(Neuf heures trois minutes)
La Modératrice
: Bonjour
et bienvenue à ce point de presse à l'occasion de l'étude des crédits
budgétaires du ministère de la Condition féminine. Prendront la parole de
matin, dans l'ordre, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve et porte-parole du
Parti québécois en matière de Condition féminine, Mme Carole Poirier; la
présidente de la Fédération des femmes du Québec, Mélanie Sarazin; directrice
générale du Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail, Nathalie
Goulet, ainsi que la députée solidaire de Sainte-Marie—Saint-Jacques, Manon
Massé. Mme Poirier.
Mme Poirier
: Merci
beaucoup. Alors, vous me permettrez d'ajouter la présence de Mme Sylvie
Lévesque du G13 et de la fédération des familles monoparentales du Québec.
Alors, vous savez, ce matin, c'est les
crédits de la Condition féminine, qui s'ouvriront dans quelques minutes, et
nous avons tenu ensemble à passer quelques messages à la ministre de la
Condition féminine qui est une nouvelle ministre qui est entrée en poste il y a
à peine deux mois. Alors, juste se rappeler la politique des… Excusez-moi. La politique
pour que l'égalité de fait… Pour que l'égalité de droit devienne égalité de
fait, première politique, 2007‑2011, avec un plan d'action; deuxième politique,
avec un deuxième plan d'action, 2011‑2015, et, à ce moment, lors de ce deuxième
plan d'action, dépôt, en décembre 2010, d'un cahier de consultation et du bilan
de ce plan d'action avait été fait en décembre 2010. Et des consultations
particulières avaient été tenues ici, à l'Assemblée nationale, avec 42 groupes
qui avaient été consultés de façon publique et transparente.
Dans les derniers mois, et depuis décembre
passé, la ministre a déposé un dernier cahier de consultation et un bilan. Et malheureusement
les consultations ont été tenues à huis clos auprès de 64 groupes, et pour
lequel il n'y a pas de transparence. Et nous demandons tous ensemble ce matin d'avoir
une commission parlementaire transparente. Et, à cet effet, je passe la parole
à Mélanie Sarazin de la Fédération des femmes du Québec.
Mme Sarazin (Mélanie) :
Merci, Mme Poirier. Alors, tout d'abord, nous désirons remercier Mme Poirier de
cette initiative de nous réunir toutes ici ce matin pour prendre une voix
collective. Et aussi un merci à Mme Manon Massé d'être avec nous ce matin. Nous
sommes trois, ici, et nous représentons le G13. Le G13, c'est un collectif de
22 groupes et regroupements, national et régional, qui travaillent en défense
des droits des femmes.
Donc, pour nous, il est clair que le
Secrétariat à la condition féminine, présentement, n'assure aucune transparence
et, voire même, est un peu incohérent. Je vais vous démontrer quelques éléments
en ce sens. En fait, la politique gouvernementale en matière d'égalité, qui
venait à échéance en 2017, avait prévu, justement, un bilan. Mais étant donné
que ce gouvernement dit : Bon, parfait, le contenu et les objectifs pour
nous sont encore pertinents, donc il n'y a pas lieu de faire une commission
parlementaire. Mme Poirier le mentionne, seulement 64 groupes sont consultés, et,
de plus, nous avons dû vraiment mettre de la pression pour que ces groupes-là
soient entendus parce qu'il y avait tout l'aspect éducation et santé qui n'était
pas tenu en compte.
Le plan d'action qui est rattaché à cette
même politique a pris fin en 2015. Il y a eu un petit bilan. Nous étions
sensées avoir une rencontre d'une journée bilan. C'était un engagement officiel
de l'ancienne ministre, Mme Stéphanie Vallée. Nous attendons toujours ce
bilan-là, cette rencontre-là. Ensuite, il y aurait aussi, bon, rumeur ou une
mention que le secrétariat, présentement, travaille à un indice d'égalité au
lieu d'appliquer l'analyse différenciée selon les sexes. Ce n'est pas clair
encore.
La politique en matière d'agression
sexuelle est attendue depuis un an, son bilan de la commission parlementaire
aussi. La politique en exploitation sexuelle sera maintenant combinée à une
autre stratégie. On pose beaucoup de questions à la ministre, on demande des
rencontres, mais finalement, elle, qui s'est dite ouverte, ne donne pas ces
rencontres-là. Donc, pour nous, c'est très inquiétant. On se demande, les
impacts… quels seront ces impacts-là. Est-ce que le financement suivra aussi?
Donc, c'était important pour nous d'être
ici ce matin. En fait, le gouvernement, pour nous, charcute la politique en
matière d'égalité, autant sur le point de vue financier que dans son ambition,
et ça aura, bien évidemment, des impacts directement sur les femmes. Ça
occasionnera des reculs en condition féminine. Et, si on combine les mesures
d'austérité à tout cela, bien, on a cocktail explosif, encore, qui se fait au
détriment des femmes. Donc, pour nous, c'est clair, on exige une réelle
commission parlementaire publique.
Donc, merci. Je cède la parole maintenant
à une collègue, Nathalie Goulet.
Mme Goulet (Nathalie) :
Bonjour. Alors, mon nom est Nathalie Goulet, je suis directrice du Conseil
d'intervention pour l'accès des femmes au travail. Alors, parlons-en du
financement, maintenant qu'il est coupé. On voit chaque jour que les mesures
d'austérité touchent les femmes du Québec, mais les groupes autonomes de femmes
sont également.... et qui travaillent à la défense des droits des femmes au
Québec, sont également touchés par ces décisions.
Dans le dernier budget, mentionnons
d'abord le maintien de la diminution majeure du budget du Conseil du statut de
la femme, coupé de 12 % l'an dernier, coupure qui s'est ajoutée au 25 %
des dernières années. Le CSF a dû licencier le quart de ses employés et fermer
ses derniers bureaux régionaux. Au Secrétariat à la condition féminine,
mentionnons aussi le maintien, dans ce budget, de la coupure de 50 % du
programme À égalité pour décider, dont l'objectif est d'augmenter la présence
et la participation des femmes aux paliers électifs, à tous niveaux, au Québec.
Eh bien, à un an des prochaines élections municipales, en 2017, cette enveloppe
est maintenue à 500 000 $ seulement pour tout le Québec, alors qu'on
sait qu'il y a actuellement 17 % de mairesses seulement puis 32 % de
conseillères.
Mentionnons aussi l'abolition de
l'enveloppe de 1,2 million consacrée aux ententes spécifiques en condition
féminine au plan régional, qui soutenaient des initiatives auxquelles les
groupes de femmes étaient majoritairement partenaires. Cette enveloppe, elle a
été transformée en quoi cette année? Il y a eu un appel centralisé du
secrétariat, lancé aux MRC, aux municipalités régionales de comté, aux
institutions gouvernementales, et aux acteurs privés, et, accessoirement, aux
groupes de femmes. En mettant en concurrence les groupes de femmes avec les
MRC, par exemple, on a perdu tout l'effet de levier des concertations
régionales antérieures et surtout, surtout, l'expertise précieuse des groupes
de femmes qui sont les vraies expertes en condition féminine. Pour l'heure, on
ne sait pas du tout ce qu'il advient de cette enveloppe-là pour la suite.
Mentionnons aussi la coupure de 70 %
faite l'an dernier aux organismes spécialisés en développement de la
main-d'oeuvre féminine qui se sont vu reconnaître et financer, à hauteur de
1,2 million par année, leur mission globale dans les deux derniers plans
d'action de la politique d'égalité. Cette reconnaissance-là leur avait permis
de mener des activités autonomes auprès des femmes les plus démunies dans une
perspective d'autonomie économique puis de retour vers l'emploi. Leur approche
avait été évaluée très positivement par le ministère et, malgré ces résultats
excellents, elle a été coupée drastiquement l'an dernier sans préavis. Est-ce
qu'elle sera au rendez-vous dans les présents crédits? On ne le sait pas du
tout.
Mentionnons aussi que des dossiers entiers
sont abandonnés, comme l'a dit Mélanie : femmes et santé, femmes et
éducation, femmes et pauvreté. Comment, avec moins de moyens, le Secrétariat à
la condition féminine pourra-t-il jouer son rôle auprès des différents
ministères et les interpeller sur cette question? Mentionnons aussi que, parce
que des institutions sont coupées, eh bien, ça touche également leurs
partenariats avec les groupes de femmes, comme ça nous est arrivé au CIAFT, depuis
deux ans, avec la Commission de l'équité salariale. Donc, à l'échelle du gouvernement,
ces coupures-là sont des économies de bouts de chandelles, qui ont des
conséquences dramatiques sur le pouvoir d'agir des organismes de défense des
droits des femmes.
Le 8 mars dernier, la ministre responsable
de la condition féminine, Mme Thériault, disait ceci : «Au nom de toutes
les femmes du Québec, je salue la mémoire de celles qui se sont battues pour
que nous puissions — nous, les femmes — prendre la place qui
nous revient de droit dans toutes les sphères de la société. Il faut bâtir sur
ces acquis et continuer à travailler, ensemble, afin de parvenir à une totale
égalité de fait».
Comment affirmer ceci et défendre les
coupures actuelles ou lancer un plan d'action digne de ce nom? Ce n'est pas en
ignorant l'expertise des groupes de femmes à travers le Québec et en nous privant
de moyens qu'on va y arriver. Alors, on exige, pour ce faire, une véritable commission
parlementaire sur le projet plan d'action de la politique d'égalité. Merci.
Mme Massé : Merci, mesdames.
Bonjour, tout le monde. Merci d'être là. Alors, en effet, aujourd'hui, avec
l'ouverture des crédits, c'est un moment, un moment privilégié, comme parlementaires,
pour se poser des questions sur de où on arrive et c'est où qu'on va, ensemble,
bien sûr.
Et les questions que posent les groupes de
femmes sont légitimes parce que ce gouvernement-là nous a comme habituées, dans
les derniers mois, à prendre des décisions sans considérer l'expertise terrain.
Et, dans le cas de l'atteinte de l'égalité entre les femmes et les hommes, il
est clair, net et évident que ces groupes-là sont les groupes experts sur le
terrain. La politique en égalité, c'est un des éléments, un levier important. Il
y a aussi tout le travail qui est fait en région. Ce gouvernement-là nous a
aussi habitués à quelque chose de très centralisé. Les gens en région, les
femmes en région, savent, connaissent, travaillent depuis longtemps pour faire
en sorte que cette égalité-là advienne. C'est évident qu'à partir du moment où
ce gouvernement-là déstructure les régions en déstructurant les CRE, par
exemple, les CLD, là, on est en train de fragiliser les tables de groupes de
femmes, on est en train d'envoyer un message.
Alors, nous, si on est là aujourd'hui,
c'est pour poser cette question de fond qui est : En cette année de
surplus budgétaire, car le Québec est en année de surplus budgétaire, est-ce
que le gouvernement du Québec, est-ce que la ministre à la Condition féminine
va reconnaître qu'il est temps que les femmes, qui ont été les premières
victimes des compressions des dernières années, soient reconnues à juste titre
comme étant la moitié de la population et, dans ce sens, que le gouvernement
réinvestisse là où il a agi en couperet. Nous voulons qu'il agisse en... que la
ministre de la Condition féminine, pardon, agisse comme leader dans ce
dossier-là.
Mme Poirier
: Merci,
Manon. Merci à tout le monde. Alors, message simple. Une vraie commission
parlementaire pour le troisième plan d'action pour la politique égalité de
droits, la fin des consultations, enfin la fin des consultations sur le plan en
matière d'agressions sexuelles. On a vu qu'on a un virage dans le discours de
la ministre. On ne parle plus de plan d'action, on ne parle plus de politique,
on parle de stratégie gouvernementale. Une perte d'expertise au Secrétariat à
la condition féminine, fini l'analyse différenciée selon les sexes, on parle
maintenant d'un indice, on parle de coupures, de coupures, de coupures. Les
groupes ici sont venus dire ce matin : Nous sommes les femmes qui avons
l'expertise au Québec, nous sommes là pour faire en sorte que des changements
soient apportés pour que l'égalité de droits soit vraiment une égalité de
faits. Merci.
La Modératrice
: Pour
la période des questions, on va rester sur le sujet de la conférence de presse,
s'il vous plaît.
Mme Massé : On peut commencer
par les femmes. Merci, Marco.
Journaliste
: De façon
plus générale, le gouvernement est élu depuis deux ans, est-ce que vous diriez
que ce gouvernement-là, par rapport au précédent, par exemple, est plus
profemmes, antifemmes, féministe, antiféministe, antifemmes? Comment on
pourrait qualifier l'action générale du gouvernement envers les femmes?
Mme Sarazin (Mélanie) : Sans
exagération, on pourrait dire antiféministe, et les nombreuses coupures dans
les différents programmes ont des impacts dans les groupes de femmes qui
défendent collectivement les droits des femmes. Donc, ça a des conséquences
directes sur les femmes à tous niveaux.
Un exemple concret de ça, l'année passée,
nous étions en Marche mondiale des femmes, et, pour la première fois de toute
son histoire, le gouvernement n'a pas financé la Marche mondiale des femmes.
Donc, pour nous, c'est un désinvestissement, un désaveu par rapport à la
condition féminine.
Journaliste
: Ça vous
inquiète pour l'avenir?
Mme Sarazin (Mélanie) : Définitivement,
ça nous inquiète. C'est pour ça qu'on est vraiment contentes d'être ici ce
matin, de pouvoir porter une voix collective, parce qu'effectivement c'est
ensemble qu'on peut faire avancer les choses. Mme Thériault semble moins
ouverte à nous recevoir, donc, pour nous, c'est important d'être ici ce matin
pour réitérer ça et aussi pour voir qu'est-ce qui adviendra des crédits et le
futur des groupes de femmes et des programmes qui sont un levier pour les
femmes.
Journaliste
: Le mois
dernier, il y a eu un débat autour du féminisme à partir des déclarations de
Mme Thériault, là, qui hésitait à s'approprier l'étiquette féministe en disant
qu'elle était plutôt égalitaire, et ça a soulevé tout un débat dans la
population, au sein des groupes de femmes, au sein des femmes.
Est-ce que vous diriez que ça a contribué
comme un peu à ranimer un peu la flamme chez les femmes, chez les féministes?
Est-ce que ça remet davantage le débat autour de ces questions-là plus au
centre de l'actualité, selon vous, ou si c'est retombé dans l'oubli ou quoi?
Mme Sarazin (Mélanie) : Bien,
pour une période, je crois que, oui, ça a remis le débat. Les propos qu'elle a
tenus, ce sont ses propos à elle. Nous, ça fait longtemps qu'on travaille et
qu'on essaie de mettre sur l'espace médiatique le fait que le gouvernement met
en place des avenues qui ne sont pas évidentes pour les femmes. Donc, bien évidemment,
parlez-en, pour nous, c'est très intéressant, mais la question de fond, ce
matin, qu'on a à se poser, c'est : Au-delà de ce débat-là ou de cette
actualité-là, comment qu'on peut remettre le débat des conditions des femmes
qui s'appauvrissent? L'R des centres de femmes du Québec vient de sortir une
étude, les femmes s'appauvrissent, et c'est ça qui est le réel débat au Québec maintenant.
Journaliste
:
J'aimerais vous entendre au sujet d'une anecdote, un incident qui est survenu
hier, pour savoir comment vous pouvez l'interpréter. C'était lors de l'étude
des crédits du Conseil exécutif. Le président de séance, qui est le député...
M. Ouellette, Guy Ouellette, devait donner la parole à la députée de Crémazie. Au
moment de lui donner la parole, il a dit que son intervention allait
ajouter une touche féminine au débat.
Je me disais... en présentant le premier
ministre, il me semble qu'on n'ajouterait pas une touche masculine, on lui
donnerait la parole, tout simplement. Alors, pourquoi est-ce que c'est
acceptable, en 2016, qu'un président de séance, dans un cadre parlementaire,
s'adresse à une députée de cette façon-là?
Mme Poirier
: Je pense
que, de façon unanime... j'ai entendu...
Une voix
: ...
Mme Poirier
: Non.
Alors, non, c'est... et le discours de mononcle, on n'est plus capables. Alors,
il faut que ça arrête, il faut que ça cesse, et moi, j'invite mes collègues
féminines, je pense que Manon va être d'accord, que lorsqu'elles entendent de tels
propos, de les reprendre directement en commission, d'interrompre la commission
et de tout simplement demander au président... bien, puisque lui, c'était
lui-même le président, c'est encore plus facile, alors, tout simplement, de
demander qu'il retire ses propos et puis qu'on n'ait plus droit à ce genre de
propos qui sont totalement sexistes en tant que tel.
Journaliste
: ...Mme
Massé, peut-être?
Mme Massé : Bien, moi, ce que
j'ai juste envie de dire, c'est : tout à fait d'accord. Vous avez vu
l'unanimité, et il y a ce que moi, j'appelle le sexisme ordinaire, comme
celui-là, hein? Ça passe bien dans le salon, tout le monde, on porte plus ou
moins attention. Il faut réagir, mais il y a aussi ce qui se passe au salon
bleu, il y a aussi ce qui se passe en commission parlementaire. Tant et aussi longtemps
que le Parlement du Québec, que les parlementaires ne feront pas cet effort
massif de dire : On va faire les choses autrement, on va s'aborder
mutuellement de façon différente, de façon respectueuse, je pense qu'on va
avoir un défi d'amener des femmes en politique.
Journaliste
: Est-ce
que c'était, selon vous, une anecdote, un cas isolé ou... Vous semblez dire le
contraire, Mme Massé.
Mme Poirier
: Bien, malheureusement,
non.
9 Mme
Poirier : Alors, je pense, je vais commencer à tenir un journal
là-dessus. On se rappellera M. Spénard qui avait été rabroué l'an passé par
l'ex-présidente de la Fédération des femmes du Québec. Moi, j'avais même
rabroué un autre président de commission, qui m'avait dit : la petite
madame. Alors, je pense qu'on va commencer à avoir un lexique de ces belles
expressions de mononcle.
Mme Massé : Qu'on devrait se
battre pour que ça devienne des propos non parlementaires.
Journaliste
: Vous avez
qualifié le gouvernement d'antiféministe. Est-ce qu'on peut aller un peu plus
loin en disant qu'il est machiste, qu'il est, voire même, antifemmes?
Mme Sarazin (Mélanie) : Bon,
bien, c'est ça, tu sais, moi, j'ai dit antiféministe, tu sais, je suis
capable d'assumer ces propos-là. Bon, et je pense qu'aujourd'hui l'important,
ce n'est pas ce débat-là, comment on classifie un gouvernement.
Je reviens sur l'important, c'est que le gouvernement
qui est en place présentement fait vraiment une charcuterie dans le financement,
dans les programmes, met en place des mesures d'austérité qui ont des impacts
sur les femmes, et c'est ça qui est le vrai débat. Ce n'est pas de savoir ou de
nommer un titre, c'est de vraiment prendre ça en considération, et c'est pour
ça, nous, qu'on est ici ce matin, et c'est notre travail quotidien, à tous les
jours, de défendre les femmes. Donc, pour nous, c'est plus important, ce
débat-là, que de commencer à nominer ou à nommer un gouvernement.
Journaliste
: Le gouvernement
ne va pas... en fait, sans doute, ne va pas réinvestir totalement les sommes,
là, qu'il a coupées au cours des dernières années ou au cours des derniers
mois. Quelles sont les priorités de réinvestissement, selon vous?
Mme Sarazin (Mélanie) : De
tout remettre ce qui a été coupé, point à la ligne. Je pense que c'est vraiment
ça... les nombreuses coupures qui ont été faites au niveau de l'emploi, au
niveau de la santé, au niveau de l'éducation, au niveau des CPE...
Une voix
: ...
Mme Sarazin (Mélanie) : C'est
ça, au niveau des CPE...
Mme Poirier
: Fécondation
in vitro.
Mme Sarazin (Mélanie) : Fécondation,
tout le système reproductif. Pour nous, il doit y avoir un réinvestissement
massif dans tous ces programmes-là, point à la ligne. Pour nous, c'est évident
que c'est comme ça que le gouvernement...
Journaliste
: ...
Mme Sarazin (Mélanie) : Ce
sont toutes là des priorités, en fait.
Journaliste
: ...un réinvestissement
plus pressant, disons, que d'autres?
Mme Sarazin (Mélanie) : Je
dirais, la santé. La santé, elle a été vraiment massacrée, là, dans les
dernières années. Santé, éducation, mais CPE aussi, parce que les CPE aussi
permettent de maintenir les femmes en emploi. Donc, c'est vraiment une roue,
hein? Une femme en santé, capable d'aller sur le marché du travail, a accès aux
CPE, est capable d'aller chercher une éducation, a accès à un meilleur emploi,
et c'est une roue comme ça. Donc, pour nous, bon, c'est toutes des priorités, finalement.
La Modératrice
: Une
dernière question?
Journaliste
: Oui. Sur
la politique qui est attendue, les consultations derrière les portes closes, ce
n'est pas la première fois qu'un gouvernement agit de la sorte. En quoi, à ce
moment-ci, c'est important qu'il y ait des consultations publiques? Et
qu'est-ce... parce que le gouvernement rencontrera tout de même des groupes de
femmes, des associations, même si ça va se faire, disons, comme vous l'avez
mentionné, là, derrière les portes closes. C'est quoi, la différence d'impact,
là, de consultations, disons, privées et publiques, là?
Mme Sarazin (Mélanie) : Bien,
en fait, c'est qu'il y en a eu, une consultation d'un bilan d'un plan d'action,
premièrement, et ce sont à peu près 64 groupes... Mme Poirier a nommé... Nous,
on a dû faire de la pression pour que certains groupes comme... les groupes en
santé, par exemple, n'avaient pas été invités. Pour nous, c'est d'assurer une transparence,
c'est pour aussi porter une voix plus large et que l'ensemble de la population
puisse être au fait de tout ce sabrage-là qui se passe au niveau de la
condition féminine. Les femmes composent 51 % de la population québécoise.
À notre sens, ça doit être public et ça a aussi un effet de sensibilisation à
la population de tous les jours, aux gens de tous les jours.
Journaliste
: ...en
entendre parler.
Mme Sarazin (Mélanie) : Non,
puis nous, au contraire, on veut en entendre parler. On veut que ça soit clair
aussi. Ce n'est tellement pas clair, on attend... Tu sais, c'est toujours par
les branches, on apprend des choses dans les crédits de budget. Il n'y a rien
de clair, là, comme... Tout est flou.
Donc, pour nous, c'est important qu'il y
ait vraiment cette transparence-là puis que... Nous, les groupes, les premières
qui travaillons avec les femmes, on ne sait plus où la politique, où la stratégie,
où l'indice s'en va. Donc, c'est un non-sens pour nous. On ne peut pas
travailler comme ça.
Des voix
: Merci.
(Fin à 9 h 25)