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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier, et Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Tuesday, April 19, 2016, 15 h 29

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures vingt-neuf minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Merci d'être là. Donc, dans un premier temps, je vais me prononcer sur la question du contrat à Aviseo Conseil, et, par la suite, Amir va poursuivre sur la question des primes… les médecins.

Alors, sachez qu'à Québec solidaire on trouve ça encore une fois complètement scandaleux que le gouvernement du Québec, sur un projet mal ficelé, Énergie Est, sur un projet où une compagnie ne veut même pas participer et fournir les documents nécessaires pour qu'on puisse se faire une tête complète, comme société québécoise… que ce gouvernement-là prenne le chemin le plus court et s'en va vers une compagnie amie qui… si vous allez voir leur site Web, là, vous allez bien voir de quoi on parle, là, une compagnie qui reçoit en même temps des contrats du privé et du public et qui va inévitablement… Je pense que la première photo sur leur site, c'est un pétrolier qui roule sur les flots avec un beau coucher de soleil. On voit là définitivement, disons, le préjugé favorable de cette entreprise-là face à la question des hydrocarbures.

Alors, nous, on se dit : Bien, comment se fait-il que, dès le début, le gouvernement du Québec n'a pas été du côté d'un BAPE? Les BAPE ont la responsabilité de faire l'analyse économique. Est-ce que c'est parce que le gouvernement, il ne croit pas non plus sur les retombées économiques que peut représenter ce projet-là pour les Québécois et Québécoises et il n'y croit tellement pas qu'il n'ose pas qu'une firme... en fait, que le BAPE, qui est complètement indépendant, fasse ces études-là. Il le remet plutôt à une firme qui a, disons, un petit penchant, un petit côté favorable à la situation. Bien, la question se pose, puis quasiment, de la poser, c'est un peu d'y répondre aussi.

Alors, les contrats comme ça qui se donnent sans appel d'offres, qui visent, dans le fond, à permettre au gouvernement d'aller dans un sens plutôt que dans l'autre, bien, nous, on trouve ça plutôt scandaleux avec tout le passé que ce gouvernement-là a. Il faudrait qu'il se garde une petite gêne et il faudrait qu'il ait beaucoup plus de rigueur par rapport à ça.

M. Khadir : Québec solidaire joint sa voix aux deux autres partis d'opposition pour dénoncer, avec la plus grande vigueur, toutes ces primes inutiles qui ont été accordées depuis maintenant plus d'une dizaine d'années, pas parce que les primes, ce n'est pas approprié de temps en temps, des primes pour favoriser tel ou tel type de pratique, mais, quand c'est rendu à plus de 100 000 $ par médecin, ce n'est plus des primes, ça. C'est le financement d'un centre communautaire, c'est le financement d'une clinique comme SABSA, ce n'est plus une prime qu'on pourrait estimer à quelques centaines de dollars pour changer quelques... reconnaître quelques apports, c'est une pratique systématique, qui est une manière d'augmenter la rémunération de manière cachée. Et ça, c'est tout à fait inadmissible.

D'ailleurs, je crois que la plupart des médecins aujourd'hui, devant ce constat-là, doivent être aussi étonnés et aussi dérangés que les autres de voir, à un moment où le réseau public, en santé comme ailleurs, se voit coupé de toutes sortes de façons, où tout le monde a la langue à terre, où les infirmières, les intervenants sociaux dans les CLSC, partout, sont en train de tomber comme des mouches, d'épuisement parce qu'on a coupé, parce qu'il faut faire plus avec moins, bien, ils voient leur rémunération puis leurs primes exploser comme ça devant, bon, le public.

C'est sûr que la réponse du gouvernement est juste rendue possible par le fait que le Parti québécois, l'opposition officielle, malheureusement, n'a rien fait pour changer ça. Et c'est la faiblesse en matière de santé, c'est la faiblesse en matière de finances publiques, c'est la même faiblesse en matière de corruption. À chaque fois que l'opposition officielle se lève pour critiquer la problématique du gouvernement, bien, un Jean-Marc Fournier se lève pour leur dire : Bien, vous avez fait pareil. Aujourd'hui, c'est Gaétan Barrette qui a servi le coup au Parti québécois, il a dit : Bien, vous avez été au pouvoir pendant deux ans, vous aviez amplement l'occasion de mettre fin à cette pratique de primes et que ça n'a pas été fait.

Et c'est ça, le malheur aujourd'hui de l'opposition au Québec, représentée par l'opposition officielle, c'est que sa pratique du pouvoir, malheureusement, ne permet pas une critique sincère, solide, inattaquable des pratiques...

M. Boivin (Simon) : Est-ce que le contexte minoritaire du Parti québécois, pendant la période où il a été au pouvoir, peut lui servir de justification à son inaction?

M. Khadir : Écoutez, je n'achète pas une seconde. C'est le lobby... Regardez, il y a un livre, tout récemment, qui décrit ce qui a eu raison de Martine Ouellet. Ce n'est pas le fait qu'elle était minoritaire et menacée par l'opposition, c'était le lobby des minières qui a agi auprès du bureau du premier ministre et du ministre des Finances Marceau, de l'époque pour obliger Martine Ouellet à faire des concessions, ce qui fait qu'on a... la montagne a accouché d'une souris en matière de mines lorsque Martine Ouellet s'en est occupée.

Donc, moi, je pense que c'est une légende dans les premiers mois, de toute façon, toute la population du Québec aurait été de son côté, et je vois mal comment l'ADQ, qui avait quand même... enfin, la CAQ, qui avait la balance du pouvoir, aurait menacé le gouvernement si le PQ avait mis fin à des primes injustifiables.

M. Vigneault (Nicolas) : Sur le contrat en soi, comment vous qualifiez, ça, là, les liens, bon, chef de cabinet... la partie de la prime. Quelle impression ça vous donne?

Mme Massé : Bien, c'est sûr que, quand on dit, dans le fond, que les contrats sont donnés à des amis, c'est tout, hein... Québec solidaire a régulièrement soulevé le phénomène des portes tournantes, et c'est un enjeu majeur quand il s'agit de grands contrats, mais surtout quand il s'agit, comme dans le cas qui concerne Aviseo Conseil, qu'il s'agit de porter un regard sur les impacts économiques d'un projet dont notre propre premier ministre a dit : Bien, vous savez, ça prend des bons impacts économiques si on veut pouvoir aller de l'avant avec ce projet-là. Alors, c'est comme s'il était un peu allé chercher la conclusion à ce qu'il souhaite, c'est-à-dire avoir une image que les impacts économiques seront bons.

Nous, on aurait, de loin, depuis le début, on le dit, préféré que le BAPE joue pleinement son rôle parce que le BAPE a, un, les personnes nécessaires pour faire un type d'analyse comme les retombées économiques, il le fait pour plein d'autres projets; et deux, c'est qu'il est complètement indépendant. Pour le moment, ça nous fait plutôt penser que les dés sont un peu pipés.

M. Robillard (Alexandre) : Le directeur de cabinet de M. Leitão a coécrit une évaluation, a corédigé une évaluation des retombées économiques du Plan Nord avec un des associés d'Aviseo Conseil. Est-ce que vous pensez que ça, c'est une source de conflit d'intérêts, là, qui discrédite l'analyse de l'entreprise?

M. Khadir : C'est sûr que c'est très utile d'avoir l'avis du loup sur la sécurité de la bergerie quand on veut sacrifier les moutons, n'est-ce pas? On veut sacrifier le territoire québécois pour les intérêts des produits de l'Alberta, c'est-à-dire du pétrole sale dans lequel des enjeux majeurs et immenses sont détenus par Power Corporation, d'une part, et on pourrait en nommer d'autres. Même la Caisse de dépôt a investi malheureusement dans les sables bitumineux. Alors, par tous les moyens, on veut faire rentrer ça dans la gorge des Québécois.

Le pétrole sale de l'Alberta, le gouvernement le sait, les Québécois n'en veulent pas. C'est des risques sans retombées. Là, il faut faire... inventer des retombées. Pour sacrifier le territoire des Québécois, bien, on a mis qui à la tête de la bergerie pour se prononcer sur la sécurité? Bien, on met un loup, on met une firme constituée des gens proches du Parti libéral du Québec, ou de Secor, ou de KPMG pour pondre quelque chose qui soit... Parce que, si le gouvernement avait le moindrement confiance, croyait vraiment qu'il y a des retombées économiques réelles pour le Québec, le gouvernement n'aurait pas peur de soumettre son projet de manière très ouverte à l'évaluation véritablement indépendante de gens. Et ça, ça s'appelle quoi? Ça s'appelle BAPE. On a inventé ce modèle-là il y a déjà une vingtaine d'années. Processus d'évaluation indépendante des projets, ça s'appelle BAPE.

M. Robillard (Alexandre) : Mais sur la valeur de l'analyse qui va être produite, est-ce que vous pensez qu'il y a un conflit d'intérêts qui va le discréditer?

M. Khadir : C'est évident. C'est discrédité dès le départ, c'est évident. Quand tu regardes ceux qui composent Aviseo, quand tu regardes le rôle de Pierre Lefebvre, d'où il vient, où il a atterri, à Secor, avalé par KPMG, KPMG et Secor ont déjà appuyé le projet pétrolier à de multiples reprises, c'est sûr que les dés sont pipés d'avance, comme l'a dit ma collègue.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que vous estimez, M. Khadir, être bâillonné par le président de l'Assemblée nationale?

M. Khadir : On parle de quoi? On parle d'Aviseo. Je ne vois pas...

M. Lacroix (Louis) : Oui, mais je vous pose une question, et on peut parler de d'autres sujets...

M. Khadir : Non, mais ce n'est pas le moment maintenant parce que je pense que...

M. Lacroix (Louis) : Pourquoi?

M. Khadir :  Bien, parce que j'ai eu une conversation très personnelle avec le président de l'Assemblée, peut-être devant tout le monde, mais l'important ici, on parle de l'intérêt du Québec devant le pouvoir pétrolier canadien qui a mis à la tête du Canada un premier ministre, un gouvernement conservateur, qui a mis ici, à l'Assemblée nationale, alentour de nous, aujourd'hui même, des dizaines de lobbyistes pour l'industrie pétrolière pour enfoncer dans la gorge du peuple québécois un projet dont les Québécois ne veulent pas. C'est beaucoup plus important que les quelques secondes que le président de l'Assemblée peut me donner ou pas. Ça, c'est une vieille chicane entre moi et Jacques Chagnon, ça n'intéresse personne.

M. Lacroix (Louis) : Bien oui, ça nous intéresse, nous, M. Khadir.

M. Khadir : Non, moi, ça ne m'intéresse pas. Je m'excuse.

M. Lacroix (Louis) : Mais pourquoi?

M. Khadir : On y reviendra en temps opportun.

M. Lacroix (Louis) : Non, non. On a le temps, là. De toute façon...

M. Khadir : Ce n'est pas le sujet de notre point de presse.

M. Dutrisac (Robert) : Est-ce que c'est possible de sauver, finalement, certains libéraux de leur parti corrompu? Est-ce que c'est possible de...

M. Khadir : C'est parce que ça, c'est une chose qui...

M. Dutrisac (Robert) : La rédemption, c'est-u possible dans leur cas?

M. Khadir : Bien, c'est parce qu'il y a eu une conversation, et je pense que vous faites référence à ça. Bon.

Là, c'est un sujet d'importance. Vous savez qu'il s'est créé à Montréal un comité citoyen à l'initiative de plusieurs personnalités pour s'assurer de l'application des 60 recommandations du rapport de la CEIC, commission Charbonneau. Parmi ceux-là, on trouve un ancien député libéral. Oarmi ceux-là, on trouve bien des gens qui sans doute, un jour ou l'autre, ont peut-être été à un congrès libéral ou ont voté libéral, j'imagine.

Et je connais, parmi la députation libérale actuelle, bien des gens qui se sentent inconfortables avec un premier ministre qui s'appelle Couillard. Peut-être que c'est Jean Charest qui était le premier suspect pour les millions d'argent ramassé, mais c'est quand même Philippe Couillard qui a cet argent-là en main et qui l'utilise pour gagner des élections, ou pour faire campagne, ou pour faire peur au monde de Chicoutimi pour aller tous se ruer pour voter pour leur candidate. Puis là j'exagère à peine, parce que cet argent sale ramassé par le Parti libéral introduit toutes sortes d'aberrations dans nos campagnes électorales, notamment par le fait de les rendre tout à fait inégales. Donc, c'est sûr que la contestation ne viendra pas des libéraux, malheureusement, hein, malgré tout ce problème. On l'a vu dans leurs congrès, lorsqu'il y en a eu un qui a eu le courage de se lever, personne d'autre ne l'a appuyé.

Donc, s'il y a quelque chose qui doit être fait pour combattre la corruption de la machine libérale, ça va venir des députés de l'opposition, et j'estime que nous sommes, Québec solidaire, les seuls vraiment libres d'aller loin, d'attaquer les problèmes de front, parce que, malheureusement, vous l'avez vue aujourd'hui, la réponse de Jean-Marc Fournier à Bernard Drainville, hein? Il citait le chef de la CAQ pour accabler le PQ dans ses pratiques de financement, qui étaient juste moins efficaces, avaient moins de succès que celles du PQ.

Alors, c'est sûr que dans un contexte comme ça, si un jour le Parti libéral doit être réformé, ça va venir des critiques qu'on va pouvoir mener librement pour permettre à la base libérale de retrouver un Parti libéral qui est digne de ce nom.

M. Dutrisac (Robert) : Mais, si Québec solidaire est le parti qui est le plus apte à faire ce travail-là, etc., encore faut-il qu'il puisse s'exprimer à l'Assemblée nationale.

M. Khadir : Mais on le fait. Non, moi, je ne m'estime pas lésé du tout, là. Ce n'est pas quelques secondes...

M. Lacroix (Louis) : Bien, ce n'est pas ce que vous avez dit à M. Chagnon.

M. Khadir : C'est des taquineries. Bien oui, là, il ne faut pas confondre taquineries et essentiel. Je suis ici avec vous, avec ma collègue. Tous les deux, on a toutes les libertés. On prend des positions, on a du temps de parole. Bon, on souhaiterait vous avoir plus longtemps et plus nombreux à chacun de nos points de presse, mais vous êtes là la plupart du temps, et c'est ça, l'essentiel. Merci.

(Fin à 15 h 42)

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