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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier, et Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Wednesday, April 20, 2016, 11 h 41

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quarante-deux minutes)

M. Khadir : D'abord, je pense que M. Couillard a bluffé ce matin puis M. Couillard a perdu son bluff. Il nous a promis d'ouvrir les livres, de dévoiler les secrets du financement du Parti libéral, puis là, maintenant qu'il voit tous les partis, même le Parti québécois qui, oui, n'est pas blanc comme neige, est prêt à aller là, là M. Couillard a peur. Pris de panique, il recule.

Je pense que ça vaut la peine de continuer. J'encourage le Parti québécois et la CAQ à faire ce qu'ils ont fait, c'est-à-dire de poursuivre le combat qu'on a commencé il y a deux semaines, si vous vous rappelez, avec la même motion. Le Parti libéral va finir par plier. Le Québec, les Québécois sont rendus là, pensent que le Parti libéral doit ouvrir ses livres, dévoiler ses secrets, rembourser l'argent mal acquis, puis nous, on pense pareil.

Mme Massé : Eh bien, moi, la question que je posais ce matin, c'était vraiment préoccupant pour moi de voir comment, concernant le projet d'Énergie Est de TransCanada, comment, dans le fond, les différentes firmes, qui servent de porte tournante pour soit des fonctionnaires, des ministres, voire même des ex-premiers ministres, se retrouvent souvent proches de cette grande entreprise qu'est TransCanada.

Alors, ma question était fort légitime, c'était de dire : Puisque notre ex-premier ministre, pour TransCanada, a approché le cabinet de M. Trudeau pour essayer de stimuler une rencontre entre le cabinet et les dirigeants de TransCanada, bien, ma question, c'est : est-ce qu'il a rencontré chez nous, ici, au Québec, des gens du gouvernement Couillard pour les mêmes raisons?

Ce qui m'inquiète le plus, très honnêtement, c'est de voir que je n'ai pas eu de réponse. Ça, je trouve ça inquiétant. Ça, je trouve que... vous savez, les Québécois et Québécoises sur la question du pipeline, sur la question d'Énergie Est, sur la question du pétrole de l'Ouest, du pétrole des sables bitumineux, c'est un non radical. Pourquoi? Parce que c'est nos rivières qui sont en danger, nos terres qui sont en danger, notre fleuve qui est en danger.

Alors, je ne comprends pas pourquoi... S'il n'y a pas eu de rencontre entre M. Charest et M. Arcand, voire même le premier ministre, s'il n'y en a pas eu, pourquoi tout simplement ne pas répondre : Bien non, il n'y en a pas eu. Alors, je trouve ça très inquiétant, et soyez assurés qu'on va continuer de questionner.

Mme Dufresne (Julie) : M. Khadir, quand vous dites que M. Couillard a bluffé, j'aimerais que vous me disiez dans vos termes en quoi il a bluffé précisément.

M. Khadir : M. Couillard a bluffé. Il a dit ce matin qu'on est d'accord, si les autres partis sont d'accord, pour que tout le monde dévoile ses secrets puis qu'on ouvre les livres sur le financement. Bien, on comprend, c'est parce qu'on reproche des choses à ces financements. Il y a des secrets là-dedans qui vont être très embarrassants pour le Parti libéral comme peut-être pour le Parti québécois. Donc, il a bluffé ce matin puis, quand il s'est rendu compte que le Parti québécois et la CAQ étaient d'accord, et que nous, de toute façon, c'était notre motion d'il y a deux semaines, bien là, il a reculé, il a eu peur.

De quoi a-t-il peur exactement? Je pense que maintenant c'est clair, le jugement du peuple québécois est déjà fait. Moi, je pense que c'est dans le meilleur intérêt du Québec et même des honnêtes gens, parce qu'il y en a encore, et beaucoup, au Parti libéral, j'en suis sûr... On n'est pas d'accord sur un tas de choses, mais il y a des honnêtes gens au Parti libéral qui seraient plus que ravis de voir, une fois pour toutes, vraiment M. Couillard tourner la page. Mais, pour tourner la page, il faut dévoiler les secrets du financement du Parti libéral, et il a eu peur. Il a perdu, mais ce n'est pas grave, ils vont finir par plier, il faut juste persister.

Mme Dufresne (Julie) : Mais, en d'autres termes, il n'est pas prêt, selon vous, à réellement ouvrir les livres. C'est ce que je comprends.

M. Khadir : Bien, non seulement il n'ouvre pas les livres puis, par ce geste, il montre qu'il n'est pas honnête avec les Québécois quand il a dit qu'il a tourné la page. Comment peut-il prétendre sincèrement qu'il a tourné la page quand il n'est pas capable d'affronter la vérité de dévoiler le secret du financement du Parti libéral et d'accepter de payer l'argent mal acquis, l'argent frauduleusement acquis? Fraude, fraude, c'est de la fraude qui a été commise. Le DGEQ l'a dit, la commission Charbonneau l'a dit. Et M. Couillard, s'il ne veut pas être entaché par cette fraude, doit révéler les secrets, admettre la faute, payer l'argent mal acquis.

Mme Lajoie (Geneviève) : Selon vous, c'est à quel moment où il a reculé?

M. Khadir : Bien, ce matin. Ce matin, il a dit...

Mme Lajoie (Geneviève) : En rejetant la motion?

M. Khadir : Ils ont rejeté la motion qui était présentée dans l'espoir que ce soit unanime. Quand on a entendu aux nouvelles, par vos collègues qui avaient recueilli ses propos, qu'il était prêt à ouvrir les livres, puis, en Chambre, en réponse aux questions de l'opposition, il a dit encore la même chose... Mais quelques minutes plus tard, lorsqu'il y a eu une motion pour juste rendre la chose concrète, son parti a refusé. Donc, il a perdu son bluff, mais ce n'est pas grave. Il faut exercer de la pression, et, je vous assure, le Parti libéral va finir par céder.

Mme Biron (Martine) : Mais quand il dit que le DGE... qu'il est prêt à ce que le DGE remonte jusqu'à 1996... Il a dit ça ce matin.

M. Khadir : Bien oui, mais dire, c'est une chose; le faire, c'est une autre. Il l'a dit, mais il ne l'a pas fait. Il avait l'occasion de le faire en acceptant la motion, il ne l'a pas fait. Donc, M. Couillard a bluffé et il a perdu. M. Couillard ne veut toujours pas dévoiler le secret du financement du Parti libéral, c'est clair, pas encore aujourd'hui, mais il faut maintenir la pression, ils vont céder.

Et ce n'est pas tout. Nous, on va demander des questions ensuite sur le tableau plus large, parce que ce n'est pas juste le financement, là, ce n'est pas juste par le financement. Quand des premiers ministres sont nommés dans des cabinets d'avocats qui ont des centaines de millions de dollars de contrats, comme ma collègue vient de dire, avec des entreprises pétrolières, puis ensuite le Québec voit sa souveraineté territoriale menacée, notre souveraineté est menacée au Québec par un projet pétrolier, dont les Québécois ne veulent pas, bien là, il y a d'autres éléments qui montrent encore que, malheureusement, des mécanismes d'influence indus sont en opération au Québec au sein de ce gouvernement.

Donc, c'est étape par étape, il faut forcer le gouvernement libéral, il faut forcer le Parti libéral à abandonner ces pratiques qui ne sont pas dans l'intérêt général.

M. Robitaille (Antoine) : Est-ce qu'il n'est pas vrai que le DGE a tous les pouvoirs, il a des pouvoirs d'enquête, il peut se constituer... il est comme un commissaire normal pour aller fouiller tous les documents du parti jusqu'à 20 ans en arrière?

M. Khadir : Oui, mais la DGE peut rencontrer beaucoup de collaboration et la DGE peut rencontrer beaucoup, beaucoup de bâtons dans les roues. Et ce que moi, je sais, pour être là depuis 2009 en train de solliciter la collaboration de tout le monde, y compris la DGE, mais moi, quand j'ai rencontré les gens de la DGE, par exemple, sur tout le dossier des financements sectoriels et des prête-noms que... parce qu'ils ont utilisé nos techniques, ils sont venus nous rencontrer pour savoir comment on avait pu obtenir les informations qu'on avait obtenues. Ce que je sais, et vous pouvez le demander à la DGEQ et aux dirigeants qui sont là depuis plusieurs années, c'est que le Parti libéral ne collabore pas, ce n'est pas vrai.

Le Parti libéral, si M. Charest avait vraiment l'intention de tourner la page, il n'a pas besoin ni de la DGEQ, ni de l'UPAC, ni d'aucune autre entité, ni du Parlement, ni de nous autres. Il pourrait, de sa propre volonté, ouvrir les livres, dévoiler le secret, dire jusqu'à quand y oeuvrait Marc-Yvan Côté, c'était quoi, le rôle de Marc Bibeau, c'était quoi, le rôle de Jean Charest, combien de millions de dollars ont été acquis par des prête-noms, par des mécanismes frauduleux. Il pourrait tout faire ça s'il avait la volonté de le faire.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais est-ce que le DGE est outillé pour revenir 20 ans en arrière sur...

M. Khadir : Non, justement. La DGE est déjà... la DGE, on l'a envoyée aux trousses de bien du monde, hein? Des groupes communautaires, s'ils ont la malchance, dans un de leurs slogans de campagne sociopolitique, de mentionner quelque chose qui peut être perçu comme étant partisan, bien, la DGE, sous la pression, justement, des gens du Parti libéral, j'imagine, parce que ce n'est pas nous qui insistons pour qu'il fasse ça, bon... Donc, ils ont beaucoup, beaucoup de tâches à accomplir, n'est-ce pas? Moi, je pense que, si M. Charest est sincère, plutôt que de remettre ça dans la... hein, il ouvrirait tous ses livres puis il les remettrait au DGEQ lui-même.

M. Robitaille (Antoine) : Qu'il y ait des anciens de cabinets ministériels au DGEQ, est-ce que ça, ça vous fait tiquer, est-ce que ça vous inquiète... de l'époque Charest, d'ailleurs?

M. Khadir : Vous m'apprenez encore quelque chose. C'est comme si notre cour n'était pas assez pleine de ce genre de nominations partisanes là. Donc, vous êtes en train de nous dire qu'il y a des anciens de cabinets de M. Charest qui sont à la DGEQ?

M. Robitaille (Antoine) : Pas M. Charest lui-même, mais...

M. Khadir : Des libéraux?

M. Robitaille (Antoine) : ...des cabinets ministériels des libéraux, notamment de Julie Boulet.

M. Khadir : Pour vous dire à quel point les méfaits et l'intoxication due au gouvernement post-it de Jean Charest puis à cette corruption généralisée peuvent être terribles, parce que ça met en doute, bien sûr... Bien là, la manière dont vous le présentez... je vais voir le détail, mais la manière dont vous le présentez, à sa face même, ça paraît, disons, jeter une ombre sur la crédibilité de la capacité de cette machine à aller là où on veut qu'elle aille.

M. Robillard (Alexandre) : Mais est-ce que vous pensez que ça devrait être interdit d'embaucher des gens qui sont issus de partis politiques au DGE ou...

M. Khadir : Bien, c'est déjà dans les notions de la fonction publique, hein? Dans le code de déontologie de la fonction publique, il doit y avoir un, comment on appelle ça, un délai de deux ans minimum pour toute la fonction publique... être nommé à des postes qui peuvent être susceptibles de présenter un conflit d'intérêts avec les fonctions qu'on a occupées. Et c'est certain qu'il y a un conflit d'intérêts patent qu'on nomme un cadre libéral des cabinets ministériels sous enquête par la DGEQ à la DGEQ, n'est-ce pas?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, cette personne-là doit être suspendue de ses fonctions.

M. Khadir : Bien, ça dépend du délai. On va étudier.

Mme Massé : Bien, on va étudier. On vient d'apprendre ça.

M. Khadir : Ça, c'est de règle générale.

Mme Massé : Ça tombe sous le sens. Je pense que ce qu'il est important de retenir, c'est : nos institutions démocratiques, tel que le Directeur général des élections, c'est important qu'elles aient toute l'indépendance nécessaire.

Et, vous savez, en matière de portes tournantes, puis là j'ai envie de revenir sur quelque chose qui me tient à coeur, en matière de portes tournantes, on a des exemples beaucoup plus épeurants, si vous voulez mon simple mot là-dessus, quand... Et prenons l'exemple de M. Lefebvre, là. M. Lefebvre, c'est un petit poisson dans l'histoire, là. Ce n'est pas un gros requin, si je peux me permettre l'image. M. Lefebvre a été au cabinet libéral au niveau des finances, a été nommé par ce même... bien, pas par le cabinet, mais par M. Charest...

M. Khadir : Gouvernement.

Mme Massé : ...ce même gouvernement, merci — a été nommé donc comme un P.D.G. au niveau de l'agence de partenariat public-privé, s'est retrouvé chez Secor — Secor, on se rappellera, là, Secor, c'est qui — qui ensuite s'est retrouvé aussi à KPMG et qui aujourd'hui... une firme très crédible que me dit le ministre aujourd'hui, Aviseo Conseil, une firme très crédible que ça fait un an qu'elle existe. Comprenez-vous? Ça, là, ces portes tournantes là, c'est aussi très inquiétant parce que c'est des projets... pardon, c'est des firmes qui manipulent des millions de dollars...

M. Lacroix (Louis) : Mais, M. Khadir, est-ce que le DGEQ n'aurait pas dû quand même se garder une gêne, là? Même si le délai de deux ans pourrait être... Est-ce que, en termes de transparence, il n'aurait pas dû dire : Bien là, on va enquêter sur des partis politiques, on n'engagera pas des anciens...

M. Khadir : Je vous demande la même grâce que la ministre Hélène David a demandé pour une réponse différée parce qu'il faut voir de qui il s'agit et comment. Il est important de préserver absolument, donc, de notre part et de la part de la DGEQ, de prendre toutes les précautions pour préserver la crédibilité de la DGEQ. Alors, on va le regarder avec ce prisme-là.

C'est sûr qu'on parle d'un Québec qui a été malheureusement affecté par une culture de copinage, et de nominations partisanes, et de nominations post-it pendant 15 ans sous le gouvernement libéral, mais aussi malheureusement... En fait, c'était pratique courante des deux partis au pouvoir. Et donc on ne peut pas tout mettre le blâme sur la DGEQ. Il y a malheureusement une culture qui s'est installée ici depuis plus d'une décennie, où tout le monde se permet n'importe quoi sans trop de regards du côté éthique et des principes minimaux d'éviter des conflits d'intérêts.

Quand le gouvernement ici donne des mandats à Pierre Marc Johnson — là, je déborde sur autre chose, on a déjà eu l'occasion de discuter de ça il y a quelques années — un ancien premier ministre qui travaille pour une grande firme d'avocats québécois qui a des intérêts immenses dans les contrats qu'il obtient pour les investissements en Europe, ici, pour se charger d'étudier les traités de libre-échange entre le Québec et l'Europe, ça va de soi qu'on a un problème de compréhension des principes éthiques de préservation de l'indépendance des décisions du Québec, quand on donne ces contrats-là à ces avocats-là juste parce que c'est un ancien premier ministre.

Je parle de Pierre Marc Johnson, mais ces problèmes-là, on les connaît dans d'autres dimensions, et c'est de ça qu'on parle, les portes tournantes, ce que même Renaud Lachance, malgré son aveuglement volontaire, a été obligé d'admettre, hein? Vous vous rappelez sa dissidence, là? Quelques lignes plus loin, il admet, même lui a été obligé d'admettre que le gros problème, c'est l'influence qu'exercent les secteurs d'affaires sur les décisions d'affaires du gouvernement. C'est de ça qu'on parle.

M. Robillard (Alexandre) : Mais, M. Khadir, quand on parle de quelqu'un qui aurait été actif dans des cabinets politiques il y a presque 10 ans, là, est-ce que, selon vous, c'est un délai qui est acceptable pour justifier que cette personne-là puisse, ensuite de ça, être embauchée par le DGE?

M. Khadir : Toutes les institutions, tous les gouvernements doivent traiter ces questions-là parce que ce sont des questions sensibles. Comment on fait? Parce qu'il ne faut pas priver les gens non plus de la possibilité de trouver des emplois ailleurs. Donc, il ne peut pas y avoir une recette miracle, il faut imposer des délais raisonnables. Peut-être que le délai de deux ans n'est pas utile, mais il en va aussi du jugement, je dirais, d'une gestion bienveillante de l'institution par ceux qui la dirigent, d'éviter de se placer dans des...

M. Robillard (Alexandre) : O.K., mais je vous pose la question autrement...

M. Khadir : Alors, je ne le sais pas, nous... Tant et aussi longtemps, mes chers amis, que nous n'aurons pas les noms, quelles fonctions ils ont occupées, quel était leur rôle, quelle est leur proximité dans les cercles de décision à l'époque de Charest puis dans les processus de financement, tant qu'on n'aura pas ça, on ne pourra pas avoir un jugement clair, là, parce que tout le monde ne participe pas aux stratagèmes de financement, tout le monde n'est pas dans le secret de Marc Bibeau et de Jean Charest.

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce qu'une personne peut avoir un jugement qui est totalement, comment dire, sans aucune...

M. Khadir : Discernement? Non, il peut y avoir des gens qui peuvent mettre une cloison entre leur passé et leur avenir. Cependant...

M. Lacroix (Louis) : Ça existe, ça, vous pensez?

M. Khadir : Bien sûr que ça existe, mais les principes de déontologie, les règles et les standards internationalement reconnus ne fondent pas leurs pratiques sur ça. Même si les gens peuvent le faire, entre hier et aujourd'hui, en l'espace de 24 heures, il y a bien des gens honnêtes qui sont capables de le faire. Les principes de déontologie et de bonne gestion des affaires publiques ne se fient pas à ça parce qu'il en va de l'importance de préserver aussi les apparences. C'est un peu comme la justice, d'accord? Donc, même s'il y a des gens qui sont capables de le faire, malheureusement, on doit s'abstenir.

M. Robillard (Alexandre) : Mais, compte tenu du mandat du DGE, est-ce que les standards concernant le passé politique de ces employés devraient être plus élevés?

M. Khadir : C'est le genre de chose qu'on doit envisager. Là, je ne peux pas vous donner une réponse à brûle-pourpoint comme ça, mais, à l'évidence, deux ans, maintenant qu'on voit le genre de dilemme devant lequel on peut être, hein, parce qu'on est appelés à… On demande au Parti libéral d'ouvrir les secrets du Parti libéral à la DGEQ sur les 20 dernières années.

Donc là, c'est un peu plus «touchy», et on voit comment le délai de deux ans n'est peut-être pas suffisant. Et peut-être que… Il faut dire, il y a des institutions : le Vérificateur général, la DGEQ, le Commissaire au lobbyisme, ceux-là, il faut vraiment qu'il y ait une étanchéité et que le délai soit beaucoup plus long pour qu'en fait les gens qui sortent du pouvoir ne soient même pas tentés d'envisager de rentrer là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Juste une précision sur votre demande d'enquête du financement du Parti libéral. Compte tenu des délais de conservation des documents légaux, qui n'est pas… ces délais-là ne sont pas éternels — on parle de cinq ans dans certains cas — quels secrets peut trouver un enquêteur, qu'il soit du DGEQ ou qu'il soit un enquêteur indépendant, dans les livres du Parti libéral du Québec ou de toute autre formation politique québécoise?

M. Khadir : Excellente question, à laquelle je n'ai aucune espèce de réponse qui soit valable. C'est pour ça que je passe au-delà, parce qu'en fait, la question que vous posez, c'est de dire qu'il pourrait y avoir bien des déficiences à ce genre d'enquête. Je suis d'accord, d'où l'importance de voir le tableau général, d'où l'importance de surtout appeler à un changement de garde et de culture politique.

Tant qu'on va avoir les yeux rivés sur des mécaniques, sur des petites enquêtes par-ci, par-là pour coincer, on n'aura pas réglé le problème, parce que ceux qui doivent faire absolument tout pour arriver au pouvoir… Et leur seul but, la seule chose qui les intéresse, c'est de gagner des comtés pour arriver au pouvoir, prendre des décisions dans l'intérêt de ceux qui les appuient. Ils vont trouver des moyens de contourner tout ça, tant et aussi longtemps qu'on ne les aura pas remerciés, qu'on n'aura pas enlevé du pouvoir, enlevé la capacité à ces appareils-là, avec de l'argent sale, de conquérir le pouvoir.

C'est pour ça que le peuple du Québec, les Québécois ont un rôle. On a une interrogation collective, on a une responsabilité collective bien plus grande que la DGEQ. La vraie réponse à la corruption institutionnalisée dans les formations politiques qui ont été au pouvoir au cours des 20 dernières années, ce n'est pas la DGEQ, ce n'est pas l'UPAC, c'est le peuple québécois qui doit la donner.

Des voix : Merci.

(Fin à 12 heures)

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