(Dix heures
cinquante-quatre minutes)
M. Lisée
: Bonjour. Quelques
mots pour réagir à l'annonce aujourd'hui de la réouverture prochaine du centre
de désintoxication Mélaric. C'est évidemment une bonne nouvelle. On a tous été
très heurtés, choqués de voir, en janvier dernier, que le centre avait dû
fermer ses portes alors que sa compétence est reconnue, il y a un certain
nombre de personnes qui sont soit sur l'assistance sociale, soit dans un milieu
carcéral, avaient engagé une démarche pour se désintoxiquer et ont dû être
déplacées pendant plusieurs mois.
Alors, aujourd'hui, l'annonce a été faite
de la réouverture prochaine. On parle de juin et de juillet. Donc, pendant six
mois, cet organisme, qui est un des principaux au Québec pour la réinsertion,
la désintoxication, aura été fermé, et c'était un gâchis qui était complètement
évitable. On est contents que ça rouvre, mais le mieux, ça aurait été que ça ne
ferme pas évidemment. Mélaric avait des problèmes internes qui étaient connus.
Un rapport remis au gouvernement libéral à l'automne dernier faisait le détail
des mesures de redressement qui étaient en cours et à prendre et disait que la
principale difficulté que le centre avait, c'était la réforme libérale qui lui
coupait les vivres et qui allait conduire à la fermeture.
Alors, le gouvernement libéral avait ce rapport
en octobre, n'a rien fait. La fermeture est survenue en janvier, et là, six
mois plus tard, il y aura réouverture. Alors là, on est vraiment aujourd'hui
dans le cas d'une réparation d'un gâchis. Donc, la ministre Charlebois a réparé
son gâchis et réparé le gâchis du ministre du Travail, parce qu'il y a une
partie de ce gâchis qui vient d'une réforme du ministre du Travail. Ça aura
pris six mois à réparer quelque chose qui n'était pas brisé, qui n'aurait pas
dû fermer, qui aurait pu être réformé de façon continue, sans mettre dans la
détresse les gens qui sont là. Alors donc, ça, c'est une bonne nouvelle, un
gâchis libéral réparé par les libéraux.
Mais, lors des crédits, j'ai posé l'autre question,
parce que la réforme libérale, elle faisait deux choses. D'abord, elle
interdisait aux centres comme Mélaric de demander aux assistés sociaux de
contribuer au financement de leur traitement. D'une part, ça mettait les
centres en faillite. D'autre part, ça fait en sorte que les prestataires
d'assistance sociale se voyaient couper et se voient toujours couper leurs prestations
de 50 % à 70 %, et donc ça les convainquait de ne pas aller en
période de désintoxication. Et on a calculé que, dans les premiers mois de la
réforme, à partir de mai dernier et au début de l'automne, 900 prestataires
d'aide sociale se sont simplement retirés des centres de désintoxication.
J'ai demandé à la ministre vendredi
dernier : Où sont-ils? Sont-ils revenus? Sont-ils en train de revenir ou
est-ce que la crainte de voir réduire significativement leurs prestations
continue à les chasser des centres de désintoxication? Parce qu'on a beau
parler de l'ensemble de ces questions, le but de tout l'exercice, c'est de
créer des conditions de désintoxication pour ceux qui sont intoxiqués, y
compris ceux qui sont à l'aide sociale. Eh bien, elle n'avait pas la réponse et
elle semblait complètement ignorante de cette partie de la problématique,
affirmant qu'elle n'avait pas les chiffres. Bien, les chiffres, ils sont
faciles à trouver, ce sont les centres de désintoxication qui les calculent, et
donc on devrait pouvoir avoir une réponse. Et la difficulté que cette réforme a
créée était, d'une part, pousser les centres à la faillite, et ça, ça semble
être réparé en grande partie, sinon en totalité, et d'autre part, faire fuir
les prestataires. Alors, pour l'instant, on n'a aucune indication que la fuite
des prestataires a été endiguée. Voilà.
M. Vigneault (Nicolas) : La ministre
dit qu'il y avait une profonde réflexion qui était en cours, que ce n'est pas
la fermeture de ce centre-là, évidemment, qui l'a fait réfléchir. Qu'est-ce que
vous en pensez?
M. Lisée
: Bien, je pense
qu'elle dit ce qu'elle peut, hein? Je veux dire, en plus, ce n'était pas son
dossier, c'était le dossier du ministère du Travail. Donc, c'est la réduction
des prestations qui a provoqué la fermeture des centres et que, que le gouvernement
veuille modifier ou créer de l'équité entre les centres dans leur financement,
c'est très bien, mais ça peut se faire sans crise, hein? Ils ont provoqué une
crise inutile, une crise qui a créé de la détresse. En ce moment, que Mélaric
soit sur des bases financières plus saines qu'avant sa fermeture, on s'en
réjouit, mais ça ne prenait pas la fermeture pour faire ça.
Alors, on voit très bien que... et tout le
monde avait avisé le gouvernement, au moment de la proposition de leur réforme,
que c'était une réforme qui allait provoquer des fermetures et provoquer des
fuites de prestataires. Tout ça était évitable et c'est, franchement,
l'incompétence du gouvernement libéral, du ministère du Travail en particulier,
du ministère des Services sociaux, qui a créé de toutes pièces une crise qui
était évitable.
M. Vigneault (Nicolas) : Vous
dites les prestataires, la fuite des prestataires. Est-ce qu'on devrait prendre
des mesures pour récupérer ou essayer de voir comment on peut réintégrer ces
gens-là à l'intérieur même des différentes cures, là?
M. Lisée
: Bien, tout à
fait, parce que...
M. Vigneault (Nicolas) :
Quelles sont les mesures qu'on devrait prendre?
M. Lisée
: Bien, c'est
la question que je pose à la ministre : Quelles mesures prendrez-vous? Parce
que c'est sûr qu'à partir du moment où on dit à quelqu'un : Si tu ne
prends pas ta cure de désintoxication, je te donne 700 $ par mois; si tu
la prends, je te donne 300 $ par mois, il y a des gens qui vont figer puis
qui n'iront pas, bon.
Alors, c'est ce qu'ils leur disent. Alors,
que faites-vous pour les ramener? Bien, la réponse, c'est : Je ne sais
pas, parce qu'elle ne savait même pas qu'ils étaient partis puis elle ne savait
même pas quelle était la situation là-dessus, puis effectivement, ça relève du
ministère du Travail. Donc, il y a une partie de la réflexion qui n'est pas
faite, et le gâchis n'est pas complètement réparé.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais à l'heure actuelle, craignez-vous que le centre Mélaric rouvre ses portes,
mais qu'il n'y a personne qui suive un traitement ou...
M. Lisée
: Bien, il va
y avoir des gens, parce qu'il y a plusieurs sources de patients. Il y a des
gens qui viennent du milieu carcéral; ceux-là vont revenir. Il y a des gens qui
viennent... qui ne sont pas prestataires et qui y vont, mais, pour la section
des prestataires d'aide sociale, la question demeure.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Puis là on comprend que le centre est maintenant sur des assises financières
beaucoup plus solides, mais est-ce que sa survie est assurée pour une bonne
période de temps?
M. Lisée
: Bien, je
l'espère. Je veux dire, à partir du moment où le ministère accepte de financer
correctement le coût réel d'un patient, normalement, il devrait... s'il est
bien géré, il devrait être là à perpétuité. Encore faut-il que les patients se
présentent.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Puis est-ce qu'il y a d'autres centres qui ont peut-être moins attiré
l'attention médiatique et ici, des partis d'opposition, qui ont vécu les mêmes
problèmes?
M. Lisée
: Oui, il y en
a plusieurs. Il y en a une dizaine qui pensaient devoir fermer s'il n'y avait
pas eu la réinsertion de 6 millions de dollars qui a été annoncée en
janvier et qui a commencé à être distribuée ces semaines-ci, là, depuis le 1er
avril. S'il n'y avait pas eu ça, il y en aurait eu plusieurs autres fermetures.
Et je tiens à vous dire que 6 millions, c'est à peu près l'argent qu'ils
voulaient économiser par cette réforme bâclée, et, de toute évidence, il n'y a
pas un sou qui a été économisé là-dedans.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, messieurs.
(Fin à 11 h 1)