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Point de presse de M. Éric Caire, leader parlementaire adjoint du deuxième groupe d'opposition, et M. François Bonnardel, leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition

Version finale

Thursday, June 2, 2016, 11 h 07

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures sept minutes)

M. Caire : Alors, bonjour. Aujourd'hui, on voulait réagir sur l'ensemble de l'oeuvre, dans le fond, du ministre des Transports, M. Daoust.

D'abord, dans un premier temps, sur le dossier des allégations qui secouent le MTQ, à mon avis, le ministre des Transports vient de commettre un impair absolument majeur aujourd'hui. Il faut bien comprendre, là, que, du moment où les allégations ont été révélées, on a tenté, à la Commission de l'administration publique, d'avoir accès à l'ensemble des documents, dont la fameuse clé USB de Mme Trudel. Le commissaire à l'UPAC a demandé au MTQ de ne rien transmettre, aucun document aux parlementaires, sous prétexte que ces documents-là pouvaient faire l'objet d'une enquête criminelle et donc pour ne pas interférer dans les enquêtes.

Nous avons eu des discussions à la Commission de l'administration publique pour entendre le commissaire Lafrenière et pour avoir quand même, même à huis clos, accès à ces documents, et ça nous a été refusé tellement c'était jugé sensible. Hier soir, le ministre des Transports a rendu publics des documents et n'a même pas vérifié si ces documents-là étaient sur la clé USB, et on peut présumer qu'ils y étaient. Alors, moi, ce manquement-là, il est extrêmement grave envers la Commission de l'administration publique et envers l'Assemblée nationale. C'est un manque de jugement majeur de la part du ministre des Transports. Là-dessus, je vais céder la parole à mon collègue.

M. Bonnardel : Merci, Éric. Les conclusions de la Vérificatrice générale qui nous éclairent sur la vente des actions de RONA par Investissement Québec sont extrêmement préoccupantes, extrêmement graves. Je vous répète un extrait que la Vérificatrice générale écrit dans son rapport ce matin, elle dit : «...les membres du conseil d'administration d'Investissement Québec ne considéraient pas avoir toute la latitude pour autoriser la vente [des actions de RONA] sans avoir consulté le gouvernement.» Et ce qu'elle dit : «D'ailleurs, selon les procès verbaux du conseil d'administration, ils ont obtenu en décembre 2014 l'accord du ministre [...] de vendre la totalité des actions.»

Pourtant, le ministre a dit aux journalistes, pas plus loin que le 3 février 2016, à 14 heures, et Antoine Robitaille posait la question : «Donc, vous avez été au courant de la vente des actions qu'Investissement Québec avait? Non?» Il a répondu : «Non, non, non. C'est ça que je vous dis. Ça, ce sont les fonds propres d'Investissement Québec. Alors, c'est le conseil d'administration qui juge pertinent de le faire de cette façon-là.» Même question de la part de Robert Dutrisac.

Ce ministre a menti aux journalistes, a menti aux parlementaires, a menti aux Québécois. C'est extrêmement grave, ce qu'il a fait. Il n'a pas osé, ce matin, se lever et démentir les conclusions de la Vérificatrice générale, qui confirme elle-même que ça prenait l'autorisation du ministre pour vendre ces actions. La seule chose qu'il lui reste à faire, à M. Daoust aujourd'hui, c'est de démissionner.

M. Caron (Régys) : M. Bonnardel, Investissement Québec a déjà indiqué que la vente des actions qu'elle détenait dans RONA avait commencé en décembre 2013.

Comment se fait-il que l'autorisation ait été demandée un an plus tard?

M. Bonnardel : Écoutez, selon la Vérificatrice générale, là, elle dit que, de novembre 2013 à novembre 2014, le conseil autorise la vente de blocs d'actions, et l'autorisation du conseil d'administration pour la vente s'est faite en totalité en décembre 2014.

M. Caron (Régys) : Investissement Québec a déjà expliqué que la vente des actions s'est faite en 10 blocs...

M. Bonnardel : Oui.

M. Caron (Régys) : ...entre décembre 2013 et janvier 2015. Ça, c'est des explications qui ont été fournies en février par Investissement Québec.

Est-ce qu'il y a là... est-ce que la VG vient contredire ce qu'Investissement Québec a déjà dit?

M. Bonnardel : Bien, écoutez, la Vérificatrice générale confirme, elle, une chose, c'est que ça prenait l'autorisation du ministre, que le C.A. comme tel n'avait pas toute la latitude pour prendre cette décision, ce qui était une décision extrêmement importante, on sait très bien que Lowe's voulait acheter RONA juste avant. Donc, Investissement Québec avait ce pouvoir d'obtenir ces actions et de contrer cette vente possible. Ça, vous le savez très, très bien. Moi, ce que je vous dis ce matin, c'est ce que la VG confirme, c'est que le ministre a confirmé donner l'autorisation de vendre ces actions, ce qui est extrêmement grave, parce que le ministre vous a dit à vous, les journalistes, le contraire.

M. Boivin (Simon) : Est-ce que vous demandez la tête de M. Daoust sur la base de ses déclarations sur RONA, ou sur la base du dossier du MTQ, ou sur l'ensemble de l'oeuvre?

M. Bonnardel : Sur la base des déclarations de la vérificatrice, des conclusions sur RONA.

M. Boivin (Simon) : Est-ce que... Par ailleurs, dans le rapport de la vérificatrice, aujourd'hui, l'opposition demandait la tête de M. Hamad en lien avec le million supplémentaire dans le dossier de Premier Tech. Le gouvernement, lui, il lit le rapport autrement, dit : Les étapes de gestion normales ont été suivies. Est-ce que vous partagez la vision du Parti québécois quant au rôle de M. Hamad dans le dossier?

M. Bonnardel : Il y a certainement encore des éclaircissements à donner. Je pense que M. Hamad n'est pas blanc comme neige là-dessus. Maintenant, on va voir ce que M. Hamad va affirmer ou déclarer dans les prochaines minutes. Je pense que vos collègues journalistes sont déjà en train de le questionner là-dessus.

Maintenant, le commissaire... pas le commissaire, la Vérificatrice générale l'a blanchi, et là on a le Commissaire à l'éthique aussi, là, le Commissaire au lobbyisme qui va faire son travail dans les prochains mois. On pourra évaluer, je pense, la situation dans son ensemble quand on aura tous les éléments.

M. Boivin (Simon) : Donc, la VG l'a blanchi. Donc, vous ne comprenez pas que le Parti québécois, sur la base de ce que la VG indique, demande sa tête?

M. Bonnardel : Bien, écoutez, je pense que M. Hamad, on l'a démontré, mon chef l'a démontré, là, il n'a pas les qualités pour continuer d'être ministre comme tel. Et, pour nous, là, c'est important qu'on fasse la lumière, qu'on aille au bout des choses, qu'on ait ce rapport complet au début de l'automne. Et on ne changera certainement pas d'idée. M. Hamad, pour nous, n'a plus les qualités nécessaires pour être ministre.

M. Boivin (Simon) : Je comprends, mais, sur la base du rapport de la VG, ce matin, le PQ demandait la tête de M. Hamad. Vous ne faites pas la même lecture du rapport de la VG, puisque vous dites qu'elle le blanchit.

M. Bonnardel : Bien, là, non, écoutez, elle l'a blanchi dans une certaine mesure. Je pense que les questions que posait mon collègue Bernard Drainville restent quand même pertinentes, dans une certaine mesure, à savoir : Qu'est-ce qui s'est passé dans ce fameux déjeuner pour qu'il y ait 1 million additionnel qui soit octroyé à la firme comme telle? Et là-dessus le ministre, ou même M. Fournier, n'a certainement pas pu donner les informations qui pouvaient satisfaire Bernard.

M. Caron (Régys) : J'aurais une question pour M. Caire au sujet du ministère des Transports. N'est-il pas urgent que Mme Annie Trudel soit entendue par les députés?

M. Caire : Clairement. Ceci étant dit...

M. Caron (Régys) : Et est-ce que cette conférence-là devrait avoir lieu à huis clos ou en public?

M. Caire : Écoutez, là-dessus, vous me permettrez de réserver ma réponse. Je vous explique. Pour moi, il est clair qu'il faut entendre Annie Trudel, Robert Poëti, qu'on a élégamment envoyé en Australie aujourd'hui, et Louise Boily, l'ancienne vérificatrice interne. Ça, pour moi, c'est très clair.

Ceci étant dit, vous devez comprendre que les députés libéraux se sont trouvé une extrême sensibilité pour les respects des mandats de la CAP et de la  non-ingérence dans une enquête policière, que ne semble pas partager Jacques Daoust puisqu'il a, hier, rendu publics des documents sans avoir minimalement vérifié s'ils étaient sur la fameuse clé USB qu'on nous refuse à nous, les parlementaires.

Donc, on a déjà, la CAP, par motion, convoqué M. Lafrenière. Nous allons questionner M. Lafrenière demain, et soyez assurés que nous allons questionner M. Lafrenière demain. Et, comme ça a été dit par mon chef, pas plus tard que ce matin, soyez assurés que ce n'est qu'une première étape. C'est loin d'être terminé, vous en avez ma parole.

M. Caron (Régys) : ...que vous évoquez, il est sur le site de la Commission de l'administration publique, là, le fameux document que Mme Trudel a remis au ministère des Transports. C'est ça qu'on a reçu hier.

M. Caire : Non, non, non. Les courriels de Mme Trudel n'étaient pas des documents qui ont été envoyés à l'administration publique, les rapports de Mme Trudel. Je ne parle pas du suivi qui a été préparé par le MTQ, je parle du rapport de Mme Trudel. Ce ne sont pas des documents qui ont été donnés à la Commission de l'administration publique. Pire que ça, quand j'ai posé la question tantôt à Jacques Daoust, il m'a dit : Bien là, je ne le sais pas, moi, si c'était sur la clé USB. C'est une réponse au minimum — au minimum — totalement irresponsable, indigne d'un ministre du gouvernement du Québec, compte tenu du contexte, hein, parce que là, ça ne vient pas d'arriver, compte tenu du contexte qu'hier, sachant de par ses collègues la motion qui avait été adoptée par la CAP, l'orientation qui avait été adoptée par la CAP, il n'ait pas, un, minimalement vérifié si les documents émanaient de la clé USB et, deux, transmis ces documents-là à la CAP au lieu de faire un point de presse. Personnellement, je pense qu'on était dans une opération pour discréditer Annie Trudel plus que dans une opération pour rechercher la vérité.

Le Modérateur : ...

M. Boivin (Simon) : Sur la même affaire, oui, rapidement. Il vous a dit à trois reprises que son sous-ministre, dans sa lettre, lui dit qu'il a vérifié avec l'UPAC la possibilité de transmettre ces documents-là. Ça ne vous suffit pas comme vérification?

M. Caire : Pantoute, pantoute. Parce que...

Journaliste : Si lui dit qu'il n'y a pas de problème à ce que ça soit...

M. Caire : Bien pourquoi l'UPAC dit qu'il n'y a pas de problème à ce que lui transmette les documents, puis l'UPAC voit un problème à ce que des parlementaires, dont le privilège est prévu constitutionnellement... Nous avons un pouvoir d'enquête, nous avons un pouvoir d'exiger des documents, nous avons un pouvoir de contraindre les gens à témoigner, et la seule raison pour laquelle on ne le fait pas, c'est parce que les députés libéraux s'y opposent. Ça fait que, pour nous autres, les députés d'opposition, ce n'est pas acceptable, c'est de l'ingérence dans l'autorité de l'UPAC. Puis, quand ça vient d'un ministre libéral, c'est tout à fait correct? Je suis désolé, mais ça ne tient pas la route, cette réponse-là. Si les documents ne peuvent pas être transmis aux élus, c'est à tous les élus, pas à certains élus, mais d'autres c'est correct. Ça ne marche pas de même.

M. Croteau (Martin) : M. Caire — merci — M. le ministre Blais vient de nous confirmer qu'à la demande du bureau du premier ministre il a embauché Pierre Ouellet, l'ancien chef de cabinet de Jacques Daoust. Il n'a pas passé personne d'autre en entrevue, il répondait à une demande du bureau du premier ministre. Qu'en pensez-vous?

M. Caire : J'en pense la même affaire que je pourrais penser du fait qu'ils sont en train, probablement, de chercher une niche pour Dominique Savoie. Je ne serais pas étonné qu'au mois de juillet on ait, par règlement, par décret ministériel, une Dominique Savoie qui se fait trouver un poste quelque part pour se faire oublier. Mais si...

M. Croteau (Martin) : Donc, ça ne vous dérange pas plus que ça?

M. Caire : Bien, ça me dérange. Ça ne me dérange pas rien qu'à peu près. Malheureusement, vous comprendrez que les outils qu'on a pour dénoncer ça sont limités. Mais ça me dérange, parce que ça nous prouve quoi? Qu'au Parti libéral, on est dans une opération de camouflage et qu'on fait semblant de punir les gens, qu'on fait semblant d'aller rechercher la vérité, puis on est en train... Là, on n'a plus assez de mains pour le nombre de couverts qu'on a à mettre sur toutes les marmites qu'il faut calmer, là.

Une voix : Qui chauffent.

M. Caire : Qui chauffent, oui, merci.

M. Caron (Régys) : Avez-vous rencontré de la résistance, hier, de la part des députés libéraux qui siègent à la CAP pour entendre Mme Trudel, entendre M. Poëti, entendre M. Ouellet et Mme Boily?

M. Caire : Résistance? C'est un doux euphémisme, résistance.

M. Caron (Régys) : Alors, ils refusent catégoriquement.

M. Caire : C'est un blocage total, total.

M. Boivin (Simon) : Par crainte de nuire à l'enquête, ça, c'est leur argument?

M. Caire : Toujours, toujours, puis même à huis clos, là, ça a l'air que ça va être bien dangereux. Des fois qu'il y ait un avocat quelque part, là, qui viendrait, par télépathie, me jouer dans la tête puis me soutirer des informations. C'était totalement ridicule, les arguments que j'ai entendus.

M. Caron (Régys) : Mais, M. Caire, ces révélations-là qui vont vous être données par M. Lafrenière, potentiellement par Mme Trudel et d'autres, si ça reste à huis clos, si ça reste secret, parce que c'est sous enquête, en quoi l'intérêt public serait-il servi actuellement?

M. Caire : O.K. L'objectif de la rencontre de demain, c'est de valider ce que les parlementaires peuvent avoir comme information sans nuire à une enquête policière. Pour moi, c'est le seul objectif. En aucun temps, en aucun temps l'objectif, demain, c'est de conclure à l'enquête ou au nécessaire besoin qu'on a d'aller chercher toute l'information sur les allégations qui secouent le MTQ. Et c'est pour ça que je vous dis que c'est une première étape, c'est une première étape qui a pour but surtout, je pense, qui avait pour but surtout de rassurer les collègues sur l'intention qu'on a de respecter le travail policier, de respecter les enquêtes, de ne pas faire déraper des enquêtes, mais d'avoir toute l'information nécessaire à faire notre travail et de concilier les deux. Ça, c'est l'opération de demain.

Un coup que, cette opération-là, elle va être terminée, on passe à la prochaine étape qui est de continuer à rechercher la vérité et d'aller jusqu'au bout, et vous avez ma parole, on va rechercher la vérité et on va aller jusqu'au bout.

La Modératrice : Merci.

(Fin à 11 h 20)

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