(Douze heures huit minutes)
Le Modérateur
:
Bonjour, mesdames et messieurs. Donc, le chef de l'opposition officielle, M.
Gaudreault, fera une déclaration, suivi d'une déclaration de la porte-parole du
Parti québécois en matière de justice, Mme Véronique Hivon. M. Gaudreault.
M. Gaudreault
: Oui. Alors,
bonjour à tous et à toutes. Ça me fait extrêmement plaisir de vous rencontrer aujourd'hui,
en cette Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, et je
suis accompagné, évidemment, de notre porte-parole en matière de justice, la députée
de Joliette, Véronique Hivon.
Comme vous le savez, le Québec a accompli
des changements sociaux majeurs depuis 40 ans : amendements à la Charte
des droits et libertés de la personne interdisant toute forme de discrimination
sur la base de l'orientation sexuelle, entre autres, sous le ministre de la
Justice Marc-André Bédard. Le Québec était alors la première juridiction en
Amérique à adopter une telle mesure. Autres avancées : union civile et
adoption pour les personnes de même sexe en 2002; règlement pour le changement
de sexe à l'état civil des personnes transgenres majeures en 2015.
Le Parti québécois a donc toujours été aux
côtés de la communauté LGBT face aux enjeux d'inégalité et de stigmatisation
qui sont persistants dans notre société et que vit la communauté LGBT. Le PQ a
été un allié qui a toujours répondu présent aux demandes de meilleure
reconnaissance et d'inclusion de la communauté.
Nous continuons aujourd'hui cette action
pour demander des gestes concrets au gouvernement libéral parce que notre société,
bien qu'elle fait et qu'elle a fait des avancées, il ne faut pas oublier qu'il
reste du chemin à faire. Là-dessus, d'ailleurs, je veux signaler qu'il y a encore
récemment, le 30 avril, au coin des rues Valois et Sainte-Catherine, à Montréal,
un jeune couple homosexuel qui s'est fait tabasser. Alors, c'est absolument
inacceptable et ça démontre aussi, sur ce qui se passe sur la scène
internationale, où les droits des personnes LGBT sont encore menacés ou non
reconnus, qu'il reste encore des batailles et des avancées à faire.
En matière de lutte contre l'homophobie,
l'an passé, on avait dénoncé la coupe de 1 million de dollars du gouvernement,
dont les conséquences sont concrètes, entre autres la suspension de la deuxième
campagne de lutte contre l'homophobie qui avait pourtant donné des résultats
concluants à la première campagne de 2013. Il y a eu également des coupes à l'Institut
national de santé publique pour sensibiliser les professionnels aux réalités
des personnes LGBT.
Donc, cette sensibilisation est capitale parce
qu'elle permet de travailler en amont sur l'éducation et sur la tolérance. C'est
pourquoi on demande aujourd'hui que la deuxième campagne de sensibilisation
soit rapidement lancée avec les budgets nécessaires qui vont avec. L'austérité
ne devrait sûrement pas être un motif de coupures dans ce type de campagne de
lutte contre l'homophobie.
Je vous rappelle que la journée
internationale cette année se déroule sous le thème L'homophobie et la
transphobie affectent tous les âges. Donc, on a une pensée particulière
cette année pour les aînés LGBT qui sont aux prises encore parfois, souvent,
avec des problèmes de stigmatisation et de discrimination.
Donc, je vous annonce également que le
Parti québécois souhaite adhérer à la Charte de la bientraitance envers les
personnes aînées lesbiennes, gaies, bisexuelles et transidentitaires tel qu'il
a été proposé par la Fondation Émergence à l'occasion de cette journée du
17 mai. Cette charte fait état de 11 principes pour aider les
personnes aînées de minorités sexuelles à réduire leur vulnérabilité.
Alors, là-dessus, je cède la parole à
notre porte-parole, députée de Joliette, Véronique.
Mme
Hivon
: Merci
beaucoup. Je vais vous parler plus spécifiquement de la lutte à la transphobie.
En matière de lutte à la transphobie, le Parti québécois a été très proactif
pour permettre aux personnes transgenres de bénéficier des mêmes avancées
sociales que tous les Québécois.
En 2013, le ministre Bertrand St-Arnaud
faisait en sorte de préparer une grande avancée, soit une démarche simplifiée
de changement de la mention du sexe à l'état civil sans besoin d'une
réassignation sexuelle pour les personnes transgenres majeures. Le projet de
règlement qui en a découlé a été amendé par les parlementaires grâce au
témoignage des personnes trans entendues en commission. Notre collègue Carole
Poirier, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, a fait d'ailleurs un travail
remarquable pour porter leur message auprès du gouvernement, et je veux la
remercier.
Pour le Parti québécois, la démarche de
changement de sexe à l'état civil est le symbole névralgique d'une reconnaissance
pleine et entière de la personnalité juridique des personnes trans, basée sur
le principe de l'autodétermination. Nous allons aujourd'hui plus loin et nous
proposons plusieurs solutions pour les personnes transgenres. Carole Poirier
avait déposé une lettre à la ministre Vallée, en mai 2015, avec sept recommandations,
dont voici les principales.
Premièrement, élargir le changement de
sexe aux personnes mineures en modifiant, donc, le Code civil. Je veux
souligner que, pas plus tard que jeudi dernier, la députée Manon Massé, donc de
Sainte-Marie—Saint-Jacques, a déposé un projet de loi qui va en ce sens, et,
dès jeudi dernier, nous avons indiqué que nous recevions ce projet de loi avec beaucoup
d'enthousiasme, et que nous allions l'appuyer, et demandions également que la ministre
Vallée s'en saisisse et fasse en sorte que nous puissions l'adopter avant la
fin de la présente session.
Deuxièmement, partager les bonnes
pratiques d'intégration des personnes trans dans le réseau public et
parapublic. Nous souhaitons que des actions soient prises pour que le milieu
scolaire et de la petite enfance devienne davantage un lieu de tolérance et
d'inclusion pour les enfants trans.
Troisièmement, nous voulons offrir un
guichet unique aux fins des modifications administratives nécessaires. Par
exemple, on peut penser aux cartes, aux permis, aux autres documents officiels.
Nous souhaitons faciliter ces démarches administratives à l'image de
l'Argentine, qui a récemment implanté le changement de la mention du sexe. Il
existe un guichet unique qui fait en sorte, là-bas, d'obtenir un changement de
la mention pour tous ces documents officiels en une seule étape à l'image un
peu de ce qui peut se faire au Portail Québec pour le changement
d'adresse. C'est confidentiel et c'est efficace de procéder ainsi.
Quatrièmement, revoir la politique de
lutte à l'homophobie et à la transphobie et créer une table de travail des
partenaires au ministère de la Justice pour partager les bonnes pratiques
d'intégration des personnes trans dans le réseau public, parapublic et dans le
réseau privé.
Nous souhaitons donc que ces modifications
puissent prendre effet afin que l'on fasse un pas de plus dans le respect des
droits des personnes trans. Évidemment, on a franchi des étapes excessivement
importantes, au Québec depuis une quinzaine d'années, pour la reconnaissance
des personnes LGBT et trans, mais il reste du travail à faire. Il y a encore
beaucoup trop de préjugés, et de stigmatisation, et de discrimination. Ce qui
est porteur d'espoir, c'est de voir tout ce qu'on a réussi à franchir comme
société d'avant-garde dans ces enjeux-là et dans une période relativement
courte de notre histoire. On a franchi des pas excessivement et
extraordinairement marquants. Mais ce qu'il faut se dire, c'est que chaque jour
qui passe où il y a encore de la souffrance liée à l'identité sexuelle, liée
notamment aux jeunes trans de par la non-acceptation de leur réalité dans leur
réseau, est un jour de trop de souffrance. Alors, nous savons que, comme
parlementaires, nous pouvons faire un geste très concret pour mettre fin ou
mettre un baume sur cette souffrance. Alors, encore une fois, nous demandons au
gouvernement et à la ministre Vallée d'agir rapidement. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, M. Gaudreault. Merci, Mme Hivon. Donc, on y va avec la période de
questions. Je vous informe que, pour d'autres questions que vous pourriez
avoir, par exemple, sur une éventuelle course, Mme Hivon sera disponible en
mêlée de presse pour vos questions par la suite. Mais, au micro de droite,
j'irais avec M. Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour. Bonjour, Mme Hivon, M. Gaudreault.
M. Gaudreault, qu'est-ce que vous pensez
du changement de ton adopté par Uber par rapport au projet de loi n° 100?
L'entreprise dit maintenant vouloir en arriver à un compromis avec le
gouvernement et espère poursuivre ses activités au Québec. Quelle est votre
position là-dessus?
M. Gaudreault
: Bien,
vous savez que nous, on a travaillé fortement, évidemment, avec Martine, entre
autres, la députée de Vachon, Martine Ouellet, sur la réglementation nécessaire
qu'on devait faire autour de l'industrie du taxi et autour évidemment d'Uber.
Alors, il y a des travaux qui seront convoqués bientôt, des auditions en
commission parlementaire. Sûrement qu'Uber sera présent pour venir dire son
point de vue. Alors, je salue, évidemment, une ouverture à la discussion et aux
changements apportée par Uber, mais il reste une chose, c'est que le travail
parlementaire va suivre son cours. Nous, on aura sûrement des modifications et
des questions à poser à Uber et des modifications à apporter au projet de loi
et on va aller dans ce sens-là.
M. Croteau (Martin) :
Pouvez-vous entrevoir une forme de compromis qui permettrait à Uber de
poursuivre ses activités au Québec, là, sans nécessairement rentrer dans le
système des permis de taxi, là, au fond, ce qu'elle souhaite obtenir?
M. Gaudreault
: Oui. Je
ne pense pas qu'on soit rendus là à ce moment-ci. Uber vient tout juste de
faire ses propositions ou sa main tendue, si on veut. Alors, on va attendre que
ça se fasse dans un contexte beaucoup plus formel, qui est celui de la
commission parlementaire. On travaille en respectant les institutions puis on
va le faire. Moi, ce que je vous dis, c'est que, comme vous le savez, le Parti
québécois a toujours été ouvert, a toujours travaillé dans un souci
d'ouverture, mais on doit respecter, évidemment, l'industrie du taxi. Puis on
va continuer dans le travail qu'on a fait, aussi très fort, pour défendre
l'industrie comme nous l'avons fait depuis quasiment deux ans.
M. Croteau (Martin) : Sur un
autre sujet, si vous permettez, le gouvernement Couillard a annoncé un
changement de cap en éducation et a admis que sa réforme de la gouvernance
scolaire ou du réseau scolaire avait provoqué des chicanes stériles et souhaite
maintenant placer la réussite scolaire au coeur de ses priorités. Qu'est-ce que
vous pensez, là, de ce virage-là?
M. Gaudreault
: Ah!
bien, écoutez, moi, c'est absolument incroyable, là! Bien, je suis content de
ce qui s'est passé, dans le fond, mais j'ai quasiment le goût de vous dire :
Trop peu, trop tard. On se réjouit, mais rappelez-vous, là, que, nous, ça fait
deux ans, ça fait deux ans minimum — parce qu'on le disait même
avant, là, mais, disons, depuis ce gouvernement — ça fait deux ans
qu'on dit qu'on doit toujours mettre la réussite à l'avant-plan, que les
structures ne sont qu'accessoires à une réussite et une persévérance scolaire.
Ça fait deux ans qu'on répète ça à satiété.
Alors, on est contents que le gouvernement
allume enfin, mais vous comprenez qu'ils ont un déficit de crédibilité. Quand c'est
des coupures de milliards de dollars dans le réseau de l'éducation, que, là,
tout d'un coup, ils se réveillent un bon matin dans un conseil général en
disant : Tiens, tiens! On va mettre aux ordures le projet de loi
n° 86, c'est trop peu, trop tard.
Mais maintenant que c'est là puis que le
gouvernement a fait cette ouverture, on va continuer de renforcer ce message.
Mais ils ont un gros déficit puis une grosse côte à remonter. Avec en plus le
ministre Bolduc, ensuite le ministre Blais, là, le ministre Proulx, ça fait
trois ministres en deux ans. Alors, gros déficit de crédibilité.
Le Modérateur
:
Dernière question, M. Croteau.
M. Croteau (Martin) : Vous
dites que ça fait deux ans que vous pressez le gouvernement de mettre la
réussite scolaire au coeur de ses priorités. Diriez-vous que le gouvernement
vous a volé vos idées?
M. Gaudreault
: Bien,
moi, vous savez, je fais de la politique pour que les choses avancent et
changent. Alors, il a fallu qu'on plaide pendant deux ans. Là, ils viennent
d'allumer. Maintenant, on va s'assurer qu'ils le fassent correctement, mais il
va falloir aussi que les investissements suivent, c'est là qu'ils manquent de
crédibilité, puis qu'il y ait de la stabilité dans le réseau
Le Modérateur
: Merci.
M. Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
M. Gaudreault, Uber semble disposé à négocier des aménagements dans le
projet de loi. J'aimerais ça savoir : Est-ce que vous pensez que le
gouvernement doit discuter avec une entreprise dont les activités sont
illégales?
M. Gaudreault
: Bien, c'est
ce que je viens de répondre à votre collègue. Uber va sûrement venir en commission
parlementaire faire état de ses propositions. On les verra à ce moment-là.
M. Robillard (Alexandre) :
O.K. Puis est-ce qu'ils doivent payer leurs impôts ou rembourser?
M. Gaudreault
: Bien,
tout le monde au Québec doit payer ses impôts. On est justement dans cette
période.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que c'est une condition pour les accepter en commission parlementaire?
M. Gaudreault
: Bien,
écoutez, pour moi, c'est deux choses, là. Évidemment, les contribuables, les
entreprises, les citoyens, au Québec, doivent payer des impôts. Ça, là-dessus,
on est intraitables. C'est la même règle pour tout le monde. Maintenant, s'il y
a des organismes qui veulent venir plaider en commission parlementaire ou
présenter leur point de vue, bien là ça, c'est un travail de commission
parlementaire.
M. Robillard (Alexandre) :
O.K. Donc, ça n'empêche rien, là.
M. Gaudreault
: Bien,
écoutez, ils vont venir présenter leur point de vue en commission, puis on va
les écouter
Le Modérateur
: Merci.
M. Robillard (Alexandre) :
J'aimerais ça vous entendre : Québec solidaire attend une position plus
claire du Parti québécois concernant Énergie Est. Qu'est-ce que vous
répondez à ça?
M. Gaudreault
: Je ne
sais pas c'est quoi qu'ils veulent de plus, honnêtement, là.
M. Robillard (Alexandre) :
Allez-y donc.
M. Gaudreault
: On est
contre le projet Énergie Est, là. Je pense que j'ai été très clair.
M. Robillard (Alexandre) :
Non, mais donc peut-être que, pour eux, ce n'était pas aussi clair au moment...
Le Modérateur
: Merci,
M. Robillard.
M. Gaudreault
: Pardon?
M. Robillard (Alexandre) :
Peut-être que c'était moins clair quand M. Péladeau était là.
M. Gaudreault
: C'est
drôle parce que c'est toujours vous qui me posez la question, M. Robillard,
puis je pense que je vous l'ai dit à peu près 1 000 fois, sinon
10 000 fois : Nous sommes contre le projet Énergie Est.
Alors, je peux le dire à Françoise David en personne si elle veut, là, mais ça
ne changera pas, on est contre.
Le Modérateur
: Ça
marche, merci.
M. Robillard (Alexandre) :
Même si je vous pose la question, ça n'a pas l'air clair pour eux, là. C'est
pour ça, là.
M. Gaudreault : Bien, alors,
c'est peut-être que vous le rendez mal. Mais ça, ce n'est pas de ma faute.
Alors, je peux lui envoyer le verbatim du point de presse, si vous voulez. Nous
sommes contre.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bélair-Cirino, micro de droite.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour, M. Gaudreault, bonjour, Mme Hivon. Est-ce que vous avez
observé une recrudescence des gestes homophobes au cours des derniers mois, des
dernières années au Québec? Vous avez fait allusion à un événement qui a eu
lieu à Montréal. Est-ce que c'est une anecdote ou...
M. Gaudreault : Non. Tout geste
homophobe ne sera jamais une anecdote, O.K.? Je veux que ça soit extrêmement
clair, là. C'est tragique, c'est déplorable. Maintenant, est-ce qu'il y a une
recrudescence? Je ne veux pas m'embarquer là-dedans parce que je n'ai pas
suffisamment de statistiques avec moi, mais un geste homophobe est un geste de
trop.
Il y a parfois des gestes plus éclatants
que d'autres, malheureusement, comme celui qui s'est passé le 30 avril à
Montréal, où il y a eu vraiment des agressions physiques, à ce que j'en comprends.
Mais parfois ça peut être des gestes homophobes plus insidieux, et ils sont à
bannir aussi.
Alors, je ne veux pas vous parler de
recrudescence. Ce que je veux vous dire, c'est que la journée d'aujourd'hui est
une journée qui est encore importante, qui le sera toujours, même s'il y a des
progrès au Québec, parce qu'on ne peut pas être étranger à ce qui se fait non
plus ou ce qui ne se fait pas à l'international.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais une nouvelle campagne de sensibilisation est nécessaire, selon vous?
M. Gaudreault : Oui. Bien, je
pense qu'il y a toujours des...
M. Bélair-Cirino (Marco) : Le
Québec n'est pas arrivé au point où ce genre d'exercice là est superflu?
M. Gaudreault : Non, non, ça
sera toujours nécessaire. Puis je comprends aussi qu'il y a des thèmes
différents. Cette année, c'est sur la question des personnes aînées. C'est très
important parce qu'il faut comprendre que les premières personnes qui ont fait
un coming out, je dirais, sur leur orientation sexuelle il y a peut-être 30,
40 ans, bien, aujourd'hui, elles sont rendues des personnes âgées qui
peuvent être dans des résidences. Et là elles arrivent dans un autre contexte
où ce n'est peut-être pas nécessairement aussi reconnu, ou accepté, ou toléré.
Et je pense qu'il faut continuer de faire ce type de campagne. Moi, je trouve
que c'est une très bonne idée de le faire sur la réalité des personnes plus
âgées.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mme Hivon,
je ne sais pas si vous avez pris connaissance du projet de loi qui a été déposé
ce matin à la Chambre des communes sur une protection accrue aux transgenres,
notamment. Qu'en pensez-vous? Et est-ce que le gouvernement du Québec devrait
également renforcer la charte québécoise des droits et libertés?
Mme
Hivon
:
Alors, écoutez, je n'ai pas pris compte du détail. J'étais, hier soir, à la
Fondation Émergence, à la remise des prix. Alors, j'ai entendu cette intention
de M. Trudeau de déposer le projet de loi. Je vais en prendre
connaissance, là, dans les prochaines heures. On va regarder ça.
Nous, ce qui est clair, vous avez entendu
les revendications que nous portons, celle qui est la plus urgente, c'est de
donner aux mineurs, aux enfants, aux mineurs trans les mêmes droits
d'identifier à l'état civil leur changement d'identité sexuelle, leur
changement de sexe, parce qu'on minimise, je pense, et peut-être qu'on ne se
rend pas bien compte de l'impact au quotidien de ne pas avoir la bonne identité
sur ton certificat quand tu vas à l'école, équipe de sport, vestiaires,
toilettes. Aussi, tout ce qui est genré, là, on s'en rend compte dans l'univers
sportif, scolaire, social des jeunes. On a eu des témoignages excessivement
touchants et troublants, la semaine dernière, avec la venue d'un jeune ici. On
a vu le documentaire sur le sujet.
Alors, moi, ce que je demande, c'est qu'on
agisse de manière très urgente sur ce front-là qui relève évidemment de nous,
de l'état civil.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Une question, M. Gaudreault...
Le Modérateur
:
Dernière question, M. Bélair, s'il vous plaît.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Concernant votre équipe d'officiers, bon, Mme Léger a annoncé ce matin
qu'elle appuyait Alexandre Cloutier dans la course à la direction du Parti
québécois. Est-ce que vous êtes assurés maintenant que les officiers qui sont
en place vont demeurer en place d'ici au mois d'octobre, et qu'ils ne vont pas
démissionner dans deux, trois semaines pour appuyer un candidat, et que vous
allez pouvoir bénéficier d'une équipe stable?
M. Gaudreault
: Oui.
Bien, vous savez que, dès les minutes qui ont suivi mon élection comme chef
intérimaire, c'était à une condition absolument sine qua non, là, pour les
officiers, la neutralité. Alors, c'est ce que j'ai continué d'exiger. C'est ce
que je continue d'exiger.
Maintenant, il y a des députés qui ont
décidé de s'engager dans des campagnes au leadership pour un candidat ou un
autre. Alors, moi, j'ai dit : Bien, il faut que ça se fasse rapidement
parce qu'on a besoin de stabilité, justement, pour le reste de la session. Et c'est
les décisions qu'ils ont prises. Alors, moi, je peux vous assurer que les
personnes qui sont avec moi comme officiers partagent la même neutralité que la
mienne.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour. Mme Hivon, juste une précision sur les transgenres. Je comprends ce
que vous voulez, c'est un peu la même chose que veut Québec solidaire. La seule
chose, quand vous parlez des toilettes, les vestiaires, est-ce que ce changement
à l'état civil, ça ne vient pas nécessairement régler le problème des
vestiaires?
Mme
Hivon
: Oui,
oui.
Mme Lajoie (Geneviève) : Oui?
Mme
Hivon
: Non,
vous avez raison. En fait, j'ai parlé des deux ensemble. Le changement, je
dirais, d'identification à l'état civil facilite les choses pour toutes sortes
de réalités des jeunes, mais il y a en plus une nécessité de sensibilisation
des lieux d'éducation, des équipes sportives. Donc, je vous dirais, c'est pour
ça qu'on dit qu'il faut aussi une politique, il faut vraiment une politique de
lutte à la transphobie aussi, parrainée par le ministère de la Justice, parce
qu'il y a aussi les changements, je dirais, d'attitude. Il y a beaucoup,
beaucoup de... Je pense qu'on ne se rend pas bien compte, mais, quand on parle
quelques minutes avec des jeunes trans, à quel point il y a de la résistance
dans certains milieux et une méconnaissance de cet enjeu-là, alors qu'on parle
qu'il y a des enfants, là, de deux, trois, quatre ans qui savent déjà qu'ils ne
sont pas dans le bon corps... Alors, c'est important de pouvoir donner suite à
ça.
Donc, il y a le changement administratif
qu'on veut via le projet de loi, le règlement, mais il y a aussi, plus
largement, un changement, je dirais, une sensibilisation de tout l'univers qui
entoure les jeunes trans.
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
que vous voulez, donc, un petit peu plus que ça pour ce qui est des vestiaires,
des toilettes? Aux États-Unis, là, M. Obama a envoyé une directive, si on veut.
Est-ce qu'il faut faire la même chose ici dès maintenant?
Mme
Hivon
: Bien,
moi, je demande à la ministre d'être la plus proactive possible parce qu'il y a
beaucoup de travail à faire. Je pense que c'est un chantier très important.
Alors, il y a les changements réglementaires, mais il y a les changements de
politique, il y a les changements sociaux qu'il faut insuffler parce que, comme
je l'ai dit, c'est de la souffrance au quotidien qui se vit. Et nous, comme
élus, notre première responsabilité devrait être, quand on peut poser un geste
pour réduire la souffrance des personnes, de nos concitoyens... bien, ce serait
de le faire.
Le Modérateur : Merci
beaucoup. Merci et bonne fin de journée.
(Fin à 12 h 28)