(Neuf heures vingt huit minutes)
M. Leitão : Alors, mesdames
messieurs, bonjour! Le 1er juin 2016, l'agence de notation Standard &
Poor's a confirmé la cote de crédit du Québec à A plus et a rehaussé la
perspective de stable à positive. Le Québec retrouve ainsi, du point de vue de
S&P, la situation où il était avant la récession de 2008‑2009.
Pour établir la cote de crédit, les agences
de notation analysent un ensemble de facteurs économiques, fiscaux et
financiers, et parmi les principaux facteurs se trouvent la taille, la
structure, la vitalité de l'économie, la situation du marché du travail, la
compétitivité fiscale, etc. Ce que je trouve intéressant de remarquer dans
l'avis de Standard & Poor's, c'est les raisons pour lesquelles l'agence de
notation a amélioré notre perspective à positive. Trois facteurs qui sont
mentionnés par l'agence de notation : d'abord, une performance budgétaire
forte, «strong budgetary performance»; deuxièmement, un management fiscal et
financier qui est aussi très fort, «strong financial management»; et surtout,
le troisième, je pense, c'est très utile de le rappeler à tout le monde, de la
part d'une agence, donc, indépendante, ils considèrent que le Québec a une économie
très forte, «a very strong economy».
Alors, ces trois facteurs-là, la
performance budgétaire, la performance financière et une économie forte, ont
mené l'agence de notation à améliorer la perspective sur notre dette à
positive, ce qui nous met maintenant, comparativement à nos comparatifs, si on
peut ainsi dire, l'Ontario, on nous met maintenant dans une coche plus élevée
que l'Ontario puisqu'en Ontario la perspective est toujours stable à négative.
Donc, voilà, je trouve que c'est très
important, très utile de rappeler à tout le monde que, puisqu'au Québec nous
avons un niveau d'endettement qui est très élevé, il est absolument nécessaire
pour nous de maintenir et même d'améliorer nos cotes de crédit parce que c'est
de cette façon-là que nous allons maintenir ce que nous avons, qui est un accès
privilégié aux marchés financiers qui nous permet de financer notre dette assez
facilement. Et en même temps, puisqu'on a maintenant une perspective positive,
cela a aussi un effet d'entraînement sur les entreprises privées, sur les
intentions d'investissement parce que, si on est jugés comme étant une province
où on a une économie forte avec une performance financière qui est forte aussi,
ça mène à une amélioration de l'investissement privé. Donc, j'arrêterais ici,
et, s'il y a des questions, ça me ferait plaisir de répondre.
M. Caron (Régys) : Une
économie forte, M. Leitão, mais une économie qui ne crée pas d'emploi. Ça
se fait encore attendre, la création d'emplois, depuis que vous êtes au
pouvoir.
M. Leitão : La création
d'emplois actuelle, l'année 2015 était une année quand même assez positive. On
a quand même... l'économie du Québec a quand même généré presque 50 000
emplois en 2015. 2016, bon, nous sommes au mois de juin, on a des chiffres
maintenant pour les quatre premiers mois. On va les avoir bientôt, la semaine
prochaine, pour le mois de mai aussi. Moi, j'ai bon espoir que le mois de mai
va déjà commencer à montrer un changement de tendance. Mais bien sûr que
l'année 2016 n'a pas commencé de la meilleure façon, mais, avec les gains considérables
qui ont été enregistrés en 2015, je pense que la tendance, elle est toujours
positive, et d'ailleurs cela a été donc confirmé. La stabilité de l'économie
québécoise, sa résilience et sa capacité de faire face aux chocs
internationaux, ça a été bien noté par Standard & Poor's.
M. Caron (Régys) :
L'amélioration de la cote de crédit du Québec, est-ce que ça se traduit par des
baisses de taux d'intérêt quand il s'agit de financer la dette?
M. Leitão : À terme, oui. C'est-à-dire,
la réaction n'est pas immédiate, mais puisqu'on améliore... Et surtout c'est
toujours un jeu relatif, hein? Et puisque la position du Québec s'améliore
vis-à-vis celle de ses, disons-le, concurrents principaux dans le marché de la
dette provinciale canadienne, notre principal concurrent, partenaire,
appelons-le ce qu'on veut, c'est l'Ontario, la Colombie-Britannique, et
l'Alberta, ce sont les provinces qui empruntent le plus dans le marché de la
dette publique canadienne, alors, puisque notre performance s'améliore pendant
que la performance de l'Ontario ne s'améliore pas et celle de l'Alberta se
détériore, donc, relativement aux autres, notre perspective nous permet de
réduire légèrement les écarts de crédit que nous avons avec les autres, donc,
oui, d'avoir de meilleur taux. Mais on parle... c'est vraiment...
M. Caron (Régys) : On parle
de décimales.
M. Leitão : ...des décimales
de point de pourcentage.
M. Caron (Régys) : Mais c'est
à terme, donc ça veut dire quand, ça, à terme? À l'automne? En 2017?
M. Leitão : À l'automne, et en
2017, et en 2018. Ce qui est intéressant de remarquer dans ce contexte-là,
c'est que, puisque nous avons une dette qui est très élevée et nous avons des
opérations sur le marché financier qui se font régulièrement et
continuellement, donc, pour nous, c'est très important non seulement
d'atteindre une bonne cote de crédit, bien sûr, mais de la maintenir et de
maintenir, donc, cet écart que nous creusons maintenant avec nos partenaires
pour pouvoir continuer à bénéficier de taux plus attrayants, plus attractifs
que nos compétiteurs les plus directs.
M. Caron (Régys) : On n'a pas
idée des...
M. Leitão : Donc, ça se
poursuit, même si c'est, disons, quelques centièmes de point de pourcentage,
mais c'est chaque année, pour toujours, là, donc, à long terme, c'est une
épargne substantielle pour le Trésor québécois.
M. Caron (Régys) : De combien
pourrait être cette épargne-là, on ne le sait pas, là, sur le service de la
dette?
M. Leitão : Bien, écoutez, on
peut dire, par exemple... on dit qu'un point de pourcentage de différence sur
la dette québécoise... le service de la dette, c'est 250 millions par
année...
M. Caron (Régys) : Par année.
M. Leitão : ...chaque année,
pour toujours.
M. Caron (Régys) : Bon, mais
un point de pourcentage sur...
M. Leitão : Un point de pourcentage,
ça, c'est 100 points de base.
M. Caron (Régys) : Bon, mais
là vous me parlez de décimales, donc ça n'ira pas jusqu'à un point de pourcentage.
M. Leitão : Non, mais d'une
façon très immédiate, très directe, si on part du principe que ça peut
représenter un ou deux centièmes, donc on parle de deux à trois millions de
dollars par année, chaque année, pour toujours. Surtout, ça, ce n'est pas un
gain qui a lieu une fois et puis ça finit. C'est un gain pour la suite des
choses.
M. Caron (Régys) : Dans le
dernier rapport mensuel de votre ministère, c'est-à-dire qui nous ramenait à
février 2015, donc, qui a été émis, là, dernièrement...
M. Leitão : Février 2016.
M. Caron (Régys) : ...donc, à
un mois de la fin de l'année 2015‑2016, vous étiez en surplus de
2 milliards au gouvernement. Un an plus tôt, vous étiez en déficit de
1 milliard. Donc, il y a un rattrapage de 3 milliards.
Est-ce que ça va se maintenir,
pensez-vous, dans le dernier mois de l'année 2015‑2016?
M. Leitão : Bon, écoutez, le
prochain rapport qui va être rendu public comme prévu, je pense que c'est le 22
ou le 23 juin, qui va couvrir, donc, le mois de mars et donc l'année fiscale au
complet, va dresser un portrait préliminaire, mais pour l'année au complet,
l'année fiscale au complet. Écoutez, on verra bien rendus à ce point-là, mais, généralement,
généralement, le mois de mars est toujours déficitaire, en général.
M. Caron (Régys) : ...quand
même.
M. Leitão : Donc, on verra
bien quel sera le résultat final du rapport du mois de mars, mais oui, c'est
fort probable qu'on termine l'année avec un léger surplus. Je vous souligne
aussi que c'est préliminaire, les livres vraiment fermés...
M. Caron (Régys) : Avec les
crédits...
M. Leitão : ...à la fin
septembre. Mais je soulignerais aussi que, oui, d'ailleurs, l'effort qui a été
remarqué par l'agence Standard & Poor's, un effort important de contrôle de
finances, qu'ils appellent le «financial management», c'est ça, de contrôler la
croissance des dépenses, mais aussi, et ils le mentionnent aussi, la
performance des revenus. La croissance des revenus se maintient, donc l'économie
qui est relativement forte. Parce que, si on avait une économie si faible que
ça, on n'aurait pas pu dégager les revenus que nous avons dégagés.
M. Caron (Régys) : Vous ne
parlez pas d'augmentation de taxes. Vous parlez de...
M. Leitão : Non, l'augmentation
de revenus qui proviennent de la croissance économique.
M. Caron (Régys) : Bon. Est-ce
qu'il n'y a pas un prix derrière tout ça, M. Leitão? La performance financière
du gouvernement est bonne, mais là il y a tout un débat qui a cours sur les
services d'hygiène dans les CHSLD, dans l'éducation, on a coupé sur l'aide aux
devoirs, sur les services professionnels aux élèves. Est-ce que ce n'est pas
ça, le prix à payer de ce que vous dites aujourd'hui?
M. Leitão : Je ne penserais
pas, non. Ces questions-là, qui sont des questions pertinentes et des questions
importantes, sur les services, donc, directs aux citoyens, ça relève souvent
des règles budgétaires des différents ministères, et mes collègues, vous avez
mentionné deux ministères, santé et éducation, bien sûr qu'ils sont en train de
mettre en place des mesures et des moyens pour s'assurer que les règles
budgétaires sont appropriées et qu'on évite ce genre de situations qui souvent
sont des situations vraiment qui ne sont pas du tout acceptables. À l'intérieur
des budgets des ministères de la Santé et ministère de l'Éducation, je pense
qu'il y a les fonds nécessaires pour éviter ce genre de scénarios.
La Modératrice
: Merci.
M. Leitão : Très bien. Merci.
(Fin à 9 h 38)