(Onze heures trente-trois minutes)
M. Paradis (Lévis) : Eh bien,
mesdames messieurs, bonjour. Je souhaite... Bien, merci d'être là.
En réaction, évidemment, à ce point de
presse organisé par et la fédération des infirmières du Québec, et la FADOQ, et
l'avocat Jean-Pierre Ménard, et le regroupement des aidants naturels pour, finalement — et
la morale de l'histoire est assez simple, hein? — tracer un constat
inquiétant, unanime sur la problématique des soins à domicile, je vous dirai
qu'à travers des cas exprimés par la FADOQ ce matin, bien, on se rend compte — et
ça même le Protecteur du citoyen l'avait fait et l'avait écrit dans un rapport
publié en septembre dernier — qu'il y a manifestement un
sous-financement des soins à domicile alors que tous le souhaitent, que les
aînés eux-mêmes le souhaitent, que les plus vulnérables le souhaitent également.
D'abord et avant tout, c'est à eux qu'on
devrait penser. Moi, quand des aînés me croisent et me disent : Ma
volonté, c'est qu'on ait des soins à domicile, c'est de faire en sorte qu'on
retarde le recours au centre d'hébergement, et, collectivement, bien, il y a
des gains à faire à ce chapitre-là, mais force est de constater que le gouvernement
ne le fait pas. On a sorti des chiffres, hein, on a compilé, à la Coalition
avenir Québec, des chiffres, vous le savez, 16 500 personnes qui, au
Québec, au moment où l'on se parle, attendent un premier service. Et,
contrairement à ce que dit le ministre, ce n'est pas des gens qui ont besoin
d'être évalués, là, ils ont été évalués et sont en attente d'un premier
service, et ça peut prendre du temps. Et, pendant ce temps-là, leur situation
se détériore et continue de se détériorer.
Alors, il se passe quoi? Quand on fournit
ces données-là au ministère, bien, on l'aide à tracer un portrait qu'il n'a
même pas. Le gouvernement, actuellement, n'a pas un portrait, le ministère de
la Santé n'a pas un portrait des besoins en soins à domicile. C'est assez,
quand même, aberrant. Alors, comment voulez-vous investir correctement quand
vous ne savez pas et vous ne connaissez pas les besoins et les demandes? On l'a
aidé à se faire une tête et une idée des besoins des citoyens en regard des
soins à domicile. Il faut faire quoi? Il faut investir massivement. Le
gouvernement ne le fait pas : 2014, zéro, il n'y a absolument rien, on n'a
rien mis en soins à domicile; 2015, 10 millions, mars 2015,
10 millions; et, dans ce budget-ci, ici, 60 millions. Les besoins
sont drôlement plus importants. Et d'ailleurs, faut-il le rappeler, puis on l'a
dit à maintes reprises, le gouvernement brise sa promesse, sa promesse
électorale de 2014, où on avait promis d'investir 150 millions par année
pendant cinq ans. On est en deçà d'un besoin minimum.
Alors, pendant ce temps-là, des aînés qui
nous écoutent, des gens qui ont besoin... n'ont pas de services tardent à les
recevoir ou sont sous-évalués, faisant en sorte que les besoins réels ne sont
pas compensés.
Il y a des solutions. Quand on me dit
qu'il n'y a pas de solutions, il y a des solutions. On a proposé récemment au
gouvernement de revoir l'incorporation des médecins, 11 000 médecins
incorporés. Avec la revue de l'incorporation des médecins, avec la
désincorporation des médecins, on peut aller chercher facilement, et c'est très
conservateur, 150 millions, palier fédéral, palier provincial, qui
pourraient être injectés directement dans les soins à domicile. Et savez-vous
le plus particulier dans l'affaire? C'est que le premier ministre du Québec a dit :
Il n'y a rien d'immuable, il n'y a rien d'immuable, tout peut se jaser, on peut
discuter de tout. Et pourtant il a été contredit par son ministre de la Santé, qui
est d'avis contraire, fermant ainsi la porte. Ça en est une, solution pour
faire en sorte que, maintenant, on puisse investir en fonction des besoins
exprimés par les citoyens et des besoins réels.
Et j'ajouterai et je dirai au ministre que, lorsque
les citoyens réclament des investissements et font et donnent l'exemple de leur
quotidien, c'est la vision citoyenne. On a la possibilité de travailler pour le
citoyen en fonction de ses besoins réels. Malheureusement, les gens doivent les
exprimer à travers les médias, à travers ses sorties, à travers des points de
presse, à travers des analyses parce que le gouvernement n'a pas cette
sensibilité et cette vision qui permettrait, à terme, de faire des gains
collectifs concernant les soins à domicile. Donc, morale de l'histoire, on se
prive, et nous privons les citoyens, de besoins exprimés et réels. La morale de
l'histoire, c'est que la situation doit être corrigée, et les investissements
doivent être majeurs et immédiats.
Mme Richer (Jocelyne) : Dans
un autre dossier, je ne sais pas si vous avez une réaction à la sortie de l'association
des pharmaciens propriétaires, ce matin, qui a fait une sortie pour dénoncer le
ministre Barrette, le fait que les pharmaciens se sentent trahis sur la
question du déplafonnement des allocations pendant trois ans. Ils disent :
Le ministre a renié sa parole. Est-ce que vous avez une position sur ça?
M. Paradis (Lévis) : Bien, c'est
une réalité, et le ministre, depuis 10 mois, alors que le déplafonnement
est mis en place... pas le déplafonnement, mais la ponction du côté des
pharmaciens, le ministre s'était entendu pour un déplafonnement. On n'a pas vu
la couleur du début de l'application de ce qui avait été convenu. Alors, je
comprends fort bien les pharmaciens de dire : On renie une parole qui
avait été donnée, et je pense que c'est un fait, c'est une constatation, elle
est plus que légitime, elle est réelle.
Le problème, maintenant, c'est qu'à
travers ça, puis dans le report, et son nouveau positionnement pour arriver à
ce qui avait été convenu il y a 10 mois maintenant, mais jamais appliqué,
c'est l'effet que ça aura potentiellement sur les patients, également, sur les
clients. Déjà, les pharmaciens ont dû faire des choix pas faciles, déjà des
pharmaciens nous ont dit vivre difficilement l'équilibre budgétaire, le leur,
ont déjà été obligés de sabrer dans du personnel, dans des équipements, dans
des soins directs aux clients de pharmacies. Est-ce que le fait qu'on retarde
encore et qu'on casse cette promesse-là... Déjà, depuis longtemps, elle aurait
dû être mise en place, et on a renié cette promesse-là. Est-ce qu'on va avoir
encore des effets directs pour les neuf prochains mois, pour des gens qui ont
besoin d'un professionnel de la santé qui fait partie de la solution? Je pense
qu'on a un casse-tête difficile, et c'est en fonction, encore une fois, d'une
promesse reniée.
(Fin à 11 h 39)