu votre question.
M. Dutrisac (Robert) : Est-ce
qu'il y a des députés libéraux qui pourraient s'abstenir?
M. Fournier
: Ah oui,
bon, merci! Bien que ce soit hypothétique, ce que... et je suis content d'être
avec vous aujourd'hui, nous avons eu une discussion au caucus là, là, ce matin
même, à propos de cette motion-là. Et ce que je vous dis en ce moment, c'est :
L'ensemble des députés, l'ensemble des députés sont satisfaits du débat que
nous avons en caucus, de la consultation qui se tient et se sentent totalement
libres d'appartenir à ce caucus et de me permettre de vous dire que nous allons
voter tous selon l'arbitrage du caucus.
M. Dutrisac (Robert) : M. Legault,
donc, manque de leadership, littéralement, là? Dans le système actuel, c'est un
manque total de leadership?
M. Fournier
: Bien, en
tout ça, c'est sous le prétexte de dire : Moi, je ne vais pas préciser la direction
que ma formation politique va prendre... sous ce prétexte-là, il démissionne de
sa responsabilité d'indiquer une direction. C'est son rôle, c'est le rôle qu'on
attend des chefs de caucus, des chefs de parti politique. Dans notre système
parlementaire, c'est comme ça que ça fonctionne. Alors, ou bien il n'est pas
capable ou bien il démissionne directement d'une responsabilité qui lui
incombe. Et moi, je dis, s'il n'est pas capable de rallier son propre monde,
s'il n'est pas capable d'être assez franc avec les Québécois sur la vraie
position que son caucus défend, il n'est pas capable d'avoir la confiance des
Québécois.
M. Caron (Régys) : M. Fournier,
quand les députés vous disent : Mes commettants me disent qu'ils ne sont
pas d'accord, me demandent de voter contre telle mesure quand... Vous évoquez
la cohérence de votre gouvernement, mais qu'est-ce que... le député, lui, qui doit
voter contre sa conscience... c'est ça que vous demandez aux députés qui sont
récalcitrants?
M. Fournier
: Pas du
tout. Non, pas du tout. Bien, récalcitrants... ils ne sont pas récalcitrants.
M. Caron (Régys) : Mais ils
peuvent l'être.
M. Fournier
: Je viens
de vous dire qu'ils ne le sont pas. Je viens de vous dire la discussion qu'on a
eue au caucus qui est à l'effet qu'on veut tous participer à la discussion au
caucus et respecter le résultat de l'arbitrage du caucus. Alors, ils ne sont
pas récalcitrants, ils sont tout à fait libres.
M. Caron (Régys) : Deux de vos
députés nous disaient hier : On est divisés.
M. Fournier
: Si vous
me permettez... Alors, ils sont tout à fait libres, ils ne sont pas
récalcitrants. C'est le mot «récalcitrant» que je veux résister à vous donner.
Ceci étant, lorsqu'on est dans un comté...
Alors, je vais vous exprimer comment ça se vit pour moi, mais tous les députés
sont pareils, 125, peu importe l'étiquette. Il n'y a jamais unanimité dans un
comté, tous les citoyens n'ont pas un même point de vue. Il y a des voix qui se
font entendre à gauche, à droite, et cela nous inspire à une discussion au
caucus. Cela nous inspire, par exemple, sur une des grandes... des grands
éléments qui sont entendus dans ce dossier-là. Il ne faut pas qu'il y ait de
tracas pour la population, tout en pouvant répondre à des besoins qu'expriment
les policiers. Alors, tout ça, c'est tout dans les nuances, comment on réussi à
trouver les bons moyens. C'est ça, un arbitrage, trouver les bonnes méthodes pour
que les choses puissent s'appliquer, alors...
M. Caron (Régys) : Mais il
peut y avoir des circonscriptions où il y a une majorité de gens qui poussent
sur leurs députés pour dire : Écoutez, on aimerait que vous votiez contre
telle mesure.
M. Fournier
: Qu'est-ce
que vous appelez une majorité? 200 personnes devant le bureau ou
20 %?
M. Caron (Régys) : Bien, plus
de 50 %...
M. Fournier
: Alors,
dites-moi, en ce moment...
M. Caron (Régys) : ...ou
60 % ou 55 %, ou 70 %.
M. Fournier
: Très bien,
quels sont les outils dont bénéficient les députés pour faire, de jour après
l'autre, un nouveau sondage ou pour savoir comment se positionne la population
et la semaine d'après? Ce n'est pas par...
M. Lacroix (Louis) : Bien,
généralement, un député doit connaître son comté, M. Fournier, il doit
savoir comment les gens pensent dans son comté.
M. Fournier
: Mais, malheureusement
pour vous, les... il n'y a pas une unanimité qui se présente devant nous, il
n'y a même pas une façon de pouvoir dire : Est-ce qu'il y en a plus de ce
côté-là ou de là? On écoute, on comprend, on se dit : Voici qu'est-ce que
les gens sont en train de nous dire. Alors, on n'a pas, comme élus, une qualité
que vous avez peut-être, vous, de pouvoir dire : Le peuple pense cela. On
a des dimensions différentes qui sont émises, je pense que vous le comprenez
facilement.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous n'êtes pas en train de minimiser le rôle du député en disant ça, justement,
en disant : Écoutez...
M. Fournier
: Je ne
veux pas minimiser le vôtre non plus.
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais c'est parce que les députés, on a toujours dit qu'ils étaient le reflet de
ce que leurs commettants pensent dans leurs comtés.
M. Fournier
: Oui, tout
à fait, bien sûr.
M. Lacroix (Louis) : Mais là
vous êtes en train de dire : Il n'y a aucune façon de vérifier, alors il
faut s'en remettre au parti.
M. Fournier
: M.
Lacroix...
M. Lacroix (Louis) : Mais
non, mais c'est ce que vous dites, M. Fournier.
M. Fournier
: Non, non,
c'est vous qui dénaturez mes propos, là. Je fais juste vous dire que, lorsqu'on
écoute notre population, hein, il n'y a pas une seule voix qui se fait
entendre, il faut peser, mesurer, juger, et c'est ce qu'on fait comme
représentants.
M. Dutrisac (Robert) : Dans
ce dossier-là, M. Fournier...
Des voix
: ...
M. Fournier
: Juste un
instant, permettez-moi, je vais prendre une question, une question et en
anglais. Allez-y.
M. Dutrisac (Robert) : Dans
ce dossier-là, quand même, ce qui est clair, c'est qu'il y a une opposition
entre les gens des villes puis les gens des campagnes. Je veux dire...
M. Fournier
: Encore
une fois, c'est réducteur de dire ça parce que ce n'est pas vrai, ce n'est pas...
M. Dutrisac (Robert) : Bien,
d'une façon générale...
M. Fournier
: Bien, je
prends M. Lacroix, là, à témoin, là, hein, je le prends à témoin, on ne
peut pas dire ce que vous venez de dire parce qu'il y a des gens qui
représentent des régions, qui ont une position différente de d'autres personnes
dans d'autres régions. Alors, je fais juste vous dire que ce n'est pas aussi
simple. Nous, on a un peu plus de lignes agate dans nos discussions ou un peu
plus que le clip de 10 secondes. Allez-y, là.
M. Dutrisac (Robert) : Non,
ça va, vous avez répondu à ma question.
M. Croteau (Martin) :
M. Fournier, est-ce que cet épisode ne vient pas diluer la valeur des
motions unanimes de l'Assemblée nationale, puisque, quand vient le temps d'être
conséquents avec une motion, soudainement, là, il y a beaucoup de grenouillage
qui se fait dans tous les partis, y compris celui qui est au pouvoir? Il est beaucoup
question de...
M. Fournier
: Eh bien,
donnez-moi un exemple, parce que, si vous voulez parler de la motion d'il y a
deux jours...
M. Croteau (Martin) : Non, je
parle de la motion qui dénonçait, par exemple, la destruction des données du
registre fédéral, qui s'élevait contre le projet du gouvernement fédéral de ça.
Bien, la prochaine fois que, par exemple, l'Assemblée nationale adopte une
résolution unanime pour dénoncer, bien, quelle valeur ça a, maintenant qu'on
voit ce qui arrive avec le registre des armes?
M. Fournier
: C'est
bien embêtant parce que vous avez tellement raison. On a... Moi-même, combien
de fois j'ai été en Chambre avec tous les autres partis politiques sur cette
question-là, où on se disait... et on poussait Ottawa à ce qu'ils puissent
continuer de maintenir le registre, et, quand est venu le moment où ils ont
décidé qu'ils ne s'en occupaient plus, on a tous convenu, tous, tous les partis
politiques, qu'on se donnerait un système qui ne serait pas, évidemment,
d'ordre criminel parce qu'on n'a pas cette juridiction-là, mais d'ordre pénal.
Puis je vous référais tantôt à lorsqu'on a
commémoré Polytechnique, je ne sais pas si vous vous souvenez de la scène où
toutes les membres féminines de l'Assemblée nationale se sont levées les unes
après les autres, où là il y avait un consensus qui était clair, puis tout à
coup, malgré toutes les résolutions, la CAQ l'abandonne. On a voté combien de
fois sur des motions, notamment celle, il y a deux jours, on a parlé en Chambre
tantôt sur le respect de Charbonneau ou du DGEQ? Puis là, deux jours après, c'est
oublié. Je veux dire, là, allez leur poser des questions à eux pourquoi ils
décident d'avoir une position qui change du lundi au mardi. Ça, c'est leur
affaire à eux. Mais c'est encore une question de cohérence, en quelque part, tu
sais, puis il faudrait qu'ils le soient.
M. Croteau (Martin) : Mais
que vaut une motion unanime de l'Assemblée nationale, à la lumière de ce qu'on
voit maintenant?
M. Fournier
: Bien,
généralement, généralement, lorsqu'on est assez matures pour respecter les
votes qu'on prend plus que 48 heures, elles valent quelque chose.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Deux questions...
M. Fournier
: Eh oui.
Mais là je vais enfreindre ma propre règle, même en rappel. Je vais vous
laisser aller, on va aller en anglais par la suite, mais là je le dis vraiment
pour tous les autres.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, merci. Tout d'abord, juste une précision, est-ce que la présence de tous
les députés libéraux sera requise au moment de l'adoption?
M. Fournier
: Comme dans
tous les autres votes, s'il y en a qui sont... parce qu'ils ont des raisons...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais parfois vous offrez des permissions pour des activités extérieures.
M. Fournier
: Puis ce n'est
pas... Mais, voyez-vous, votre question mène à dire : Ah oui! Ils vont
voter, mais il y en a qui ne voteront pas. Non, on n'a pas... et on va faire
comme d'habitude. Alors, d'habitude, s'il y en a qui ont un rendez-vous chez le
médecin, on ne va pas canceller le rendez-vous chez le médecin. D'habitude,
s'il y a des gens qui ne peuvent pas être là, bien, ils ne peuvent pas être là,
mais essayez... je comprends... Je ne vous en veux pas, là, je comprends que vous
essayez de dire : Oui, mais là qu'est-ce qu'ils vont faire, puis tout ça.
On va faire comme d'habitude. On va faire comme d'habitude, on va librement
vivre notre expérience d'appartenance dans un caucus, on va discuter, on va
faire valoir le point de vue de nos concitoyens puis on va dire :
Ensemble, c'est la direction qu'on prend pour le Québec. Les Québécois nous
envoient ici pour qu'on soit cohérents, qu'on soit prévisibles, qu'on soit
capables de faire des débats puis d'avoir une direction. Puis, quand il y a un
chef de parti qui dit : Moi, je ne le sais pas parce que moi, je veux
gagner un point ici à gauche et à droite sans dire au monde qu'est-ce que je
pense vraiment, je pense qu'il ne fait pas la job. Deuxième question.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Puisqu'habituellement vous ne répondez pas à des questions hypothétiques, alors
je vais essayer de poursuivre dans cette chance-là en vous posant des questions
sur un sondage. Je vais vous demander de commenter un sondage dans lequel on
apprend que plus de 60 % des Québécois estiment qu'il y a autant de
corruption aujourd'hui qu'avant les travaux de la commission Charbonneau. Il y
a 79 % qui pensent... bien, en fait, qui ont peu ou pas confiance envers
les politiciens en général, tous paliers confondus. Et je vous en donne une
autre, là, donnée : 78 % des répondants s'attendent à ce qu'il y ait
d'autres politiciens qui soient épinglés pour fraude et corruption au cours des
prochains jours. Comment vous réagissez à ces données-là, qui sont quand même
troublantes?
M. Fournier
: Je vais
laisser d'autres commentateurs commenter. Ce n'est pas une question
d'hypothèse. Il y a plein de monde à l'extérieur qui pourront apporter leur
commentaire là-dessus. Je ne peux pas dire grand-chose d'autre.
Mme Plante (Caroline) :Mr. Fournier, are you satisfied with Mr. Chagnon's comment
or decision in the House this morning…
M. Fournier
:
I'm not satisfied or dissatisfied. He's just applying a rule that we know for
so many years, so I'm not satisfied, not dissatisfied, not surprised.
M. Hicks (Ryan) : So, have you… So, just to clarify, have all Liberal MNAs agreed to
vote for the gun registry bill?
M. Fournier
:
What I said is that we are in a caucus where we share the information, the
discussion about that proposition. And the motion on the table today coming
from the CAQ is to suggest that, even in a case like that, or every case, in
fact, it's just… a normal case of governance, they said : Well, now, as a
leader of my caucus, we will no more have a position. So, one can be on the
right, one can be on the left, one can be yes, one can be no. That is not how
the system works, and certainly it's not how a leader is supposed to work. He
is supposed to be clear and frank with the population, he is supposed to say :
Where I stand, which are my values. He is supposed to be able to rally people
of his own caucus around those values. In fact, what he is saying today is it's
impossible for him to have some value that can rally his members. If he cannot
have that, he will never rally Quebeckers.
M. Hicks (Ryan) : So, then, the answer to my question is yes?
M. Fournier
:
The answer to your question is : We table a bill, we table it with the
support of our caucus. That bill is not finished yet. There is a consultation,
as you know. So, we will hear people. What we want is to respect the objective,
and, at the same time, be at… listening to what people are saying, and we heard
that they say : We don't want any trouble with it, we don't want to have
complication with it. And we are working in a direction to have the minimum
complication for people. We don't want to bother people, we want to save lives,
save lives of policemen who save lives of Quebeckers. And I think that is...
that was the position that we had for, let say, 20 years, in this
Assembly.
I'm just talking that
December 2014, commemoring Polytechnique, all women of the
Assembly — I'm talking about this legislature, they are still there,
in the Assembly — they rise up, one after the other, to call for
that. We were all clapping in our hands, standing up, even the CAQ, even
Legault. We were saying : Yes, we're going to go in that direction. Now,
he is changing the course for what? Just to gain little points. And, with that, having bad effect on our parliamentary
system, bad effect on governance, bad effect about what people can think about
politicians. So, I think that he is just in… carried away. «Démission», how do
you say that? He's quitting his responsibility of giving a direction, not able
to rally his own people, never be able to rally Quebeckers.
Mme Plante (Caroline) : Do you think… The pole results today, do you think that he's
thinking : Well, I'm rising in the poles, so why not?
M. Fournier
: Well, he… I don't want to put myself in his head. The way he
expressed himself this week and sometimes, I can tell you, I disagree with what
he has in his head. Thank you
very much.
(Fin à 11 h 34)