(Quinze heures)
Mme Roy
(Montarville)
:
Bonjour tout le monde. Écoutez, juste quelques mots... Je suis renversée
d'apprendre que la ministre Vien vient de tenir une mêlée de presse dans
laquelle elle dit qu'elle n'a pas aimé le ton des propos du chef de la deuxième
opposition. Moi, ça me dérange vraiment d'entendre la ministre dire ça, «le ton
des propos». Écoutez, quand qu'on dit à une ministre : Réveille-toi, et qu'elle
s'offusque de ça, moi, je trouve que Mme Vien a l'épiderme très, très
mince. Et je me demande, d'ailleurs, pourquoi les collègues libéraux de
Mme Vien ne sont pas offusqués lorsqu'une autre ministre, Mme de Santis,
a tenu des propos extrêmement graves, des propos incitant à la haine, parlant
de tuer, de jeter des personnes. Personne ne s'est offusqué à ce moment-là.
Alors, vous comprenez très, très bien que
c'est pratiquement… On joue dans un très mauvais film, actuellement, parce que
ce que le gouvernement libéral essaie de faire, actuellement, avec cette non-nouvelle,
je vais l'appeler comme ça, c'est de créer une diversion, créer une diversion
sur des propos. Vous savez, ce matin, M. Legault, lorsqu'il a questionné
Mme Vien, c'était extrêmement grave. Il y a 700 enfants qui n'ont pas de
transport scolaire parce qu'il y a un lock-out, un lock-out qui est légal. La ministre
répond : C'est légal, et ce lock-out a été fait dans les règles de l'art,
mais jamais elle ne s'est inquiétée du bien-être de ces enfants-là qui, demain,
ne pourront pas aller à l'école, et il y a des examens. Et, écoutez, M. Legault
sortait, quittait le Parlement, quittait la salle de l'Assemblée nationale et
il lui a dit : Réveille-toi!
Écoutez, on est en politique, ici. Ce n'est
pas de la dentelle qu'on fait. Ce sont des propos et des propos qui doivent
être dits, qui ont été dits, et il n'y a pas raison de s'offusquer pour ça. Par
ailleurs, ce que le gouvernement libéral essaie de faire actuellement, c'est effectivement
de créer une diversion parce que les vraies affaires, les vrais problèmes, actuellement,
au gouvernement libéral, qu'est-ce que c'est? C'est l'énorme scandale qui a
cours, actuellement, au ministère des Transports du Québec, c'est
Mme Dominique Savoie, la sous-ministre, c'est également le chef de cabinet
du ministre Daoust, tous les acteurs, toutes ces personnes qui nous apprennent
des choses et l'enquêteuse au dossier qui nous apprend des choses très
troublantes sur ce qui se passe au ministère des Transports.
Le gouvernement, on comprend qu'il essaie
de mettre la marmite là-dessus, mais il y a encore beaucoup de questions qui restent
sans réponse. Comment se fait-il que le ministre Poëti a été tassé? Que
savait-il et pourquoi a-t-il été tassé? Alors, il y a plein de problèmes au gouvernement
libéral, ce qui se passe au MTQ, les gens que je vous ai nommés. N'oublions pas
M. Sam Hamad et ses accointances avec M. Marc-Yvan Côté qui ont été
révélées il y a quelque temps, son voyage en Floride, et puis les arrestations
de M. Marc-Yvan Côté, Mme Nathalie Normandeau. Tout ça, on veut faire
oublier ça au monde et on veut s'en prendre au chef de la deuxième opposition,
qui est allé dire à une ministre : Réveille-toi!
Bien, moi, je pense que les parents, les
pères et les mères de ces enfants-là qui, demain, devront aller les reconduire
à l'école, je pense qu'ils vont être bien contents de savoir qu'il y a quelqu'un,
un élu à la Chambre, ici, qui prend pour eux et qui prend pour les enfants.
Alors, voilà, c'est le commentaire que j'avais à faire, tout simplement.
M. Bovet (Sébastien) : Au-delà
du dossier des enfants qui sont un peu pris en otages, je présume, par ce lock-out
ou ce conflit de travail, les libéraux prétendent que, depuis quelques jours, quelques
semaines, M. Legault a un ton agressif hors micro, qu'il envoie promener
les élus et les ministres du gouvernement libéral. Est-ce qu'il n'y a pas un
ton à changer pour M. Legault, mais aussi pour l'ensemble des parlementaires
dans les débats à l'Assemblée?
Mme Roy
(Montarville)
:
Je pense que ce que le gouvernement libéral est en train de faire, actuellement,
la sortie — il y avait le ministre Paradis également — je
pense que tout ça n'est que pour créer une diversion. Et le ton des échanges...
Et vous savez comme moi, on appelle certains des députés des «goons». Je
pourrais vous dire qu'à côté de moi il y en a, des «goons» du Parti libéral qui
crient très, très fort, et on ne parle jamais de ceux-là, et M. Paradis
n'en a pas parlé. Alors, je pense que c'est une réalité, c'est une réalité qu'il
y a des échanges qui se font qu'on ne voit pas parce que la caméra est toujours
braquée sur la personne qui parle, mais ça, cette réalité-là, quand ça ne fait
pas leur affaire, là ils se plaignent. En fait, les libéraux jouent aujourd'hui
les vierges offensées.
M. Robillard (Alexandre) :
Dans un sens, avez-vous l'impression d'avoir atteint votre objectif en braquant
les projecteurs sur un enjeu qui vous apparaissait important?
Mme Roy
(Montarville)
:
Écoutez, ce n'est pas de cette façon-là, nécessairement, qu'on aurait aimé
qu'il le soit, mais l'enjeu est extrêmement important. C'est un lock-out... Et
ce qu'on a vu c'est que M. Legault... c'était la question de mon collègue
de Chambly, Jean-François Roberge, qui est le responsable, le critique de
l'éducation, et M. Legault a voulu, justement, prendre la deuxième
complémentaire parce qu'il connaît bien le dossier, ayant d'ailleurs déjà été
ministre de l'Éducation. Et la ministre, lorsqu'on lui dit : Qu'allez-vous
faire pour ça?, et qu'elle nous répond… Qu'allez-vous faire pour ce lock-out?
Il y a 700 enfants qui demain ne pourront pas aller à l'école, et ce sont les
examens du ministère, qu'allez-vous faire? Elle ne nous parle que de ce lock-out
qui est fait dans les règles de l'art, rien pour les enfants et, outre ça, elle
ne nous parle même pas des services essentiels, par exemple.
Alors, je pense que c'est plutôt la
ministre qui a été prise de court parce qu'elle n'a pas nécessairement répondu
la bonne chose et qui, là, essaie de s'en sortir. Et vous connaissez M. Legault,
vous savez comme il est passionné, alors, quand il est sorti de Chambre, il a
dit : Réveille-toi! Alors, si elle est offusquée par ça, bien, elle a la
peau bien, bien mince.
M. Bovet (Sébastien) :
C'était «réveille-toi» ou «réveillez-vous»?
Mme Roy
(Montarville)
:
Je n'étais pas à côté, je n'ai pas entendu. «Réveille-toi» ou «réveillez-vous»,
là, je ne pourrais pas dire, là.
M. Bovet (Sébastien) : Est-ce
qu'au contraire, justement, le comportement de M. Legault, peu importe ce qu'on
en pense, n'est pas en train, justement, d'enlever les projecteurs de cette
histoire de 700 élèves sur ce qui se passe à l'Assemblée nationale, dans la
bulle de l'Assemblée?
Mme Roy
(Montarville)
:
Écoutez, c'est ce que le gouvernement libéral essaie de faire aujourd'hui, c'est
de nous faire oublier. Écoutez, il y avait un rapport de la Vérificatrice
générale ce matin. Vous n'avez sûrement peut-être pas tous eu le temps de le
lire, mais il y a des choses importantes là-dedans. Quand on dit… On a posé des
questions, même le ministre Daoust nous répond : Ah! bien, vous, vous
l'avez lu, mais moi, je ne l'ai pas encore lu. Il y a encore des choses
importantes, il y a encore des ajustements à faire avec la machine
gouvernementale, il y a encore trop d'argent gaspillé.
Quand mon collègue Éric Caire se lève puis
dit : Voici un iPad, on le paie à peu près... je pense qu'il nous a dit
437 $ en magasin, le gouvernement le paie 480 quelques, pourquoi? Ça,
c'est la réalité. Actuellement, il manque de gouvernance, il manque de...
Manque-t-il de vérification? Il y a une problématique. La Vérificatrice
générale nous le dit, puis elle nous le dit à plusieurs égards dans plusieurs
dossiers.
Au MTQ — moi, je reviens au
MTQ — aujourd'hui, c'est la Vérificatrice générale, hier, avant-hier,
la semaine dernière, c'était le MTQ, et il y en a, des rapports, il y en a, des
expertises, puis il n'y a rien qui a changé. Et même je vous ramènerais à la
semaine dernière, je crois — je perds la notion du temps — M. Poëti,
quand il a parlé à M. Lacroix, que M. Lacroix a fait son article, si
M. Lacroix n'avait pas fait son article, est-ce que le bon gouvernement
libéral aurait bougé ou est-ce que ce serait encore la règle du silence,
l'omerta du silence? Parce qu'il se passe des choses au MTQ, et ça, c'était
M. Duchesneau qui nous le disait. Qu'est-ce qu'ils ont fait avec son
rapport? Ils sont allés le cacher pour 80 ans. Et M. Duchesneau le
disait, mais, outre ça, la Vérificatrice générale le disait, le disait l'année
dernière, avant... il y a eu des audits, pardon, avant les fêtes, on nous dit
qu'il se passe des choses et on ne veut surtout pas qu'on aille fouiller.
Alors, ma question... j'ai fait un grand
détour, mais, si Louis Lacroix n'avait pas fait son reportage dans L'Actualité,
est-ce que le gouvernement libéral réagi? Non. C'est ce que je crois. Et c'est
pour ça qu'on tente de faire une diversion aujourd'hui avec quelque chose de
totalement anodin. Qu'un élu dise à une ministre : Réveille-toi!, bien,
moi, je suis contente de savoir qu'il y a un élu qui prend la défense des gens
et dans... en l'occurrence, bien, des parents. Les parents... il y a des mamans
qui, demain matin, devront aller reconduire leurs enfants à l'école, là, parce
qu'il n'y a pas de transport.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que vous pensez que les esprits s'échauffent parfois en fin de session?
Mme Roy
(Montarville)
:
Honnêtement, oui, c'est possible, oui, oui, j'en conviens avec vous. Je pense
que tout le monde, tous partis confondus, c'est la fatigue, les gens sont
fatigués, il y a des enjeux. Il est fort probable... Oui, il y a des moments
qui sont beaucoup plus doux; à la rentrée ou tout de suite après une élection,
tout le monde s'aime. Mais la réalité des choses, c'est qu'il y a des agendas,
il y a des échéanciers, il y a des projets de loi que certains veulent pousser.
Alors, oui, probablement, c'est possible, et pour tout le monde, là.
M. Robillard (Alexandre) :
Quel lien vous faites, justement, précisément, entre la fatigue de la fin de
session et les réactions d'aujourd'hui?
Mme Roy
(Montarville)
:
Les réactions du gouvernement? Je ne...
M. Robillard (Alexandre) : Dans
ce cas précis, là.
Mme Roy
(Montarville)
:
Dans ce cas précis, je ne pense pas que c'est un cas de fatigue. Je pense que
le gouvernement libéral essaie de faire diversion et essaie de faire en sorte
que les journalistes, qui font un travail remarquable, oublient les vrais
problèmes, les vrais scandales, pour se consacrer sur quelque chose de tout à
fait futile.
M. Bovet (Sébastien) : On se
doute de la réponse, là, mais j'aimerais vous l'entendre dire. Mme Vien
demande... laisse entendre qu'elle s'accommoderait d'excuses de la part de
M. Legault. Y aura-t-il des excuses de M. Legault?
Mme Roy
(Montarville)
:
C'est Mme Vien qui devrait s'excuser auprès des parents, des parents qui,
demain matin, devront aller reconduire 700 enfants à l'école, des pères et
des mères de famille. Ces enfants-là ont droit à l'éducation, mais ont aussi
droit aux services essentiels. Alors, c'est elle qui devrait s'excuser.
M. Bovet (Sébastien) : Je
comprends que ça veut dire non?
Mme Roy
(Montarville)
:
Non. Pourquoi s'excuser? Pourquoi? On s'excuse quand on fait du mal, quand on
fait du mal. Et, dans le cas présent, dire à une élue : Réveille-toi!,
moi, je pense qu'elle a l'épiderme bien, bien mince, Mme Vien, bien, bien
mince.
(Fin à 15 h 10)