To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins, et Mme Agnès Maltais, députée de Taschereau

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins, et Mme Agnès Maltais, députée de Taschereau

Version finale

Friday, April 29, 2016, 9 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-cinq minutes)

Mme Lamarre : Bonjour. Nous sommes ici ce matin pour dénoncer les transferts unilatéraux que le ministre de la Santé fait en ce qui concerne les travailleurs sociaux qui travaillent dans les CLSC vers les GMF.

Je suis en compagnie de Mme Nancy Corriveau, vice-présidente de la Fédération des professionnèles, FP-CSN; Mme Mélissa Gaouette, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux, FSSS-CSN; et M. Danny Roy, président du SPSSS-CSN, syndicat de professionnèles et de techniciens du réseau de la santé du Québec; et bien sûr ma collègue députée de Taschereau, Mme Agnès Maltais.

Écoutez, le ministre de la Santé pose différents gestes. Dans le cas du transfert des travailleurs sociaux, il porte une atteinte directe à des citoyens. Il transfère des professionnels qui, actuellement, là, aujourd'hui, prennent charge, font des suivis de citoyens particulièrement vulnérables et il les envoie ailleurs sans plan, sans autorisation, en démunissant vraiment les CLSC de services essentiels qu'ils rendent très bien actuellement.

Alors, il y a un impact direct cette fois-ci. Il ne peut pas faire porter le fardeau par les CISSS ou par les CIUSSS. C'est lui qui prend une décision et il fait perdre des ressources très importantes, les travailleurs sociaux, dans les CLSC pour... Il prive des gens qui sont sans voix, des gens qui ne sortiront pas dans la rue parce qu'ils n'ont pas les ressources et l'organisation pour le faire.

Alors, nous, on dépose ce matin une pétition qui demande un moratoire sur ce transfert parce qu'on demande au ministre de nous faire état de ses justifications pour ces transferts, qui sont des transferts également qui font passer des professionnels d'un système public, les CLSC où l'accès est facile, à un système de GMF, qui est un système médicalisé, donc médecins, alors qu'il y a des citoyens qui ont des problèmes sociaux sans aucun problème de santé. Donc, pourquoi obliger, finalement, ces patients-là à passer par le modèle médical, alors que leurs problèmes sont psychosociaux? Alors, il y a déjà là quelque chose qui n'a pas été bien expliqué, qui n'a pas été compris, et la répartition des professionnels n'est pas justifiée. Et, on va voir, il y a même des corridors de services déjà entre les GMF et les CLSC. Donc, quand, dans un GMF, on identifie un patient qui a vraiment un problème, il existe déjà, ce corridor-là vers les travailleurs sociaux qui sont en CLSC, et ça fonctionne bien.

Alors, le ministre n'est pas le propriétaire du système de santé. Ce système, il appartient aux citoyens, et, dans ces citoyens, il y a des citoyens d'une grande vulnérabilité. Alors, nous, on exige qu'il y ait moratoire, que le ministre donne l'heure juste à la population et vraiment qu'il réfléchisse correctement, qu'il nous fasse la preuve de la valeur ajoutée de ce qu'il est en train de mettre sur pied, et à ce moment-là on pourra regarder, mais, pour l'instant, on a une pétition qui, clairement, indique qu'on est en désaccord avec ce mouvement improvisé par le ministre.

Alors, je laisse la parole à mes collègues.

Mme Gaouette (Mélissa) : Donc, bonjour. Un peu partout au Québec, les travailleurs sociaux sont très inquiets. Il y en a plusieurs qui ont été interpellés par leur gestionnaire pour leur annoncer qu'ils risquaient d'être transférés en GMF. Il y a des gestionnaires actuellement qui font le tour de différents GMF pour connaître les besoins en termes d'horaires des médecins en GMF, en frais de ressources professionnelles.

 Au niveau du CLSC actuellement, il y a des services de sans rendez-vous psychosociaux qui existent. J'ai d'ailleurs pratiqué dans ce milieu-là. Dans le cadre de ma pratique, le type de clientèle que j'ai rencontré, c'est des familles, par exemple, avec un jeune de 19 ans qui avait des symptômes de psychose, qui refusait de consulter un médecin et qu'à travers une consultation à l'accueil psychosocial on réussissait à parvenir à convaincre d'aller voir le médecin et de collaborer. On rencontre aussi des gens qui ont des symptômes dépressifs, qui sont suicidaires, qui n'ont pas de médecin de famille, qu'on peut référer en suivi, dont on peut assurer une prise en charge. Il y a une minorité seulement de gens qu'on réfère souvent vers des médecins, et, des fois, ils n'ont même pas de médecin traitant actuellement. Donc, on réussit à quand même pallier à ce manque-là au niveau de l'accueil psychosocial.

Le ministre Barrette a décidé de transférer les ressources professionnelles vers les GMF et en plus il base ce calcul-là de transferts en fonction des besoins du GMF, des besoins en termes de suivis médicaux et non pas en termes psychosociaux. Ce que ça signifie, c'est qu'il y a des gens qui vont être transférés en GMF, des professionnels qui ne pourront pas, peut-être pas, être utilisés à leur plein potentiel, alors qu'il y a des gens vulnérables, des gens suicidaires qui vont se retrouver avec des délais d'attente importants ou carrément aucun accès aux services. Ces transferts-là sont dangereux pour la population, pour une clientèle qui n'a pas de voix, qui est vulnérable. Et on demande un moratoire avant d'être mis au fait de conséquences néfastes : des taux de suicide, des cas de santé mentale qui s'aggravent. C'est problématique, et il faut absolument cesser ces transferts-là et faire une étude de l'impact de ces transferts-là sur l'accès aux services mais aussi, au niveau professionnel, sur le travail des travailleurs sociaux en GMF.

Mme Corriveau (Nancy) : Ça a été dit, le transfert des ressources publiques dans les GMF, c'est une autre réforme sans consultation au profit du privé, au bénéfice des médecins qui vont déterminer ce que les travailleurs sociaux font déjà très bien : prévention, dépistage précoce. On va se retrouver... C'est le médecin qui va dire quoi faire au travailleur social alors que tout le système existe déjà, il y a déjà des corridors, tout est en place. Les travailleurs sociaux font un excellent travail actuellement dans le réseau. Pourquoi on changerait une formule qui fonctionne?

On est face à un ministre qui n'écoute personne, il bouscule l'ensemble du réseau. Encore une fois, une autre réforme improvisée. On a des craintes. On n'a pas envie, comme ça a été dit précédemment, de se retrouver face à l'odieux, face à des gens qui ne sont pas desservis, face à une augmentation des problématiques parce que c'est difficile d'avoir accès aux services sociaux dans les GMF. Il faut absolument arrêter cette réforme-là. C'est encore une fois quelque chose de fait unilatéralement.

Aujourd'hui, on est à Québec, mais partout au Québec, dans le Bas-Saint-Laurent, en Mauricie, dans Lanaudière, il y a des transferts qui sont prévus, puis les gens ne savent pas trop comment ça va se faire. Puis les clientèles sont inquiètes aussi. Puis les travailleurs sociaux, qu'est-ce qu'ils nous disent, c'est : Comment on va faire pour desservir la population, continuer notre bon travail puis garder la clientèle qu'on a? Parce qu'il ne faut pas oublier que les travailleurs sociaux qui sont transférés ne seront pas remplacés. C'est de déshabiller un pour habiller l'autre.

Aujourd'hui, on demande un moratoire pour évaluer les impacts, pour faire pour une fois quelque chose intelligemment, qu'on a évalué puis qu'on est capable de démontrer la pertinence. Il faut absolument que, partout au Québec, les gens signent la pétition. Il faut qu'on mette un arrêt à ça parce qu'on est extrêmement inquiets pour la population.

Deux grands risques : les clientèles vulnérables qui vont être laissées à elles-mêmes, puis déjà on note une démobilisation de nos personnels parce qu'ils n'ont plus les outils nécessaires, les ressources nécessaires, ils sont inquiets. Comment je vais pouvoir desservir les gens qui viennent me voir si je suis dans un cadre aussi fermé puis qu'il faut que je gère : Il y a-tu un médecin? Il n'y a–tu pas de médecin? Donc, on vous invite en grand nombre à signer la pétition. Il faut qu'il y ait un moratoire. On est inquiets. Puis c'est les clientèles vulnérables, encore, qui vont en payer le prix.

M. Roy (Danny) : Bonjour. Aujourd'hui, ce qu'on vient vous dire, c'est qu'à partir d'un mauvais diagnostic le ministre Barrette a signé une prescription ministérielle qui met en jeu des personnes qui sont en crise. Je m'explique.

Jour après jour, les travailleurs sociaux accueillent des clientèles qui sont en crise. Jour après jour, les travailleurs sociaux en CLSC préviennent des situations d'abus, préviennent des suicides, préviennent de la maltraitance qui est faite aux femmes, aux enfants et à nos parents. Comment peut-on répondre à cette clientèle quand, en GMF, les délais sont énormes et que la prise de rendez-vous... les GMF sont déjà embourbés?

On vous l'a dit, on nage en pleine improvisation. Plus de la moitié des travailleurs sociaux qui travaillent présentement aux accueils sociaux des CLSC vont être transférés vers les groupes de médecine familiale privés. En plus de déshabiller les CLSC pour les envoyer vers les médecins, le ministre prend ce qui fonctionne déjà très bien; la satisfaction de la clientèle pour les GMF... excusez, pour l'accueil social est sans contredit très bonne. Pour rencontrer un travailleur social, je vous l'ai déjà dit : 20 minutes. Vous vous présentez à l'accueil social et, en 20 minutes, vous allez être vu, ce qui correspond à la clientèle en situation de crise.

Les services sociaux sont la porte d'entrée du réseau pour une clientèle qui est en crise. La clientèle qui est inscrite dans les GMF n'est pas la clientèle la plus vulnérable. La clientèle que nous voyons en CLSC, c'est la clientèle la plus vulnérable. Alors, comment le ministre peut expliquer cette situation-là et cette façon de voir là? On sait que le Dr Barrette n'aime pas beaucoup les chercheurs qui disent ce qu'il ne veut pas entendre, mais par contre, de grâce, il faut évaluer l'impact du transfert sur la clientèle et sur les intervenants du réseau.

En plus de ça, les GMF ne sont pas à proximité de la clientèle. Mon GMF est à 10 kilomètres de chez nous, mon CLSC est à 500 mètres. Ça, ça a un impact important. La plupart des endroits, les GMF sont dans les milieux les mieux nantis, et les CLSC sont répartis équitablement sur le territoire. Alors, on demande au ministre Barrette, ce ministre qui a des yeux pour ses collègues, qui est en train de détruire quelque chose qu'il ne connaît pas, on lui demande d'évaluer l'impact de ce qu'il est en train de mettre en place dans nos CLSC. On vous demande de signer la pétition pour demander un moratoire en attendant qu'on puisse évaluer l'impact sur les intervenants et sur la clientèle qui y travaille... la clientèle. Merci.

Mme Maltais : Un dernier mot, parce que Danny Roy vient de nous parler de la région de la Capitale-Nationale, je sais que ça se passe partout ailleurs, mais c'est ici, dans la Capitale-Nationale, qu'on a une première idée des chiffres de ce qui va se passer sur le territoire.

Ce n'est pas fortuit qu'hier nous étions ici, au même endroit, pour dire : Écoutez, vous êtes en train de désorganiser le centre-ville de Québec et le milieu où se sont retrouvés les plus vulnérables de la société et vous allez fermer une clinique qui est justement une clinique sans rendez-vous la plus efficace auprès des plus vulnérables, SABSA. On a perdu, dans le centre-ville de Québec, je le répète, je le disais hier, 15 travailleurs sociaux, des intervenants de rue qui ne sont plus là pour servir les plus démunis. Et puis là on m'apprend qu'en plus on va sortir les travailleurs sociaux du centre-ville pour les envoyer dans les GMF. Il y a des liens étroits, précis entre les organisations communautaires, les travailleurs de terrain, les GMF et les CLSC. Ils travaillent déjà ensemble. Actuellement, ça prend 20 minutes, Danny Roy le répétait, 20 minutes pour voir un travailleur social. C'est fondamental pour quelqu'un qui est en crise. On est incapable de nous dire... j'ai rencontré le CIUSSS, et on est incapable de nous garantir le même service ou même l'équivalent minimal du même service dans les GMF parce qu'ils n'ont aucune idée, ils n'ont fait aucune étude sur ce transfert. Je l'ai demandé à M. Delamarre, le P.D.G. du CIUSSS, il n'y a aucune étude sur l'impact de ce transfert dans la région.

Alors, il y a une pétition qui va être mise en ligne, signez-la, s'il vous plaît. Allez la voir. On demande une étude d'impact avant qu'on fasse ce mouvement-là. Nous craignons de plus en plus pour la clientèle la plus vulnérable. M. Barrette n'a aucune idée de ce qui se passe actuellement sur le terrain de la Capitale-Nationale, dans le centre-ville, là où sont les plus vulnérables, les plus marginalisés. Allez signer la pétition. Merci.

M. Boivin (Simon) : Mesdames, vous m'excuserez, là, ce n'est pas mon secteur généralement. Est-ce que je comprends qu'à partir de maintenant tous les travailleurs sociaux des CLSC sont tous transférés dans les GMF?

Mme Lamarre : Non, mais un très grand nombre. Par exemple, dans la région de la Capitale...

Mme Maltais : Capitale-Nationale, 39 sur 49. C'est ça, le chiffre, je pense...

Une voix : 59.

Mme Maltais : Sur 59. 39 sur 59. Donc, la grande majorité.

M. Boivin (Simon) : 39 travailleurs sociaux sur les 59 qui travaillent dans les CLSC...

Mme Maltais : ...vont être transférés dans les GMF sans avoir de ratio qui corresponde à ce que c'est qu'une clientèle vulnérable.

M. Boivin (Simon) : Est-ce que c'est les mêmes proportions à la grandeur du Québec sensiblement ou...

Mme Lamarre : En fait, pris dans l'autre sens, c'est que, s'il y a 6 000 patients dans un GMF, ça justifie un travailleur social. Donc, 6 000 patients dans un GMF justifient le poste d'un travailleur social. Donc, le ministre a vraiment pris ça sous l'angle du GMF.

Maintenant, on le sait, si le GMF est dans un quartier favorisé où il y a moins de problématiques, on fait migrer des travailleurs sociaux en dehors des zones où on a le plus besoin d'eux. On démunit, on déshabille vraiment, on enlève toute la pertinence d'avoir des gens dans des secteurs. Un travailleur social, il faut que ce soit là où il y a plus de difficultés. Alors, le calcul du ministre...

M. Boivin (Simon) : Vous parliez du corridor qui permettait d'envoyer des patients des GMF vers les CLSC. Est-ce qu'on comprend qu'il y a beaucoup moins de gens qui arrivent des GMF vers les CLSC que des gens qui utilisent la porte d'entrée du CLSC pour obtenir le service?

Mme Gaouette (Mélissa) : Bien, juste à titre d'exemple, dans la région de l'Estrie, il y avait des travailleurs sociaux qui avaient été déplacés dans le GMF et qui étaient sous-utilisés, qui se tournaient les pouces dans certaines plages horaires. Donc, on a convenu de ramener le travailleur social à l'accueil psychosocial, mais ce qui est fait, c'est que le médecin en GMF peut appeler la ligne, l'accueil psychosocial, et référer la personne qui est dans son bureau. Donc, il y a déjà des corridors d'accès pour la clientèle du GMF vers le CLSC.

M. Boivin (Simon) : Parce qu'il y a genre moins de travail, règle générale... Les travailleurs sociaux, ça a été testé, c'est ce que vous dites, puis, en Estrie...

Mme Maltais : À Québec aussi.

Mme Gaouette (Mélissa) : À Québec aussi, ça avait été testé.

M. Boivin (Simon) : Puis les travailleurs sociaux avaient beaucoup moins d'ouvrage que quand ils étaient directement...

Mme Gaouette (Mélissa) : Bien, ils pouvaient voir, par exemple, sur une plage horaire de trois heures, un client, tandis que, quand ils sont dans le volet CLSC, ils voient peut-être trois personnes à l'intérieur de cette plage horaire là ou deux.

M. Roy (Danny) : Il faut savoir qu'en GMF les travailleurs sociaux qui sont là prennent des rendez-vous. Par contre, il y a moins de plages pour accueillir la clientèle sans rendez-vous. Toute la partie qu'on consulte entre travailleurs sociaux parce qu'on est en crise ne concorde pas, à notre avis, avec ce qui se passe en GMF. Et, quand on parle ici, dans la région de Québec, c'est 40 pour 60. Il y a 60 travailleurs sociaux présentement dans la région, 40 de ces personnes-là vont transférer en GMF. Ça veut dire qu'on bloque carrément l'entrée à la clientèle plus vulnérable. Il va ne rester que 20 travailleurs sociaux pour l'ensemble du territoire qui va de Baie-Sainte-Catherine à Portneuf.

M. Boivin (Simon) : Qu'est-ce que c'est, la différence entre... Quand vous parlez, là, de l'autorité, l'autonomie des professionnels, c'est quoi, la différence entre être un travailleur social en GMF puis être un travailleur social en CLSC? Excusez-moi.

M. Roy (Danny) : C'est une excellente question! Ma collègue pourra peut-être y répondre. Je peux d'entrée de jeu vous dire qu'à l'heure actuelle tout le volet psychosocial n'est pas dans le même champ d'expertise que le médical. Et donc un travailleur social aujourd'hui, quand il accueille quelqu'un, il voit l'ensemble de la personne et regarde l'ensemble de la personne. Quand on regarde au niveau médical, on a vraiment une vision médicale de la personne. Et donc, si on doit voir le médecin, par exemple, pour aller voir le travailleur social, la première porte d'entrée va être une vision médicale. Et donc l'autonomie... Et le médecin va sûrement arriver au travailleur social pour lui dire : Bien, regarde, là, cette personne-là a telle problématique avec sa famille, règle-moi ça, et ce n'est pas l'approche psychosociale, qu'on voit la personne dans son ensemble.

Mme Gaouette (Mélissa) : C'est ça. En fait, ce qui est inscrit, là, dans les différents guides qui ont été produits pour les GMF, c'est que c'est le médecin qui va faire la description de tâches du travailleur social, alors que ce n'est pas un travailleur social. Autre chose qu'on a observé, c'est qu'en ce moment les travailleurs sociaux en CLSC, la demande ne doit pas passer obligatoirement par le médecin, c'est du sans-rendez-vous. Là, il risque d'y avoir une consultation médicale qui va être nécessaire avant. Et ce qu'on remarque pour d'autres professionnels qui ont été transférés dans des GMF, c'est qu'il y a plein d'actes que ces professionnels-là peuvent faire dans le volet CLSC mais qu'ils ne font pas en GMF parce que ce que le professionnel va faire en GMF, c'est ce qui est établi dans la description de tâches qui a été faite par le médecin. Donc, il y a des aspects de sa profession qui peuvent ne pas être couverts, et le travailleur social va être sous l'autorité fonctionnelle du médecin, ce qui n'est pas le cas en CLSC.

M. Boivin (Simon) : O.K. Donc, je comprends que la différence majeure, c'est qu'en CLSC la personne va rencontrer d'abord un travailleur social puis, dans le GMF, elle va rencontrer un médecin qui va prédiagnostiquer, ou je ne sais pas, puis il va référer ensuite au travailleur social.

Mme Gaouette (Mélissa) : C'est ça.

Mme Lamarre : Si je peux juste ajouter quelque chose, le modèle GMF, avec les quotas que le ministre a imposés, fait en sorte que, pour un médecin, prendre des patients qui sont particulièrement lourds, je dirais, qui ont un contexte psychosocial très, très lourd, ça ne rentre pas bien dans les quotas des médecins et de la clientèle qui est attendue dans un GMF. Dans un GMF, un patient de cette nature-là vaut l'équivalent de deux patients qui n'ont pas beaucoup de problèmes de santé. Alors, vous voyez tout de suite, l'incitatif n'est pas là. Ça n'a pas été conçu pour que ces patients, qui ont vraiment un contexte psychosocial avec des maladies physiques, bien, ils soient là. Alors, il n'y a pas d'intérêt nécessairement, même pour les médecins de GMF, d'avoir les situations très, très lourdes. Peut-être qu'il y a de la place pour un travailleur social, mais, à ce moment-là, le contexte dans lequel ça avait été prévu, ce n'était pas d'enlever ceux qui étaient dans les CLSC, qui, eux, répondent à des besoins urgents pour des patients et des citoyens qui ont des problèmes — parce que je dis «patients et citoyens» parce qu'il y a des patients avec des maladies puis il y a des citoyens qui ont juste des problèmes psychosociaux.

M. Boivin (Simon) : Je lisais des articles, il y avait d'autres professionnels. Là, vous, c'est seulement les travailleurs sociaux, hein? Vous êtes uniquement avec les travailleurs ou vous...

Mme Corriveau (Nancy) : Bien, en fait, là, présentement, c'est beaucoup les travailleurs sociaux, mais il pourrait y avoir également des psychologues, des nutritionnistes, des physiothérapeutes, des kinésiologues, puis c'est le même modèle. La nutritionniste qui est en CLSC, qui va s'en aller en GMF, elle ne desservira plus les gens du CLSC. Ça fait qu'on est inquiets. Quand on parle des services de psychologie, c'est difficile d'accès dans le réseau. On vient encore complexifier cet accès-là. Ça fait que c'est vraiment, vraiment quelque chose. On demande aux médecins ce dont ils ont besoin, mais on ne demande pas aux professionnels comment ils voient l'organisation des services puis on ne s'inquiète pas non plus de la population, quel est le meilleur endroit pour répondre aux besoins de façon la plus efficace. Puis nous, on pense sincèrement, puis c'est ce que nos travailleurs sociaux puis nos professionnels nous disent, que le système actuel, l'interdisciplinarité, c'est là, c'est présent dans les CLSC. Ça fait qu'on ne comprend pas pourquoi on veut changer une formule qui fonctionne déjà, sauf peut-être pour répondre à un besoin x du médecin qui, pour nous, n'est pas basé ni sur l'exercice professionnel ni sur les besoins de la population.

M. Boivin (Simon) : Mais est-ce que la proportion, là, du presque deux tiers, un tiers qui mute vers les GMF, c'est la même dans les autres corps professionnels?

Mme Corriveau (Nancy) : Bien, sur ce qu'on a entendu dans certaines... Bien, c'est principalement des travailleurs sociaux. Mais par contre il y a possiblement... il y a d'autres... je pense, entre autres, là, chez vous, il y en a d'autres aussi, mais c'est vraiment une grande portion. Puis c'est sûr que les autres types d'emplois sont moins présents, sont moins nombreux, mais Danny pourrait en parler.

M. Roy (Danny) : Bien, de un, pourquoi on parle beaucoup de travail social, c'est que, dans le projet ministériel, ils sont prévus et ils sont ancrés dans un chiffre, on a dit un pour 6 000. Les autres professionnels sont moindres. Par exemple, dans la région de Québec, on parle entre 10 et 20 professionnels autres, mis à part les infirmières, qui sont au choix des médecins, à ce qu'eux ont comme besoins et comme désir d'intervenant. Voilà.

M. Boivin (Simon) : Puis juste que je sois certain, la proportion de la Capitale-Nationale, là, 40 sur 60, c'est sensiblement celle qu'on observe à la grandeur du Québec. C'est ça que je comprends?

Mme Maltais : Bien, c'est parce que c'est pour ça que tu as... Simon, si tu permets, c'est pour ça qu'on est un peu prudents. C'est que le premier endroit où les chiffres sont sortis, c'est la Capitale-Nationale. C'est pour ça que, la pétition, on voulait la lancer ici. C'est le premier endroit où on a les chiffres. Il est fort probable que le ratio soit le même partout, mais le premier ratio qui est sorti, où on vient de l'apprendre et où on est un peu sous le choc, c'est les deux tiers qui sortent des CLSC, 40 sur 60.

M. Boivin (Simon) : Donc, avez-vous un objectif de signatures?

Mme Maltais : Je regarde le...

M. Boivin (Simon) : C'est le plus possible, évidemment, là.

Mme Maltais : Le plus possible, oui. En fait, on appelle aux gens.

Mme Gaouette (Mélissa) : Puis aussi, peut-être juste la... au niveau de la pétition, on touche tous les transferts de professionnels, donc pas juste les travailleurs sociaux. On parlait des autres types d'emploi. Les psychologues, il y en a très peu dans le réseau actuellement, il y a énormément de problématiques. Ça fait que, si je transfère seulement trois psychologues à Québec, c'est dramatique parce que je n'ai pas une multitude de psychologues dans les différentes régions.

Mme Lamarre : Puis on a des citoyens qui sont très vulnérables, qui sont actuellement pris en charge par les travailleurs sociaux, et on n'a pas d'information sur qu'est-ce qui va arriver. Quand on va dire à 39 des 59 travailleurs sociaux : Vous quittez le CLSC et, à partir de lundi matin, vous vous retrouvez dans un GMF, qu'est-ce qui arrive avec les 1 000 patients, 1 500 patients que ce travailleur social là pouvait accompagner actuellement? On ne peut pas improviser, on ne peut pas faire ça d'une façon aussi brutale que ça, et il faut être sûr qu'on justifie bien les choses et qu'il y a vraiment un support adéquat. S'il reste juste 20 personnes pour faire le travail de 60, c'est sûr qu'il y a des gens qui vont se retrouver en détresse en urgence.

M. Boivin (Simon) : C'est quoi, la date à laquelle c'est censé être en application, ça? C'est d'ici...

Mme Maltais : Juin.

M. Boivin (Simon) : 1er juin?

Mme Maltais : Aussi vite que ça.

Mme Lamarre : Très vite.

M. Boivin (Simon) : 1er juin?

Mme Lamarre : Très, très vite.

Mme Maltais : 1er juin.

M. Boivin (Simon) : Au mois de juin.

Mme Maltais : En juin, sans étude d'impact.

M. Boivin (Simon) : Au mois de juin. O.K.

Mme Maltais : Les patients ne sont pas des boîtes de dossiers, c'est des humains. Ils ne sont pas faciles à transférer, eux.

M. Boivin (Simon) : Et vous n'avez pas de garantie sur la façon dont le suivi va être assuré entre un endroit et l'autre pour les patients déjà pris en charge?

Mme Lamarre : Bien, on a clairement entendu le président de la FMOQ dire : Il faudra que les travailleurs sociaux prennent les patients que les médecins leur recommanderont. C'est ça qu'on a entendu comme réaction de la FMOQ. Donc...

M. Roy (Danny) : Le nombre de personnes à la pétition répond aussi à quelque chose d'autre. Dans chacun des établissements avant, nous avions le pouvoir d'influencer ce genre d'enlignement là. Présentement, si on est à demander une pétition, c'est que nos établissements, nos dirigeants n'ont pas le pouvoir de prendre un temps d'arrêt pour évaluer, et ça, c'est superimportant. On est rendus à demander l'appui de la population pour arriver à cette question-là parce que, dans nos établissements, les dirigeants n'ont plus ce pouvoir-là. C'est M. Barrette qui a ce pouvoir-là.

M. Boivin (Simon) : Merci beaucoup.

Mme Maltais : Merci.

Mme Lamarre : Merci.

(Fin à 10 heures)

Participants


Document(s) Related