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Point de presse de M. Éric Caire, leader parlementaire adjoint du deuxième groupe d'opposition

Version finale

Wednesday, May 18, 2016, 11 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures vingt minutes)

M. Caire : Alors, bonjour. Évidemment, aujourd'hui, on voulait revenir sur les révélations qui ont été faites par l'entremise de Louis Lacroix concernant des allégations très graves au ministère des Transports, beaucoup de choses qui ont été dites, mais aujourd'hui, compte tenu du contexte, on veut aussi surtout se concentrer sur le rôle de Dominique Savoie.

Peut-être rappeler des éléments de contexte. On se souvient tous qu'il n'y a pas si longtemps, c'est la même Mme Savoie qui avait, par une directive, une note interne, imposé l'omerta au ministère des Transports concernant les enquêtes de l'UPAC. Aujourd'hui, et je pense que ce n'est pas anodin de le resignaler, l'ex-ministre Poëti écrit ceci : «Des dizaines de ces ententes de gré à gré...» Parce qu'il faut bien comprendre que M. Poëti parle de contrats qui ont été fractionnés pour passer sous la barre du radar... qui permet d'aller de gré à gré. Donc : «Des dizaines de ces ententes de gré à gré ont ainsi été conclues par la sous-ministre Dominique Savoie. Dans bien des cas, il s'agissait de "contrats de nature confidentielle et protégée". Il est donc difficile d'en donner les détails.»

Alors, on comprend, là, que Mme Savoie est directement impliquée, selon M. Poëti, directement impliquée dans la signature de contrats, le fractionnement de contrats et la signature de contrats de gré à gré. Il faut rappeler aussi que Mme Savoie est arrivée en poste sous Sam Hamad, que c'est à ce moment-là qu'on a procédé à une certaine réorganisation au ministère des Transports. Le résultat : on voit des vérificateurs subordonnés aux gens qu'ils doivent enquêter qui disent être menacés, qui disent être intimidés. Et, pour conclure, c'est cette même Mme Savoie qui, aux dires de Robert Poëti, a refusé, en se traînant les pieds, de répondre aux questions que cet ex-policier posait, questions pertinentes sur ce qui se passait à son ministère. Et, comme par hasard, c'est M. Poëti qui a perdu son emploi et non pas Mme Savoie.

Donc, aujourd'hui, là, de penser que Mme Savoie, qui a refusé de répondre à son ministre, qui n'a subi aucune conséquence pour ne pas avoir répondu aux questions de son ministère, de dire que cette personne-là va venir à la Commission de l'administration publique et va être un livre ouvert, vous me permettrez d'être sceptique. En conséquence, on a demandé au premier ministre s'il avait toujours confiance en Mme Savoie, et vous avez entendu comme moi la réponse alambiquée du premier ministre. Là-dessus, j'attends vos questions.

M. Lacroix (Louis) : Vous allez poser des questions à Mme Savoie. Quelle va être votre ligne d'attaque? Sur quoi voulez-vous vous attarder? Qu'est-ce qui est le plus inquiétant, à votre avis, dans sa gestion?

M. Caire : De savoir jusqu'à quel point elle savait ce qui se passait dans son ministère, jusqu'à quel point elle a ou non laissé faire et jusqu'à quel point elle est ou non impliquée dans ce qui se passait dans le ministère. Comment peut-elle expliquer le fractionnement des contrats, la signature de contrats de gré à gré? Comment peut-elle nous expliquer qu'elle a ignoré — ignoré, dans le sens qu'elle n'était pas au courant parce que j'imagine que c'est ce qu'elle va nous dire — que des vérificateurs se sont dits menacés, intimidés par leurs patrons pour ne pas faire leur travail? Comment peut-elle ne pas être au courant qu'il y avait cinq bases de données pour être capables d'avoir cette comptabilité créative qui permettait de dissimuler le véritable montant des extras? Comment savoir qu'elle ne connaissait pas ça? Comment croire qu'elle ne connaissait pas ça? Comment peut-elle l'expliquer, puisqu'elle est la sous-ministre et qu'elle a cette responsabilité? Et, comme le disait Robert Poëti lui-même dans la lettre, elle était imputable de ces choses-là. Comment se fait-il qu'elle n'en réponde pas aujourd'hui?

M. Lecavalier (Charles) : Et est-ce que vous croyez le premier ministre quand il dit qu'il a appris toutes ces histoires en mangeant ses céréales ce matin?

M. Caire : Écoutez, d'abord, j'imagine qu'il a avalé de travers, là. Mais, oui, moi, je crois, là, je prends la parole du premier ministre. Par contre, la question que ça soulève : Comment se fait-il que Jacques Daoust ait été informé de ça il y a plusieurs semaines, qu'il ait, de son propre aveu tout à l'heure, transmis une clé USB remplie de documents à l'UPAC? Écoutez, là, le ministre des Transports prend connaissance de l'ensemble des allégations qu'on constate ici, il trouve matière à envoyer ces informations-là à l'UPAC, donc, pour lui, il y a un questionnement sur la nature, criminelle ou non, des allégations et il n'informe pas le premier ministre de sa démarche? Il garde le premier ministre dans l'ignorance? Compte tenu de tout le contexte qu'on vient de vivre depuis deux ans, là, il n'a pas jugé bon d'informer son chef? Est-ce que le premier ministre va nous dire? Qu'est-ce qu'il pense de ce comportement-là? Puis est-ce que M. Daoust peut nous expliquer pourquoi, pourquoi il n'a pas informé le premier ministre de quelque chose d'aussi vital? On parle quand même de l'intégrité du gouvernement de M. Couillard, là.

M. Boivin (Simon) : Dans l'article, on dit aussi que l'information a été transmise à l'UPAC, mais que l'UPAC préférerait ne pas enquêter sur le MTQ, qu'elle considère comme un partenaire plus que comme une cible. Est-ce que c'est inquiétant pour vous?

M. Caire : Bien, écoutez, c'est inquiétant. Par contre, jusqu'à preuve du contraire, moi, je fais confiance au commissaire Lafrenière. Par contre, vous comprendrez que Mme Savoie vient en commission, à la CAP, tout à l'heure, et ça fera partie des questions qu'on pourra lui poser. Parce que, je le rappelle, là, c'est quand même cette même Mme Savoie qui a demandé à ses fonctionnaires de ne pas répondre à l'UPAC et qui a menacé ses fonctionnaires de sanctions s'il y a des gens qui parlaient à l'UPAC, là. Donc...

M. Boivin (Simon) : L'article, en citant les mêmes sources, ou en tout cas, dit bien que ce serait M. Lafrenière lui-même qui préférerait ne pas enquêter sur le ministère des Transports.

M. Caire : Oui, non, j'ai compris ça aussi. Par contre, compte tenu des circonstances, moi, ce que je voudrais faire aujourd'hui, c'est — puis compte tenu que Mme Savoie s'en vient à la CAP tout à l'heure, là, vous comprendrez, là — je pense que... une étape à la fois. On va commencer par investiguer ce qui concerne Mme Savoie. Ce que... J'ai lu la même chose que vous, j'ai compris la même chose que vous, mais une étape à la fois. On va commencer par Mme Savoie parce que je pense que... d'abord, elle est là puis les allégations qui la touchent sont quand même assez importantes, merci.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que vous pensez qu'il devrait y avoir une vérification particulière faite sur les méthodes au ministère des Transports? Moi, on me dit que les façons de faire au ministère des Transports sont extrêmement difficiles à changer. Quand on veut amener des changements administratifs, par exemple, il y a beaucoup, comment dire, de retenue dans la machine, la machine ne veut pas suivre nécessairement, c'est très difficile. Est-ce que vous pensez qu'on devrait arriver avec une vérification particulière de ce qui se passe au MTQ?

M. Caire : Moi, je vous dirais, avec le rapport Duchesneau, avec le rapport de la commission Charbonneau, avec les différents rapports des vérificateurs généraux, je ne pense pas qu'on ait besoin d'une nouvelle vérification, d'un nouveau rapport. Ce que ça prend, c'est du leadership. Puis, jusqu'à preuve du contraire, le premier ministre n'a démontré aucun leadership.

Il y avait en place quelqu'un qui voulait faire le ménage. Le résultat, c'est qu'il l'a tassé. Puis aujourd'hui on voit M. Daoust, qui est beaucoup moins ferme, de toute évidence, dans ses intentions d'aller au bout des choses.

Alors, ce que ça prend, c'est du leadership, d'une part, du premier ministre, une volonté de faire et de fer — vous pouvez l'écrire «f-a-i-r-e», mais vous pouvez l'écrire «f-e-r» aussi — et ça, on ne retrouve ni l'un ni l'autre chez le premier ministre, donc ça se traduit dans tout son Conseil des ministres. Et, s'il n'y a pas de volonté du gouvernement, vous ne la changerez pas, la machine, vous ne la changerez pas.

M. Lacroix (Louis) : J'ai un questionnement sur... parce qu'aujourd'hui on a déposé des documents en Chambre. On a entre autres déposé un document qui traite des PCP, qui date de décembre 2014, si je ne m'abuse.

M. Caire : Oui, absolument.

M. Lacroix (Louis) : Ce n'est pas le rapport que M. Poëti attendait, ça. Ce n'est pas celui-là.

M. Caire : Tout à fait.

M. Lacroix (Louis) : Alors, est-ce que vous exigez qu'on dépose ce rapport-là?

M. Caire : Absolument. On continue à exiger que l'ensemble des rapports soient déposés. On continue à exiger que les rapports soient déposés de façon intégrale aussi. Parce que, tu sais, c'est bien beau se servir, là, des informations nominatives pour retirer des pages au complet, mais habituellement ce qu'on va faire, c'est... on va caviarder les informations nominatives. On ne retire pas des pages d'un rapport. Ce n'est pas comme ça qu'on fait. Ce n'est pas la première fois qu'on reçoit des documents puis qu'il y a des informations qui doivent rester confidentielles. On va caviarder l'information, on ne va pas retirer les pages. Donc, d'avoir retiré des pages du rapport, c'est très inquiétant. Et effectivement on veut l'ensemble des rapports, notamment le rapport sur les vérificateurs qui auraient été victimes d'intimidation. Donc, c'est de la semi-transparence. Encore une fois, là, ce que le premier ministre essaie de faire, c'est mettre le couvert sur la marmite puis essayer de passer à d'autre chose le plus vite possible, mais on ne lui permettra pas de faire ça.

M. Chouinard (Tommy) : Mais comment est-ce possible que le rapport de vérification qui vient d'être déposé date de décembre 2014 et que M. Poëti soutienne qu'il n'a jamais eu accès à ce rapport-là alors qu'il était en poste jusqu'à il n'y a pas si longtemps?

M. Caire : Oui, écoutez, ce que j'en comprends, c'est qu'effectivement ce n'est pas de ce rapport-là dont il est question dans la lettre. Je vais juste peut-être vous lire l'extrait qui en parle. Bien, il dit, en parlant des rapports sur les vérificateurs, qui n'a pas été déposé, il dit : Je n'ai aucun doute que ce rapport existe... Je m'excuse, là, je ne veux pas vous retarder indûment, mais, dans la lettre, il dit : Je n'ai aucun doute que le rapport existe et qu'il nous aurait informés sur les changements de structure auxquels on devrait procéder. Mais ce rapport-là, M. Poëti dit qu'il n'y a pas eu accès. Le rapport qui a été déposé, c'est un autre rapport.

C'est pour ça que je vous dis, là, il y a un beau jeu qui s'est fait ce matin, là, avec le premier ministre, qui dit : Bon, bien, je vais déposer les rapports. Mais c'est parce que ce n'est pas… C'est le rapport que tu n'as pas déposé. Celui que tout le monde veut voir, là, lui, tu le gardes bien, bien, bien en main. Et Robert Poëti nous dit : Je n'ai aucun doute qu'il existe, ce rapport-là. Merci.

(Fin à 11 h 31)

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