(Huit heures dix-sept minutes)
La Modératrice
: Bon
matin à tous. Merci d'être là. Si vous êtes prêts, on va commencer tout de
suite par une déclaration de M. Legault et après on prend vos questions.
M. Legault
: Bonjour tout
le monde. Le gouvernement Couillard s'est fait servir toute une leçon hier par
la Commission-Jeunesse du Parti libéral. Les jeunes libéraux, dans un mémoire
qui a été déposé sur le projet de loi n° 100, ont dit que le projet de loi
du gouvernement Couillard était un échec, que ça représentait un manque de
vision. Donc, je pense que les jeunes libéraux ont donné un méchant coup de
vieux au gouvernement Couillard hier, là. C'est incroyable.
Je comprends, on est tous d'accord au
Québec, Uber doit payer les taxes et les impôts sur tous les services qui sont
donnés, mais il y a des solutions sans qu'on mette dehors Uber. L'économie de
partage, c'est l'avenir et le gouvernement Couillard envoie un très mauvais
message en étant contre l'innovation.
La Modératrice
: On va
prendre les questions. Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) : M.
Legault, de toute évidence, dans ce dossier-là, le gouvernement ne bougera pas.
Pour vous, la solution passe par quoi? Parce que, là, vous dites toujours l'innovation,
et tout ça, mais Uber, qu'est-ce qui serait acceptable, selon vous?
M. Legault
: Bien, les
jeunes libéraux proposent des solutions, la Chambre de commerce de Montréal
propose des solutions, on propose une solution. En gros, la solution qu'on
propose, c'est d'avoir deux catégories de permis : d'abord, un permis pour
les taxis traditionnels où on donnerait l'exclusivité sur ce qu'on appelle
héler un taxi et les contrats gouvernementaux; puis, de l'autre côté, on
ouvrirait la porte à des chauffeurs occasionnels qui peuvent venir transporter
des passagers du point A au point B, via les applications qu'on connaît.
Donc, ça existe déjà dans plus de 200
villes dans le monde, qu'on puisse à la fois avoir le taxi traditionnel qu'on
peut héler sur la rue et des applications comme Uber. Ce n'est pas sain comme
solution, mais on doit se donner la peine d'aller dans cette direction-là parce
que c'est l'innovation. L'économie de partage, on prévoit que, d'ici 2025, ça
représentera la moitié de l'économie. Donc, il faut absolument trouver des
solutions. Puis, dans la proposition de M. Daoust, bien, on dit grosso
modo : Un chauffeur occasionnel devra s'acheter un permis de taxi à
200 000 $. Ça ne fait pas de sens, là, puis ce que nous dit, dans le
fond, M. Daoust, c'est : Sortez du Québec Uber, sortez du Québec
l'innovation.
Il y a des solutions qui existent et il y
en a de proposées par la CAQ, par la Chambre de commerce, puis même par les
jeunes libéraux. Il faut prendre le temps de les étudier. Et le gouvernement a
déposé son projet de loi le 12 mai, on n'a même pas encore commencé l'étude
article par article, ça devrait être fait la semaine prochaine, puis là on veut
régler tout ça dans une semaine. Je ne vois pas comment le gouvernement va y
arriver.
M. Vigneault (Nicolas) :
Allez-vous mettre des bâtons dans les roues du gouvernement pour...
M. Legault
: On va
juste... Écoutez, si on proposait seulement les modifications qui sont
proposées par les jeunes libéraux, on en aurait pour plus qu'une semaine. Donc,
évidemment, on va proposer des modifications, on va essayer d'améliorer le projet
de loi, mais le gouvernement a juste lui à blâmer pour avoir déposé ce projet
de loi qui aurait dû être déposé il y a six mois.
M. Vigneault (Nicolas) : M.
Legault, sur un autre sujet, comparution évidemment, et M. Lafrenière sera
entendu demain. Est-ce que pour vous d'abord c'est une bonne nouvelle? Est-ce
que c'est suffisant ou vous allez continuer de pousser pour entendre d'autres
personnes comme M. Poëti, par exemple, Mme Annie Trudel?
M. Legault
: On va
continuer de pousser, ce n'est pas suffisant. D'abord, c'est M. Lafrenière qui
va nous dévoiler ce qu'il y a sur la clé USB. On aurait aimé bien voir nous-mêmes
la différence entre le document qui a été déposé par le gouvernement puis la
clé USB de Mme Trudel. On aimerait bien entendre Mme Trudel, M. Poëti. Donc,
pour nous, c'est une première étape.
M. Vigneault (Nicolas) : Mais
vous voulez plus que ça, de toute évidence?
M. Legault
: On veut
plus que ça, on veut aller au fond du dossier. Dans le fond, je m'excuse de le
dire comme ça, là, mais il doit y avoir une tête qui roule. On ne peut pas
avoir un document qui a été modifié puis qu'il n'y ait pas de coupable, que ça
soit le bon Dieu qui ait changé ce document-là. On a besoin de savoir qui a
modifié le document puis qu'il y ait une conséquence pour cette personne-là,
qu'on arrête d'être dans une espèce de société où il n'y a jamais personne de
responsable.
La Modératrice
:
Valérie Gamache, TVA.
Mme Gamache (Valérie) : Je
veux revenir sur le dossier d'Uber, M. Legault. Hier, il y a des
chauffeurs de taxi qui ont quand même manifesté devant les bureaux de deux de
vos députés, vous accusent de faire de la politique sur ce dossier-là en disant
que, bien, pour eux, finalement, ce dossier-là, c'est le dossier d'une vie. Que
dire à ces chauffeurs-là?
M. Legault
: Bien, moi,
je pense qu'il existe une solution où la valeur des permis des chauffeurs de
taxi actuels resterait si on leur offre certaines exclusivités, comme on le
fait à Toronto, comme on le fait à New York, comme on le fait à Edmonton, dans
plusieurs grandes villes canadiennes, nord-américaines puis même européennes.
Il pourrait y avoir une valeur qui reste pour ces permis de taxi. Mais on ne
peut pas être fermés à l'innovation. Écoutez, dans les prochaines années, les
gens vont louer leur drill, vont louer leur maison, vont louer plein
d'équipements de services qu'on va partager. C'est bon pour l'environnement,
c'est bon pour l'entrepreneurship, c'est plus efficace. Vous savez, quand on
suit le premier cours d'économie, l'économie pure et parfaite, là, c'est de ne
pas avoir de barrière à l'entrée. Donc, plus il va y avoir d'offres sur le
marché, plus le consommateur va être content. Donc, je m'excuse, là, mais on
doit être ouverts à l'innovation puis on doit trouver des solutions, puis, pour
l'instant, moi, je trouve que le gouvernement Couillard n'a pas fait beaucoup
d'efforts. Tout ce qu'il a dit, c'est : On garde le statu quo. C'est un
gouvernement, là, qui fait des discours sur l'innovation, mais, quand il arrive
des sujets pratiques, ferme la porte à l'innovation. On ne peut pas faire ça.
Mme Gamache (Valérie) : Donc,
pour les taxis, c'est une bataille perdue d'avance.
M. Legault
: Moi, je pense
que... J'en discutais avec Guy Chevrette lorsque je l'ai rencontré, puis
représentant les taxis, supposons que, demain matin, on accepte le projet de
loi tel qu'il est là, est-ce que quelqu'un, demain matin, irait acheter un
permis de taxi à 200 000 $? Bien non, parce qu'il va se dire :
Est-ce que c'est dans un an, dans trois ans, dans cinq ans que le débat va
revenir? Mais ce n'est pas vrai que le débat va être réglé. L'économie de
partage, là, ça va être de plus en plus présent dans tous les États, dans toute
la société.
La Modératrice
: Régys
Caron, Journal de Québec.
M. Caron (Régys) : Oui,
bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Caron (Régys) : Toujours
au sujet d'Uber, il y a un principe là-dedans qui est invoqué par le
gouvernement : on ne peut pas, au nom de l'innovation, défier les lois.
Est-ce que le législateur ne doit pas leur dire, à Uber ou à quiconque prétend
innover : Vous devez d'abord respecter les lois?
M. Legault
: Le
principe qui devrait être respecté, c'est : encadrer pour mieux permettre.
Encadrer pour mieux permettre. Qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu'on
doit adapter les lois, les lois qui sont des vieilles lois. À l'époque où ces
lois-là ont été votées, ça n'existait pas, des applications comme Uber. Donc,
on doit adapter la loi.
Bien sûr, on doit s'assurer que tout le
monde paie les taxes et les impôts. Puis là je vois les deux vieux partis, le
PQ puis le Parti libéral, qui s'amusent à dire que la CAQ ne veut pas qu'Uber
paie ses taxes et ses impôts. C'est complètement faux, c'est de la démagogie
qui est faite par les deux vieux partis. Nous, on souhaite que les taxes et les
impôts soient payés par tout le monde, incluant Uber. Mais on souhaite être
ouverts pour le consommateur. Pensons au consommateur. Moi, je veux bien, là,
qu'on dise : On pense aux chauffeurs de taxi. Il faut y penser, mais il
faut aussi penser au consommateur, qui est gagnant quand on ajoute de l'offre.
M. Caron (Régys) : Au sujet
des prétendues irrégularités au ministère des Transports, le ministre des
Transports a expliqué hier que le document qui aurait été falsifié a été
modifié à la demande de Mme Annie Trudel, puisque les fonctionnaires, ou la
sous-ministre, ou les gens qui travaillent autour d'elle ont émis des
commentaires, indiqué ce qui avait été fait, alors ce qui expliquerait les
modifications apportées. Est-ce que les explications de M. Daoust vous
satisfont?
M. Legault
: Bien, Mme
Trudel dit exactement le contraire, donc, de toute évidence, il y en a un des
deux qui ment, puis moi, je voudrais savoir c'est qui. Je pense qu'on doit
aller au fond du dossier. C'est trop grave.
M. Caron (Régys) : Mais
comment se fait-il que les députés, hier, n'ont pas demandé à entendre Mme
Trudel? M. Lafrenière, je comprends, mais la personne qui est au coeur de ce
dossier-là, il me semble que c'est…
M. Legault
: On l'a
demandé, on l'a demandé, mais M. Couillard, les députés libéraux refusent. Il y
a comme une ligne de parti, encore une fois, comme sur le registre des armes à
feu. Tout le monde suit le chef du Parti libéral, au détriment de la démocratie
puis de la vérité.
M. Caron (Régys) : Merci.
La Modératrice
: Merci.
D'autres questions en français? On va passer en anglais. Maya
Johnson, CTV.
Mme Johnson
(Maya) : Good morning, Mr. Legault.
M. Legault
:
Good morning.
Mme Johnson
(Maya) : Could you please start with the same
declaration that you made in French earlier about the youth wing and their
position on Uber?
M. Legault
:
Yes. I think, yesterday, the Commission Jeunesse, the young Liberals, they were
very tough with the government. They said that the bill 100 was a lack of
vision. So, it means that, right now, Mr. Couillard should listen. He must
listen, not only to the Chamber of Commerce, but also to young Liberals. They
are telling Mr. Couillard: You're against innovation. Of course, we have to
adjust regulations, but in 2016, we see that more than 200 cities in the world
accept Uber. We have to be open for business and for innovation in Québec. And
I think it was a very tough declaration for Mr.
Couillard, coming from the youth section of the Liberal
Party.
Journaliste
: Regarding the MTQ crisis, yesterday afternoon we heard from Mr.
Daoust, who seemed to be suggesting that Mme Trudel had in fact given staff at
the MTQ the go-ahead to make modifications to the documents
she prepared. He showed an email, he showed some documents.
What is your response to
that?
M. Legault
:OK. I think that
one thing is clear right now. Mr. Daoust admitted that the document was modified, hein? We all agree
that there was major modification, unacceptable modifications to the document.
Either these modifications have
been done by Mrs. Trudel or by somebody at the ministry of Transport. But we need to know the truth, we need to know who
did that, because it's a key and we have to give consequences to the person who
did that.
Journaliste
: And on Sam Hamad, I mean, we heard yesterday that the Auditor General is expected to clear him
today.
Does that surprise you?
What do you think his future will be within the Liberal
Party?
M. Legault
:OK. First, we still
have three inquiries to come about Mr. Hamad. Second, it's not easy to
have a real proof that the fact that Mr. Hamad listened to suggestions of
Marc-Yvan Côté… that it changed really the offer of grant from the government to Premier Tech. It's tough to
prove, but one thing is clear for me: Mr. Hamad has a total lack of judgment
and he is not qualified, for me, to be a minister.
La Modératrice
:
Merci. Une autre question en anglais. Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Can you just expand on your last
tought? Why do you say he has a lack of judgment?
M. Legault
:
Because he dealt with Marc-Yvan Côté. He admitted that he had some conversation
with Marc-Yvan Côté. I have to remember you that Marc-Yvan Côté was thrown out
of the federal Liberal Party. So, how come he accepted to have some
conversation about a grant to a company that was not in his riding? It's
a lack of judment.
La Modératrice
:
Dernière petite question en français. Régis Caron.
M. Caron (Régys) : Oui. M.
Legault, le ministre des Transports a indiqué hier que Mme Trudel sera entendue
par l'UPAC et la Vérificatrice générale. Bon, je comprends que, pour vous, ça
ne suffit pas, là...
M. Legault
: Non.
M. Caron (Régys) : ...les
députés devraient ou devront entendre Mme Trudel, même si c'est à huis clos.
M. Legault
: Je pense
que, écoutez, il y a quelque chose de grave, là, actuellement. Il y a deux
déclarations contradictoires. On a un document qui a été falsifié, qui a été
modifié de façon importante, puis tout le monde l'admet, incluant M. Daoust.
Puis là, de deux choses l'une : ou ça a été fait par Mme Trudel ou ça a
été fait par quelqu'un au ministre des Transports ou au gouvernement. Bien, il
faut savoir qui a modifié le document. La meilleure façon de le savoir... là,
on a la version de Jacques Daoust, moi, je veux avoir la version de Mme Trudel.
Journaliste
: Mais que
les députés sachent quelque chose qu'ils ne pourront pas dire parce que ça va
être sous enquête, qu'est-ce que ça change, M. Legault?
M. Legault
: Bien,
c'est effectivement difficile, là, puis on aurait préféré que ça soit fait
d'une façon publique, mais on doit fonctionner avec les règles de l'Assemblée
nationale puis avec ce que nous permettent aussi les libéraux. Les libéraux
nous ont juste permis... Ils ne nous ont même pas permis de voir la clé USB, de
voir le document, ils nous ont permis d'écouter les questions, les réponses de
M. Lafrenière. Donc, moi, je pense que M. Couillard va devoir montrer plus de transparence
dans ce dossier-là parce que ça va le suivre encore pendant des semaines et des
semaines.
Journaliste
: Le PQ
parle de «cover-up». Partagez-vous l'avis du Parti québécois là-dessus?
M. Legault
: Bien, écoutez,
là, on a deux déclarations contradictoires. M. Daoust dit : C'est Mme
Trudel qui a modifié le document ou a demandé de le faire.
Journaliste
: Qui a
demandé...
M. Legault
: Donc, si
c'est le cas, ce n'est pas un «cover-up». Mais, si Mme Trudel dit vrai puis que
le document a été modifié par quelqu'un au ministère des Transports, bien là,
oui, ça commence à ressembler...
Journaliste
: Mais
qu'il ait été modifié sans qu'il y ait de fausseté, c'est une chose, mais, s'il
y a des faussetés, ce que Mme Trudel a dit, c'est...
M. Legault
: C'est ça,
exactement, c'est que Mme Trudel ne laisse pas entendre, là, que ça a été des
petites modifications mineures, c'est qu'on a écrit des faussetés dans son
document. Donc, c'est très grave.
Journaliste
: Merci.
M. Legault
: Merci
beaucoup.
La Modératrice
: Merci.
(Fin à 8 h 32)