To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de Mme Véronique Hivon, porte-parole de l'opposition officielle en matière de culture et de communications, et M. Dave Turcotte, porte-parole de l’opposition officielle responsable des régions du Centre-du-Québec et de la Montérégie

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de Mme Véronique Hivon, porte-parole de l'opposition officielle en matière de culture et de communications, et M. Dave Turcotte, porte-parole de l’opposition officielle responsable des régions du Centre-du-Québec et de la Montérégie

Version finale

Wednesday, April 27, 2016, 9 h 33

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-trois minutes)

Mme Hivon : Bonjour. Alors, merci beaucoup de votre intérêt. On ne parle pas souvent de patrimoine bâti à l'Assemblée nationale, on devrait en parler beaucoup plus. Le patrimoine bâti est vraiment une richesse pour nous tous. C'est ce qui reflète, bien entendu, notre histoire, les marques de notre histoire, c'est ce qui donne un sens aussi à l'environnement dans lequel nous évoluons.

Alors, aujourd'hui, pour nous, c'est très important de sensibiliser le gouvernement, d'interpeller le gouvernement par, évidemment, la ministre de la Culture pour lui dire qu'on doit changer le cours des choses, qu'on doit collectivement faire de la préservation du patrimoine bâti une priorité. Ça n'a plus de sens, on le voit, mois après mois, on est toujours dans l'urgence, dans l'improvisation. Il y a des gens qui doivent se mobiliser de manière urgente.

Souvent, on assiste à des décisions qui sont prises in extremis qui ne nous permettent pas d'aller au fond des choses. Cette situation-là doit cesser. Il faut se rendre compte qu'on est en train de laisser aller carrément une partie de qui nous sommes, de ce que nous sommes en laissant carrément de côté la préservation du patrimoine bâti au Québec.

Alors, ce qu'on veut, c'est une vision. Bien entendu, on veut une vision qui soit développée. La ministre nous parle de l'élaboration de la politique culturelle, mais on ne peut pas attendre des années avant qu'il se passe quelque chose en matière de préservation du patrimoine bâti. Il faut des gestes concrets. Et aujourd'hui c'est le temps d'envoyer un signal clair par ce qui se passe, avec ce qui se passe pour la préservation de la maison René-Boileau. Je suis entourée, aujourd'hui, de gens de différentes associations, que je vais vous présenter, qui se battent au quotidien, maintenant depuis plusieurs mois, pour la préservation de ce joyau patrimonial.

Alors, j'ai avec moi M. Clément Locat, qui est le président du comité Patrimoine de la Fédération Histoire Québec; Mme Louise Chevrier et M. André Bujold, qui font partie des Amis de la maison René-Boileau et qui se mobilisent très, très intensément dans leur communauté; et nous avons aussi la chance d'avoir parmi nous M. Raymond Ostiguy, qui est de La Société d'histoire de la seigneurie de Chambly. Alors, je suis très heureuse que toutes ces personnes-là puissent être avec nous — et aussi Mme Duquette, des amis de la maison Boileau — parce que leur présence témoigne de l'importance qu'on accorde à ce dossier-là. Et ce n'est pas banal, ils vont vous expliquer pourquoi, autant d'un point de vue historique de ce qui s'est passé à la maison Boileau, de qui était René Boileau, d'un point de vue architectural, à quel point ce dossier-là est riche et à quel point il mérite qu'on s'y arrête. Ce n'est pas pour rien que j'ai interpellé la ministre de la Culture la semaine dernière pour qu'elle émette un avis d'intention de classement pour qu'on puisse tous ensemble prendre notre souffle, faire les analyses qui s'imposent. Ce dossier-là est l'occasion qu'elle a de montrer que le patrimoine bâti, sa préservation, ça veut dire quelque chose pour le gouvernement. Alors, sur ce, je vais laisser la parole à M. Locat.

M. Locat (Clément) : Bonjour. Alors, je vais discuter de l'aspect architectural de la maison. Donc, c'est un élément incontournable du patrimoine architectural de Chambly. C'est une maison unique, donc, à Chambly. C'est une longue maison d'esprit français avec un toit très pentu muni de trois cheminées-foyer très massives et elle diffère beaucoup des maisons construites par les notables plus tard à Chambly, qui sont des maisons de style palladien influencé, donc, par la présence de la garnison anglaise à Chambly.

Elle s'insère également dans une continuité architecturale qui relie l'hôtel de ville, la maison voisine, au 34 de la rue Martel, de même que l'ancien couvent, qui a été converti et utilisé par la municipalité. C'est donc un ensemble assez exceptionnel. C'est un point majeur du patrimoine architectural de Chambly.

Alors, dans l'inventaire fait par la MRC de La Vallée-du-Richelieu, la maison profite d'une valeur supérieure pour sa valeur d'authenticité, sa valeur patrimoniale. C'est donc la raison pour laquelle la société d'histoire locale et des organismes nationaux comme Action Patrimoine, Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec et la Fédération Histoire Québec sommes intervenus pour protéger et assurer la mise en valeur de cette maison-là, qui est un élément exceptionnel du milieu.

Alors, notons aussi que l'autorisation de démolir a été accordée sans qu'il y ait aucun projet de remplacement qui a été présenté, ce qui est contraire au règlement. Et on peut craindre le pire pour le terrain si la maison était déménagée, on pourrait se retrouver avec un «monster house», là, qui déparerait beaucoup le milieu.

Alors, la visite de la maison a permis de constater qu'évidemment elle a besoin de travaux majeurs, suite à plusieurs années sans entretien majeur. Le constat fait par les experts était très noir, mais je pense que la structure de la maison, que ce soient des planchers, les murs porteurs, la toiture, permettrait une restauration, et c'est ce qui est le plus souhaitable.

Alors, je pense qu'il faut tous s'unir, travailler en synergie. C'est un enjeu majeur pour Chambly, et j'invite la ministre à émettre un avis d'intention, qui figerait les choses pour le moment et permettrait une étude très sérieuse par des architectes spécialisés en bâti ancien. On aurait l'heure juste sur l'état du bâtiment et sur les coûts que la restauration pourrait engendrer.

Alors, je terminerai en mentionnant que le patrimoine, c'est une richesse, ce n'est pas un fardeau. Si, à Chambly, il y a près de 300 000 visiteurs par année, bien, c'est beaucoup à cause de son riche patrimoine : le fort, le canal, les maisons classées sur le... dans le coeur de la ville. Alors, je pense que ce bâtiment-là mérite de faire partie de la richesse du milieu local. Merci.

Mme Hivon : Merci, M. Locat. Alors, avant de céder la parole à mon collègue responsable, donc, de la région, le député de Saint-Jean, je vais céder la parole à Mme Louise Chevrier, qui fait partie des Amis de la maison René-Boileau...

Mme Chevrier (Louise) : Et de la Société d'histoire.

Mme Hivon : ...et de la Société d'histoire.

Mme Chevrier (Louise) : Alors, je voudrais m'adresser à Mme la ministre Hélène David au nom des gens de Chambly, au nom de la Société d'histoire de la seigneurie de Chambly, les Amis de la maison René-Boileau... qu'un groupe de citoyens qui s'est regroupé pour empêcher la démolition de cette maison-là. La maison du patriote René Boileau à Chambly doit être sauvée. Les touristes qui viennent ne cessent de l'admirer pour son authenticité, pour ce témoignage qu'elle nous offre du savoir-faire à la française de nos ancêtres artisans. De plus, son site exceptionnel lui confère une valeur unique. C'est vrai que c'est la maison d'un notaire, mais ça pourrait tout aussi bien être la maison d'un humble artisan, elle n'en demeurerait pas moins un élément incontournable du paysage patrimonial de Chambly, comme l'a si bien expliqué M. Locat.

Faire disparaître cette maison-là de ce site, c'est détruire un paysage patrimonial d'une grande authenticité, un paysage qui appartient à tous les Québécois et pas uniquement aux gens de Chambly, car c'est un paysage identitaire. C'est un peu comme si, pour les gens... pour la région de Chambly, la région de la vallée du Richelieu, on enlevait le parlement de Québec de sa colline. Il y a des choses qui ne se refont pas, comme une maison bicentenaire sur un site exceptionnel. 200 ans, c'est l'âge de cette maison, une maison qui est un témoin vivant de l'histoire de Chambly qui fêtait, en 2015, son 350e anniversaire.

Le notaire Boileau appartient à une très vieille famille pionnière de Chambly, une famille aux origines métissées. On ne peut pas être plus de ce pays que cette famille-là. Les Boileau vont se hisser au rang de la bourgeoisie bas-canadienne de l'époque. Le notaire Boileau a été un élève de Joseph Papineau, notaire-arpenteur, père de Louis-Joseph, notre grand patriote. Et, dans son greffe, pendant les quatre premières décennies du XIXe siècle, entre 1803 et 1842, on a brassé à peu près toutes les affaires importantes, pas juste pour Chambly, parce qu'on parle aussi de la construction d'un complexe militaire, un canal, la fondation d'une compagnie de navigation, et tous ces éléments-là dépassent le contexte unique de Chambly.

La Société d'histoire de la seigneurie de Chambly a adressé au ministre de la Culture de l'époque, Luc Fortin, le 5 avril, une demande d'intention de classement. C'était la date où le conseil municipal de Chambly a voté sa démolition. L'annonce de cette démolition a provoqué une onde de choc. Les lettres, les commentaires sur la place publique sont unanimes et demandent d'empêcher l'irréparable. De nombreux projets pourraient la faire revivre : des propriétaires, des utilités communautaires ou culturelles. Le temps presse. Une fois la maison débâtie, comme disaient nos ancêtres, il sera trop tard. C'est pourquoi nous insistons auprès de Mme David pour qu'elle émette un avis d'intention de classement. C'est le seul moyen, à l'heure actuelle, de la sauver de la démolition.

Et, pour conclure, permettez-moi de citer Benjamin Sulte, un historien de la fin du XIXe siècle, qui écrivait ces mots quand il était à Chambly, peut-être devant la maison Boileau : «Ah! Chambly! [...]grands souvenirs historiques, on en revient pour y retourner. Voir Naples et mourir, dit-on. Ce mourir est ridicule. Voir puis revoir Chambly et vivre longtemps!»

Mme David, faites vivre la maison Boileau pour nos enfants et nos petits-enfants, pour les générations futures.

Mme Hivon : Merci beaucoup, Mme Chevrier. Alors, maintenant, je vais céder la parole à mon collègue le député de Saint-Jean, M. Dave Turcotte.

M. Turcotte : Merci beaucoup, Véronique. Merci à vous tous, les citoyennes et citoyens de Chambly, mais aussi des organisations nationales qui viennent ici lancer un message à l'Assemblée nationale, un message à la ministre de la Culture comme quoi que notre histoire vit dans les livres, certes, mais, lorsque nous avons l'occasion d'avoir un édifice patrimonial comme la maison René-Boileau pour se rappeler de notre histoire... mais aussi faire vivre notre histoire, ça n'a pas de prix.

On a eu beaucoup de temps pour l'admirer, on l'a mentionné, maintenant nous avons besoin de temps pour la sauver. Et la seule personne qui a les clés pour sauver la maison à l'heure actuelle, bien, c'est la ministre de la Culture. Donc, nous demandons aujourd'hui... ma collègue Véronique Hivon demande à la ministre de nous donner le temps, de donner le temps à la communauté, de donner le temps aux spécialistes, aux gens qui ont un mot à dire, qui... donner du temps au maire aussi, qui pourrait agir à ce niveau-là, et il semble demander aussi à la ministre d'intervenir sur cette question, donc de nous donner du temps pour qu'on puisse sauver cette maison parce que par la suite il sera trop tard. Donc, c'est une question de jours. Nous avons besoin de la contribution de la ministre, elle peut le faire et elle doit le faire pour maintenir notre histoire. La Montérégie, la région de Chambly, l'ensemble du Québec y gagneront ainsi. Merci.

Mme Hivon : Merci beaucoup, Dave. Alors, en terminant, je pense que vous avez vu que le message est très clair. C'est excessivement impressionnant de voir des organisations locales, régionales et nationales aussi décider de se battre, et la moindre des choses face à cette situation-là, face à la valeur, comme vous avez pu l'entendre, autant historiquement qu'architecturalement, de cette maison, de ce joyau pour la région et pour tout le Québec — il ne faut pas le sous-estimer — la manière d'agir pour la ministre, pour ce gouvernement, c'est de montrer qu'à travers la maison Boileau c'est tout l'ensemble de la préservation du patrimoine qui est pris au sérieux, c'est qu'on va changer notre manière d'aborder ces enjeux-là, on ne sera plus toujours à la dernière minute, dans l'urgence et surtout on va agir.

Alors, nous demandons à la ministre... La semaine dernière, elle nous a dit qu'il y aurait un sursis jusqu'au 29 avril. Le 29 avril, c'est dans deux jours. Il est minuit moins une. Nous lui demandons formellement tous ensemble d'en faire une priorité et d'émettre cet avis d'intention pour que ce joyau puisse être préservé et qu'on ait le temps de voir venir et d'analyser les choses correctement. Merci beaucoup de votre intérêt.

Est-ce qu'il y a des questions? Ça va? Merci beaucoup, merci à vous tous.

(Fin à 9 h 48)

Participants


Document(s) Related