(Huit heures dix-sept minutes)
M. Legault
: Oui. Bien,
écoutez, ce matin, je veux vous parler un peu du pacte fiscal du gouvernement
du Québec avec les municipalités. On sait que les assises annuelles de l'UMQ
commencent demain. Je serai présent d'ailleurs demain pour faire un discours.
Je sais que le premier ministre y sera aussi.
On apprend ce matin que le gouvernement
semble reculer sur une promesse importante. Rappelons-nous un petit peu le
contexte. L'année dernière, le gouvernement libéral a fait un pacte avec les
municipalités où, dans une première partie, il a réduit les transferts aux
municipalités puis, en échange, il leur a promis des outils pour que les
municipalités puissent réduire leurs dépenses de salaire.
Or, on apprend aujourd'hui que le gouvernement
de M. Couillard veut reculer sur la deuxième partie de son pacte. Qu'est-ce que
ça veut dire? Bien, ça veut dire que c'est encore les contribuables qui vont
payer. Les municipalités n'auront pas d'autre choix que d'augmenter les taxes
municipales. Et actuellement, bien, on le sait, les contribuables sont déjà
étouffés par les taxes, les impôts, les tarifs. Donc, je trouve ça très malheureux,
évidemment, que le gouvernement libéral recule sur sa partie du pacte fiscal
qui avait été signé à l'époque par Pierre Moreau.
La Modératrice
: On va
prendre les questions. Alain Laforest, TVA.
M. Legault
: Oui, bonjour.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, M. Legault. Qu'est-ce que vous pensez du fait qu'on va donner aux
municipalités le droit de gérer les conventions collectives, alors que les
présidents des grandes centrales ont annoncé, le 1er mai, là, une révolution si
jamais le gouvernement allait dans cette voie-là?
M. Legault
: Bon, on
sait que les municipalités ou, au moins, certaines municipalités ont un écart
de salaire de 30 % avec le gouvernement provincial pour des emplois
comparables. En tout cas, c'est ce que les études du gouvernement démontrent.
La CAQ était la seule à avoir proposé,
durant la dernière campagne électorale, de donner le droit de lock-out à une
municipalité en échange d'une révision des services essentiels dans les
municipalités. Le gouvernement a proposé une autre approche en disant : Je
vais vous donner le droit de décréter les conditions de travail. Écoutez, c'est
très fort comme proposition, mais ça atteint un peu le même objectif. Ce qui
est important, c'est de dire : On ne peut pas tolérer que les salaires
soient 30 % plus élevés dans les municipalités qu'au gouvernement du
Québec puis que ce soit le contribuable qui paie pour la différence. Donc, il
faut donner un certain pouvoir aux municipalités...
M. Laforest (Alain) : Donc,
vous êtes d'accord.
M. Legault
:
Actuellement, il y a un déséquilibre.
M. Lafortune (Alain) : Vous
êtes d'accord avec ça, là?
M. Legault
: Bien,
actuellement, il y a un certain déséquilibre, hein, vous savez. D'un côté, les
employés municipaux ont le droit de grève. On se souvient tous de l'épisode à
Verdun où les vidanges n'avaient pas été ramassées puis les services n'avaient
pas été donnés pendant des semaines et des semaines. Mais de l'autre côté, les
municipalités n'ont pas le droit de lock-out.
Donc, rappelez-vous, au départ, M.
Labeaume, dans une rencontre avec moi, avait demandé d'abord un droit de
lock-out. La CAQ, tout de suite, avait dit oui. On était les seuls, les
méchants garçons, durant la campagne électorale, qui proposaient un droit de
lock-out pour les municipalités. Or, surprise, Pierre Moreau, l'année dernière,
propose de donner aux municipalités le droit de décréter. C'est peut-être fort
comme approche, mais, écoutez, c'est le choix qu'a fait le gouvernement
libéral, mais il ne peut pas aujourd'hui dire : Je garde les coupures dans
les transferts aux municipalités, mais je ne vous donne plus le droit d'avoir
les outils pour réduire vos dépenses. Donc, qui va encore payer? Le
contribuable. Ça n'a pas de bon sens.
La Modératrice
: Merci.
Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
M. Legault
: Bonjour.
M. Robillard (Alexandre) : Bonjour.
M. Legault, est-ce que vous pensez que ce changement-là est attribuable au fait
que M. Coiteux a succédé à M. Moreau?
M. Legault
: Je ne
pense pas. Je pense que ça vient directement de M. Couillard, puis M. Couillard
semble, encore une fois, avoir reculé sur un dossier. Il a probablement, comme
moi, rencontré M. Ranger et il a décidé de reculer. Mais, pour connaître un
petit peu le caractère de M. Coiteux et celui de M. Moreau, je ne pense pas que
c'est le changement de ministre qui a à voir dans le changement de décision.
C'est plutôt encore un recul d'un premier ministre mou, qui ne sait pas où il
s'en va, un premier ministre qui n'a pas de vision, un premier ministre qui n'a
pas de plan clair, un premier ministre qui ne comprend pas les vrais enjeux.
Puis j'ai bien hâte de voir son passage aux assises de l'UMQ demain, là. Je lui
souhaite bonne chance, mais ça ne sera pas facile pour lui.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais, au moment où le pacte fiscal a été entériné par les municipalités, donc, en
tout cas, pour certains, ça semblait clair qu'il était pour y avoir un
mécanisme, là. Mais, quand même, est-ce que vous pensez que le gouvernement a
dit une chose pour tout simplement faire passer son pacte fiscal, alors qu'il
avait d'autres intentions?
M. Legault
: Bien, effectivement,
ce qu'on voit, là, c'est que M. Moreau a dit une chose pour amener les
représentants de l'UMQ à signer son document puis là il ne livre pas. Le
gouvernement libéral ne livre pas sa partie du pacte. Je veux dire, si j'étais
à la place de l'UMQ puis des municipalités, là, je serais très fâché ce matin.
La Modératrice
: Julie
Dufresne, Radio-Canada.
M. Legault
: Bonjour.
Mme Dufresne (Julie) :
Bonjour, M. Legault. Ce matin, le premier ministre Couillard semble exprimer
certaines réserves à propos d'Old Harry. C'est de la stupéfaction, ça, cette
réaction?
M. Legault
: Écoutez,
là, on a la confirmation aujourd'hui que le Parti libéral du Québec n'est plus
le parti de l'économie. Quand c'est rendu qu'on ne veut même pas explorer, que
ça soit Old Harry ou Anticosti, pour voir si peut-être il y a du pétrole, pour
voir si peut-être le Québec pourrait faire de l'argent, moi, je n'en reviens
pas.
Je comprends qu'il faut prendre des précautions
au point de vue environnemental, mais qu'on ne veuille même pas regarder, à Old
Harry et à Anticosti, voir si on peut faire de l'argent pour pouvoir éventuellement
réduire les impôts des Québécois, je ne reconnais plus le Parti libéral. Depuis
la visite de M. Couillard à Paris, là, il semble avoir oublié une dimension
importante, là, au Québec, le développement économique.
Mme Dufresne (Julie) : Est-ce
qu'à votre avis il faut, à tout le moins, explorer les possibilités?
M. Legault
: Écoutez,
moi, comme premier ministre, là, je n'accepterai jamais d'être à la remorque de
Terre-Neuve. Actuellement, on se retrouve dans une situation où on a un premier
ministre qui dit : Terre-Neuve va pouvoir explorer puis éventuellement
exploiter sa partie d'Old Harry, peut-être même siphonner le pétrole qui est du
côté québécois, mais moi, je ne veux même pas. Je vais attendre de voir ce que Terre-Neuve
va faire. Écoutez, là, c'est rendu que non seulement M. Couillard est à genoux
devant Ottawa, mais il est à genoux devant Terre-Neuve. Ça n'a pas de bon sens.
La Modératrice
:
D'autres questions en français? Non. Questions en anglais? Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson
(Maya) : Good morning, Mr. Legault. What do
you make of this report that the Government will not follow through on its commitment to give municipalities the power to decrete the working conditions in their
contracts?
M. Legault
: Again, it's a broken promise again, because last year it was clear
that the Liberal Government
said to municipalities : I'm cutting your
transfers but, in exchange, next year, I'll give you the power to change the
working conditions of your employees, and right now the Government is
backtracking on the second part of the agreement, and, at the end of the day,
it's… the taxpayers again will pay for this. Thank you.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 8 h 25)