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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Thursday, April 28, 2016, 11 h 50

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures cinquante minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Bien, je vais, dans un premier temps, vous parler de la question du salaire minimum, et Amir, par la suite, poursuivra avec Bombardier.

Alors, bien, comme vous savez, j'ai déposé une motion ce matin qui demandait aux autres partis d'être solidaires à cette idée de dire que, d'ici la fin de la législature, on atteigne le salaire minimum, le montant de 15 $. Je pense que la réaction des autres partis nous démontre et démontre surtout aux travailleurs et travailleuses à petit salaire que le seul parti à l'Assemblée nationale qui se préoccupe de l'amélioration de leurs conditions salariales, c'est Québec solidaire.

Pourquoi? Bien, parce que vous savez que développer l'économie par le bas, là, c'est tout aussi bon. Et ce qu'on craint quand on voit ces gouvernements-là aller, ce qu'on craint quand on regarde des refus d'appuyer une motion aussi simple que celle qu'on déposait ce matin, ce qu'on craint, c'est d'ébranler l'économie, peut-être l'économie du haut. Nous, ce qu'on dit, c'est, et on n'est pas les seuls à le dire, il y a des recherches, que ce soit tant au niveau de l'institut de recherche en innovation sociale que l'Institut de la statistique, que d'augmenter le salaire minimum au-delà d'apporter aux gens une amélioration de leur condition de vie, ça permet aussi à relancer l'économie, notamment l'économie de proximité.

Alors, les mouvements sociaux sont en train de se mobiliser autour de cette idée. Vous le savez comme moi qu'à travers le Canada, tu sais, l'Alberta est aussi en campagne sur cette question-là. Il y a des États aux États-Unis, des villes. Alors, je ne comprendrais pas pourquoi qu'un Québec qui se veut progressiste, qu'un Québec qui a créé de la richesse dans les dernières années ne ferait pas en sorte que l'inégalité que vivent les travailleurs, travailleuses à petit salaire soit réparée d'ici deux ans en atteignant le 15 $ de l'heure comme salaire minimum.

M. Khadir : À propos de Bombardier, nous, on se réjouit pour le Québec. On se réjouit pour le fait qu'enfin un avion, des produits construits par le génie technique et scientifique du Québec puissent être reconnus, et appréciés, et achetés. Cependant, on n'a pas réglé tous les problèmes de direction de Bombardier. Ça a généré d'importants problèmes au cours des dernières années. Il y a de l'argent du Québec qui est dans cette entreprise-là, pas seulement les 1 point quelques milliard. Depuis des années que le Québec subventionne et favorise cette compagnie, il faudrait s'assurer que les emplois qui vont être générés restent au Québec, qu'on n'entendra pas tout d'un coup les annonces au Mexique ou ailleurs, là. Il y a beaucoup d'argent public investi dans Bombardier. Il faut enfin qu'il y ait des engagements très clairs en faveur du Québec. Ce qui illustre la nécessité justement de ne pas uniquement recourir par le développement économique par le haut, ce que disait Manon. Le développement économique par le haut, c'est sous le contrôle de ce 1 %, les familles Beaudoin de ce monde. Le développement économique par le bas, c'est soutenir la croissance d'une économie où il y a une prospérité partagée, puis c'est sous le contrôle de la masse des gens, des 99 % que nous sommes.

M. Vigneault (Nicolas) : Est-ce que c'est une bonne entente finalement? Est-ce que tout ça fait… ne donne pas raison au gouvernement sur cette entente concernant la CSeries?

M. Khadir : Bien, le gouvernement n'a pas toujours tort. Bombardier a un excellent produit. S'il y a eu des problèmes dans sa conception puis dans sa, disons, sa vente et tout ça, maintenant, c'est en partie derrière nous, je l'espère, et ça va envoyer le bon message. Ça donne raison au génie québécois. Ça donne raison au fait que de l'argent public, pendant des années, c'est sûr que ça doit rapporter quelque part. D'accord?

Maintenant, le modèle de développement économique du gouvernement libéral ne s'en trouve pas pour autant sauvé, là. Ils n'ont que ça. D'ailleurs, vous auriez dû voir à quel point ils étaient contents d'enfin avoir quelque chose à répondre aux questions de l'opposition aujourd'hui en invoquant Bombardier à tout coup, là. Il y a eu trois, quatre sujets différents, et je pense même que la réponse a été, à propos des écoles juives qui ne se conforment pas, la réponse a été Bombardier. C'est assez ridicule.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mme Massé, comment vous accueillez le fait que le Parti québécois ait refusé la motion d'augmenter le salaire minimum à 15 $?

Mme Massé : Bien, moi, ma surprise résidait dans le fait que tous les partis ne se sont pas ralliés à cette chose aussi simple que de redonner de la dignité…

Mme Lajoie (Geneviève) : ...particulièrement le Parti québécois.

Mme Massé : …particulièrement, c'est ça, j'y arrivais, j'entendais tantôt mon collègue M. Cloutier dire : Le PQ a toujours adhéré à une augmentation du salaire minimum. À ma connaissance, si on regarde, mettons, dans les 20 dernières années, ce n'est pas nécessairement le PQ qui a fait augmenter le plus le salaire minimum. Et je me souviens d'un moment très particulier, qui s'appelait la Marche mondiale des femmes, en l'an 2000, où le mouvement des femmes, on demandait, puisque j'y étais, une augmentation du salaire minimum pour permettre aux gens de sortir de la pauvreté, un peu la même logique que le 15 $ actuellement, et la conclusion du gouvernement péquiste de l'époque, ça a été une augmentation de 0,10 $.

Alors, je pense que le PQ a manqué une occasion aujourd'hui de dire qu'il est préoccupé de la pauvreté que vivent les gens qui sont à petit salaire. Et moi, ce que je veux surtout relancer, c'est de dire que cette lutte-là n'est pas terminée, au contraire. Aujourd'hui, c'était pour un peu mesurer quels sont les appuis politiques, mais, plus les gens seront dans la rue pour le dire, cette importance de rétablir les inégalités salariales en augmentant le salaire minimum, bien, ils sauront au moins qu'à l'Assemblée nationale, à cette étape-ci, il y a un parti qui les représente dignement.

Mme Lajoie (Geneviève) : M. Péladeau a fait de l'oeil à Québec solidaire récemment. Est-ce que là, encore une fois, ça ne démontre pas que les deux partis sont irréconciliables, quand on voit une décision comme celle-là?

M. Khadir : Vous me volez les mots de la bouche. Et on parle beaucoup de convergence; là, on voit à quel point il y a une divergence de vision sur l'indépendantisme. L'indépendance du Québec, là… Qui vote pour l'indépendance du Québec? C'est les gens à faible salaire en grande, grande majorité. Alors, quand il y a des gens qui réfléchissen, dans le mouvement indépendantiste, sur la stratégie gagnante, là, il n'y a qu'une stratégie gagnante, c'est d'obtenir la faveur, l'appui, l'engagement, la mobilisation de ceux, le grand nombre, là, qui vivent de salaire minimum, de faible salaire, le 99 %.

Donc, on parle beaucoup de convergence, mais vous voyez comment il y a des divergences sur l'orientation, sur comment on peut donner espoir au mouvement indépendantiste. Le mouvement indépendantiste ne réussira pas l'indépendance du Québec si les 99 % ne sont pas avec nous, et les 99 % partout dans le monde demandent une amélioration de leurs conditions d'existence, et ça passe par un salaire minimum qui puisse permettre aux gens de sortir de la pauvreté.

M. Dutrisac (Robert) : Est-ce que vous avez présenté cette motion-là pour illustrer, justement, la différence idéologique entre les deux partis?

Mme Massé : Absolument pas. Vous savez que, dans deux jours, c'est le 1er mai. Ce n'est pas la première fois que Québec solidaire parle du salaire minimum. Je pense que ce qu'on a voulu illustrer aujourd'hui, c'est surtout de créer ce lien-là entre les gens dans la rue qui demandent d'avoir un salaire minimum respectueux des engagements qu'ils ont, c'est-à-dire payer le loyer, l'augmentation d'Hydro, etc., et le salaire qui leur est versé, et Québec solidaire a souhaité envoyer un message à ces gens-là, dire : Oui, nous autres aussi, on pense que ça devrait aller dans ce sens-là.

M. Robillard (Alexandre) : Hier, c'était les crédits de l'Assemblée nationale, et M. Chagnon a dit que les règles qui encadrent les dépenses des députés empêcheraient tout scandale comparable à ce qui a été constaté au Sénat du Canada. Je voulais savoir, est-ce que vous pensez qu'on est obligé un peu de le croire sur parole parce que, bon, il y a des limites à ce qu'on peut avoir comme information, là? Mais est-ce que vous pensez que l'Assemblée nationale devrait faire preuve de plus de transparence concernant les dépenses des membres de l'Assemblée nationale?

M. Khadir : La réponse simple, oui, nous sommes 100 % d'accord avec vous. C'est facile de le faire quand on n'a rien à se reprocher, puis je crois que ça ne devrait pas être le cas pour personne ici, et à un moment particulièrement difficile, après des années d'austérité où le gouvernement a tant détruit dans les services publics parce que ça coûtait cher à l'État, bien, ce serait le minimum que les députés libéraux ici, à l'Assemblée nationale, acceptent de le faire.

M. Robillard (Alexandre) : Avez-vous l'impression que c'est deux poids, deux mesures dans la gestion des fonds publics à l'Assemblée nationale quand on constate qu'ils ne sont pas soumis exactement aux mêmes règles que le reste de l'appareil d'État? On a vu notamment avec le projet d'agrandissement que ça s'est... que le projet a procédé d'une façon qui était différente de ce qui serait survenu pour d'autres ministères ou organismes.

Je voulais savoir notamment, est-ce que vous pensez que le Bureau de l'Assemblée nationale était en conflit d'intérêts quand il a voté et octroyé les budgets pour aller de l'avant avec ce projet-là sans qu'il y ait de regard extérieur sur l'évaluation des besoins réels?

M. Khadir : Je ne pense pas qu'on puisse accabler le Bureau de l'Assemblée nationale pour ça. Ce qui est accablant, c'est que, bien conscient que, dans le fond, on a les moyens, on fait ce qui est le mieux pour l'Assemblée nationale au moment où ça compte et quand c'est justifié, et c'est parfait que ce soit comme ça.

Ce qu'on trouve déplorable, c'est le deux poids, deux mesures dont vous parlez. C'est qu'alors que pour quelque chose qui est nécessaire pour l'Assemblée nationale, on dit : D'accord, on va aller chercher les fonds puis on va le faire, mais il y a plein de choses nécessaires dans la société où on devrait agir suivant la même grille. C'est nécessaire l'éducation, nos écoles. C'est nécessaire le système de santé, les CLSC. C'est nécessaire le tissu social, l'aide aux plus démunis, le mouvement communautaire.

Alors, prenons l'argent là où il est puis consacrons-le. C'est le deux poids, deux mesures qui nous dérange, pas la décision de faire les rénovations, l'agrandissement, ce qu'on a besoin pour l'Assemblée nationale. Vous avez raison de dire le deux poids, deux mesures, puis c'est ça qui heurte les gens. C'est ça qui met en rage les gens, c'est ce deux poids, deux mesures qu'on retrouve en justice, dans le traitement des parlementaires et surtout dans le saccage que fait ce gouvernement dans notre société, contre les plus démunis, contre les 99 %, contre nos services publics et qui vient illustrer à quel point la décision actuelle, à quel point il y a un deux poids, deux mesures.

M. Robillard (Alexandre) : Et vous n'avez pas l'impression, justement, que ça illustre le fait ou ça peut envoyer le message, justement, que, quand c'est les besoins des élus, c'est plus facile que quand c'est...

M. Khadir : Bien oui, bien oui. Mais ce que je veux dire, la nuance, c'est que le besoin là est réel, puis c'est correct que cet argent-là ait été décidé. Là où il y a un problème, c'est qu'ailleurs on est coupés. Alors, c'est pour ça que, nous, on insiste sur la transparence. Expliquons au public ce qu'on a décidé de faire pour, disons, les améliorations, là, matérielles à l'Assemblée nationale. Expliquons ça, on a pris une décision de dépenser des dizaines de millions parce que c'était nécessaire, puis là le gouvernement devra expliquer pourquoi alors il n'a pas les moyens de dépenser pour la société.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Le gouvernement du Québec devrait-il couper les vivres...

M. Khadir : Pourquoi il n'a pas les moyens de subventionner, à hauteur de quelques centaines de milliers de dollars, la clinique SABSA? C'est la réponse que vous a donnée Couillard aujourd'hui, là. En Chambre, il s'est levé, il a dit : Ah! nous, ce n'est pas comme ça qu'on va marcher, on va... On compte sur des Bombardier pour soi-disant augmenter la richesse, et là ça va... ça va, là, hein, ceux qui ont... ça va tomber en bas, puis, par magie, SABSA va pouvoir continuer. C'est ça, la réponse qu'il a donnée. Donc, il a dit : On n'a pas les moyens. C'est ça qu'il disait.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien, justement, SABSA, est-ce que la clinique peut vivre sans les fonds du ministère de la Santé selon vous?

M. Khadir : Bien, j'espère que, malgré l'extrême nuisance des politiques actuelles du ministère de la Santé, son refus, la clinique SABSA va continuer. J'espère qu'on trouvera un moyen. Mais c'est odieux, c'est absolument odieux que, devant les milliards de dollars dépensés par ailleurs pour des médicaments qu'on paie trop cher, pour des médecins qu'on paie trop cher, pour des médecins qui abusent, pas tous, pas la plupart, mais certains médecins, avec la complaisance et le consentement de ce même ministre, abusent du système de santé, et facturent, et surfacturent, qu'il ne trouve pas quelques dizaines de milliers de dollars pour la clinique SABSA.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que le gouvernement du Québec devrait couper les vivres aux écoles privées qui sont actuellement subventionnées, mais qui contreviennent à répétition notamment aux différents plans pédagogiques, là, du ministère de l'Éducation?

M. Khadir : Laissez-moi vous parler d'une école privée, l'école Belz. C'est dans mon comté ou proche de mon comté, c'est dans le Mile End. C'est une école qui appartient aux commissions scolaires English School Boards. Il était disponible pour être vendu, pour être acquis, ou prêté, ou échangé avec la CSDM. Nous, on a fait des démarches auprès du ministère de l'Éducation pour que ce soit possible que ce soit échangé avec la CSDM, qui en a besoin pour rencontrer les besoins d'une autre école de mon comté, où ils sont en augmentation démographique, et là on a appris que le ministère a donné son consentement à l'achat, à l'acquisition, par une école juive orthodoxe, qui s'appelle l'école Belz, qui est en dérogation comme les autres par rapport aux exigences du ministère de l'Éducation. Encore une fois, c'est inadmissible. Ça fait longtemps qu'on le demande, il faut que ça cesse. J'ai posé déjà des questions, depuis plusieurs années, là-dessus, à l'Assemblée nationale, et la complaisance du gouvernement à l'endroit de ces écoles privées est simplement...

On comprend la difficulté que peut représenter, sur le plan symbolique, de s'attaquer à une école religieuse, mais ces précautions sont inutiles. Pour la plupart de nos concitoyens d'origine juive, qui vivent au Québec, avec lesquels... entre eux et moi, il y a beaucoup de divergences entre eux et Québec solidaire sur bien des questions, mais là-dessus les concitoyens d'origine juive qui vivent au Québec ne sont pas plus contents de savoir qu'il y a quelques communautés ultra-orthodoxes qui nient le droit de ces enfants-là de bénéficier d'une éducation conforme aux exigences minimales.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Certaines écoles, en fait, dérogent aux différentes règles puisqu'elles ne suivent pas à la lettre le programme, notamment, d'éthique et de culture religieuse. Ces écoles-là, là, qui... où on  identifie, justement, certaines entorses à ces cours-là, est-ce qu'elles devraient être punies, ou on devrait être accommodant avec ces écoles-là, ou on a juste vu ça...

M. Khadir : Ces écoles-là ne prospéreraient pas s'il n'y avait pas du financement public. Ces écoles-là devraient être, j'appellerais ça punies. Il faudrait simplement qu'on soit conséquent puis arrêter de subventionner ce qui est inacceptable, arrêter de subventionner des écoles qui ne donnent pas une bonne éducation, un bon cadre à nos enfants. On a des devoirs devant ces enfants-là. Ce n'est pas une question de punir les écoles, c'est une question de sauver les enfants. Ce n'est pas une question de punir la... il faut punir ceux qui actuellement nuisent à l'éducation des enfants juifs, qui sont des concitoyens du Québec, qui sont des enfants du Québec, qui ont le droit aux mêmes protections du gouvernement québécois que tous les enfants du Québec.

M. Bélair-Cirino (Marco) : O.K. Une dernière question là-dessus. En quoi l'approche du ministre, qui dit vouloir... en fait, qui continue de renouveler les permis parce qu'il souhaite que ces écoles-là demeurent dans le, disons, dans le giron québécois, que des inspecteurs du ministère puissent continuer à aller accompagner les écoles plutôt que de cesser de donner des subventions et de ne pas renouveler le permis, ce qui ferait peut-être tomber l'école dans la clandestinité, et le ministère n'aurait aucun droit de regard sur…

M. Khadir : Bien non. Attendez, là. Le ministre est peut-être jeune dans son ministère, mais il est là depuis un certain temps, là. Il doit savoir comme moi que ça fait des années qu'on a accompagné ces écoles, puis rien de substantiel n'a changé. Moi, je pense qu'il faut mettre fin à cette mascarade. On se fout de nous-mêmes en faisant ça, de l'administration gouvernementale. On ridiculise le ministère de l'Éducation puis on encourage des gens qui ne respectent pas les règles.

M. Boivin (Simon) : M. Khadir, récemment, Mme David a dit qu'elle réfléchissait à la possibilité de se retirer, qu'elle ne serait peut-être pas candidate à la prochaine élection. J'aimerais savoir, vous concernant, où en est votre réflexion quant à une candidature en 2018.

M. Khadir : Moi, si j'avais pu, disons, passer le flambeau en 2012, je l'aurais fait. Si j'avais pu le faire en 2014, je l'aurais fait. Si je peux le faire en 2018, je vais le faire. Mais, si je ne peux pas le faire avant, disons, 2040… Je vais avoir quel âge? 80 ans. S'il faut que je reste là jusqu'à 2040, moi, je suis prêt. Ça ne dépend pas de moi, ça dépend de Québec solidaire. Ce n'est pas une décision que je peux vous annoncer. Il faut que j'en parle à tout le monde, puis on voit où on est rendus puis comment on passe le flambeau.

Mais c'est sûr que notre idée d'une démocratie vivante, notre idée d'une gauche alternative… C'est une gauche alternative, c'est un parti qui ne repose pas sur le charisme individuel ou l'apport individuel de ses membres, mais sur le travail collectif. Donc, il faut qu'on réussisse à traduire ça. Ce n'est pas toujours facile parce qu'on vit dans des sociétés qui mettent beaucoup l'accent sur les personnalités. Alors, entre notre volonté puis la capacité de la société de se transformer et de cheminer puis de moins fixer… d'avoir des fixations sur les personnalités et le charisme, il y a une marge, puis qu'on en est conscients puis on travaille là-dessus.

Mais moi, dès que je peux… Et je vais être là aussi longtemps que nécessaire.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que ça montre qu'il n'y a pas de relève dans votre parti politique?

M. Khadir : Non, c'est parce que… ce n'est pas la question de la relève. De la relève, il y en a. C'est le public, c'est les médias, c'est les grandes… je dirais, le grand conservatisme de la classe politique et de la classe médiatique qui l'accompagne…

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, dans Mercier, on…

M. Khadir : …dans l'acceptation de ces genres de choses là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, les gens votent d'abord, dans la circonscription de Mercier, pour Amir Khadir et ensuite pour Québec solidaire. C'est ce que…

M. Khadir : Bien, non, il n'y a pas juste les… Mercier, ce n'est pas un problème. Je pense que Mercier, tout le monde qui connaît la dynamique locale, ce n'est pas un problème. C'est plus à l'échelle de l'ensemble de la classe politique, de la scène politique, les observateurs. Il y a vraiment beaucoup de résistance, là. Ce n'est pas la seule chose. Il y a des inerties que, malgré toute notre bonne volonté, ça va prendre du temps avant qu'on puisse les changer.

M. Dutrisac (Robert) : Donc, si quelqu'un peut prendre la relève, M. Khadir, vous allez céder la place? C'est ce qu'on doit comprendre.

M. Khadir : Bien sûr. Bien sûr, et ça serait souhaitable de la part de toutes les formations politiques au XXIe siècle qui ont des prétentions démocratiques.

M. Boivin (Simon) : Mais vous allez l'évaluer comment, ça, cette capacité à passer le flambeau?

M. Khadir : Oh! Je vais l'évaluer avec Manon, je vais l'évaluer avec notre comité de coordination national, dans notre congrès, avec nos militants. Pas seul, en tout cas, et pas juste avec des journalistes.

M. Robillard (Alexandre) : Vous êtes victime de votre succès?

M. Khadir : C'est-à-dire Québec solidaire?

M. Robillard (Alexandre) : Vous. Vous, personnellement.

M. Khadir : Victime? Je ne vous comprends pas.

M. Robillard (Alexandre) : De votre succès. Bien, vous dites : Si je pouvais m'en aller, je m'en irais, mais je ne peux pas m'en aller.

M. Khadir : Non, non, non. Je ne suis victime de rien. Québec solidaire a des difficultés à percer le conservatisme dans nos sociétés, à surmonter des inerties. C'est ça, la difficulté.

Mme Massé : Moi, je vous dirais que, vous savez, pour un parti de gauche qui ne se cache pas et qui est cohérent comme le nôtre, c'est un défi dans toute l'Amérique du Nord d'être capable de faire résonner nos idées à travers un courant — je pense que c'est de ça que tu parles — un courant plutôt conservateur, pas dans le sens de M. Harper du terme, mais de maintenir les idées en place, plutôt conservateur.

Alors, c'est évident que, pour arriver à faire élire une personne dans un mode de scrutin qui n'en a rien à cirer de la diversité des opinions politiques de la population, qu'on préserve dans un bipartisme qui commence à être assez un monopartisme, à s'en aller dans le même sens, c'est évident que des prises de position comme les nôtres viennent ébranler et changer la donne.

Ceci étant dit, chaque député solidaire a sa valeur, et plus il y en aura, plus Québec solidaire aura aussi sa valeur. Comprenez-vous? Vous le comprenez plus que moi, j'imagine. Et dans ce sens-là... Moi, je ne le sais pas pour Amir. C'est drôle que vous ne me posiez pas la question à moi, moi qui arrive du...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, vous, vous avez été élue en 2014, Mme Massé.

M. Khadir : Vous êtes toute jeune.

Mme Massé : Exactement. Exactement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que vous écartez, à ce moment-ci, le scénario de ne pas être sur les rangs, lors de la prochaine élection?

Mme Massé : Mais ma seule question est : Pourquoi on ne me pose pas la question à moi?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Parce que vous avez été élue en 2014.

Mme Massé : Alors, pourquoi on n'arrêterait pas après un mandat? Voyez-vous...

M. Robillard (Alexandre) : Peut-être qu'on a moins de signes de votre part que ça pourrait arriver à un terme, là. C'est peut-être juste ça.

M. Khadir : Non, mais votre collègue a écrit quelque chose...

M. Robillard (Alexandre) : Mais, si vous voulez répondre à la question, allez-y.

M. Khadir : Votre collègue a écrit quelque chose, mais, de toute évidence, votre collègue n'a pas eu le temps de tout regarder la dynamique et les exigences de Québec solidaire. Vous savez que, depuis 2009, on a une règle de congrès qui dit qu'il y a un porte-parole parlementaire et un porte-parole extraparlementaire toujours.

Alors, à partir du moment où Françoise a été élue en 2012, il fallait que quelqu'un cède sa place, et, par le simple principe d'alternance, moi, j'ai cédé ma place. Mais ce n'était pas parce que je voulais abandonner ou que j'étais fatigué, non. Même quand je ne serai plus député de Québec solidaire, je ne quitterai pas Québec solidaire. Ce n'est pas comme beaucoup de politiciens, des vedettes, qui, une fois qu'ils abandonnent leur poste, là... Non. Je vais prendre d'autres responsabilités. Vous allez me voir talonner les gouvernements.

En fait, tu as parlé de bipartisme, tu as raison, c'est un bipartisme monopolitique. CAQ, Québec... PQ et les libéraux, là, franchement, dites-moi qu'est-ce qui les distingue sur le fond?

M. Robillard (Alexandre) : Mais, dans un contexte de convergence souverainiste, est-ce que la stabilité devient plus importante?

Mme Massé : Bien, c'est-à-dire, pour faire l'indépendance du pays, parce que vous revenez toujours sur le mot «convergence», moi, je vais vous dire pour faire l'indépendance du pays, ce qu'il va falloir converger, c'est beaucoup plus largement que juste les partis politiques qui sont ici et les personnes qui le composent élues.

M. Robillard (Alexandre) : Je comprends, mais il y a des appels à la convergence. Est-ce que c'est d'autant plus important pour Québec solidaire d'assurer une stabilité dans ces figures de proue, disons?

M. Khadir : On ne le sait pas. Peut-être que nous sommes des obstacles. Peut-être que moi, Pierre Karl Péladeau, Manon, je ne sais pas, Véronique Hivon, on est plutôt des obstacles. On ne le sait pas, ce n'est pas... il ne faut pas présager de tout ça, présumer de tout ça.

M. Dutrisac (Robert) : Mais, pour répondre à la question qu'on ne vous a pas posée, est-ce que vous avez l'intention de céder votre place lors du prochain scrutin, compte tenu du fait que ce serait peut-être bon, justement, qu'il y ait un certain renouvellement?

Mme Massé : Bien, écoutez, ce que je peux vous dire, c'est que j'ai abordé ce mandat-là avec la conviction que, un, je devais apprendre beaucoup, parce que ce n'est pas mon milieu, parce que globalement, ici, c'est une élite qui s'y retrouve et que, donc, j'ai des croûtes à manger, ce que je fais depuis deux ans.

Les deux prochaines années, je pense que vous allez me voir pas mal plus en selle parce que je comprends mieux comment tout ça fonctionne. Est-ce que je vais me représenter? Moi, je peux juste vous dire ça quand on sera rendus au bout, quand notre parti aura fait toutes les analyses, mais c'est évident que pour une activiste comme moi, de 35 ans d'expérience, j'ai la conviction que l'élection d'un parti de gauche va changer les choses à la face du monde ici, au Québec. Et moi, c'est ça que je suis venue faire ici. Je ne pas venue faire du parlementarisme, je suis venue faire en sorte que les Québécois et les Québécoises qui sont constamment oubliés par l'élite économique de ce pays, que ces gens-là puissent enfin trouver un parti politique qui est prêt à aller au front, et ça commence aujourd'hui, par le 15 $ de l'heure.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 12 h 14)

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