(Neuf heures trente minutes)
M. Roy
: Eh bien,
bonjour à tous. Nous sommes ici aujourd'hui pour réagir au rapport du Vérificateur
général et du Commissaire au développement durable. Donc, par rapport au
secteur faune, c'est un rapport qui est dévastateur et qui démontre que le ministre
n'a absolument pas les rênes de son ministère. Au début de l'année, le ministre
aurait voulu avoir une promotion, il aurait aimé changer de ministère. Et là
son bulletin ici présent ne lui permet absolument pas de changer de chaise et
il va avoir beaucoup de travail à faire.
J'aimerais revenir de manière
rétrospective sur les différentes actions de déconstruction du secteur faune
qui ont été faites depuis que le gouvernement libéral
est au pouvoir. On a augmenté les baux de villégiature de 530 %. On a augmenté
les permis de pêche de 42 %, les permis de chasse au petit gibier et au
gros gibier d'environ 24 % et 21 %. On a fermé la chasse au caribou
dans la zone 22A. On a mis à pied ce que j'appelle des agents de
régulation et de collecte de données, des biologistes, techniciens de la faune,
agents de protection de la faune. Et, tout dernièrement, on a décidé d'imposer
une tarification aux OBNL, aux groupes qui font de la recherche et qui font de
la protection d'habitats fauniques. Donc, l'attaque a été assez significative
depuis que le gouvernement est au pouvoir.
Et là on arrive avec un rapport du Commissaire
au développement durable qui est dévastateur. Donc, dans un premier temps, ce
que ce rapport-là nous dit, c'est que, malgré les retombées de près de 900 millions,
la vente de permis en proportion de la population qui augmente, elle diminue au
Québec. Il faut comprendre que notre actif collectif faunique est important.
Puis ça peut être générateur de développement économique pour toutes les
régions du Québec, si on s'en occupe bien. Mais là, ce qu'on voit, c'est exactement
le contraire. C'est une atrophie, une déstructuration du secteur d'activité
faunique au Québec. Donc, il n'y a pas de plan de marketing, pas de stratégie
de mise en valeur de la faune, les permis de chasse vendus aux non-résidents
ont diminué de 58 % depuis 15 ans, les permis de pêche aux non-résidents,
ça a diminué de 26 % depuis 15 ans.
Et là on s'en va vers une rupture de
clientèle. En 2019, il est prévu que les baby-boomers vont se retirer des activités
liées à la faune, le prélèvement et que la relève n'est pas là. Les jeunes ne
sont pas assez initiés. Donc, c'est l'effondrement d'un secteur d'activité
économique au Québec qui est en train de se préparer.
On peut en rajouter. Connaissance limitée à
l'égard de plusieurs espèces, ce qui nuit à la conservation et à l'optimisation
de la mise en valeur via le prélèvement. Si on ne sait pas, exemple, combien il
y a de chevreuils dans la zone 2S et qu'on se fie strictement que sur le nombre
de bêtes enregistrées et on ne va pas faire d'inventaire, rien, etc., et on ne
connaît pas le potentiel, on va limiter la chasse, donc on va limiter
l'activité économique, on va limiter la vente de permis de chasse et on va
faire en sorte qu'on va naviguer dans le noir. Donc, de ne pas connaître notre
potentiel collectif faunique, c'est une aberration. Donc, on ne peut pas
déterminer les problèmes de surabondance. On ne peut pas définir des modalités
de prélèvement collées sur la réalité des cheptels, O.K.? On n'a pas de données
sur les insectes pollinisateurs, les habitats du poisson sont non
cartographiés. Puis, s'il y a des connaissances puis des recommandations, elles
ne sont même pas appliquées. C'est une aberration.
50 % des budgets des travaux
d'acquisition de connaissances sont faits avec des partenaires externes. Et là,
quand on fait ça, ça veut dire qu'on est obligés de tenir compte des besoins
des partenaires externes qui ne sont pas nécessairement les besoins du
ministère. Et là c'est comme si on sous-traitait avec d'autres organisations
qui ont d'autres enjeux, d'autres visions, d'autres buts pour définir la
collecte de données sur le potentiel faunique, et ça, ça veut dire qu'on a les
mains attachées par rapport aux connaissances que nous devons avoir
collectivement pour bien gérer nos affaires.
Insuffisance de la protection des espèces
en situation précaire. On parle de 38 espèces au Québec, potentiellement 115
autres, et il n'y a pas de plan pour sept des 38 espèces qui sont menacées. Et,
qui plus est, si une espèce est menacée et on ne fait pas de plan de protection
de son habitat, même si l'espèce menacée, on a un plan de protection, si
l'habitat n'est pas protégé, bien l'espèce est en danger de manière
significative.
On a une insuffisance de moyens ou de
plans d'action par rapport à la lutte aux espèces exotiques. On parle de la
carpe asiatique, hein, on n'a pas de veille visant la détection, on ne sait où
est-ce qu'ils sont, pas de plan d'action en cas d'invasion. Une seule réunion
du comité a eu lieu depuis 2014, pas d'entente avec les autres provinces. C'est
la même chose avec le bar rayé dans la baie des Chaleurs, où on ne sait pas
trop quel est l'effet de prédation sur le homard, sur le saumon, sur la truite
de mer, etc. On nous dit : Bien, on en pogne un de temps en temps, on
l'ouvre. C'est aléatoire, c'est mal structuré, ce n'est pas systémique, ce
n'est pas systématique, on ne fait pas d'enquête sur ces espèces-là, et ça, ça
peut mettre en danger notre potentiel faunique pour l'avenir.
Donc, je l'ai dit tout à l'heure,
protection des habitats fauniques inadéquate, pas de suivi après voir donné des
autorisations de modification d'un habitat. Et, qui plus est, on n'a pas
utilisé des sommes recueillies pour la destruction d'habitat par des
promoteurs. Donc, on a 2,5 millions qui ont été engrangés et qui n'ont pas
été réinvestis dans nos actifs fauniques. On n'a pas recréé, je dirais, des
habitats qui ont été détruits, donc collectivement nous perdons.
On a aussi des abandons de poursuite, bon,
pour toutes sortes d'actes illégaux, destruction d'habitat, parce qu'on n'a pas
assez de personnel, de biologistes, de techniciens pour monter des dossiers
pour aller accuser les gens. Donc, le délai passe. Au bout de deux ans, les
poursuites, bon, s'effondrent. Donc, on ne fait pas notre job à ce niveau-là.
Pas de soutien, il y a un abandon des
partenaires, pas de soutien aux zecs, aux pourvoiries, aux réserves fauniques.
Ils sont tout seuls avec leurs problématiques, entre autres la problématique
d'accaparement de territoire. Il y a des gens qui arrivent dans le bois puis
qui disent : Je suis chez nous, je plante ma roulotte là puis je fais ce
que je veux. Donc, il faut se rappeler que le territoire forestier du Québec
appartient à tous les Québécois, et il n'est pas question d'appropriation, de
privatisation de quelque parcelle que ce soit ou d'accaparement. Mais ça prend
la présence des agents de la faune dans le bois pour montrer la présence de
l'État. Et là qu'est-ce qu'on fait? On dit aux agents de la faune : Vous
allez passer maintenant 50 % de votre temps assis dans les bureaux à faire
de la paperasse. C'est une bureaucratisation de leur travail, et ils deviennent
absolument inefficaces et sont incapables d'aller sur le terrain pour montrer
que l'État est là, qu'il protège le potentiel faunique du Québec, puis qu'il
pogne les gens qui font des actes illégaux.
Donc, c'est un rapport accablant, qui
démontre que le ministre n'a pas de vision, il n'a pas de leadership et d'intérêt
à valoriser et stimuler le secteur faune au Québec. Et je le répète, au début
de l'année, le ministre aurait aimé avoir une promotion, mais il faut la
mériter, puis il doit prendre ses responsabilités et reprendre le contrôle de
son ministère afin de reconstruire le secteur faune et non pas le déconstruire
comme il le fait actuellement.
Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 38)