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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin

Version finale

Wednesday, April 27, 2016, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-cinq minutes)

Mme David (Gouin) : Bonjour. Alors, écoutez, je suis heureuse qu'on puisse parler d'éducation aujourd'hui, de dépistage, de décrochage scolaire. Et j'en suis d'autant plus heureuse que, récemment, à cause d'un certain nombre de problèmes liés au Parti libéral, problèmes de financement, corruption, et tout, il y a des sujets qui ont été mis de côté, mais là c'est important, là, qu'on se remette à parler d'éducation.

Maintenant, nous savons que la Coalition avenir Québec a déposé une motion, elle va être discutée cet après-midi. Moi, je pense qu'il faut faire attention à une chose quand on discute d'éducation, là, c'est aux mesures simplistes et tape-à-l'oeil. Ça a l'air cool, comme ça, de dire : Prématernelle quatre ans partout, dans toutes les régions, d'ici cinq ans, il faut qu'il y en ait pour tous les enfants. Mais attendez, là, c'est parce que ça n'est pas si simple. La motion de la CAQ ne fait aucunement mention de l'existence des centres à la petite enfance. Ces centres, ils existent, c'est un des joyaux que le Québec s'est donnés il y a bientôt 20 ans. Ils ont des groupes quatre ans avec un ratio d'une éducatrice pour 10 enfants, ils ont des programmes structurés de stimulation et de développement des enfants. Alors, on ne fera pas comme si ça n'existait pas. C'est un réseau de grande qualité, un réseau qu'il faut protéger, d'ailleurs, parce qu'en ce moment même le gouvernement coupe dans les centres à la petite enfance et particulièrement dans les sommes allouées aux groupes quatre ans. C'est une des principales coupes du gouvernement, il donne moins d'allocations par enfant pour les groupes quatre ans.

Il faut aussi développer des ressources professionnelles pour les enfants en difficulté. Que ce soit dans les CPE, ou des maternelles quatre ans, ou à l'école primaire, il faut que la Coalition avenir Québec nous dise : Oui, il y a de l'argent à mettre dans le soutien professionnel aux enseignantes et enseignants, mais tout autant aux éducatrices, là, parce que, oui, on a plein d'enfants en difficulté au Québec, et ce ne sont ni les éducatrices ni les enseignants qui vont s'en tirer tout seuls.

Alors, on va proposer un amendement à la deuxième portion de la proposition ou de la motion de la CAQ, et l'amendement va être le suivant :

«Qu'elle demande au gouvernement de continuer à soutenir le développement des centres à la petite enfance y compris les groupes 4 ans, tout en continuant de développer des [maternelles] 4 ans pour les enfants défavorisés du Québec.»

Il faut savoir, comme on dit, marcher et mâcher de la gomme en même temps.

Je soulignerais enfin que ça n'est pas tout, ça, de proposer un réseau universel de ceci ou de cela, il faut savoir comment on va le financer. Alors, la CAQ, elle, elle propose de redonner le plus vite possible, là, 500 $ à chaque ménage du Québec, hein, en baisses d'impôt. O.K. On fait comment pour financer à la fois notre proposition, le développement de maternelles quatre ans pour les milieux défavorisés à la grandeur du Québec, mais aussi continuer de développer le réseau des centres à la petite enfance? On ne peut pas avoir  le beurre et l'argent du beurre. Si on croit à la petite enfance, si on croit à son développement, à sa stimulation, il faut y injecter des fonds. Et on ne peut pas y injecter des fonds et en même temps se refuser à aller chercher de l'argent là où il se trouve. Et là, bien, je vous rappellerai les éternelles et non moins constructives propositions de Québec solidaire sur : l'argent, il y en a chez les contribuables à revenus très élevés, puis il y en a dans les grandes entreprises, et ce n'est surtout pas le temps de se mettre à couper les impôts, ce qui favorise, en général, les plus riches, d'ailleurs. Alors, c'est ce que je voulais dire aujourd'hui.

Donc, telle quelle, si la CAQ n'accepte pas notre amendement, nous allons voter contre sa motion. Ça n'est pas par manque d'intérêt pour l'éducation, mon Dieu, loin de là. Si elle accepte notre amendement, nous allons voter pour la motion.

M. Gagnon (Marc-André) : Sur l'école obligatoire jusqu'à 18 ans, le Parti québécois craint que la formule, là, qui est amenée par la CAQ revienne à empêcher des décrocheurs de travailler. Ça vous dit quoi, tout ça?

Mme David (Gouin) : Bien, ça me dit que c'est vrai, mais il y a d'autres problèmes, là. C'est ça, c'est qu'avec la CAQ, malheureusement, parfois, là, il y a des mesures qui ont l'air simples comme ça, belles, faciles d'application, mais qui ne le sont pas du tout en réalité et qui esquivent les vrais problèmes. Le vrai problème, c'est qu'on n'a pas assez de services de garde et de services éducatifs pour l'ensemble de nos petits enfants. L'autre vrai problème, c'est qu'au primaire, secondaire, les classes débordent et qu'on a eu plein de coupes et qu'il n'y a pas assez de professionnels pour aider les jeunes.

Donc, oui, à 16 ans, il y a un certain nombre de jeunes qui n'ont pas terminé ni un diplôme d'études secondaires ni un diplôme d'études professionnelles, alors là beaucoup d'entre eux vont à la formation aux adultes. Je vous rappellerai qu'à l'âge de 20 ans, près de 80 % des jeunes Québécois ont quand même obtenu un diplôme d'études secondaires.

Est-ce qu'il faut, entre l'âge de 16 et de 18 ans, dire aux jeunes : Bien, tu es obligé d'aller à l'école? Attendez, à 16 ans, il peut avoir un permis de conduire, à partir de 14 ans les jeunes filles peuvent se faire avorter sans la permission de leurs parents, mais là, à 16 ans, on va dire à des grands gaillards et à des grandes filles que leurs parents doivent avoir la responsabilité légale de les envoyer à l'école? Je demande aux parents du Québec s'ils sont prêts à assumer ce genre de tâche, qui est un peu impossible, là, dans certains cas, parce que, si c'est la loi, bien, il y aura des manquements, nécessairement, là, il y a des jeunes avec qui ça ne marchera pas, puis donc il y aura des sanctions. Des sanctions pour qui? Pour les parents, puisque les jeunes seront mineurs.

Moi, je pense que la solution n'est tellement pas là... Et là-dessus j'abonde avec le ministre Proulx, qui dit : La contrainte, dans ces cas-là, là, ça ne fonctionne pas. Il faut offrir des services. Il faut d'abord faire de la prévention, mais, s'il y a du décrochage, il faut offrir des services. Je ne peux pas m'empêcher d'ajouter que, si M. Proulx, le ministre de l'Éducation, pense que la contrainte, ça n'est pas une bonne formule pour amener les jeunes à l'école et éventuellement au travail, ce n'est pas plus vrai à l'aide sociale. Ça, je le dirai au ministre Blais le moment venu.

M. Gagnon (Marc-André) : Donc, vous préférez qu'on s'occupe des plus vieux... qu'on s'occupe des plus jeunes avant les plus vieux, en simple?

Mme David (Gouin) : Je dis qu'il faut s'occuper de tous les enfants. Alors, on s'occupe sérieusement des tout-petits. On a un merveilleux réseau de centres à la petite enfance qui est de meilleure qualité que toute autre forme de réseau, et là on est en train de le couper, là. La vraie vérité vraie, là, c'est que la qualité ne pourra faire autrement que de diminuer. Moi, j'ai déjà des échos, dans ma circonscription, de CPE qui diminuent les heures de travail, qui diminuent les activités culturelles, qui revoient l'alimentation juste parce que les sous ne sont pas au rendez-vous. Ça, c'est aberrant. Si on veut que les enfants se développent bien, bien, on commence quand ils sont tout petits. Après ça, au primaire, secondaire, bien, on a des profs avec des classes pas trop surchargées, et surtout, surtout, de l'aide pour les enfants en difficulté.

Et, si, malgré tout ça, à 16 ans, effectivement, le garçon ou la fille n'a pas eu de diplôme d'études secondaires sous aucune forme que ce soit, il faut qu'il puisse continuer des études en formation aux adultes. Beaucoup le font, mais, pour un certain nombre de ces jeunes-là, là il y a un vrai défi, c'est qu'elle n'est pas adaptée, cette formation aux adultes, aux jeunes en difficulté, pas du tout.

M. Gagnon (Marc-André) : Comme vous avez ouvert la porte sur l'aide sociale, qu'est-ce que vous pensez des pénalités, donc, que M. Blais souhaiterait imposer à ceux qui ne répondront pas aux obligations d'Objectif emploi?

Mme David (Gouin) : Je pense que c'est... Là, on va s'entendre sur de quoi on parle. M. Blais, jusqu'à présent, a toujours dit qu'il y aurait des sanctions, des pénalités à la prestation de base, 623 $ par mois, qu'il la couperait progressivement, là, selon le nombre de manquements pour des personnes, effectivement, et on sait qu'il cible les jeunes — il me l'a dit aux crédits, là — qui refuseraient de participer à une mesure. C'est impensable, impensable. 623 $ par mois, y avez-vous pensé? 623 $ par mois, là, le loyer est payé, électricité, chauffage, téléphone, un peu de bouffe, bien, c'est tout. Puis, en fait, les gens ont recours aux banques alimentaires, les gens vont dans les friperies, les gens cherchent les spéciaux. En fait, c'est quasiment une job à plein temps que de survivre avec ce montant-là. On ne peut pas couper un montant qui est ridiculement bas.

Ce qu'il faut faire, c'est ajouter des ressources, c'est mieux accompagner les jeunes et les moins jeunes, qui sont très nombreux, en fait, à vouloir retourner sur le marché du travail et qui ont besoin d'un coup de main. Il y a déjà des ressources en place, il n'y en a pas assez, il n'y a pas assez de mesures, il n'y a pas assez de diversité dans les mesures. Il y aurait un travail formidable à faire où on n'échapperait pas grand monde. Moi, je pense que c'est ça qu'il faut faire, avoir des mesures volontaires et des mesures qui sont inspirantes et mobilisantes pour les jeunes et les moins jeunes.

M. Gagnon (Marc-André) : Vous n'en avez pas tant contre la pénalité qui pourrait être appliquée sur la prime, là, le montant additionnel à l'effort qu'ils auraient, mais davantage sur la pénalité qui pourrait être appliquée sur le chèque, là, le 623 $ de base.

Mme David (Gouin) : Exactement. Les montants additionnels viennent avec la participation à une mesure, c'est le cas depuis, mon Dieu, des dizaines d'années. Donc, vous savez, c'est déjà la réalité, là, que, si la personne arrête de participer, on la coupe, là. Il n'y a rien de nouveau là-dedans.

La nouveauté, là, ce que M. Blais veut faire, c'est couper dans la prestation de base, et ça, c'est inacceptable pour 500 000 raisons, là, de dignité des personnes et même d'efficacité.

Ce que les groupes en employabilité nous disent, c'est : Ne nous envoyez pas des gens qui ne veulent absolument pas être là. Ils sont là uniquement parce que sinon leur chèque de 623 $ va être coupé. Écoutez, ça veut dire, pour nous, comme organisme, un travail considérable pour convaincre les gens d'être... de se motiver, de participer. Puis là-dedans il y a des gens qui ont des problèmes de santé physique, de santé mentale, de détresse psychologique. Les groupes me disent et nous disent : Écoutez, on a déjà tellement de travail à faire avec tous ceux qui sont là et qui sont motivés, là... Quelqu'un qui n'est pas motivé pour toutes sortes de raisons qu'il n'est pas si compliqué à comprendre, il faut lui laisser le temps de faire un cheminement, et il y a des groupes qui existent pour ça, je pense entre autres aux Auberges du coeur, qui accueillent des jeunes vraiment, comme on pourrait dire, poqués, là, et qui, au bout de quelques mois, finissent par, avec ces jeunes-là, trouver un projet de vie, et là ils sont prêts à aller sur une mesure. Merci.

(Fin à 13 h 46)

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