(Huit heures dix-neuf minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour, tout le monde. Écoutez, ce matin, je veux revenir sur le dossier de
Bombardier. On se rappelle tous qu'à l'automne dernier, Jacques Daoust puis le gouvernement
libéral ont signé une entente pour investir 1 milliard US dans Bombardier.
Cette entente était conditionnelle à ce que Bombardier trouve un autre milliard
US pour compléter ses besoins financiers. Il était prévu que la moitié de la
somme, donc 500 millions US, soit versée, au plus tard, le 1er avril.
Donc, cette échéance est passée.
Donc, actuellement, ce qu'on comprend,
c'est que possiblement le gouvernement du Québec a déboursé 500 millions
US dans Bombardier sans aucune entente avec le fédéral, sans avoir su si le gouvernement
fédéral avait une meilleure entente que le gouvernement du Québec.
Rappelez-vous, en Chambre, Jacques Daoust avait dit qu'il y avait une clause
remorque dans son entente, c'est-à-dire que, si le gouvernement fédéral
obtenait des garanties de la part de Bombardier, que ça soit sur les emplois,
sur le maintien du siège social ou autres, que le gouvernement du Québec
obtiendrait les mêmes garanties.
Donc, moi, je suis très inquiet aujourd'hui
de savoir est-ce que le gouvernement du Québec va avoir une moins bonne entente
que le gouvernement fédéral. Ce serait inacceptable que le gouvernement fédéral
ait des meilleures conditions que le gouvernement du Québec, et ça pose aussi
un problème sur le plan d'affaires de Bombardier. Si le gouvernement du Québec
était convaincu, l'automne dernier, que Bombardier avait besoin de 2 milliards,
1 milliard du gouvernement du Québec puis 1 milliard potentiellement
du gouvernement fédéral ou de quelqu'un d'autre, comment peut-il verser
500 millions sans savoir si le reste du montant a été trouvé?
Donc, actuellement, là, je pense que M.
Couillard, M. Daoust, qui a gardé le dossier, doivent des réponses à la
population. C'est quand même beaucoup d'argent de déboursé, 500 millions
de dollars, et moi, je trouve, encore une fois, là, je trouve ça inacceptable
que le gouvernement du Québec n'ait pas les mêmes conditions que le
gouvernement fédéral puis qu'on ait déboursé l'argent avant d'avoir les
conditions qui ont été demandées par le gouvernement fédéral.
La Modératrice
: Merci. On
va prendre les questions. Régys Caron, Journal de Québec.
M. Caron (Régys) : Bonjour,
M. Legault. Est-ce que la Coalition avenir Québec s'est concertée avec le Parti
québécois et Québec solidaire pour grouper les questions concernant l'affaire
Hamad sur le gouvernement?
M. Legault
: Non, il
n'y a eu aucune entente.
M. Caron (Régys) : Il n'y a
pas eu de consultation?
M. Legault
: Non.
M. Caron (Régys) : Ni hier,
ni aujourd'hui, ni demain.
M. Legault
: Non, non.
M. Caron (Régys) : Très bien.
La Modératrice
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Qu'est-ce que vous suggérez à M. Hamad qui revient demain?
M. Legault
: Écoutez,
je suggère surtout à M. Couillard de démettre, de façon permanente, M. Hamad.
Je pense que sa petite visite en Floride vient ajouter à son manque de
jugement. M. Hamad a continué à maintenir des relations professionnelles avec
Marc-Yvan Côté qui a pourtant été banni à vie du Parti libéral du Canada. Il a
avoué l'avoir informé de l'avancement d'une demande de subvention importante
d'une entreprise qui n'était même pas dans sa circonscription.
Je pense que, de façon très claire, Sam
Hamad a manqué de jugement, n'a plus les qualités, n'a pas les qualités pour
être ministre, et il serait à peu près temps que Philippe Couillard le
reconnaisse puis arrête de se cacher derrière le Commissaire à l'éthique, là.
Peu importe le rapport que déposera le Commissaire à l'éthique, je pense que,
déjà, M. Couillard a toutes les informations pour montrer que Sam Hamad n'a pas
le jugement requis pour occuper le poste de ministre.
M. Laforest (Alain) : Donc,
vous ne faites pas confiance au Commissaire à l'éthique?
M. Legault
: C'est-à-dire
que le Commissaire à l'éthique va essayer de voir s'il est capable de prouver qu'il
y a eu un lien entre l'argent qui a été envoyé au Parti libéral via Marc-Yvan
Côté et le montant de la subvention qui a été donné à l'entreprise Premier
Tech. Ce n'est pas facile à prouver, mais ce qui est facile à prouver, c'est
que M. Hamad n'avait pas affaire à donner des informations sur une subvention à
Marc-Yvan Côté.
M. Laforest (Alain) : Mais
vous ne faites pas confiance au commissaire qui pourrait arriver à la même conclusion
d'ici quelques mois? Vous vous dites... vous réglez la sentence tout de suite,
là.
M. Legault
: C'est
qu'on parle de deux choses différentes. Le Commissaire à l'éthique est là pour
voir s'il y a une preuve de lien entre le financement puis la subvention; moi,
je vous parle de jugement. Ça prend du jugement pour être ministre, et on a déjà
toutes les preuves que Sam Hamad a manqué de jugement. Déjà, lui-même a admis
avoir parlé à Marc-Yvan Côté. Il a déjà admis avoir fait un suivi auprès de
Michelle Courchesne. Donc, il a déjà admis avoir posé des gestes qui démontrent
son manque de jugement. Donc, on n'a pas besoin du rapport du Commissaire à
l'éthique pour arriver à la conclusion qu'il ne peut plus être ministre.
La Modératrice
: Alexandre
Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
Allo, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour,
M. Robillard.
M. Robillard (Alexandre) : Le
Commissaire au lobbyisme, qui est chargé de l'application de la loi intitulée
Loi sur la transparence en matière de lobbyisme, a adopté une nouvelle politique
de communication, ce qui aura pour effet de... qui va cesser de divulguer s'il
fait des vérifications ou des enquêtes, sauf en cas de circonstances
exceptionnelles.
On a appris hier que le cas de Marc-Yvan
Côté ne constitue pas une circonstance exceptionnelle, aux yeux du Commissaire
au lobbyisme, pour informer les titulaires de charges publiques s'il fait
l'objet d'une enquête. Donc, on a aussi l'Association québécoise des lobbyistes
qui serait tout à fait à l'aise avec le fait que le commissaire rende public,
quand il fait des enquêtes, à l'étape de l'enquête.
Donc, j'avais pensé vous entendre
là-dessus. Dans le contexte actuel, qu'est-ce que ça vous inspire?
M. Legault
: Bien, écoutez,
évidemment, on souhaite toujours le plus de transparence. Moi, j'aimerais en
savoir un peu plus sur pourquoi le Commissaire au lobbyisme considère que ce n'est
pas souhaitable de rendre cette information disponible au public. Donc, avant
de porter un jugement, je veux en savoir un petit peu plus long.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que vous pensez qu'il peut être l'objet de pressions? On sait qu'il y a
eu des critiques de la part de certains élus...
M. Legault
: Je n'ai
pas aucune information.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que ça vous inquiète de voir qu'il procède de cette façon-là, compte
tenu que le DGE divulgue ses enquêtes, que le Commissaire à l'éthique divulgue
ses enquêtes? Est-ce qu'il y a un double standard, là, ou un manque de
cohérence?
M. Legault
: Comme je
vous dis, là, je n'ai aucune information à l'effet, là, qu'il y a eu des
pressions, et je veux regarder comme il le faut ces arguments avant d'apporter
une conclusion.
M. Robillard (Alexandre) :
Bien, il refuse de donner des entrevues. Est-ce qu'il devrait au moins...
M. Legault
: Bien, je
pense qu'on devrait quand même aussi savoir pourquoi puis avoir des arguments.
Donc...
M. Robillard (Alexandre) :
Donc, il devrait s'expliquer.
M. Legault
: Je pense
qu'il devrait s'expliquer.
La Modératrice
:
Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) : Si
je comprends bien, M. Legault, pour vous, peu importent les conclusions du
Commissaire à l'éthique, Sam Hamad ne doit pas revenir au Conseil des
ministres?
M. Legault
:
Exactement.
M. Vigneault (Nicolas) : Sa
carrière est finie.
M. Legault
:
Exactement. Moi, je pense que Sam Hamad, en maintenant des liens professionnels
avec Marc-Yvan Côté, qui a été banni à vie du Parti libéral du Canada pour
financement politique illégal, moi, je pense que c'était un manque de jugement.
Son aller-retour en Floride est un autre manque de jugement. Je ne vois pas
comment M. Hamad pourrait avoir la crédibilité pour être encore un ministre du
gouvernement libéral.
M. Vigneault (Nicolas) : Et,
par exemple, le fait... Si on lui retirait tous ses privilèges de ministre,
est-ce que ça, ce serait suffisamment pour vous ou il doit absolument quitter? Le
fait qu'il soit payé, par exemple, et qu'il n'effectue pas le travail de
ministre...
M. Legault
: Bien, c'est
inacceptable. On ne peut pas non plus dire : Je n'ai aucune responsabilité
de ministre, mais je suis payé comme un ministre. Ce n'est pas acceptable.
La Modératrice
: Régys
Caron, LeJournal de Québec.
M. Caron (Régys) : Rebonjour,
M. Legault.
M. Legault
: Rebonjour.
M. Caron (Régys) : Le
gouvernement arrive à mi-mandat. Quelle analyse faites-vous de l'état de la
situation compte tenu de l'affaire Normandeau, l'implication de Marc-Yvan Côté,
l'affaire Hamad? Quelle analyse faites-vous, donc, de l'état des lieux pour le
gouvernement sur le plan de l'éthique, sur le plan...
M. Legault
: Oui. Bien,
ce qu'on voit, c'est qu'après seulement deux ans le gouvernement Couillard est
usé, hein? Il n'a pas rien à proposer pour rétablir la confiance de la
population à l'égard de la classe politique, mais il n'a rien à proposer non
plus en économie, il n'a rien à proposer pour réduire les impôts des Québécois.
On l'a vu, les gens sont insatisfaits des services en éducation, en santé.
Donc, on a vraiment un gouvernement qui est usé, un gouvernement qui, dans le
fond, n'est pas très différent du gouvernement Charest.
Et donc, au cours des 13 dernières années,
on a eu 12 années libérales, puis le Québec tourne en rond. Le Québec descend
au classement des États nord-américains pour sa richesse, donc n'a pas les
moyens ni de bien financer les services, ni de réduire enfin les impôts de la
classe moyenne. Donc, c'est un gouvernement... J'ai vu plusieurs chroniqueurs
l'écrire, là, on ne sait pas pourquoi Couillard est en politique, on ne sait pas
quel est son objectif, qu'est-ce qu'il veut changer au Québec, qu'est-ce qu'il
veut améliorer au Québec. À part de quelques phrases creuses, là, M. Couillard
semble indifférent. Des fois, je me demande même s'il est encore intéressé à
être premier ministre, là. Il semble, en tout cas, manquer d'énergie, là. Quand
on le voit à la période de questions, il semble dans un état, là, où il ne me
semble pas très heureux d'être là.
M. Caron (Régys) : Est-ce
qu'il est encore... Enfin, que reste-t-il de la légitimité qu'il a eue? Il a
quand même obtenu un mandat de quatre ans.
M. Legault
: Oui. Bien,
écoutez, on a un système parlementaire qui lui permet de rester jusqu'au 1er
octobre 2018, mais il a de moins en moins de légitimité, et la façon dont il a
géré le dossier de Sam Hamad est inacceptable. On se retrouve dans une
situation où il aurait eu besoin de poser un geste fort pour rétablir la
confiance, comme les libéraux fédéraux l'avaient fait, là, en mettant de
l'argent en fiducie. Lui, il ne fait rien de ça, là, il attend les procès, les
procès qui vont avoir lieu après le 1er octobre 2018. Donc, il accepte de facto
de faire la prochaine campagne électorale avec de l'argent sale collecté par
Marc-Yvan Côté et compagnie. Donc, je me demande s'il va se représenter en
2018, Philippe Couillard.
M. Caron (Régys) : J'aimerais
revenir sur ma question de tout à l'heure, M. Legault. La députée péquiste de
Taschereau a indiqué sur une station de radio de Québec ce matin qu'il y avait
eu concertation entre les trois partis d'opposition pour grouper des questions
sur le gouvernement au sujet de l'affaire Hamad. Vous, vous dites : Il n'y
a pas eu de concertation.
M. Legault
: En tout
cas, moi, je ne suis pas au courant de ça. Moi, je ne suis pas au courant de
ça. Non.
La Modératrice
: Marco
Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour, M. Legault. Vous avez évoqué, il y a quelques mois, la réflexion
de certains députés de d'autres partis pour peut-être considérer un éventuel
saut au sein de la Coalition avenir Québec. Est-ce que vous pensez que les
troubles que vivent actuellement les libéraux pourraient en inciter plus d'un à
amorcer cette réflexion-là et peut-être vous contacter?
M. Legault
: Je sais
qu'il y a des députés libéraux qui ne sont pas très heureux de la performance
de Philippe Couillard. Maintenant, est-ce qu'ils sont prêts à changer de parti?
Je n'en sais rien.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Québec
solidaire hier mentionnait comme une des qualités ou un des plus grands défauts
du Parti libéral sa discipline de fer.
Vous qui avez vécu dans deux partis
politiques, est-ce qu'effectivement on peut penser que l'unanimité de façade du
caucus libéral pourrait s'effriter sous ces questions-là d'intégrité ou si, pour
vous, c'est vraiment...
M. Legault
: Bien, moi,
j'avoue que j'ai été impressionné hier de ne voir aucun député libéral se lever
pour dénoncer Sam Hamad. On a vu Gerry Sklavounos un petit peu, Laurent Lessard
un petit peu, mais tous les députés libéraux, un peu comme des moutons, là,
suivent Philippe Couillard, là, en défendant l'indéfendable.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Et
demain — une dernière question — est-ce que vos questions
vont continuer à être dirigées vers le premier ministre ou vous allez vraiment poser
des questions à Sam Hamad? Puisque là il est ministre sans portefeuille.
M. Legault
: Écoutez, moi,
mes questions, je vais les poser à Philippe Couillard parce que je pense que le
plus gros problème, actuellement, c'est le manque de jugement de Philippe
Couillard. Que Philippe Couillard ne soit même pas capable de reconnaître que
Sam Hamad n'aurait pas dû avoir des échanges avec Marc-Yvan Côté, bien, moi, ça
me pose des questions sur le premier ministre. Puis le problème commence
d'abord avec Philippe Couillard.
Journaliste
: Juste une
petite précision pour terminer. Où est rendu la réflexion des députés du Parti
québécois qui voulaient s'en venir chez vous, parce que...
M. Legault
: Je n'ai
pas de commentaire.
Journaliste
: ...vous
en avez parlé il y a un mois.
M. Legault
: Je n'ai
pas de commentaire.
Journaliste
: Mais ça
évolue? Vous discutez? Ils sont où?
M. Legault
: Je n'ai
pas de commentaire, il n'y a pas eu de changement.
Journaliste
: Donc, ça
n'avance pas, là.
M. Legault
: Il y a
toujours des réflexions.
La Modératrice
:
Questions en anglais, Raquel Fletcher de Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Thank you. Good morning. Can we
expect more in question period today of what we saw yesterday in question
period, the collaboration between your party and the Parti québécois?
M. Legault
:
OK. I think that right now… I do not know what the other parties will do today,
but I know that right now we are in a situation where there is a large lack of
confidence of the population, because of the Sam Hamad, and Nathalie
Normandeau, and Marc-Yvan Côté affairs. So, of course, we will continue to ask
Mr. Couillard to make a major move to change his mind, to at least acknowledge
that Mr. Hamad had some misjudgment in the… first in leaving for Florida for a
few days, second in accepting to give information to Marc-Yvan Côté. So we will
continue to ask Mr. Couillard to do something.
Right now, it is pretty
tough for the population to listen to any other subjects, and we have important
subjects, like I was telling, that, regarding Bombardier, the closing date for
the first half billion dollars was April 1st. So it means that right now,
most probably, the $500 millions has been paid by the Québec
Government without knowing if Bombardier has found the second billion dollars,
if they will have better conditions from the federal Government. So it's
unacceptable.
Right now, we have a government
in a major storm, and the Québec's economy is suffering.
Mme Fletcher (Raquel) :
We also heard weeks of testimony on the Bill 86. Yesterday, again, we had
another group coming up saying that there is no mention of student success in
that bill. They are denouncing that…
M. Legault
:
No mention of?
Mme Fletcher (Raquel) :
Of student success.
M. Legault
:
Yes.
Journaliste
:
They are denouncing that bill. We've heard number of... dozens of groups come,
and testify, and say that they are also denouncing the bill. But, as of today,
we haven't heard from the Minister himself. He has made no comment to the
media. Is that acceptable, do you think?
M. Legault
:
It's another example of a total mess. Right now, we don't understand, nobody
understand what they want to do with school boards, what they want to do with
powers, which decision do they want to transfer from school boards to schools
teams, and right now we don't understand. We know that Sébastien Proulx was
part of the ADQ and, at the time, he was against school boards. Right now, he
is for school boards, but against school boards election. So it's a total mess.
And I can understand why
all people representing school boards, students, parents, teachers, they don't
know where the Government is going. And, of course, education should be our…
must be, our top priority. So, right now, I worry about the situation in our
schools. Thank you.
(Fin à 8 h 3
5)