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Point de presse de M. François Paradis, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de santé et de services sociaux

Version finale

Friday, May 20, 2016, 9 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt et une minutes)

M. Paradis (Lévis) : Bien, merci à vous tous d'être ici. Vous le savez, dans le cadre de l'interpellation du ministre de la Santé, on va s'attarder à une chose bien précise, c'est-à-dire de rappeler, de rappeler encore une fois au ministre de la Santé les effets désastreux du fait de ne pas tenir ses promesses électorales. Et je parle de promesses électorales dans le cadre de celle qui avait été faite, en mars 2014, d'offrir aux Québécois et aux Québécoises l'accès gratuit aux examens d'échographie, résonance magnétique, scans gratuits dans les cliniques privées du Québec. Alors, ça fait deux ans que ça a été promis, il n'y a rien qui a été fait à ce chapitre-là. Je vais vous rappeler quelques données puis de nouvelles données, de nouvelles données qui devraient à notre avis mettre de la pression sur le ministre pour comprendre l'importance de concrétiser ces promesses-là.

Il y a une dizaine de jours, on vous présentait les chiffres concernant les échographies au Québec. 112 000 patients présentement, 112 000 patients à travers le Québec, attendent pour une échographie, échographie mammaire, échographie cardiaque, autres types d'échographie : 26 000 pour les échographies cardiaques, 8 000 pour les échographies mammaires, 77 500 pour les autres types d'échographie. Puis, à travers ça, plus dérangeant encore, les délais non respectés, c'est-à-dire les cibles du gouvernement, celle de faire en sorte que les patients puissent être traités dans une fourchette d'en bas de trois mois, pas respectée. 69 % des gens qui attendent pour une échographie dans les Laurentides sont traités hors délai; 73 % en Estrie; 63 % en Montérégie; 63 % en Chaudière-Appalaches. Je pense qu'à un moment donné ces pourcentages-là parlent, puis, à travers ceux-ci, chaque fois qu'on donne un pourcentage, une statistique ou un chiffre, il y a des gens qui sont en attente et qui s'inquiètent. Je vous le rappelle, une échographie, un examen de résonance magnétique, un scan, ce ne sont pas des examens anodins, ce sont des examens cruciaux et importants. Alors, on doit agir rapidement pour faire en sorte de réussir à découvrir ce qui ne va pas et ce qu'on devra traiter mais, au-delà de ça, de rassurer le patient qui sait devoir passer à travers un examen important.

Voilà maintenant les nouvelles données, parce que les échos, on vous l'avait dit. Bien, on se rend compte, dans des chiffres publiés par le ministère de la Santé et compilés ligne par ligne... Encore une fois, là, on a fait un travail pour compiler ligne par ligne la problématique en ce qui concerne les deux autres examens que le gouvernement s'était promis de rembourser depuis mars 2014, situation tout aussi inquiétante et préoccupante pour les IRM et pour les scans. IRM : 70 000 patients attendent au moment où on se parle, attendent présentement pour un examen de résonance magnétique, 70 000, 25 000 de plus qu'en mars 2012. On ne va pas vers le mieux, là. Il y en a 25 000 de plus. C'est 55 % d'augmentation. Depuis mars 2012, les listes d'attente ont augmenté dans 12 régions sur 15 au Québec. Ça fait qu'il y a 12 régions au Québec, là, où ça ne va pas mieux, les listes d'attente augmentent. Et là il y a des chiffres qui font frémir : à Québec, 692 % d'augmentation; en Montérégie, 391 %; en Estrie, 172 %; au Saguenay, 161 %, pour ne nommer que celles-là. Les attentes sont dramatiques en région.

On parle d'IRM. Allons pour les scans. On a fait le même exercice. À travers les données du ministère, on a compilé ligne par ligne. Pour les scans, c'est aussi pénible : 39 000 patients attendent présentement pour un examen, une tomodensitométrie, un scan, c'est 850 de plus qu'en mars 2012. Puis là l'augmentation des listes d'attente... bien, elles sont significatives dans sept régions sur 15 au Québec. La moitié des régions du Québec, il y a des listes d'attente qui ont grimpé de façon monumentale, et ce chiffre-là est, à toutes fins utiles, quasi inconcevable. En Estrie, l'augmentation est de 1 218 %; 329 % d'augmentation en Montérégie; 233 % en Abitibi; 152 % à Québec. Le ministre n'a pas livré la marchandise.

Mars 2014, on promet quelque chose, on ne l'a pas encore. Il y a une dizaine de jours, il nous promet que les écographies seront remboursées dans les cliniques privées pour les Québécois et les Québécoises, pour les patients du Québec; on ne l'a pas encore. Il avait promis début 2016, on ne l'a pas encore. On se rend compte que ses cibles ne sont pas atteintes, on attend le respect d'une partie de sa promesse électorale deux ans en retard. Et là je dis une partie parce que la première, la promesse électorale, c'était IRM, scans puis écographies. Alors, la première, on l'aura potentiellement à un moment donné, mais, en même temps, ça sera le tiers de la promesse qu'il a faite aux Québécois et aux Québécoises. Et, pendant ce temps-là, la situation, elle s'empire.

Et là, à travers des chiffres comme ceux-là, moi, ce que je veux que le ministre comprenne, c'est qu'on a identifié, pour lui faciliter la tâche... on lui donne des chiffres qu'il n'a pas là. On lui montre, on lui met le portrait de la situation puis on dit au ministre : Il y a des foyers, là, il y a des foyers d'incendie. Ici, là, ça brûle plus fort; ici, ça brûle plus fort, là. Appelez-les des foyers d'incendie, des foyers d'infection, trouvons les termes de santé, mais il y a des endroits où il y a un bobo, là, qui est manifestement apparent. Les chiffres le prouvent. Les chiffres sont têtus. Les chiffres sont là, ils sont sur papier, ce sont des données du ministère, on les compile.

Alors, moi, je m'attends à ce que le ministre dise : Si ça va mal là, sachons pourquoi. Si on est à 1 218 % à Sherbrooke, en Estrie, sachons pourquoi. Attaquons-nous aux endroits où la situation est la plus dramatique.

Tous ceux, à travers des données comme celles-là, qui nous écoutent aujourd'hui comprendront — puis ils sont nombreux et nombreuses à la maison — ce qui se passe. Je suis un patient à qui on a demandé d'aller passer un examen aussi important qu'un scan, qu'un IRM, qu'une échographie. Moi, j'ai des gens qui l'ont vécu. Je sais personnellement ce que c'est également. Puis il ne faudrait pas penser que, derrière des statistiques dans des données comme celles-là, on puisse les prendre à la légère parce que la problématique psychologique, le stress et l'anxiété provoqués en attente d'un résultat qu'on imagine toujours le pire quand on est celui qui attend, ce n'est pas pour rassurer nos citoyens, nos Québécois et nos Québécoises, les patients et les patientes puis ce n'est pas non plus pour les mener rapidement vers la voie de la guérison.

Alors, je demande au ministre de respecter sa promesse. Et, lorsqu'il annoncera, j'espère bientôt, le remboursement des échographies au Québec, qu'il fasse de même, au même moment, pour ce qu'il avait promis, les examens de résonnance magnétique et les scans pour l'ensemble des Québécois et Québécoises, remboursement à travers les cliniques privées du Québec.

M. Bergeron (Patrice) : Mais, M. Paradis, puisque vous avez fait des recherches pour compiler toutes ces statistiques, qu'est-ce qui, selon vous, explique l'accumulation des retards dans le système actuellement dans le réseau? Parce que passer de 1 200 % à... ou 694 %, il y a certainement des explications plausibles à donner.

M. Paradis (Lévis) : Ce qui va être intéressant puis ce que le ministre devrait faire... Puis ces chiffres-là vont lui donner l'occasion, j'ose espérer, en tout cas, de se poser la question que vous me posez : Pourquoi ça grimpe à ce moment-là? Le but de l'exercice puis ce qu'on souhaite, c'est que les listes d'attente diminuent. Puis il a proposé des solutions pour faire en sorte qu'on puisse avoir davantage d'examens, ce qui ne se fait pas jusqu'à maintenant.

Au-delà de ça, pourquoi il y a des endroits où ça explose? Il y a mille et une possibilités. Est-ce qu'on surdiagnostique? Ça, ça a déjà été adressé. Alors, il faut questionner aussi l'utilisation de ces examens-là, mais il ne faut pas prétendre qu'ils ne sont pas importants. Il faut y aller avec parcimonie puis il faut être très, très prudent.

Moi, lorsque j'ai eu à passer un examen important de ce type-là, dans ma tête à moi, il n'y avait pas de surdiagnostic possible, là. Je veux dire, quand tu es un patient et qu'un spécialiste te dirige vers un examen comme celui-là, pertinemment, comme patient, tu saisis le sens et l'importance d'un examen comme celui-là. On ne parle pas d'examens réguliers, là.

M. Bergeron (Patrice) : Avez-vous des informations de la part du réseau? Vous avez des antennes dans le réseau ou est-ce que vous avez des informations qui vous permettraient d'expliquer une partie de ce qui se passe actuellement?

M. Paradis (Lévis) : Bien, tout est dit à travers le réseau, mais tout est dit de façon voilée. Est-ce que les équipements servent à pleine capacité? Est-ce que les équipements sont bien situés? Est-ce qu'il faut revoir la couverture? Est-ce qu'on surdiagnostique? Bon, est-ce qu'on a suffisamment de personnel pour faire en sorte d'opérer ces appareils-là? Tout autant de questionnements qui sont lancés par des gens qui constatent des chiffres comme ceux-là.

Mais là, à travers ça, je pense que, pour trouver le vrai noeud du problème, il faut carrément, systématiquement aller poser des questions. Puis, si on veut offrir aux Québécois et aux Québécoises une couverture égale... Parce que, là, le drame à travers ces chiffres-là, vous comprendrez que, dans ma tête, à moi, il vaut mieux avoir un traitement proposé en Mauricie pour un scan, une IRM ou une écho qu'en Montérégie. Il vaut mieux être traité ailleurs qu'à un autre endroit. Ce n'est pas drôle, là. Quand on se dit que, régionalement, là, on aura des traitements qui seront plus longs par rapport à une autre région où ça va bien, bien, regardons où ça va bien, regardons à quel rythme les machines fonctionnent, quel est le ratio de personnel, pourquoi ça va bien puis pourquoi une autre, bien, ça décroche.

Moi, ces disparités-là ne font pas sens. Et, dans une intervention — puis je fais une analogie à un feu parce qu'à un moment donné ça devient une urgence — les pompiers, la première chose qu'ils font, ils cherchent le foyer d'incendie, le foyer principal. Quand ils s'attaquent à ça, ils finissent par circonscrire les flammes. Bien, c'est la même affaire. Quand tu as des poches puis des endroits où ça va vraiment mal, va poser des questions. Pourquoi ça ne marche pas là? Qu'est-ce qui ne va pas? Puis commençons à travailler là.

M. Bergeron (Patrice) : Mais l'aggravation, donc, de ces problèmes de listes d'attente, est-ce que ça traduit, donc, le fait que le gouvernement du Québec ou que le ministre ne s'est pas assez attardé à régler le problème des listes d'attente? Il s'est attardé à régler les problèmes de structure. Comment vous expliquez ça, là?

M. Paradis (Lévis) : Bien les premières interventions du ministre... Puis on tente encore de s'en sortir. Allez voir l'état du réseau par l'oeil de ceux qui y travaillent. Le projet de loi n° 10, la loi n° 10, là, de la gouvernance puis la gestion a fait en sorte qu'on s'est adressés aux structures. Je l'ai toujours dit, le système de santé du Québec passe d'abord et avant tout par les yeux des patients. Les patients se disent être déconnectés avec cette gouvernance-là qu'on a imposée, cette façon de faire, cette gestion-là. Il y a des gens du réseau qui me disent : On ne sait plus à qui s'adresser, on ne sait plus à qui parler, on ne sait plus, même, quoi faire dans notre travail au quotidien parce que tout a été déplacé, tout a été bousculé. Bien, c'est bien évident que, pendant que tu fais ça, bien, peut-être que tu es moins attentif à une autre problématique qui, celle-là, est directement reliée aux patients.

Au-delà de ça, ce qui est inquiétant, c'est que le plus souvent, et plus souvent qu'autrement, puis encore récemment, on se rend compte que le gouvernement n'arrive pas à avoir des chiffres puis une vision, un portrait global de ce qui se passe dans son réseau. La Vérificatrice générale l'a dit pas plus tard qu'une ou deux semaines concernant les frais accessoires où elle a dit dans son rapport déposé : Le gouvernement ne sait pas à qui il a donné, pourquoi il a donné puis combien il a donné. Elle s'étonnait de dire : Comment le gouvernement peut-il... Dans les soins à domicile, on a vécu la même chose. On dit : Le gouvernement, à travers les rapports du Protecteur du citoyen, de la Vérificatrice générale, on a eu... même chose. Le gouvernement ne sait pas ce qu'est l'offre puis la demande. Comment tu veux investir correctement quand tu ne sais même pas qu'il y a des gens qui, encore aujourd'hui, attendent des soins à domicile, un premier service, qu'ils ne l'ont pas? Tu n'as pas les données, comment veux-tu intervenir?

Alors, fais-toi une grande carte, là, puis regarde où ça va très mal, puis dis : Allons là, allons là, trouvons pourquoi puis appliquons la solution. Mais là on a déjà deux ans de retard, puis la promesse, elle était celle-là en 2014. Puis on attend encore celle des échos, qui devait être début 2016, puis là ça devrait être bientôt.

Je vais vous dire un des mots qui était répété le plus souvent quand j'étais arrivé à l'Assemblée nationale, puis, honnêtement, là, ça me faisait un peu sourire. Je pense que je n'ai jamais entendu autant de «bientôt» de la part du gouvernement libéral. C'était le mot par excellence. Ce sera quand? Bientôt. On va faire ça quand? Bientôt. Vous allez répondre aux gens quand? Bientôt. Bien, bientôt, c'est maintenant.

Mme Fletcher (Raquel) : Le Commissaire à la santé et au bien-être, qui va être aboli bientôt, ils sont en train de publier un rapport au sujet des urgences au Québec. Avez-vous les mêmes inquiétudes pour les attentes aux urgences?

M. Paradis (Lévis) : Moi, j'ai des inquiétudes à travers les chiffres qu'on a évalués, qu'on a sortis. J'ai des inquiétudes aussi partout. Je vais vous donner un exemple au niveau des attentes dans les urgences. Récemment, le gouvernement disait : Vous savez, on a fait du chemin, on a diminué le temps moyen d'attente sur civière aux urgences d'une heure. Là, on dit : Regarde, on est sur la bonne voie, là. La cible du gouvernement est à 12 heures depuis 2003. Ils se sont donné une cible, 12 heures, en 2003. Ça fait 13 ans. Là, on a gagné une heure. Ça fait 13 ans.

Et, si on regarde ce qui se passe à l'Hôpital de Granby précisément, même façon de faire, une carte, puis on regarde ce qui se passe partout, là... On peut bien se réjouir qu'il y a une heure de moins, j'en suis. Moins les gens vont attendre, plus les gens auront de l'accès, plus je serai heureux. À Granby, c'est 21 h 30 min d'attente. C'est six heures de plus que la moyenne provinciale à l'Hôpital de Granby. Comment se fait-il?

Alors, soyons conscients, là, de l'état de la situation partout à travers la province, faisons un portrait efficace et réel de ce qui se passe, identifions les endroits où ça va mal puis adressons-nous aux problèmes parce que, manifestement, il y a des disparités dans le cas des IRM, des scans, des échos, des attentes, des chirurgies qui ne se font pas, des cibles qui ne sont pas respectées, des disparités régionales qui, pour les citoyens — puis je parle pour les citoyens — demeurent incompréhensibles et particulièrement stressantes.

Le Modérateur : D'autres questions? Merci beaucoup.

M. Paradis (Lévis) : Merci.

(Fin à 9 h 36)

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