(Onze heures vingt-trois minutes)
M. Khadir
: Alors,
bonjour. On aurait pu faire le point de presse sur ce sujet avec tous les
députés de l'opposition, je crois. Il est tout à fait incompréhensible que,
dans le réseau de la santé du Québec, dans les services sociaux, on en soit
rendus là, un bain par semaine à des patients qui mériteraient qu'on les traite
avec plus de dignité, à des citoyens qui mériteraient qu'on les traite avec
plus de dignité. Je pense au cas de François Marcotte, qui vient de lancer un
appel au sociofinancement, c'est une espèce de situation vraiment inimaginable.
On est quand même au XXIe siècle, on est dans le Québec moderne, qui a des
milliards de richesses, qui se permet de donner toutes ces richesses à des
compagnies minières ou à des Bombardier, puis on ne peut pas donner un bain par
jour ou minimum trois bains par semaine à nos patients dans nos hôpitaux. C'est
intolérable.
Je pense que M. Barrette saisit
l'inacceptabilité de la chose. Alors, moi, je l'invite, lui, ses collègues les
députés du gouvernement libéral, d'assumer leurs responsabilités. Après tout, c'est
leur décision, Gaétan Barrette, c'est le ministre de la Santé qui a le plus de
pouvoirs dans le réseau, dans les décisions au quotidien. Depuis les réformes
qu'il a introduites, là, c'est lui, le boss, c'est lui qui décide qu'est-ce qui
se donne, qu'est-ce qui ne se donne pas, les services qui se donnent ou qui ne
se donnent pas. Lui doit porter sa responsabilité, et ses ministres avec; l'austérité,
c'est des coupes. Alors, je les appelle... je leur ai envoyé un courriel il y a
quelques minutes pour leur demander d'appuyer la campagne de sociofinancement
de François Marcotte.
Je viens de l'appeler, en fait, on s'est
parlé tout à l'heure, M. Marcotte, qui déplore cette situation. M. Marcotte
a pris la peine de dire que les préposés qui travaillent dans son centre sont
remarquables de dévouement puis sont déchirés, ils ne peuvent juste pas, ils se
démènent comme ce n'est pas permis. Il m'a même assuré que la direction de
l'hôpital est inattaquable, on ne peut pas la critiquer, c'est une direction
qui est très à l'écoute des besoins de M. Marcotte, ce n'est juste pas
possible parce qu'ils ont des directives, puis ils ont les budgets qu'ils ont,
puis ils ne peuvent pas faire mieux. Alors, une fois que M. Marcotte m'a
confirmé que lui-même, il tient le ministre et le gouvernement comme
responsables de cette situation, moi, je voudrais que le ministre soit
responsable, et, comme il ne peut pas adopter une politique publique qui soit
une politique publique d'un Québec moderne tel que nous, à Québec solidaire, on
le conçoit, bien, lui, libéral, et tout son gouvernement devraient au moins
aider le sociofinancement.
Je rappelle que c'est une forme de frais
accessoires, ça aussi, hein? On a des frais accessoires pour des traitements,
pour des examens diagnostiques qui pourtant font partie de la médecine moderne
et des besoins lorsqu'on traite quelqu'un. Maintenant, pour un patient, pour un
patient chronique en CHSLD, pour une personne âgée en CHSLD, on comprend que le
gouvernement libéral veut imposer un frais accessoire supplémentaire, qui est
celui de demander de payer pour leur propre bain.
M. Caron (Régys) : Mais le gouvernement
ne demande pas ça, M. Khadir, là. C'est quelqu'un qui réagit puis qui agit
de son propre chef, déplorant de ne pas avoir accès aux services.
M. Khadir
: Vous
pensez que le gouvernement aurait le culot, en plus, de le demander
publiquement? Mais le gouvernement fait tout pour que ça se fasse comme ça. En
fait, c'est ça qu'on est en train d'assister.
M. Caron (Régys) : En fait,
le gouvernement est à ce point de mauvaise foi...
M. Khadir
: Le gouvernement
n'a jamais dit aux médecins : Chargez des frais accessoires pour les
gouttes puis facturez 50 $ pour une goutte dans les yeux, mais, lorsqu'il
crée des conditions qui poussent à ça, c'est ça qui arrive. Donc, les citoyens
du Québec, s'ils veulent avoir des services qui sont des services essentiels,
des services de base que n'importe quel citoyen digne du Québec du XXIe siècle
serait en droit d'attendre, trois, quatre bains par semaine, n'est-ce pas... Je
pense que tout le monde ici et tous ceux qui nous écoutent ont droit à ça. Et
nous, on pense pareil, comme les Québécois, que, comme Québécois, au XXIe siècle,
que ça soit à la maison ou en établissement, on a droit à quelques bains par
semaine.
Maintenant, comme le gouvernement ne le
rend pas possible, qu'est-ce que font les gens? Bien, ils vont chercher dans
leurs poches. Et, quand ils n'ont pas, bien là ils sont rendus à demander du
sociofinancement. Autrement dit, c'est le phénomène des frais accessoires qui
se répand partout parce que le gouvernement veut limiter les services
gouvernementaux pour donner des congés de taxe à ses amis, aux banquiers, aux
pétrolières, aux grands hommes et femmes d'affaires qui profitent de ce
gouvernement au détriment de la population du Québec et de ses patients.
M. Caron (Régys) : Ce n'est
quand même pas une stratégie gouvernementale, une stratégie, là, orchestrée
pour obliger les gens à payer. Vous dites : Limite les fonds…
M. Khadir
: Vous êtes
en train de dire que M. Barrette est ignorant, il ignore le fait que... ou
M. Couillard, qui est médecin, est ignorant à ce point pour ne pas savoir
que, quand on ne donne pas le budget, ils ne peuvent pas donner des bains?
M. Caron (Régys) : J'essaie
de vérifier si vous prêtez une intention au gouvernement.
M. Khadir
: Absolument,
absolument.
M. Caron (Régys) : Quelle
intention?
M. Khadir
: L'intention
de privatiser, l'intention de faire porter par les citoyens, par les gens ces
coûts-là au lieu que ça soit par un système d'impôt qui serait plus juste, qui
ferait en sorte que des gens comme M. Couillard ou M. Barrette
devraient être obligés de payer plus d'impôt. Vous savez qu'ils font partie du
1 %. Si on doit payer des systèmes… notre système de santé doit être
vraiment universel et gratuit, ça forcerait ces gens-là à faire plus… à donner
plus en impôt. Et, comme ils ne veulent pas, ils veulent le faire porter sur
ceux qui sont dans nos réseaux, dans les hôpitaux, les patients.
Moi, je ne pense pas que M. Couillard
ou M. Barrette soient si ignorants de penser qu'en imposant l'austérité qu'ils
ont imposée, ça n'aura pas de conséquences comme celles-là. Et ce n'est pas la
première fois qu'on parle des problèmes de bain. Pensez-vous que M. Barrette
a appris ça en avalant son toast ce matin? Je pense que non. Ça fait des mois
qu'on en parle, ça fait même des années qu'on signale ce problème-là. Donc, s'il
persiste à ne pas donner des budgets, c'est que c'est volontaire, il y a une
intention que ça se passe comme ça. Et je trouve que c'est un mensonge très
malhabile de la part de M. Barrette de dire, ce matin, qu'il est touché.
Je ne le crois pas là-dessus. Parce que, s'il était touché... Ça fait longtemps
qu'on sait que l'austérité va entraîner cette conséquence. Puis il sait bien
que M. Marcotte n'est pas le seul dans le sujet. Est-ce qu'il va faire la
même chose pour l'ensemble des milliers de patients qui sont dans le réseau
public? Ce qui voudrait dire, à ce moment-là, s'il fait ça, qu'il admet qu'il s'est
trompé, qu'il admet que le gouvernement Couillard a mal agi et, en appliquant l'austérité,
a entraîné des impacts majeurs dans le réseau de la santé.
(Fin à 11 h 30)