(Onze heures trente et une minutes)
M. Legault
: Oui.
Bonjour, tout le monde. Je voudrais revenir sur le plan économique qui a été
déposé par le gouvernement libéral jeudi dernier. C'était un plan qui était
attendu depuis deux ans, donc évidemment un plan qui est urgent plus que jamais.
Rappelons que le Québec n'a créé que 300 emplois au cours des 12 derniers mois comparativement
à 85 000 en Ontario. Rappelons que le gouvernement du Québec prévoit que,
pour l'année qui vient, il y aura une augmentation de 0 % des
investissements des entreprises. Donc, c'était important que le gouvernement
libéral donne un coup de barre en développement économique.
Or, on a eu droit à des mots, des papiers,
des intentions, mais aucun changement de cap, aucune mesure majeure. Donc,
c'est évident qu'avec la même recette libérale on va avoir les mêmes mauvais
résultats. Et j'en discutais au cours des derniers jours avec des gens du monde
des affaires, ça n'a pas de bon sens qu'un plan d'investissement pour
Investissement Québec ne comporte aucun objectif d'investissement des
entreprises. C'est clair que, si quelqu'un avait fait ce genre de plan dans
l'entreprise privée, il aurait été congédié. C'est totalement inadmissible.
Comment voulez-vous qu'on puisse se donner
des moyens, des objectifs, mobiliser tout le monde pour augmenter enfin les investissements
des entreprises, alors que le gouvernement ne se donne aucun objectif d'investissement
des entreprises dans son plan puis aucune mesure majeure. Donc, un ramassis de
mesurettes où on prend le même budget d'Investissement Québec puis qu'on le rebrasse,
on ne rajoute pas un sou, ça va donner les mêmes résultats, et c'est
inquiétant.
Et moi, je demande aujourd'hui à Philippe
Couillard de refaire ses devoirs. On a besoin d'un vrai plan économique, on a
besoin d'un vrai plan chez Investissement Québec où on augmente de plusieurs
milliards de dollars les investissements des entreprises au Québec. C'est
urgent, je le dis souvent, on a, au Québec, 30 milliards d'investissements
des entreprises par année, ça en prendrait 50 milliards. Donc, il nous en
manque 20 milliards par année. Le gouvernement ne peut pas dire : Je
n'ai aucun objectif.
Là, on a le gouvernement Couillard qui a
réussi zéro durant ses deux premières années, qui prévoit zéro pour les
prochaines années. On ne peut pas continuer comme ça. Le Québec a besoin d'un
coup de barre chez Investissement Québec. Et on a attendu deux ans, tout ça
pour ça seulement, c'est inacceptable, c'est une farce. Et moi, je demande encore
une fois, là, à M. Couillard de refaire ses devoirs puis de nous déposer enfin
un plan économique ambitieux avec des objectifs d'investissement des
entreprises, avec des objectifs de création d'emplois, avec des objectifs de
création de richesse. Le Québec ne peut pas rester 57e sur 61 États en Amérique
du Nord, et il faut que Philippe Couillard arrête de se complaire, d'accepter
l'inacceptable.
La Modératrice
: On va
prendre des questions. Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) : M.
Legault, la semaine dernière, vous aviez dit que les gens d'affaires étaient, en
quelque sorte, complaisants. Vous dites, vous les avez rencontrés sans doute en
fin de semaine. Est-ce que vous leur avez passé le message? Quelle a été la
réponse?
M. Legault
: Oui. Il y
avait même... Hier, j'ai rencontré... j'ai été conférencier au Forum Ghislain
Dufour, il y avait à peu près 80 gens d'affaires, dont des gens de la Fédération
des chambres de commerce du Québec. J'ai été très clair, là : Ça suffit de
voir les associations patronales complaisantes à l'égard du Parti libéral.
Et pourquoi les associations patronales
sont complaisantes? Bon, d'abord, elles ont peur d'indisposer le Parti libéral
du Québec. Elles sont habituées de faire front commun avec le Parti libéral du
Québec contre la souveraineté du Québec, mais ce n'est pas un plan économique,
ça, d'être contre la souveraineté du Québec. Ça prend plus que ça.
Donc, mon message a été très clair, et j'ai
senti, là, qu'il va commencer à y avoir de la pression, de la part des vrais
gens d'affaires, auprès des supposés représentants des gens d'affaires dans les
associations patronales pour qu'on dénonce l'inaction du Parti libéral du
Québec. C'est important de le faire, là, puis il faut sortir du
débat souverainiste ou pas souverainiste, là. Ça prend un plan ambitieux.
Puis tous les gens d'affaires, là, se
disent : Ça n'a pas de bon sens qu'à Montréal on ait 11 % de chômage,
qu'on soit la pire ville au Canada. Ça n'a pas de bon sens qu'on soit 57e sur
61 États. Ça n'a pas de bon sens que la croissance économique qu'on prévoit
soit à la moitié de nos voisins. Ça n'a pas de bon sens qu'on prévoie 0 %
de croissance des investissements des entreprises. Tous les gens d'affaires
sont d'accord avec ça, ils le disent tous en privé, puis je sens qu'il va y
avoir une pression sur les associations patronales au cours des prochains mois
pour qu'elles arrêtent d'être complaisantes à l'égard du Parti libéral.
Journaliste
:
Concernant Mme Carole Poirier, vous avez certainement entendu, lu les propos,
actes de violence. D'abord, est-ce qu'elle est allée trop loin et est-ce qu'il
n'y a pas lieu de commencer peut-être à changer le ton? Depuis le début de la
session, quand même, il y a eu des propos assez durs, de part et d'autre, là,
de l'ensemble des partis.
M. Legault
: Oui.
Effectivement, là, il y a eu, je pense, un peu de dérapage, de part et d'autre.
C'est très important, les problèmes de violence, de harcèlement auprès des
femmes. C'est un problème qui est réel. Donc, il ne faut pas banaliser ce
problème-là en se lançant des tomates et d'un bord et de l'autre.
Donc, moi, je vais laisser les deux vieux
partis, là, le PQ puis le Parti libéral se chicaner, mais je n'ai pas d'autres
commentaires à faire là-dessus.
La Modératrice
:
Marie-Laurence Delainey, TVA.
Mme Delainey (Marie-Laurence) :
Est-ce que vous êtes d'accord quand même avec les propos de Mme Poirier sur la
violence du gouvernement?
M. Legault
: Bien, écoutez,
même Mme Poirier a reculé, là. Elle a dit qu'elle s'est emportée, elle n'a pas
utilisé les bons mots. Bien là, écoutez, là, qu'on ne banalise pas le
harcèlement puis la violence qui est faite aux femmes, là. C'est trop grave.
Mme Delainey (Marie-Laurence) :
Est-ce que ça prend trop de place, justement, dans le débat politique, cette histoire-là?
Est-ce que c'est de faire de la politique sur le dos des femmes?
M. Legault
: Bien,
actuellement, on a deux vieux partis, là, qui essaient de faire de la petite
politique sur le dos d'un problème qui est grave, qui est réel, dont on doit s'occuper :
la violence qui est faite aux femmes. Mais il ne faut pas essayer de le faire,
là, pour marquer des points politiques, puis je pense que Mme Poirier l'a admis
elle-même.
La Modératrice
:
Patrick Bellerose, Huffington Post.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Legault. La semaine dernière, on a entendu le premier ministre
Couillard défendre le bilan du gouvernement Charest. J'aimerais savoir ce que
vous en pensez.
M. Legault
: Bien,
écoutez, d'abord, il y a quelques semaines, M. Couillard semblait vouloir
prendre ses distances du gouvernement Charest, gouvernement Charest qui avait
une vice-première ministre qui s'appelle Nathalie Normandeau, qui faisait
collecter de l'argent par Marc-Yvan Côté. Là, il nous dit : J'appuie le
gouvernement Charest. Donc, j'espère que ça ne veut pas dire qu'il appuie les
méthodes du gouvernement Charest et je continue à dire que c'est important, si
M. Couillard veut tourner la page, qu'il mette de l'argent en fiducie, qu'il
fasse un estimé.
Moi, j'ai été surpris, en commission parlementaire
jeudi dernier, quand je lui ai demandé : Avez-vous fait une enquête au Parti
libéral pour voir l'argent qui a été collecté par Marc-Yvan Côté en 2007, 2008,
2009? Il semblait mal à l'aise. Je crois l'avoir entendu dire qu'il ferait
faire les vérifications, mais j'étais surpris de voir qu'il n'avait encore rien
fait. Il y a vraiment un manque de leadership de la part de M. Couillard puis
là, bien, en plus, il s'en va cautionner ce qui avait été fait par le
gouvernement Charest. Donc, comment vous voulez que les Québécois voient
quelque chose de nouveau en M. Couillard?
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
qu'il a minimisé les méthodes du gouvernement Charest en faisant ça?
M. Legault
: Bien,
écoutez, moi, je me dis, là, je serais à sa place, je serais chef d'un parti
qui a fait collecter de l'argent pendant trois ans par un homme qui a été banni
du Parti libéral du Canada pour financement politique illégal, je ne sais pas,
là, mais je me dirais, là : Je ne veux pas que ça me rebondisse dans la
face à la veille des élections 2018, là. Donc, j'aurais fait faire une enquête
tout de suite.
Comment ça se fait que M. Couillard n'a
pas ce réflexe d'avoir du leadership puis de poser un geste moral important
pour rebâtir la confiance avec les Québécois? Moi, je pense qu'il y a un réel
manque de leadership.
M. Bellerose (Patrick) : La
semaine dernière, votre parti a soulevé des allégations assez sérieuses à
propos de Premier Tech, donc la question d'un monopole. Est-ce que vous
prévoyez demander une enquête ou faire un suivi sur ces faits-là que vous avez
soulevés?
M. Legault
: Bien, on
est en train de regarder les différentes alternatives qui se présentent, mais
il faut d'abord avoir plus d'explications de la part du gouvernement. Comment
se fait-il que le gouvernement, au lendemain de l'élection de 2014, a donné un
monopole à Premier Tech? Ouis comment se fait-il qu'une fois que ça soit sorti
par l'émission Enquête, qu'un dimanche après-midi en Abitibi on vienne
enlever ce monopole-là? Tu sais, je veux bien donner la chance au coureur, là,
mais disons que ça regarde mal comme hasard.
M. Bellerose (Patrick) : Quelles
sont les alternatives que vous étudiez? Vous avez dit...
M. Legault
:
Différentes alternatives, là : de déposer des plaintes, de faire étudier
les dossiers par les différents commissaires qu'on a. Donc, on va vous revenir
là-dessus.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Legault
: Merci,
tout le monde.
(Fin à 11 h 42)