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Point de presse de M. Sylvain Gaudreault, député de Jonquière, Mme Mireille Jean, députée de Chicoutimi, et M. Martin Ouellet, député de René-Lévesque

Version finale

Thursday, April 21, 2016, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures vingt-neuf minutes)

M. Gaudreault : Alors, bonjour à tous et à toutes. Nous tenions à réagir aujourd'hui au nom des régions du Québec. Je suis accompagné de mon collègue Martin Ouellet, député de René-Lévesque, de Mireille Jean, députée de Chicoutimi, mais avec nous également, certainement en solidarité, mais elle ne pouvait pas être avec nous, Lorraine Richard, députée de Duplessis, également, évidemment, les collègues responsables des dossiers de l'économie.

On tenait absolument à réagir, comme députés du Parti québécois, sur la pétition des Steelworkers, les métallos aux États-Unis, qui a été déposée le 18 avril. J'ai avec moi le document qui a été déposé par les Steelworkers auprès de la Maison-Blanche, auprès du président Barack Obama, réclamant une surtaxe de 50 % sur les importations d'aluminium en provenance de l'étranger aux États-Unis, et le Canada est visé. À la page 53, entre autres, de cette pétition, on rappelle que la plus grande source d'importation de l'aluminium aux États-Unis vient du Canada pour 65 %.

Alors, vous comprenez que, dans un contexte préélectoral aux États-Unis, où les candidats comme Donald Trump, comme Hillary Clinton, comme Bernie Sanders cherchent des appuis importants et connaissant également la force des métallos du côté des États-Unis, nous avons raison d'être inquiets. Et on n'est pas les seuls à être inquiets, Unifor a lancé ce matin un communiqué de presse, Rio Tinto, la compagnie au Canada, a lancé également un communiqué de presse, la CSN du côté de Baie-Comeau également intervient.

Alors, nous, ce que nous demandons, c'est… au gouvernement du Québec, on demande d'agir immédiatement, sans délai pour protéger et pour plaider l'aluminium du Québec, la production d'aluminium du Québec. On demande au gouvernement d'affirmer clairement, via, évidemment, le premier ministre, mais aussi la ministre de l'Économie et aussi la ministre des Relations internationales, qu'ils vont aller se battre jusqu'au bout. Aller se battre jusqu'au bout, ça, ça veut dire d'aller devant toutes les instances internationales, entre autres celles qui gèrent les ententes de libre-échange, pour défendre l'aluminium du Québec, qui est l'aluminium, soit dit en passant, le plus vert, avec l'impact carbone le plus faible, donc qui est bénéfique aussi pour le marché américain et même pour les travailleurs américains qui utilisent de l'aluminium dans leur production.

Et concrètement on demande au premier ministre et à la ministre des Relations internationales d'intervenir dès aujourd'hui auprès du délégué du Québec à Washington, M. Frédéric Tremblay, pour faire des représentations auprès de toutes les instances américaines pour dire que le gouvernement du Québec va aller jusqu'au bout et ne fera pas en sorte que l'aluminium du Québec, les exportations du Québec, donc les importations américaines en provenance du Québec en aluminium soient affectées par une surtaxe de 50 % qui, dans un contexte où le prix est très bas, dans le contexte où il y a un dumping qui vient de la Chine, de la Russie, sur les marchés de l'aluminium, ça serait extrêmement difficile pour l'ensemble des travailleurs du monde de l'aluminium au Québec, notamment au Saguenay—Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord. Là-dessus, je vais laisser Martin ajouter quelques mots.

M. Ouellet : Merci, Sylvain. Donc, effectivement, j'aimerais faire un bref retour en arrière. On se rappelle qu'en 2014 l'industrie de l'aluminium vivait des turbulences et, à l'époque du gouvernement du Parti québécois, Alcoa avait cogné à la porte du gouvernement pour revoir les ententes d'électricité. Et, suite aux discussions, donc, l'entente a été signée avec Alcoa. Et au final, bien, on stabilisait les opérations pour les 25 prochaines années. Dans cette entente-là, Alcoa a effectivement… s'est engagée à investir tout près de 150 millions pour stabiliser ses équipements, mais surtout se donner une certaine opportunité de faire face au changement. Et aujourd'hui, avec les indications qu'on obtient, c'est que ce 150 millions là devrait être dépassé.

Donc, on a, en 2014, stabilisé la situation. Et alors il est évident pour nous, et pour les travailleurs de la Côte-Nord, et pour l'industrie en général, ce genre de mouvement là, que ça soit d'une rumeur ou que ça devienne des intentions, il faut tout de suite y mettre fin. Si on s'est donné, au Québec, une stratégie pour accompagner le monde de l'aluminium, c'était pour donner 25 ans de stabilité. Et présentement ce genre de nouvelle là peut créer, effectivement, une mouvance qu'on voudrait se voir restreindre. Donc, avec mon collègue Sylvain, et avec ma collègue Mireille, et Lorraine, qui devait être avec nous aussi aujourd'hui, on veut assurément que le gouvernement joue un rôle majeur auprès du gouvernement canadien et qu'il s'assure que la suite des choses soit efficiente, efficace et structurante pour l'industrie de l'aluminium. Merci.

M. Gaudreault : Merci. Tu veux-tu rajouter un mot?

Mme Jean : Bien, peut-être juste rajouter que l'industrie de l'aluminium est une industrie importante pour les régions du Québec, dont le Saguenay—Lac-Saint-Jean. Puis on fait front commun, entre les régions, justement, pour que le gouvernement fasse ce qu'il faut pour protéger cette industrie-là qui est importante pour nous. Donc, c'est pour ça qu'on est ici aujourd'hui.

M. Vigneault (Nicolas) : Jusqu'où devrait aller le gouvernement dans sa bataille? On sait ce qui s'est passé dans le dossier du bois d'oeuvre. Ça a été infernal, là, mettre fin à ce conflit-là. Est-ce que c'est de même nature? Comment vous le voyez, vous, cette surtaxe-là? Est-ce qu'elle contrevient à de quelconques ententes sur le libre-échange?

M. Gaudreault : Bien, écoutez, moi, je ne veux pas anticiper, là, sur l'état de la bataille. Mais, avec l'information qu'on a aujourd'hui, avec cette pétition qui a été déposée par un syndicat très puissant aux États-Unis il y a deux jours à peine, nous, on ne peut pas accepter que le gouvernement du Québec ne soit pas plus fortement engagé dans ce débat-là. Alors, lui, le gouvernement du Québec, c'est ça, on lui demande dès aujourd'hui d'intervenir auprès de la délégation du Québec à Washington, auprès, évidemment, du gouvernement fédéral pour envoyer un message très clair aux États-Unis qu'on va aller jusqu'au bout dans cette bataille-là pour défendre nos travailleurs, pour défendre l'industrie de l'aluminium au Québec.

M. Vigneault (Nicolas) : Parce que c'est… Évidemment, c'est des milliers d'emplois pour la région comme… soit le Saguenay ou…

M. Gaudreault : Bien, c'est des milliers d'emplois directs, mais aussi des milliers d'emplois indirects. Et vous comprenez que, si on veut développer en aval l'aluminium, bien, il faut d'abord qu'on soit capables d'en produire en amont. Et là ce n'est même pas la transformation qui est visée par ça. C'est carrément la production en amont. Je veux juste vous rappeler que, l'année passée, là, le gouvernement libéral s'est pété les bretelles avec un programme de 35 millions en aluminium sur lequel il y a eu peu de décaissement. Et ça, c'est pour la transformation. Sauf que, là, on l'interpelle à une échelle plus élevée, qui est la production en amont de l'aluminium. Il faut comprendre que c'est ça qui est menacé aujourd'hui.

M. Vigneault (Nicolas) : L'industrie est en danger, selon vous, avec ça?

M. Gaudreault : Bien, les travailleurs, l'industrie au Québec, la présence de l'industrie, ça serait un coût extrêmement difficile pour les travailleurs puis pour la présence de l'industrie au Québec. Puis je rappelle que l'aluminium est un produit d'avenir — moi, j'y crois — parce que c'est un métal qui est léger, qui allège les véhicules, les avions, etc., en plus c'est recyclable. Donc, dans le cycle de vie, là, c'est un matériau parfait. Mais, au Québec, il est doublement parfait parce qu'il est le plus vert au monde : il n'est pas produit avec du gaz naturel, il n'est pas produit avec du charbon, il est produit avec de l'hydroélectricité, qui est de l'énergie renouvelable. Et le comble de l'ironie, c'est qu'il y a beaucoup d'usines de production d'aluminium dans l'Est américain qui fonctionnent, dans l'État de New York, avec quelle énergie, vous pensez? Qui vient du Québec. Ça fait que, là, on leur enverrait notre énergie à bon marché à partir de la Manic puis de la Baie-James, de nos rivières, puis en plus, là, on est tellement fins, là, qu'on fermerait nos usines pour... avec une surtaxe de 50 % sur la production pour faire travailler le monde aux États-Unis. C'est inacceptable, puis moi, je pense... pas «je pense», j'ai la conviction que c'est le discours que doit tenir le gouvernement du Québec, et j'espère qu'au moment où on se parle ils ont déjà envoyé un message très clair au délégué général du Québec à Washington.

M. Vigneault (Nicolas) : Au-delà de faire des pressions, qu'est-ce qui pourrait être fait? Parce qu'évidemment, bon, vous dites : C'est un syndicat puissant, les gouvernements américains aussi, je vous rappelle encore une fois le dossier du bois d'oeuvre, qui a été extrêmement compliqué à régler. Alors, qu'est-ce qu'on peut faire autre que...

M. Gaudreault : Bien, vous comprenez que, malheureusement, nous ne sommes pas un pays, alors on n'a pas voix au chapitre sur les tables internationales où se décident les ententes de libre-échange. C'est une des raisons, d'ailleurs, pour laquelle... C'est très concret, ça, hein? On n'arrête pas de dire qu'il faut des exemples concrets sur la souveraineté, là, mais ça, c'en est un. Si le Québec était un pays, là, on serait aux tables internationales sur les ententes de libre-échange puis on pourrait défendre notre production d'aluminium chez nous. Mais, en attendant, il faut certainement que le gouvernement du Québec appelle immédiatement le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, pour que Justin Trudeau joigne sa voix à celui de Philippe Couillard pour envoyer un petit coup de fil à Barack Obama pour dire que ça n'a aucun sens puis qu'on va se défendre jusqu'au bout dans les instances internationales.

Ça va? Merci.

(Fin à 13 h 38)