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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins

Version finale

Thursday, April 7, 2016, 9 h 27

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt-huit minutes)

Mme Lamarre : Bonjour. Nous sommes ici pour présenter des questionnements au ministre de la Santé parce que ses décisions de déménager les travailleurs sociaux des CLSC vers les GMF nous questionnent. Ce n'était pas le plan de match qu'on avait compris. On avait compris qu'il y aurait des nouvelles ressources de travailleurs sociaux qui s'intégreraient aux GMF, mais pas qu'il y aurait un déplacement des CLSC vers les GMF. Ça nous pose beaucoup de questions parce qu'on se dit : Qu'est-ce qu'il va arriver des centaines de patients qui sont actuellement pris en charge par les travailleurs sociaux dans les CLSC? Pour avoir fait des consultations moi-même dans des CLSC pendant plusieurs années, il y a des populations et des patients qui sont particulièrement complexes, où il y a, au-delà des problèmes de santé physique, parfois des problèmes de santé mentale, mais également des difficultés complexes au niveau du système psychosocial dans lequel ces gens-là vivent.

Et le transfert des travailleurs sociaux, et aussi les commentaires qu'on entend... alors, moi, j'ai vu énormément de différences entre la circulaire qui a été transmise, du ministère et, d'autre part, la réaction qui a été présentée, par exemple, dans les médias, à la Fédération des médecins omnipraticiens, là, par Dr Godin. Alors, d'une part, on semble prévoir que les travailleurs sociaux vont... devraient pouvoir suivre leurs patients, continuer à créer ce lien et à maintenir ce lien et offrir les services à ces patients-là, d'autre part on entend que, non, ça devrait être la priorité en fonction des patients qui sont suivis par les médecins dans les GMF. Alors, moi, ma préoccupation, c'est : On a des patients qui risquent d'être laissés pour compte dans tout ça. Et ça, c'est quelque chose qui est totalement inacceptable dans le contexte des difficultés sociales que ces patients-là présentent.

L'autre dimension, c'est la collaboration. On veut être sûrs que le ministre nous présente un vrai plan de match pour nous dire comment il voit ça, la collaboration. Est-ce que c'est une vraie collaboration de partenaires, vraiment d'interdisciplinarité ou bien si c'est un système pyramidal où c'est le médecin qui va désigner au travailleur social le patient ou les patients qu'il doit suivre dans le GMF? Alors, ça, ça a peut-être convenu dans des ententes que le ministre a signées, mais jamais le ministre ne nous a donné son vrai plan, son vrai plan d'organisation, de déploiement, comment ça va vraiment se passer. Et on aimerait bien ça que son plan soit aussi... qu'il parte bien des patients et non pas des médecins ou des structures.

Alors, j'ai le grand plaisir aujourd'hui d'avoir avec moi trois représentants très significatifs du travail des travailleurs sociaux. Alors, ils prendront la parole, d'abord Mme Carolle Dubé, qui est présidente de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, APTS; j'ai également Dre Isabelle Leblanc, qui est présidente de Médecins québécois pour le régime public; et finalement, M. Claude Leblond, qui est président de l'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, qui, tous, partagent nos préoccupations, mais qui vous les présenteront avec des perspectives complémentaires. Alors, je leur laisse la parole, Mme Dubé d'abord.

Mme Dubé (Carolle) : D'abord, merci, Mme Lamarre. Écoutez, actuellement, on est vraiment en train d'assister à une démolition en règle de nos CLSC. On est en train de déshabiller les ressources qui sont actuellement dans les CLSC pour habiller les GMF et les médecins. En date d'aujourd'hui, on a au moins 250 travailleuses et travailleurs sociaux qui ont reçu un avis de transfert. C'est une hémorragie qui risque de se poursuivre dans les prochaines semaines, et nos gens sont énormément inquiets et préoccupés par ces transferts-là de ressources vers les GMF.

Nos gens sont inquiets d'abord et avant tout pour leur clientèle. C'est une clientèle vulnérable qui est souvent prise en charge par les travailleurs, travailleuses sociaux dans les CLSC, et ce qu'on en comprend, c'est que cette clientèle-là ne sera pas prise en charge par les GMF. Dr Godin le mentionnait cette semaine, leurs attentes, les attentes des médecins dans les GMF envers les travailleurs sociaux visent à suivre la clientèle des GMF et non pas un transfert. Ils ne s'attendent pas à ce que les travailleuses sociales arrivent avec leur clientèle. Donc, nous sommes très inquiets pour cette clientèle-là. Et, si elle n'est pas prise en charge, bien, ce que ça fait, ce que ça occasionne, c'est, encore une une fois, une clientèle qu'on va retrouver à l'urgence, qu'on va retrouver ailleurs sans soins et qui va se décompenser. Donc, ça, il y a énormément d'inquiétude à ce niveau-là pour nous.

C'est, encore une fois, une perte énorme pour le réseau des CLSC. On n'accepte pas ça, nous, comme organisation, que les CLSC deviennent une coquille vide. C'est une richesse collective qu'on s'est donnée ici, au Québec. C'est un système qui fonctionne bien, malgré ce que M. Barrette peut en penser, et on n'accepte pas ça du tout comme organisation. Nos travailleurs, travailleuses qui oeuvrent dans les CLSC n'acceptent pas non plus qu'on mette en péril la mission et le coeur de notre réseau par le réseau des CLSC. C'est une mission particulière qu'on avait donnée au réseau des CLSC, aux gens qui y travaillent, de s'occuper de faire de la prévention, de faire de la promotion de la santé, et, encore une fois, on va atteindre cette dimension-là, ces services-là, alors que nous sommes, au Québec, la province la plus pauvre au Canada en termes d'investissements en prévention. Encore une fois, on va devoir subir, la population va devoir subir des effets de réduction importants au niveau de ces services-là qui sont offerts par les réseaux de CSLC.

Donc, on est ici aujourd'hui pour dénoncer ces transferts-là, dénoncer ce qu'on est en train de faire avec les CLSC, et on n'acceptera pas, comme organisation syndicale... les travailleurs, travailleuses sociaux, les autres professionnels, également, qui oeuvrent en CLSC n'acceptent pas ce fonctionnement-là qui est imposé, actuellement, par le ministre. On ne laissera pas mourir les CLSC et on entend mener une bataille à ce niveau-là. Merci.

Mme Lamarre : Merci, Mme Dubé. Alors, Dre Leblanc.

Mme Leblanc (Isabelle) : Bonjour. Bien, un peu comme on vient d'entendre, nous, Médecins québécois pour un régime public, on a une grande inquiétude face à cette annonce de transfert de travailleurs sociaux des CLSC vers les GMF. On a des inquiétudes au niveau du système puis au niveau des patients dont on prend soin tous les jours, qui n'auront peut-être pas le même accès aux travailleurs sociaux, qui sont très importants pour eux. La décision vient d'un soi-disant constat d'échec du ministre par rapport aux CLSC. On aimerait bien savoir d'où viennent les données qui prouvent que c'est un échec, parce qu'au quotidien les CLSC fonctionnent très bien, à plein niveau. Ça n'a peut-être pas autant été un lieu d'accès pour des soins de santé médicaux, mais, pour tous les autres soins, avec la vocation populationnelle du CLSC, c'est vraiment un des points d'accès les plus importants pour les patients.

On discutait tout à l'heure. Moi, je ne sais pas ce que je vais faire quand un patient vient me voir puis a des légers problèmes psychosociaux, pas assez graves pour les référer tout de suite à un collègue spécialiste, de ne pas pouvoir les envoyer au CLSC en disant : Bien, appelez là-bas, eux vont trouver la bonne ressource pour vous, vont vous trouver le bon travailleur qui va pouvoir vous écouter et prendre soin de vous. Donc, ça, ça va être très problématique. La perte, aussi, d'accès pour tous les patients qui ne sont pas inscrits en GMF. Oui, on a des grands voeux d'inscrire tous les Québécois auprès d'un médecin de famille en GMF, mais ce n'est pas le cas en ce moment. Donc, qu'est-ce qui va se passer pour les gens qui ne sont pas inscrits? Comment vont-ils avoir accès à des soins de travailleurs sociaux?

Puis ce qui était excellent aussi avec la façon dont c'était organisé avec les CLSC, c'est que chaque professionnel était indépendant dans la façon dont il travaillait, alors qu'on se doute qu'en GMF, il risque d'y avoir un système plus hiérarchique qui risque d'être problématique pour que nos patients aient accès aux meilleurs soins dont ils ont besoin. Donc, nous, vraiment, ce qui nous inquiète, c'est la perte de l'aspect universel, de l'universalité de l'accès aux soins psychosociaux, incluant les soins offerts par les travailleurs sociaux, et un démantèlement d'un réseau de CLSC sans trop savoir pourquoi et sans trop savoir où on s'en va. Comme Mme Lamarre disait, on n'a pas une idée du plan final, où on s'en va avec ça, puis la transmission risque d'être problématique pour beaucoup de nos patients. Merci.

M. Leblond (Claude) : Alors, bonjour, je suis Claude Leblond, je suis président de l'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux.

Alors, dans ce dossier-là, le défi, c'est effectivement de faire la part des choses entre les principes de la pratique et la mise en oeuvre, là. Sur le principe, comment peut-on s'opposer au fait qu'il y ait, au sein des groupes de médecine de famille, des travailleuses sociales habilitées à dispenser les services sociaux à la clientèle? Nous avons toujours prétendu — et notre exemple est vivant et au Québec — qu'il fallait que la population ait accès à la fois aux services de santé et aux services sociaux. Ça a été la raison d'être de la mise en oeuvre du réseau des CLSC dans les années 70.

Là, où le problème se passe, c'est au niveau de la mise en oeuvre. Alors, en soi, qu'il y ait une offre de services sociaux complémentaire à l'offre des services médicaux, ça va, nous croyons qu'il faut augmenter l'accessibilité aux services sociaux et que le lieu des GMF est intéressant. Le problème, c'est de diminuer du même nombre ou de la même quantité l'offre de services sociaux offerts dans le réseau public. Il est étonnant qu'en matière de services sociaux, quand on augmente l'offre de services, que ce soit par déplacement, donc par statu quo, alors qu'au niveau des services de santé et des services médicaux, quand on augmente l'offre, on augmente l'offre, on ne diminue pas ailleurs.

L'autre élément qui nous pose difficulté, c'est qu'effectivement les travailleuses sociales CD en GMF deviennent, ni plus ni moins, que des plateaux techniques pour les médecins, et que leur départ des CLSC ne soit pas compensé par l'arrivée de nouvelles ressources, et là ça ne va vraiment plus.

Le ministre nous dit que ce déplacement de professionnels vers les GMF n'est pas en soi une autre manifestation du virage vers le privé de notre système de santé et services sociaux. Nous en prenons bonne note. Mais les différentes pièces législatives qu'il a proposées et qu'il a fait adopter depuis son arrivée en poste font en sorte que nous doutons de sa volonté de préserver l'intégrité du réseau public, seul réseau apte, selon nous, à offrir des services sociaux généraux à la hauteur des besoins de la population.

Alors, je le redis, il est essentiel, pour nous, que la planification des services et l'encadrement clinique et administratif des travailleuses sociales au sein des GMF soient assurés par des professionnels et des gestionnaires des établissements du réseau public. Il est également primordial de s'assurer que l'arrimage des activités professionnelles qu'elles exerceront avec les autres ressources de la communauté... dans une perspective d'autonomie professionnelle, d'approche populationnelle et d'accessibilité territoriale en fonction des besoins locaux. Je vous remercie.

M. Caron (Régys) : Est-ce qu'on peut avoir un bilan, rapidement, des effectifs qui, à ce jour, ont été déplacés des CLSC vers les groupes de médecine familiale?

Mme Lamarre : Ce qu'on a comme information, c'est qu'il y a, actuellement, entre... tout près de — 250, c'est ça? — 250 travailleurs sociaux qui ont reçu un avis à l'effet qu'ils seraient déplacés. Au départ, le ministre avait parlé de 200, et là il y en aurait 250 qui auraient déjà reçu leur avis.

M. Caron (Régys) : O.K. Ça va, ça va, oui.

La Modératrice : On va terminer en individuel. Merci.

Mme Lamarre : D'accord. Je vous remercie. Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 41)

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