(Onze heures trente-quatre minutes)
M.
Caire
:
Alors, bonjour. Évidemment, aujourd'hui, là, on voulait poursuivre sur le
dossier de Sam Hamad, d'abord rappeler que le député de Louis-Hébert fait face
à des allégations extrêmement graves, qu'on avait demandé et qu'on avait dit au
premier ministre, dès vendredi... que c'était, pour lui, un test de leadership extrêmement
important. Force est de constater, aujourd'hui, que ce test de leadership là a
été échoué.
Philippe Couillard nous a habitués à ne
pas être à la hauteur de sa fonction dans les situations éthiques qu'il
commandait — souvenez-vous du scandale, entre autres, avec les primes
d'Yves Bolduc, où Yves Bolduc est parti avec ses généreuses primes sous le
regard bienveillant du premier ministre — et aujourd'hui, malheureusement,
ça ne fait pas exception. Le premier ministre du Québec, dans une décision où
il a soufflé le chaud et le froid, a décidé de garder Sam Hamad comme président
du Conseil du trésor, de lui conserver ses avantages et le salaire, mais en lui
retirant les responsabilités. Et donc Sam Hamad est payé pour un travail qu'il
ne fait pas sous le regard bienveillant, encore une fois, du premier ministre,
et, pour nous, c'est inacceptable.
Vous savez, c'est dans l'adversité que les
grands leaders se réveillent... se révèlent, pardon, mais c'est aussi dans
l'adversité que les chefs qui n'en sont pas se révèlent. Et aujourd'hui Philippe
Couillard a encore une chance de se resaisir. Parce que ce qu'il est en train de
faire, c'est de se servir de l'article 11 de la Loi du Conseil exécutif,
qui lui permet de transférer les responsabilités d'un ministre à un autre sans
démettre ce ministre-là de ses fonctions officiellement. C'est une disposition
de la loi qui existe pour, par exemple, permettre à un ministre de prendre
congé pour des raisons de maladie. C'est le cas de madame... ça a été le cas de
Mme Thériault. Mais, pour nous, les allégations qui pèsent sur le député
de Louis-Hébert, qui jettent une ombre sur l'éthique du gouvernement, ça n'a
rien à voir avec la maladie, et donc on ne peut pas jouer dans ce film-là,
malheureusement.
Autre question qu'on soulève, c'est :
Est-ce que le premier ministre va aller au bout de sa décision? Est-ce qu'il va
enfin démettre véritablement le député de Louis-Hébert de ses fonctions? C'est
ce que nous, on souhaite, c'est ce qu'on lui demande, qu'il démette Sam Hamad
de ses fonctions de ministre et non pas, là, utiliser des subterfuges pour
souffler le chaud et le froid, comme il fait.
Ce qu'on souhaite aussi, c'est que Sam Hamad
revienne le plus rapidement possible pour faire face à la musique. Alors,
jeudi, il niait sa responsabilité; dans la nuit de samedi à dimanche, il a
décidé de la fuir. Aujourd'hui, on lui demande de faire face à ses
responsabilités, de répondre aux questions qu'on pourrait lui poser, notamment :
Le cas qui a été révélé par Enquête, est-ce que c'est le seul cas?
Est-ce qu'il y a d'autres cas? Est-ce que Marc-Yvan Côté l'a sollicité
pour d'autres dossiers, dans d'autres dossiers? Écoutez, je pense que ces
questions-là se posent.
Et on sait maintenant que Sam Hamad va
faire face à une enquête du Commissaire à l'éthique, on sait qu'il va faire
face à une enquête du Directeur général des élections. Je vous dis aujourd'hui
que nous allons demander officiellement, aujourd'hui, au commissaire au
lobbying à se pencher sur cette question-là. Et, comme l'UPAC enquête
présentement sur Marc-Yvan Côté, on peut penser que l'UPAC aussi va
enquêter sur cette question-là. Et donc, pour nous, il n'est pas question que
Sam Hamad puisse revenir à des fonctions de ministre tant et aussi longtemps
que tous ces acteurs-là n'auront pas conclu qu'il n'avait rien à se reprocher.
Là-dessus, je suis prêt à prendre vos questions.
Journaliste
:
M. Caire, donc vous dites : Philippe Couillard doit carrément se
débarrasser de Sam Hamad même si, par exemple, bien, il y a toujours la présomption
d'innocence qui est évoquée par les gens du gouvernement.
M.
Caire
:
Écoutez, la présomption d'innocence... Philippe Couillard a exclu partiellement
ou, en fait, pas... a exclu Sam Hamad du Conseil des ministres quant à ses
responsabilités, donc le premier ministre lui-même admet du bout des lèvres que
les allégations qui pèsent sur Sam Hamad sont de nature à jeter le discrédit
sur son gouvernement et font en sorte que, tant que les enquêtes n'auront pas
été complétées, Sam Hamad n'est plus en position d'assumer les responsabilités
inhérentes à sa charge. Maintenant, il doit aller au bout de sa logique, de sa
propre logique. Quand on exclut un ministre du Conseil des ministres, sauf les
cas d'exception dont j'ai fait mention, on doit l'exclure véritablement, donc
ça veut dire qu'il perd son titre, ses avantages et son salaire, pas juste les
responsabilités. Et, dans ce sens-là, croyez-le ou non, bien, Philippe Couillard
réussit à faire moins que Jean Charest. Alors, on s'entend tous, là, que, quand
on regarde dans le dictionnaire, qu'on cherche le mot «éthique», ce n'est pas la
photo de Jean Charest qui est là, là. Bien, Philippe Couillard a trouvé le tour
de faire moins que Jean Charest en matière de gestion de l'éthique. Parce que,
souvenez-vous, quand Julie Boulet a fait face à des allégations d'avoir
enfreint son code d'éthique comme pharmacienne, Jean Charest l'avait carrément
exclue du Conseil des ministres. Or, ce n'était pas ménager la chèvre et le
chou comme Philippe Couillard l'a fait avec Sam Hamad.
Journaliste
: Et, pour
vous, cette plainte, en quelque sorte, au Commissaire au lobbyisme, elle est
essentielle dans le contexte actuel?
M.
Caire
: Bien,
elle est essentielle. Elle s'inscrit d'ailleurs dans le fait que Commissaire au
lobbying a un peu signifié que lui attendait, effectivement, qu'il y ait
peut-être une réaction formelle, là, de la part de nous ou d'autres entités.
Nous, on a décidé d'aller au-devant puis de s'assurer qu'il y aurait enquête
dans ce dossier-là parce que... écoutez, Sam Hamad l'a dit lui-même sur les
ondes publiques, dans le dossier qui nous préoccupe, il voyait effectivement
une infraction à la loi sur le lobbying. Et donc, pour nous, c'est normal que
le commissaire au lobbying fasse enquête là-dessus.
Journaliste
: Et vous
dites : Il doit revenir absolument. On sait déjà qu'il va revenir jeudi.
Pour vous, ce n'est pas suffisant?
M.
Caire
: Bien,
d'abord, moi, je me méfie du Parti libéral. Le diable se cache dans les détails
et, croyez-moi, le diable est libéral. Et actuellement on nous dit : Il va
revenir au Québec. Parfait. À quel titre? Sera-t-il encore président du Conseil
du trésor? Va-t-il siéger comme député? Va-t-il être encore membre du caucus
libéral? Va-t-il participer aux études de crédits? Moi, c'est ça que je veux
savoir, là. Parce que, si on le paie comme ministre, il faut qu'il fasse le
travail; s'il ne fait pas le travail de ministre, il faut qu'on arrête de le
payer. Si on le paie comme député, il faut qu'il fasse le travail; s'il ne fait
pas le travail de député, il faut qu'on arrête de le payer comme député.
Comprenez-vous? Il y a une logique là-dedans, là.
Alors, je comprends qu'on ne peut pas
démettre un député de ses fonctions, ça prend une élection pour ça, mais on
peut au moins l'exclure du caucus, et, auquel cas, on se gouvernera en conséquence.
Mais, pour l'instant, tout ce qu'on me dit, c'est : Sam Hamad devrait être
au Québec jeudi. O.K., il va faire quoi?
Journaliste
: Qu'est-ce
que ça vous laisse comme impression, là, sur le fait qu'il soit en Floride, et
tout ça? Est-ce que c'est une erreur de jugement de M. Hamad?
M.
Caire
: C'est
une erreur de jugement de sa part, mais ça nous démontre à quel point Philippe
Couillard n'est pas le chef qu'il prétend être. Écoutez, là, je vous donne
juste un exemple : souvenez-vous, il y a quelques années, mon collègue
Daniel Ratthé avait vu son nom mentionné à la commission Charbonneau. M. Legault…
puis ce n'était pas une décision facile à prendre puis ce n'était pas une
décision plaisante à prendre, mais il l'avait exclu d'emblée du caucus en lui
disant : Écoute, va démontrer que tu as patte blanche. Ça, c'était la
décision d'un chef. Ça, c'est un chef, un leader.
Alors, Philippe Couillard, lui, a dit :
Bien, écoute, tu vas rester président du Conseil du trésor, on va continuer à
te payer, on va te laisser tes avantages, mais va te reposer. Ça, ça a été la
réaction du chef du Parti libéral, qui était incapable de s'élever à la hauteur
de sa fonction.
Le Modérateur
:
D'autres questions?
M.
Caire
:
Merci.
Le Modérateur
: Merci.
(Fin à 11 h 41)