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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Thursday, April 7, 2016, 9 h 50

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures cinquante minutes)

M. Khadir : Bonjour. Je viens d'entendre les propos de l'ex-ministre Sam Hamad. Je voudrais lui suggérer et demander qu'il donne également sa démission comme député. Je crois que le premier à en bénéficier, ce serait lui. Il a besoin de plus de quiétude d'esprit que de se faire, comme ça, disons, harceler par nous, en fait — je nous mets tous ensemble — et je lui rappelle que d'autres avant lui ont tenté les mêmes choses, de s'incruster, et ça n'a pas beaucoup réussi. Je lui rappelle Tony Tomassi, on pourrait en nommer d'autres.

Je vous rappelle également que, pendant que toute l'attention est tournée sur les embarras du gouvernement, bien, il y a bien des dossiers très, très importants, comme le sort des CLSC, comme Énergie Est, toutes des choses... comme les événements qui se sont déroulés au Lac-Simon ou à Montréal-Nord, bien, on ne peut pas en parler, il n'y a pas de place pour ça.

Alors, je fais la suggestion à M. Hamad de donner sa démission. Cette décision ne dépend plus de M. Couillard, mais dépend de lui, de retrouver un peu de quiétude puis de se défendre. Je n'accepte aucune, mais aucune de ses justifications. Il faut que ça soit clair : à moins qu'il trouve des justifications miraculeuses pour prouver le contraire, les éléments, les évidences fournies par l'émission Enquête démontrent clairement que lui et son cabinet ont fait du trafic d'influence, du trafic d'influence, un point, c'est tout.

Je veux dire, il faut arrêter... Parce que, si on l'entend bien, et si on entend Mme Normandeau, et si on entend M. Charest, hein, et si on entend M. Fournier, qui était dans le cabinet Charest, dans le fond, la commission Charbonneau, on l'a fait pour rien. Si on les entend, ils n'ont aucune responsabilité, il n'y a jamais rien qui s'est passé, il n'y a jamais eu rien, aucun reproche, 20 millions de dollars ramassés pendant les 15 ans du mandat de la commission Charbonneau, là, les 20 millions de dollars, d'accord, n'auraient tous été donnés au Parti libéral simplement pour les beaux yeux du Parti libéral. Je pense que ça, ça heurte l'intelligence des journalistes, de l'opinion publique. Ça met dans l'embarras l'Assemblée nationale, les propos que je viens d'entendre ici. Je pense que M. Hamad serait mieux de se retirer de la vie politique, de démissionner, d'aller se défendre et qu'on nous laisse traiter des sujets de l'actualité qui touchent l'ensemble du Québec.

Mme Richer (Jocelyne) : Que pensez-vous du fait que le premier ministre Couillard a insisté pour dire que M. Hamad serait disponible pour les journalistes et qu'il répondrait à toutes les questions, or il n'a répondu aujourd'hui à aucune question?

M. Khadir : Il faut que moi, je réponde à cette question?

Mme Richer (Jocelyne) : Bien, qu'est-ce que vous en pensez?

M. Khadir : Comment puis-je le faire à sa place? Je pense que ça témoigne de la difficulté de répondre lorsqu'on est englué dans un tel embarras, dans de telles contradictions. Je rappelle quand même à vos auditeurs ou à ceux qui nous entendent que, pas plus tard qu'il y a une semaine, moins d'une semaine, il a dit qu'il n'avait jamais ramassé plus que 100 000 $, et on apprend aujourd'hui qu'il a atteint largement cet objectif et il l'a dépassé. Et je dois vous avouer que ça fait huit ans que moi, je pose des questions sur un ensemble de sujets qui touchent à ça. Qu'est-ce que j'ai eu comme réponses à part des mensonges qui, par la suite, se sont révélés des mensonges? Aujourd'hui, on est bien... Quand j'ai posé les premières questions sur les prête-noms, qu'est-ce que c'était, la réponse des ministres libéraux, dont Sam Hamad, à l'époque? Aujourd'hui, il est démontré que c'étaient des mensonges, que des prête-noms, ça existait, la DGEQ l'a démontré.

Donc, quand on est habitués et on est forcés, parce que nos actes ne sont pas défendables, et sont illégaux, et relèvent de l'escroquerie politique, c'est sûr qu'on a de la difficulté à venir répondre ici aux journalistes. Ça me choque.

M. Dutrisac (Robert) : Vous parlez de trafic d'influence. Vous parlez de trafic d'influence, cependant, et c'est une accusation criminelle, là, on s'entend.

M. Khadir : Eh bien, je me demande d'abord, d'ailleurs, pourquoi la police ne débarque pas, parfois, hein? À moins qu'on nous dise que ce qui a été trouvé par l'émission Enquête... M. Hamad pourrait dire : Tout ce que vous voyez, là, c'est de la fabrication, l'émission Enquête a fabriqué ces courriels. Mais, si ce n'est pas le cas, il y a là suffisamment d'indications très claires, quand on connaît le reste du tableau, et la police et l'UPAC a énormément d'informations là-dessus, pour prouver que c'est du trafic d'influence. Oui, c'est criminel.

M. Bellerose (Patrick) : Est-ce que M. Hamad a droit à une présomption d'innocence le temps...

M. Khadir : Oui, comme dans une manifestation, quand une vitre est brisée puis qu'on arrête des manifestants, les manifestants ont droit à une présomption d'innocence. Mais on commence à les arrêter parce qu'il y a des évidences, et ensuite on doit aller prouver ça en cour, n'est-ce pas? Tout le monde a le droit de...

M. Bellerose (Patrick) : Pourquoi demander sa démission maintenant alors qu'il n'y a aucune enquête qui...

M. Khadir : Parce que, là, la hauteur des allégations est telle que, dans n'importe quelle démocratie qui se respecte puis... n'importe quels homme et femme politiques qui a un minimum de dignité et de respect pour les institutions donne sa démission pour aller se défendre. Écoutez, là, pour moins que ça, Tony Tomassi a démissionné.

M. Lavallée (Hugo) : Mais c'est quoi, l'urgence de démissionner, là, dans la mesure où il y a déjà plusieurs enquêtes en cours? On ne connaît pas le résultat. Il n'est plus au Conseil des ministres.

M. Khadir : Parce qu'il nous embarrasse tous. Il jette le discrédit sur l'institution. Ça nous tourne en ridicule. Ça plonge dans l'embarras ses propres commettants. Les citoyens de Louis-Hébert, comment ils doivent... Est-ce qu'ils peuvent avoir confiance, aller dans son bureau puis demander qu'il fasse des démarches pour eux puis avancer leur dossier alors qu'il est entaché de ces accusations? Il nous ridiculise publiquement et collectivement. Au bout de tout ce que les libéraux ont fait pendant 10 ans, là, il y a un seuil qui est devenu intolérable. Si c'était la première fois que ça arrivait, c'était la première fois que les libéraux étaient entachés de tel, j'admets, on ne demanderait pas ça. Mais là on sait que c'est dans un contexte. Je pense qu'il y a un minimum de respect pour les institutions qui devrait pousser maintenant les libéraux de réagir rapidement, d'avoir un meilleur jugement, puis de cesser d'insulter les institutions publiques par le genre de propos qu'on vient d'entendre ici.

M. Lavallée (Hugo) : Mais, si, vous, vous faisiez l'objet d'accusations dont vous estimez ne pas être coupable, vous démissionneriez quand même?

M. Khadir : D'une telle gravité, oui, quand les évidences sont... Bien, écoutez, quand les évidences sont...

M. Lavallée (Hugo) : Mais il dit : Je ne suis pas coupable.

M. Khadir : Mais oui, parce qu'il faut que nous soyons au-dessus de tout soupçon. Et là ce n'est plus des soupçons, il s'agit d'allégations et d'évidences qui sont claires.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais pourquoi il n'y a pas de poursuites?

M. Khadir : Pardon?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Pourquoi il n'y a pas de poursuites criminelles?

M. Khadir : Demandons la question à ceux que ça concerne. Je ne peux pas répondre à ça. Moi, je me...

M. Bélair-Cirino (Marco) : On le protège?

M. Khadir : Je ne sais pas. Il faut demander pourquoi est-ce que... Les petits malfaiteurs, lorsqu'il y a des évidences qu'ils ont commis un acte criminel, on les arrête, on fait les procédures puis après, bien, c'est sûr, ils ont droit à la présomption d'innocence, ils vont se défendre. Mais, quand il s'agit de ministres, d'hommes et de femmes de pouvoir, malheureusement, trop souvent, les gens s'en tirent, n'est-ce pas? C'est des questions qu'on doit se poser comme société : Quelles sont les mesures qu'on peut mettre en place pour un peu plus d'équilibre dans les choses?

Mais, pour le moment, pour le moment, ce que j'exige, c'est que les libéraux traitent l'Assemblée nationale, le pouvoir, les fonctions des députés avec plus de respect, et ça, ça veut dire que M. Hamad, là où c'est rendu, pas juste lui, mais l'ensemble du portrait du gouvernement libéral et du Parti libéral, il devrait démissionner.

M. Lessard (Denis) : Quand vous dites trafic d'influence, la définition, ça sous-entend qu'il a bénéficié d'avantages en contrepartie de son influence?

M. Khadir : Non, pas nécessairement, non, pas du tout. C'est direct ou indirect, et il n'est pas nécessaire... Regardez les codes de déontologie, il n'est pas nécessaire que la personne qui exerce le trafic d'influence bénéficie directement lui-même d'avantages. De toute façon, son parti en a bénéficié, et, lui, quand il remporte des victoires électorales dans des comtés libéraux grâce à l'argent ramassé par son parti, il en bénéficie, bien sûr. Si vous voulez, on peut faire la démonstration de ça aussi, mais il est clair que, dans les définitions de conflit d'intérêts comme de trafic d'influence, la personne qui commet l'acte qui est répréhensible n'a pas besoin directement, immédiatement de bénéficier d'un avantage pécunier direct.

M. Dutrisac (Robert) : Mais vous n'allez pas vous satisfaire du rapport du commissaire, donc? Parce que lui n'est pas habilité réellement à traiter le trafic d'influence, il traite de conflits d'intérêts.

M. Khadir : Comme tout travail, comme toute institution, il y a différents leviers, on a différents instruments, mais chaque instrument a son rôle. Le travail du Commissaire à l'éthique, c'est de faire la démonstration qui relève de l'éthique et de déontologie. Une fois, ça fait, il y a d'autres choses à faire. Un autre député peut, à l'Assemblée nationale, se lever, en vertu de ça, critiquer le travail d'un autre député, le blâmer, et ça peut conduire à son expulsion du Parlement. Il y a toutes sortes de choses. Mais, a-t-on besoin de ces psychodrames? Un minimum de respect pour la fonction de député de la part des députés libéraux ferait que Sam Hamad, aujourd'hui, donnerait sa démission.

M. Dutrisac (Robert) : Donc, on pourrait... vous pourriez chercher à faire un blâme contre lui en vertu des règles de l'Assemblée nationale?

M. Khadir : J'aimerais qu'on n'envisage même pas ça, j'aimerais que Sam Hamad ait la dignité et l'honneur pour la fonction, le respect pour la fonction de député de donner sa démission.

M. Caron (Régys) : Pourquoi dites-vous qu'il discrédite tout le monde?

M. Khadir : Bien, parce que, pendant le temps que la population du Québec est affligée tous les jours par le psychodrame entourant Sam Hamad, à chaque jour c'est la fonction de député à l'Assemblée nationale qui est discréditée.

M. Caron (Régys) : Vous pensez? Bien, ça va jusque-là?

M. Khadir : Bien sûr, bien sûr, comme...

M. Caron (Régys) : Votre fonction est discréditée?

M. Khadir : Bien sûr, comme... quand il y a quelques médecins qui, de manière systématique, abusent des avantages qu'on leur accorde pour facturer, ma profession de médecin aussi est discréditée, je vous l'ai déjà dit. Bien sûr, ce que font les autres députés entache la fonction, et surtout quand ça... Vous le savez mieux que moi. Allez demander leur opinion aux gens, hein, ils vont rejeter du revers de la main l'ensemble de la classe politique. C'est sûr qu'individuellement les gens ne reprocheront pas ça à moi, mais il y a plus que moi, Françoise David ou Manon Massé, à moins qu'on nous dise que l'institution de l'Assemblée nationale n'a aucune valeur, n'a aucun honneur.

M. Bélair-Cirino (Marco) : On pourrait vous reprocher à vous d'alimenter également ce psychodrame-là en ayant des points de presse à chaque jour, en ne parlant que de ça, puis, bon, également les autres partis d'opposition...

M. Khadir : Comment voulez-vous...

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...qui utilisent la période des questions pour ne parler que de cette question-là alors qu'il y a d'autres enjeux qui intéressent la population, on s'en doute, là, il y a des impacts de coupes budgétaires, notamment.

M. Khadir : Je suis prêt à sceller un pacte avec vous : qu'on oublie dès aujourd'hui Sam Hamad, que je puisse venir vous parler de la situation grave qui menace les CLSC du Québec, la situation grave qui menace l'intérêt des Québécois et l'intégrité de notre territoire avec le projet Énergie Est, qui se poursuit, et que je puisse avoir une garantie de votre part qu'on parle de ça plutôt que de Sam Hamad. Si vous me donnez cette garantie, je suis prêt dès aujourd'hui à arrêter de parler de Sam Hamad. Est-ce qu'on peut conclure une entente? Est-ce que vous me donnez cette garantie?

Mme MacKinnon (Catou) : En anglais. In English, Mr. Khadir. Sorry, I just...

M. Khadir : I'm really sorry. Je ne voulais vous embarrasser, mais c'est ça, la dure réalité. Si vous me donnez cette garantie, moi, j'arrête.

Mme MacKinnon (Catou) : Hi!

M. Khadir : Yes, hi! I'm sorry.

Mme MacKinnon (Catou) :I think that it will just be me here last...

M. Khadir : No, no, I will be for you as long as you'll be here.

Mme MacKinnon (Catou) :Yes, great, excellent. Why are you using the word or the term «influence peddling»?

M. Khadir : Because it's exactly what it is. Unless Mr. Hamad comes up with a miraculous explanation, unless he pretends that CBC, Radio-Canada French has just invented those e-mails… otherwise, if the e-mails are e-mails that he doesn't deny and if he has no other miraculous explanations, what we see there is influence peddling, and influence peddling is criminal.

Mme MacKinnon (Catou) : What do you make of the fact that he has not yet announced that he is going to bring legal action against my employer, CBC and Radio-Canada?

M. Khadir : Well, it says a lot about his sincerity when he pretends that he is... he has nothing to blame... he is not to blame for anything. I don't want to emphasize too much about that individual, Mr. Hamad, because Mr. Hamad was an instrument in an orchestra, and that orchestra is the Liberal Party, which has a chief conductor, which is Mr. Couillard. Mr. Couillard must also respond.

But, in the time being, the presence of Mr. Hamad here at the National Assembly creates a drama which hinders any possibility to talk about important issues. Our CLSCs are almost closed now by the measures taken by the Government, we're going to see their closure. We have the threat of the project of TransCanada, 3 million of the Québec population's water supply is directly threatened by that project. We cannot speak about those issues because we're all entangled in the corruption scandal surrounding the Liberal Party, and that's why I asked for Mr. Hamad's resignation from his seat at the National Assembly. But, about the scandal of corruption, Mr. Couillard, as the chief of the Liberal Party and the leader, is the main responsible. He has to respond for the acts of his ministers.

Mme MacKinnon (Catou) : Why did you bring out Tony Tomassi, somebody who has admitted to criminal behaviour?

M. Khadir : Yes, but, before admitting to that, we were used to hear the same denials. Remember, since 2009, when we began to question the financement of the Liberal Party, if you were witness there, I was receiving the same answers. We were receiving exactly the same denials : We have done nothing wrong, everything is legal, we are people of honor, we have never committed that. If we have to believe that, well, all we have been doing for five years about all these scandals for which we had a commission of inquiry, we just invented them and we've just dream of… nothing of that is true. So, I don't' think there is any credibility that today we can attach to Mr. Hamad's defence if we remember how Tony Tomassi also defended himself.

Mme MacKinnon (Catou) : One last one. Wow! And it's just popped out of my head! What happened to the presumption of innocence?

M. Khadir : As for any people indicted of a criminal activity, in front of the judge they are presumed innocent and they can defend themselves. But, when there is tangible evidence that something wrong has been committed, tangible evidence, these e-mails are tangible evidence, they show that there was influence peddling activities going on, in my opinion these are sufficient to consider Mr. Hamad responsible, unless he proves otherwise.

(Fin à 10 h 6)

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