(Onze heures cinquante-trois minutes)
M. Khadir
: J'ai
entendu ce matin le ministre Barrette sur les ondes de la radio de Radio-Canada,
ici, à Québec, tenir des propos, encore une fois, confus sur la rémunération
des médecins. Tantôt, le ministre dit que — ah! — les frais
accessoires, il va les arranger avec le paiement à l'acte; tantôt, aujourd'hui,
ce matin, sous la pression, sous... après le rapport de la Vérificatrice
générale, qui montre que c'est tout croche, il s'en vient dire : Ça fait
que, dans le fond, là, ça suffit, l'enveloppe est déjà assez gonflée comme ça,
7 milliards de dollars, là, la rémunération des médecins, puis qu'on
est... Les médecins du Québec gagnent plus que la moyenne canadienne, plus que
l'Ontario, contrairement à ce qu'il a dit. Bon, je pense qu'on est rendus, là,
comme la population du Québec, qui ne se retrouve pas, parce que c'est tout
croche, et c'est confus... Dans la tête du ministre Barrette, ça semble confus,
et cette confusion vient peut-être du fait, puis qu'il faut le réaliser, que
lui et son premier ministre sont en conflit d'intérêts. C'est, après tout, leurs
décisions, les ententes qu'ils ont signé en 2007‑2008 qui nous ont emmenés, là,
là, dans ce cafouillis, dans cette croissance exponentielle, sans limites de la
rémunération des médecins... qui font en sorte qu'alors que le coût de la vie
ici est de 15 % à 18 % inférieur que l'Ontario, on est payés le même
revenu en termes brut et absolu, avec moins d'accès pour nos patients.
Donc, je pense qu'on est rendus où il faut
sortir ça des mains du gouvernement et du ministre pour leur plus grand bien,
pour le mettre à l'abri de conflits d'intérêts. C'est pourquoi je vais
travailler avec mes collègues, j'espère, de l'opposition, puis j'espère aussi
du côté gouvernemental parce que c'est une patate chaude pour tout le monde. À tout
moment, il y a quelque chose qui sort, là, puis on ne sait plus, puis, disons,
ça paraît toujours un peu exagéré. Qu'on ait un mandat d'initiative à la Commission
de santé et services sociaux où on examine l'ensemble, c'est-à-dire la
rémunération globale des médecins, là, on met ça sur table, on regarde tout ce
qu'il y a...
Je vous signale, là, en novembre dernier,
lorsque la Vérificatrice générale avait fait son premier rapport
d'optimisation, il y a 33 mesures juste incitatives, toutes sortes de primes,
là, un peu comme les primes Bolduc. Il n'y a pas juste une prime, il y en a 32
autres. Juste ces primes-là ont été chiffrées, lors du dernier rapport, à
1 milliard de dollars. Ensuite, il y a tous ces frais accessoires où ne
sait pas, le ministre, qu'est-ce qu'il veut faire, finalement. Il veut-u les
cacher dans les frais déjà facturés et payés par la RAMQ, donc ajouter à tout
ce qui est déjà payé ou pas?
Donc, pour faire le bilan — et
je suis sûr, les membres de l'Assemblée nationale, les collègues du ministre de
la Santé vont y trouver leurs bénéfices, parce qu'on aura le temps de scruter
ça, puis ils vont voir à quel point c'est exagéré — donc, je vais
faire une proposition pour qu'on ait un mandat d'initiative pour examiner la
rémunération globale des médecins, qui, à sa face même, est exagérée... et le
monde... Moi, je rencontre des gens... J'étais encore à l'hôpital lundi, et,
franchement, ça heurte l'intelligence du monde que les médecins en redemandent
toujours plus. Alors, il faut s'y pencher.
Mme Lajoie (Geneviève) : Moi,
j'aurais une question sur un autre sujet.
M. Khadir
: That's
alright. Et vous?
Journaliste
: C'est
parfait.
Mme Lajoie (Geneviève) : Je
voulais savoir : Le prochain chef du Parti québécois, est-ce que, dans le
cadre des démarches de convergence, il devrait avoir une position claire sur la
démarche d'accession à la souveraineté?
M. Khadir
: Tout ce
qui est clair est au bénéfice, je dirais, du débat public. Et l'indépendance du
Québec nous intéresse. Nous, notre position est très claire.
Maintenant, ceci étant dit, je pense que...
Vous parlez de convergence. La convergence, là, cette décision-là appartient
aux membres de mon parti, appartient aux membres du Parti québécois. Tout le
monde s'est donné du temps pour y réfléchir. Ça tombe bien, le Parti québécois
se choisit un chef, et tout le monde aura le temps de faire ses idées là-dessus.
Mais, s'il faut répondre précisément à une question,
c'est sûr que la souveraineté du Québec a été trop longtemps négligée par les
souverainistes dans leur ensemble, puis tout le monde peut prendre une partie
du blâme, sans doute. À la défense de Québec solidaire, depuis notre première
campagne électorale, nous, on dit : Là-dessus, là, il n'y a pas
d'atermoiement, il n'y a pas de revenez-y, il n'y a pas de tergiversation, il
n'y a pas de doute. Dès qu'un gouvernement de Québec solidaire est élu, dans
les six mois, on dote le Québec d'un budget, le Directeur général des élections,
pour organiser une élection d'assemblée constituante. Pendant que les députés
s'occupent des affaires de l'État, du Québec, les membres de l'assemblée
constituante, qui doivent être représentatifs de la société suivant des modalités
à prévoir, vont consulter — consulter la population, pas juste entre
eux, vaste processus participatif — consulter la population.
Ensemble, ils écrivent une constitution, et c'est à travers cette constitution-là
qu'on va, dans les 12 à 18 mois, devant le peuple pour demander si oui ou
non, pour cette constitution du Québec, on... le peuple québécois est prêt à
s'engager pour l'indépendance. Donc, le référendum est assorti d'un contenu, ce
n'est pas un chèque en blanc qu'on demande aux citoyens.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Donc, vous, vous avez une position très claire...
M. Khadir
: Très
claire, et tout ce qui est clair, c'est bon.
Mme Lajoie (Geneviève) : ...et
vous vous attendez à ce que les autres partis ou formations qui pourraient...
les autres forces souverainistes soient aussi claires que vous?
M. Khadir
: Moi, les
attentes que je peux formuler là-dessus, je pense, par respect pour tous les
militants indépendantistes dans quelque parti que ce soit, les attentes, c'est
par rapport à mon propre parti. Je vous dis, pour nous, il est important, pour
le débat public, que, là-dessus, on soit le plus clair possible. Ça fait trop
longtemps qu'on traîne la patte là-dessus, l'ensemble du mouvement
indépendantiste. Maintenant, pour le Parti québécois, je laisse ça aux
militants du Parti québécois. Il y a un exercice démocratique dans lequel ils
sont, là, on ne se mêlera pas de ça.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais, du point de vue de Québec solidaire, est-ce que vous pensez que ça
pourrait nuire aux efforts de convergence si des candidats détaillent leur
projet d'accession à l'indépendance?
M. Khadir
: Bien,
certainement que Québec solidaire ne va s'engager dans quelque chose pour
l'avenir du Québec que si c'est clair. Je pense que le peuple québécois mérite
que, sur cet enjeu qui est fondamental, sur lequel, à deux reprises, le peuple
québécois a dit non pour différentes raisons — et à une reprise, en
fait, en 1995, on a failli gagner le référendum — le peuple québécois
mérite que, là-dessus, on soit clairs.
Maintenant, qu'est-ce que les candidats du
PQ décideront de faire? Comment est-ce qu'ils vont s'enligner sur la question
indépendantiste? C'est sûr que ça a un impact sur le débat public et sur nous,
mais je pense qu'il est trop tôt pour essayer d'élaborer, d'échafauder des
hypothèses là-dessus, là. Il n'y a personne, je pense, dans la salle, si on
regarde ceux qui se sont avancés pour le PQ, qui dit : Ah! moi, je vais y aller,
mais je vais être le plus flou possible. Je pense, ça ne se défend juste pas.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais donc, selon vous, que les candidats précisent leur démarche, ça n'aura pas
d'effet négatif sur le projet de convergence.
M. Khadir
: D'accord,
je vois que vous insistez là-dessus. Tout ce qui est clair va faciliter les
choses pour tout le monde. Mais, au lieu de demander en quoi ça nous affecte,
nous, moi, je pense qu'il faut qu'on réfléchisse en quoi ça affecte le projet
indépendantiste au Québec, puis tout ce qui est clair sur ce sujet pour la population,
pour le débat de la population va être en faveur de l'indépendance du Québec,
et ce qui est en faveur de l'indépendance du Québec me réjouit et nous
satisfait. Le reste... Parce qu'il n'y a pas juste ça, hein, il y a plein
d'autres choses. Donc, pour essayer de répondre à votre question le plus précisément,
c'est certain que ça ne nuira pas, mais il faut bien plus pour que quelque
chose se passe.
M. Robillard (Alexandre) :
D'accord, c'est clair.
M. Khadir
: Merci.
(Fin à 12 h 1)