(Treize heures vingt-deux minutes)
Mme Weil
: Bonjour.
Alors, je dévoile aujourd'hui les orientations gouvernementales sur la planification
pluriannuelle de l'immigration du Québec pour la période 2017‑2019. Les
discussions avec les oppositions sont en cours pour fixer les dates et les
modalités de la consultation générale qui se tiendra bientôt. Cet exercice
démocratique nous permet de consulter les acteurs de la société québécoise et
la population sur les orientations qui détermineront les niveaux et la
composition de l'immigration que le Québec accueillera annuellement pendant
cette période.
En 2015, notre gouvernement a lancé une
vaste réforme de l'action du Québec en matière d'immigration, de participation
et d'inclusion. Au mois de mars dernier, j'ai rendu publique une nouvelle
politique et une stratégie d'action Ensemble, nous sommes le Québec pour
orienter nos actions afin de mieux sélectionner, mieux intégrer et mieux vivre
ensemble. En avril dernier, l'Assemblée nationale a adopté une nouvelle Loi sur
l'immigration au Québec qui nous permettra de mettre en place un système
d'immigration novateur, rapide et flexible pour mieux sélectionner et
bénéficier pleinement des compétences dont notre économie et nos entreprises
ont besoin.
Beaucoup de travail a donc été réalisé
dans les derniers mois et nous en sommes aujourd'hui rendus au troisième jalon
de notre grande réforme, soit la planification pluriannuelle de l'immigration
2017‑2019, qui, par ses orientations, reflétera les réformes structurantes que
nous mettons en place.
Nous avons identifié et proposé neuf
orientations qui tiennent compte des enjeux actuels et qui confirment notre
volonté de faire en sorte que l'immigration et la diversité contribuent à la
prospérité du Québec et de ses régions, à un vivre-ensemble harmonieux, à la
vitalité du français et au rayonnement international du Québec. Vous me
permettrez d'en mettre quelques-unes en lumière.
Premièrement, au cours des prochaines
années, soit les deux premières de la planification pluriannuelle, nous
prévoyons maintenir la stabilité des niveaux d'immigration. Une légère
augmentation est proposée pour atteindre 52 500 personnes dans la dernière
année de la période, au moment où notre nouveau système de sélection prendra
pleinement ses effets. Cette légère hausse se fera uniquement au chapitre des
travailleurs qualifiés. J'insiste sur le fait que l'immigration économique est
un véritable levier d'action pour le Québec. Nous déterminons les facteurs et
les critères de sélection de ces travailleurs qualifiés, ce qui explique que
certaines des orientations leur soient consacrées.
Ce sont aussi les immigrants économiques,
surtout les travailleurs qualifiés, qui connaissent, dans une plus grande
proportion, le français à leur admission. À cet égard, notre gouvernement
réitère l'importance fondamentale de la francisation des personnes immigrantes,
autant pour leur intégration au marché du travail que pour leur contribution à
la vitalité et à la pérennité de la langue française. On le sait, 86 % des
personnes immigrantes sont soit francophones, soit en francisation ou soit des
enfants scolarisés en français. Nous voulons miser sur un tel succès et nous
voulons aller plus loin. C'est pourquoi nous investissons cette année
4 millions de dollars pour assurer une promotion vigoureuse pour
assurer... de notre offre de francisation et répondre aux besoins variés des
nouveaux arrivants. J'aurai d'ailleurs le plaisir d'annoncer d'autres mesures
en matière de francisation dans les prochaines semaines.
Alors, pour revenir aux orientations et
l'importance de la contribution de l'immigration à la vitalité du français,
nous souhaitons mettre la barre haute en fixant à un minimum de 85 % la
proportion des adultes de la sous-catégorie des travailleurs qualifiés qui
déclarent connaître le français à l'admission. Les orientations que nous
proposons tiennent compte également de la mobilité croissante des talents sur
la scène mondiale et de la nécessité pour le Québec de s'affirmer en tant que
destination de choix. Nous voulons capitaliser aussi sur l'apport de l'immigration
temporaire et faciliter la voie vers l'immigration permanente pour les
travailleurs temporaires et les étudiants étrangers, c'est pourquoi nous leur
avons consacré une orientation.
Alors donc, on vise, pour la fin de la
période, je crois bien, pour la fin de la période, 40 % de l'immigration
permanente qui serait issue de la voie temporaire. C'est ambitieux, mais nous
sommes convaincus... nous avons la ferme conviction qu'on pourra atteindre ce
40 %. Ces personnes sont des candidats de choix pour le Québec : elles
connaissent bien notre société, elles sont formées ici, elles sont en emploi, elles
connaissent le français, et leur intégration est bien amorcée. Qu'elles
détiennent un statut temporaire ou permanent, les personnes immigrantes
contribuent, par leurs compétences et leur diversité, à la vie économique, à la
croissance démographique, au dynamisme des régions et à la vitalité du
français. Notre objectif est de sélectionner des personnes jeunes, qualifiées,
et qui, majoritairement, connaissent le français — je suis en train
de relire, là, attendez... non — alimenter la population en âge de
travailler et ainsi répondre aux besoins actuels et futurs du Québec. Je vous
rappelle que la croissance de la population en âge de travailler est l'une des
principales composantes de la croissance économique, les deux autres étant la
création d'emplois et l'amélioration de la productivité.
Cet exercice de planification
pluriannuelle est aussi une occasion de réaffirmer l'engagement du Québec
envers l'immigration humanitaire. C'est un engagement qui est en phase avec nos
valeurs de solidarité, de respect des droits et libertés de la personne,
d'équité et de générosité. Malgré les épreuves très difficiles qu'elles ont
traversées, les personnes réfugiées trouvent la force de rebâtir leur vie et de
participer pleinement, en français, au développement du Québec. Cette
conviction s'appuie sur de nombreuses histoires à succès de personnes qui sont
venues au Québec comme réfugiés.
Nous avons vécu, dans la dernière année,
une opération humanitaire sans précédent qui nous a permis d'accueillir au
Québec plus de 5 729 personnes réfugiées en provenance de la Syrie. Nous
pouvons en être très fiers. Nous sommes en contact fréquent avec les groupes
parrains pour que notre accompagnement soit le plus adapté à la réalité des
personnes réfugiées. Nous nous assurons ainsi que notre modèle d'accompagnement
soit le meilleur possible.
Je vous annonce aujourd'hui que nous
allons faire un pas de plus, nous allons mener une vaste consultation sur
l'accueil et l'intégration des réfugiés auprès des groupes parrains, des
familles réfugiées et de tous les organismes et ministères oeuvrant auprès de
ceux-ci afin de bien cerner les besoins et renforcer notre modèle
d'accompagnement. Par ailleurs, nous mettons, dès aujourd'hui et au courant de
la journée, en fonction la ligne téléphonique 1 844 307-AIDE,
A-I-D-E, donc 2433, qui sera à la disposition des personnes réfugiées ainsi que
des groupes qui les ont parrainées. Cette ligne est complémentaire aux services
que nous donnons déjà et elle nous permettra de renforcer nos interventions sur
le terrain. Depuis le début de la crise syrienne, j'étais constamment en
contact avec les organismes et les réfugiés. Cet été, je compte aller encore
une fois à la rencontre de ces familles que nous avons accueillies et des
intervenants qui sont sur le terrain. Je veux les écouter et leur réitérer
l'engagement du gouvernement du Québec à leur égard.
En conclusion, j'aimerais insister sur le
fait que ces orientations visent à répondre aux besoins du Québec tout en
tenant compte de sa capacité d'intégration. Nous voulons que les personnes
immigrantes puissent avec célérité participer pleinement à notre vie
collective. La conjugaison de ces neuf orientations que nous rendons publique
aujourd'hui contribuera à renforcer la société québécoise en tant que société
prospère, francophone, diversifiée et engagée à favoriser le dynamisme de ses
régions. Merci de votre attention.
Le Modérateur
: Nous
allons désormais passer à la période de questions. S'il vous plaît, vous
présenter au micro. Martin Croteau, La Presse.
M. Croteau (Martin) : Merci.
Bonjour, Mme la ministre. Je constate que le nombre de réfugiés est appelé à
diminuer au cours des dernières années. Est-ce qu'il y a un lien à faire entre
l'accueil des réfugiés syriens et votre décision, peut-être, de baisser ou de
réduire le nombre de réfugiés qui viendraient au Québec?
Mme Weil
: Donc,
l'immigration économique et le volume des personnes réfugiées, c'est... ou
regroupement familial, tout ça, c'est des vases communicants. Donc, vous
remarquerez, si vous avez les proportions, les personnes... les travailleurs
qualifiés sont légèrement en baisse en 2016. Alors, c'est ce qu'on voit, le
pourcentage est en baisse. On a déjà été à des sommets de 68 %, 70 %,
c'est toujours l'objectif. On est dans les alentours de 60 % parce qu'on a
accueilli, justement, plus de réfugiés en 2015 et on accueille plus de réfugiés
en 2016.
Donc, à partir des prochaines années, on
va commencer légèrement à réduire pour pouvoir avoir plus de travailleurs
qualifiés. Et je vous dirais qu'on est en symbiose avec le gouvernement fédéral
aussi, qui, en discussion avec les autres provinces aussi, souhaite... tout le
monde s'engage envers cette mission humanitaire, accueille beaucoup de
réfugiés, plus de réfugiés que les dernières années, mais en même temps
l'économie exige des personnes qui sont capables d'intégrer rapidement le
marché du travail. Au Québec, les personnes en âge de travailler, ça, c'est un
enjeu important. Il y a des pénuries un peu, ici, partout; parfois rareté,
parfois réellement pénurie. Donc, on veut... notre intention, c'est de
commencer légèrement à augmenter... C'est toujours progressivement, hein, on ne
peut jamais, du jour au lendemain, augmenter soudainement à 70 %, c'est
graduellement. Donc, c'est... vous le voyez dans le plan, les... comment dire,
ils sont interreliés, volume de travailleurs qualifiés et les réfugiés. Mais
c'est quand même un volume important si on compare aux années 2013, par
exemple, même 2014.
M. Croteau (Martin) :
D'accord. Mais vous annoncez la mise sur pied d'une vaste consultation auprès
des réfugiés et des groupes d'accueil, vous annoncez la mise sur pied d'une
ligne téléphonique et maintenant on voit ça dans les chiffres. Est-ce qu'on
comprend qu'aux yeux de votre gouvernement c'est peut-être plus difficile
d'accueillir des réfugiés que des immigrants économiques?
Mme Weil
: Je vous
dirais, c'était évident que l'accueil des réfugiés, la francisation,
l'intégration en emploi... Aussi, ce que je remarque, et tout le monde le
remarque, il y a des gens qui ont des séquelles importantes. Il faut être
attentifs à ça. C'est au mois de décembre que... lorsque j'ai changé... c'est
par rapport au parrainage, le parrainage privé, c'est de bien encadrer les
parrains, de nous assurer aussi que, si les gens... ce que j'appelle tombent
entre deux chaises, ils se sentent libres de nous appeler, confortables de nous
appeler pour dire : On a un problème, on a un besoin de soutien. Je
l'avais déjà confirmé dans plusieurs entrevues, c'était avant Noël, où j'ai dit :
Je voulais être très, très soucieuse à cette question. On n'a pas de chiffres
exacts, mais mon impression — puis c'est juste des impressions, c'est
pour ça que j'ai demandé au ministère de demander à des professionnels de faire
une vérification, si on veut — je pense qu'on... ça doit être à
80 %, 85 % très réussi, mais il y a peut-être, dans certains cas, des
familles qui trouvent que c'est difficile, le parrainage. Donc, on souhaite
leur lancer, comment dire, l'offre du gouvernement de les assister, de les
aider par la formation. L'information, on le fait, on a beaucoup de contacts.
Le ministère a des rencontres de façon régulière avec les organismes de
parrainage.
Donc, cet exercice, ça sera non seulement
avec les organismes de parrainage, non seulement avec les personnes parrainées,
mais aussi avec les autres services gouvernementaux, avec Emploi-Québec, Santé
et services sociaux, avec l'Éducation. Pour l'instant, l'information qu'on a,
nous, le gouvernement, c'est que ça va bien. Je veux être très, comment dire,
soucieuse... et d'avoir une information plus recherchée.
M. Croteau (Martin) : Mais
diriez-vous que les difficultés que vous avez rencontrées avec les réfugiés
syriens vous ont convaincue de peut-être réduire le nombre de réfugiés qui
viendraient au Québec à l'avenir et d'augmenter la proportion d'immigrants
économiques? C'est ce qui semble se dégager.
Mme Weil
: Je vous
dirais que l'engagement qu'on a envers les réfugiés syriens, c'est à la lumière
de la crise à l'échelle internationale. Et ce que tout le monde dit à
l'international, que cette crise ne va pas se résorber rapidement. On a aussi
la plus grande communauté syrienne — à Montréal, au
Québec — du Canada. On a beaucoup de dossiers de parrainage chez
nous, beaucoup. Alors, c'est évident qu'on va traiter ces dossiers. On s'est
engagés et on veut... Mais en même temps on veut être capables de bien
accueillir et bien intégrer, de nous assurer de donner les soins nécessaires à
tous. C'est sûr que l'engagement est quand même très impressionnant si vous
regardez les chiffres, et on suit la tendance canadienne pour l'instant. On
suit la tendance canadienne, c'est-à-dire de faire en sorte qu'on puisse aussi
avoir des travailleurs qualifiés, et, comme vous voyez, je stabilise les
volumes. Notre intention, nous, le gouvernement, c'est de maintenir cette
stabilisation pour bien intégrer, taux de chômage encore trop élevé, parfois
trois fois plus élevé.
Donc, c'est tout ce... il faut composer avec
tous ces éléments-là. Mais je tiens à le dire haut et fort, notre engagement
envers les réfugiés, tous les réfugiés de tous les différents bassins, notamment
de l'Afrique, est maintenu, il est aussi vigoureux que toujours et il est
maintenu envers les familles syriennes aussi.
Le Modérateur
: Robert
Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) : Oui,
bonjour, Mme Weil. Bon, vous augmentez donc légèrement les seuils d'immigration
à la fin de la période. Vous dites ici que cette légère augmentation permettra
au Québec d'être en mesure de répondre à ses besoins économiques. Je sais que,
dans le document sur la politique, on parlait d'un chiffre de 60 000,
selon les chiffres de l'Institut de la statistique du Québec, pour faire en
sorte que le nombre de personnes en âge de travailler reste stable ou augmente
légèrement. Là, à ce moment-ci, je pense que j'ai vu, dans le document, que la population
du Québec va s'accroître. Mais qu'en est-il, justement, de...
Mme Weil
: Des
personnes en âge de travailler?
M. Dutrisac (Robert) : ...de
la population en âge de travailler?
Mme Weil
: Elle est en
baisse. Elle est en baisse à partir de maintenant. C'est un enjeu, c'est une préoccupation,
et on le voit surtout si on se compare au reste du Canada, aux Etats-Unis, où
la population en âge de travailler — et l'Ontario, nos voisins — est
en augmentation.
En même temps, il faut avoir le souci de
l'intégration. Il y a beaucoup de gens qui sont ici qui cherchent de l'emploi.
Il faut mieux réussir l'intégration. Et c'est des gens qui pourront... c'est
des personnes en âge de travailler, en fait, mais qui ne sont pas au travail.
Donc, il faut mobiliser toute la société québécoise autour de cet enjeu, les
entreprises. Et je suis très contente de voir... D'ailleurs, j'étais à un
événement avec la chambre de commerce lundi dernier, il y avait
60 entreprises qui étaient là pour essayer de voir s'il y avait des
personnes réfugiées syriennes qui avaient le profil, et il y a eu certains qui
ont pu trouver de gens capables d'intégrer le marché du travail.
Donc, c'est des initiatives de ce genre qu'on
retrouve dans la politique et la stratégie d'action. Donc, la stratégie
d'action, oui, il y a les éléments du système d'immigration, mais il y a
beaucoup d'éléments qui touchent l'intégration, l'accueil, le vivre-ensemble,
comment mobiliser le milieu économique, notamment, pour intégrer ces personnes,
la francisation. Donc, c'est tous ces efforts ensemble qui font que... Notre
vision, c'est, les deux prochaines années et même la troisième année, maintenir
cette stabilisation pour qu'on puisse réussir réellement l'intégration.
M. Dutrisac (Robert) :
Maintenant, vous dites que, bon, une progression plus importante du nombre
d'immigrants, là, ça pourrait entraîner certains problèmes, notamment ce que je
traduis comme une stimulation, si on veut, des sentiments anti-immigration.
Donc, même si ce serait peut-être souhaitable, comme M. Couillard le
pense, d'avoir des seuils d'immigration supérieurs de façon... pour avoir à
conserver notre poids démographique au Canada, ou des choses comme ça, on a
peur, finalement, de stimuler ce sentiment anti-immigration.
Mme Weil
: Non, d'ailleurs,
le premier ministre — en tout cas, envers moi — a toujours
réitéré l'importance de cette consultation puis qu'on ait des orientations
basées sur des chiffres, sur un jugement qu'on porte aussi. Et le jugement
qu'on porte, on ne peut pas nier le facteur chômage des personnes immigrantes
et reconnaissance, notamment, des compétences. C'est des obstacles importants.
Il faut éliminer ces obstacles pour bien réussir l'immigration. Ça crée de
l'amertume, ça crée de la déception, et en plus c'est des gens qui ont
tellement de talent, tellement de volonté. Donc, tout le gouvernement, tous
ensemble, on comprend que cette période, surtout avec cette réforme qui est
très, très prometteuse, quand je parle de 40 % qui vont venir de la voie
temporaire, c'est des travailleurs qualifiés haut de gamme, là — vraiment
très stratégique — qui sont recherchés, qui sont ici et qui se plaisent
ici, qui veulent rester.
Donc, si on atteint 40 %, c'est des
gens déjà intégrés. Ensuite, si on couple avec ça... on rajoute toutes les
mesures d'intégration des programmes qu'on a comme PRIIME, Interconnexion,
mentorat, tous ces genres de programmes pour aider les autres, accompagner les
autres, et ensuite le gros bloc qui est reconnaissance des compétences, il y a
le projet de loi n° 98, qui a été déposé pour donner plus de pouvoir aux
commissaires aux plaintes. Toutes ces mesures vont faire en sorte que, rendus
la troisième année, 2019, nous, on est convaincus qu'on va être en très bonne
position afin de pouvoir augmenter l'immigration, mais ce sera un autre
gouvernement, en 2018, qui prendra le relais, mais il fallait absolument nous
assurer de s'attarder à cette question-là. On était un peu dans la même
dynamique en 2011.
M. Dutrisac (Robert) : Maintenant,
on apprenait, dimanche dernier, qu'il y avait des compressions en matière de
francisation, mais dans les commissions scolaires. Les documents budgétaires à
l'étude des crédits montrent une coupe de 13 millions à ce chapitre-là.
Mme Weil
: Nous, on n'a
pas encore la reddition de comptes du ministère de l'Éducation, mais le signal
que je vous donne aujourd'hui — et d'ailleurs on fera une annonce en
bonne et due forme très bientôt, j'espère, très, très bientôt — c'est
qu'on veut vraiment avoir une offre de francisation très dynamique. On va
rejoindre des populations qu'on ne peut pas normalement rejoindre en milieu de
travail, mais aussi je pense à des gens qui sont peut-être du regroupement
familial, c'est peut-être l'épouse ou l'époux, qui n'est pas rentré parce que
la personne connaît le français, c'est plus... la personne est rentrée par le regroupement
familial, conjoint ou conjointe du requérant principal. Toutes ces
personnes-là, on veut les rejoindre pour que tout le monde puisse bénéficier
des cours de francisation et qu'on ait une offre souple qui répond aux besoins.
Alors, ça, c'est un gros chantier de travail pour nous, au ministère, et donc
la volonté, c'est plus de francisation.
M. Dutrisac (Robert) : Mais
comment conciliez-vous cet effort de francisation du gouvernement que vous
allez annoncer et les coupures, par ailleurs...
Mme Weil
: Moi, mon...
Nous, on n'a pas vu ces chiffres-là, le ministère ne les a pas vu, mais mon collègue
a réitéré, bon, que les commissions scolaires — moi, j'ai entendu sa
réponse aussi — ont une certaine marge de manoeuvre, mais que, non, il
n'y a pas de coupures... en tout cas, que ce n'est pas la volonté d'avoir des
coupures en francisation, bien au contraire. Et d'ailleurs il y a beaucoup de
réfugiés, d'enfants réfugiés dans nos écoles, on a rajouté des sommes. Mais ce
n'est pas juste pour des réfugiés, c'est tous les enfants qui sont des nouveaux
arrivants. Ça, ça fait partie de notre vision depuis toujours.
Alors, je peux vous garantir que c'est l'orientation
qu'on a : plus d'argent dans nos grands réseaux; il y a Emploi aussi,
Éducation, Santé pour d'autres mesures aussi, et évidemment francisation au
ministère de l'Immigration.
Le Modérateur
:
Caroline Plante, The Gazette.
Mme Plante (Caroline) :
Hello, Mrs. Weil.
Mme Weil
: Hi.
Mme Plante (Caroline) :Hi. On page 30, and I'll translate very loosely here, but it
says : «Higher immigration levels could lead some people to question the
contribution of immigration to the enrichment and development of Québec.» So,
do you... What would be the impact of higher immigration? And do you fear a
backlash?
Mme Weil
:
It's really wrapped up with unemployment. When you see people unemployed and
you see the despair, it's a reflection of our own society, and I would say that
that causes a certain fragility, so that's why there's this period of
transition that we consider so important. We need to mobilize the whole
society, and that's why we've got this new policy around immigration, participation
and inclusion, so that we mobilised everybody. They are pretty mobilized if you
see some of the actions that the business community is doing vis-à-vis Syrian
refugees, but, if you look at the recognition of competencies, that, you know,
various professionals don't have their education or experience recognized, this
too causes a lot of tension, so it's in that regard. We need to integrate
everybody... well, everybody... as well as we can. We need to reach... our
ambitions are large and they have to be.
So, this period is going
to allow the reform… because there are many types… there's reform in terms of
how we select immigrants, but also the policy and the news measures that we
want to bring in to recognize credentials, there's a lot of work that is being
done currently on that, so that when people arrive, they already have their
credentials recognized fully or almost fully. So,
that's the delicacy, if you will, the balance that we need to reach.
Mme Plante (Caroline) :Wouldn't it be preferable to aim for higher
targets, let's say 60,000 and above, especially considering that, you know,
births have slowed and the… there's a decline in the working-age population or that we're anticipating a
major decline in the working-age population?
Mme Weil
: The only area where it really can help is the working-age population, but we have many people here,
working-age population, who
haven't integrated the workforce. They've arrived in the last few years. So, we
need to accompany them. They fill that gap to a large extent. We have other
ways as well : temporary workers, temporary foreign workers, qualified
workers. They also fill the gap to a certain extent. We have the leeway. With
this reform, we're giving ourselves a two-year leeway to get all of these reforms
fully implemented, and we have the conviction that we're going to be successful
with this new way of functioning, new way of selecting where people integrate
quickly the job market.
Mme Plante (Caroline) :And you talked about fragility…
Mme Weil
: Well, it's fragility around unemployment.
Mme Plante (Caroline) :Right. Oh! OK. But there's also concern
about public opinion here and integration, and all of that. Do you think that
it's possible to have a healthy discussion on immigration thresholds in this
province?
Mme Weil
: We will during the consultation, I'm convinced of that. I've experienced the consultation previously. It's people with
expertise, people who understand immigration. You have the economic groups, but you have a lot of community
organizations. But there's one «constat», one observation that they all have :
we need to work on integration into the workforce. And it's interesting to even
hear our economic partners saying the same thing. I feel them very mobilized
around that now. There's the issue… there's the French language, that's one
component, and where we have the most control over that component is qualified
workers because we can select people who speak French, and that's what we do,
and there's an orientation on
that. So, during this consultation, we will hear all those voices and we will listen to them. That's
what this exercise is all about.
Mme Plante (Caroline) :Two very quick clarifications, if I may.
The 85%, the minimum for French speakers, is that new, setting a minimum for
French speakers?
Mme Weil
: It's a more ambitious target. But I have to tell you that we found
that, in 2015, close to 95% of what we call «le requérant principal», the
principal person asking for a certificate of selection of Québec speaks French, declares speaking
French. But you've got the spouse that may not speak French, but is also a
qualified worker. These are very technical issues. But, so, it's an ambitious
goal, but it's one that we are confident we can achieve.
Mme Plante (Caroline) :I'm just not sure… you responded to my
colleague Robert Dutrisac in French earlier, and I think I heard that you said that
another… it will be up to another government in 2018, and take the baton, and move forward…
Mme Weil
: Well, it's… yes… It's always that way. I mean, I'm a new Government right now, as well, and I did it
in 2011. So, mostly, it's that this period… I see it as a transition period,
so, by the end of this period, we will see where we're at, we'll see if we were
successful. We're hopeful and we're confident we will be, but I think it's
prudent to make sure that all of these strategies are fully in place… There are
some very interesting immigration strategies and there are some very
interesting participation and integration strategies. Thank
you.
Le Modérateur
: Dernière question, last question. Ryan Hicks, CBC.
Mme Weil
: Hi, Ryan.
M. Hicks (Ryan) : Hi. What to do you say to Opposition MNAs who say that 50,000 is too much? Jean-François Lisée thinks that it should go down,
and that there shouldn't be as many immigrants, and that integration isn't
going well, so it's time to roll back.
Mme Weil
:
Well, he hits at the heart of our ability to have immigration contribute to our
economy, and I don't think he realizes it, because that would be 10,000
qualified workers less. So, you are really… and you listen to the businesses
right now telling us about how they want a reform of the temporary worker
program because they cannot get the talent they need. It's really becoming an
issue in the regions and in Montréal. Québec city has full employment, they're
feeling it too. So, we have to listen to that call for help. And I think that
those who talk about volumes, they don't, perhaps, also see that the commitment
Québec has towards humanitarian immigration is real and there's actually a
commitment under the Canada-Québec Accord. The objective is that we take the
proportion our relative weight in the population. So, we do it with a lot of
goodwill, and we do it because we believe in it and we're maintaining that
commitment. So, where it affects us is in the qualified workers than we can
select.
The other point I would
make, and I am not sure that people realize this, where we can really work on
the French aspect of immigration is qualified workers, that's where we select
them based on their knowledge of French. So, that's the portion of the
immigration that really does contribute to «le fait français, un Québec
français», where the common language is French. When
it's humanitarian immigration, of course, the challenge or the obligation we
have is to register them quickly in French language courses and get them up to
level.
M. Hicks (Ryan) : And on the hotline, why did you feel the need to put that hotline
in place?
Mme Weil
: Because I think it's been close to six months that I have been
meeting a lot of groups, been on the ground, exchanged with other people,
exchanged… There are certainly families that sponsor or groups that sponsor,
there is the possibility that… this is what we read in the articles, anyhow. I
haven't, frankly, seen much of it myself, but I'm sensitive to the fact that
there are maybe some people that are falling through the cracks. So, we just
wanted to make sure that our public services are the best they can be and
responding as quickly as possible for these people if they are in need of help.
And we don't want them to feel concerned because we're the
Government. We're there to help, we're there to assist
and we're looking at other models to make sure that we really do cover all the
angles. So, I've asked the Ministry to do this scan, if you will, it's a scan.
We're confident, but we just… I just want to be more confident that everything
we're doing is fast, quick and we're up to level.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup. Ceci met fin au point de presse.
Mme Weil
: Merci.
(Fin à 13 h 52)