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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, June 7, 2016, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente et une minutes)

Mme Lamarre : Bonjour. Je suis aujourd'hui en compagnie d'Amir Khadir et également de M. Lacharité, vice-président de la CSN, Mme Mélissa Gaouette, vice-présidente de la FSSS-CSN, et de Mme Nancy Corriveau, vice-présidente, FP-CSN.

Ce qui nous amène et ce qui nous réunit aujourd'hui, c'est la grande préoccupation qu'on a par rapport au transfert des professionnels des CLSC vers les GMF. On en a déjà parlé, mais là ça devient une réalité : 1er juin. On se réjouit, au moins, de voir que certains P.D.G. de CISSS et de CIUSSS ont réussi à faire entendre leur voix et à exprimer ce qui était indispensable pour la protection des citoyens. On salue donc les P.D.G. de l'Outaouais, Montérégie qui ont reporté à l'automne, Nord-de-l'Île-de-Montréal qui a reporté d'un an, Québec—Chaudière-Appalaches et Estrie qui disent qu'ils vont le faire dès que possible, mais pas au 1er juin.

Alors, c'est une précipitation volontaire qui créé énormément d'ambiguïtés, de remous dans le système. Mais le précédent dans cette mesure, c'est que, directement, cette mesure-là amène un bris de services, une diminution d'accès à des citoyens qui en avaient déjà auprès de travailleurs sociaux, de psychologues qui les suivaient dans des CLSC. Alors, dans les CLSC, on a des gens actuellement, des milliers de personnes qui sont suivies par un travailleur social et un psychologue et le ministre dit : Écoutez, vous, là, vous déménagez, j'ai besoin de vous dans les GMF. On n'est pas contre avoir des travailleurs sociaux, des psychologues dans les GMF, mais pas au détriment des services essentiels qui sont offerts actuellement à des citoyens qui en ont besoin, à des usagers qui en ont besoin et à des patients qui en ont besoin.

Alors, ce précédent du ministre est très préoccupant. Moi, je crois que c'est vraiment une mesure qui mérite d'être surveillée de très près. De plus, on l'a dit, mais les services psychosociaux ne sont pas nécessairement toujours des services de santé. Alors, pourquoi forcer ces gens-là à passer à travers le processus médical du GMF, alors que, dans certains cas, les besoins des gens ne sont pas du tout reliés à des problèmes de santé, mais sont strictement reliés à des problèmes sociaux? Je prends comme exemple, dans ma circonscription, il y a eu un incendie, Terrasse Turgeon, il y a trois semaines. Les gens ont vraiment besoin d'un travailleur social pour se réorganiser, mais pas nécessairement de voir un médecin dans un GMF.

Alors, pourquoi forcer ce déplacement de personnel? Pourquoi surtout favoriser un modèle dans lequel, on le sait, il y a de l'argent supplémentaire qui est donné avec le transfert de ces professionnels-là? Alors, c'est une forme de transfert d'argent du public vers le privé. Donc, je pense qu'il y a vraiment à surveiller énormément. Je veux également attirer l'attention sur le fait que, dans cette portée de privatisation, là, le projet de loi du ministre, sur les trois cliniques privées, qui a été publié dans la Gazette officielle, dans les échanges qu'on avait avec le ministre, il avait prévu une marge de crédit... une marge de profit, pardon, une marge de profit pour les cliniques privées, et, en discutant, il avait dit : Ah, ce sera un maximum de 10 %. Eh bien, la lecture attentive de la publication dans la Gazette officielle nous montre que le ministre n'a pas précisé un maximum pour la marge de profit, et donc il va permettre des marges de profit, actuellement très, très questionnables, sur ces trois cliniques privées là. Alors, il a refusé d'inclure un maximum dans son projet de loi.

Alors, ça traduit encore une forme de privatisation, mais vraiment toujours appelée sous d'autres vocables. Alors, je laisse la parole à Amir.

M. Khadir : Je n'ai d'autre mot à dire que d'affirmer que le ministre actuel de la Santé du Québec, M. Gaétan Barrette, avec la complicité du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, de manière vicieuse et sournoise et malhonnête, sont en train de privatiser le système de santé public. L'ordre donné par Gaétan Barrette à des établissements publics de détourner des ressources qui appartiennent au réseau public pour les mettre au service de GMF, dont les plus importantes au Québec... Je rappelle les GMF, là, les plus importantes sont de propriété de grands fonds d'investissement privés. Un de ces fonds-là, c'est Medisys, que le premier ministre actuel du Québec, Philippe Couillard, a déjà servi comme conseiller lorsqu'il a quitté la politique. Ce gouvernement, son premier ministre et le ministre actuel de la Santé sont en conflit d'intérêts dans ces décisions qu'ils prennent, qui ni plus ni moins consistent à dépouiller le réseau public pour donner des ressources, qui appartiennent au réseau public de la santé, entre les mains d'investisseurs ou de certains médecins qui sont plus des hommes d'affaires que des médecins au service de la santé de la population, qui veulent faire du profit sur le dos de notre réseau public et de l'accessibilité de nos gens à des services de santé.

J'en appelle à tous les administrateurs du réseau, à l'exemple de certains qui se sont manifestés depuis une semaine, j'en appelle à ces administrateurs à courageusement résister devant ce diktat venant de Gaétan Barrette. On a besoin du courage de nos personnels, de nos administrateurs pour empêcher que Philippe Couillard et Gaétan Barrette réussissent leur opération de privatisation du système de santé du Québec.

M. Lacharité (Jean) : Merci. Alors, bonjour, tout le monde. Jean Lacharité, je suis vice-président de la CSN. On représente des centaines pour ne pas dire des milliers de travailleuses et de travailleurs dans ce secteur-là. Alors, ça a été dit autant par Mme Lamarre que par M. Khadir, on assiste actuellement véritablement à une opération de privatisation du réseau de la santé et des services sociaux, et l'exemple du transfert des travailleuses et des travailleurs sociaux des CLSC vers le GMF, et des psychologues, et après ça, ce sera d'autres professionnels qui seront transférés, ce que ça a pour effet, c'est de vider la substance des services à l'intérieur des établissements publics que sont les CLSC, qui sont un fleuron de la première ligne de services au Québec, pour les transférer vers des groupes privés de médecine familiale dont les cliniques ne sont pas toujours possédées par des médecins, hein, parfois ce sont des fonds d'investissement privé, des hommes d'affaires qui se rendent propriétaires de ces cliniques-là. Et l'effet direct, c'est... Le ministre a beau dire que le financement reste public. Oui, le financement reste public, mais ce que M. Barrette est en train de faire, avec l'accord de M. Couillard, premier ministre, c'est de privatiser l'organisation et la dispensation des services avec un financement public. Donc, c'est une forme de subvention, à partir de deniers publics, à des intérêts privés. C'est ça qu'il est en train de faire dans le réseau.

Et que va-t-il arriver aux clientèles vulnérables qui ont accès aux travailleurs sociaux, aux psychologues pour l'aide psychosociale, pour le secours psychosocial dans les CLSC? Parce qu'on nous dit, et le ministre l'a affirmé à maintes reprises : Il n'y aura pas de remplacement de ces travailleuses et travailleurs là, qui seront transférés. Ils vont se retrouver à vide, sans service, parce que ce sont des gens qui, de façon très générale, n'ont pas accès aux groupes de médecine familiale, ce sont des gens qui vivent des problèmes de toxicomanie, de santé psychologique, des personnes âgées qui ont des problèmes cognitifs. Alors, ils vont se retrouver le bec à l'eau, sans service, c'est ça qui va arriver. Et ça, ça va entraîner des coûts sociaux énormes, parce qu'on le sait, hein, quand on n'a pas accès à un service suffisamment rapidement quand on est un citoyen vulnérable, bien on va se retrouver à l'urgence éventuellement puis on va se retrouver dans le milieu hospitalier. Alors, ça n'a aucun sens.

L'autre élément que je veux mentionner très rapidement, c'est que c'est une attaque fondamentale à l'autonomie professionnelle de ces professionnels, parce qu'actuellement ils ont pleine autonomie professionnelle à l'intérieur du CLSC, ils peuvent recevoir directement un usager ou une usagère qui a des problèmes sociaux sans que cette personne-là soit obligée de passer par un médecin de famille. Mais là ils vont être sous la direction des médecins dans le GMF, donc c'est une atteinte à leur autonomie professionnelle.

Je conclurais en disant que M. Barrette n'est pas un ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Barrette est un ministre des médecins, pour les médecins au Québec, et des médecins profiteurs qui profitent du régime, et qu'il est en train de subventionner carrément, avec les deniers publics, des organisations privées. Alors, voilà, je vous remercie.

Mme Corriveau (Nancy) : Nancy Corriveau, de la Fédération des professionnèles. Beaucoup de choses ont été dites. Moi, ce que je veux vous dire, c'est que la responsabilité du ministre de la Santé et des Services sociaux, c'est de répondre aux besoins de la population. Les CLSC sont une formule qui fonctionne, éprouvée. Les travailleurs sociaux ont déjà la possibilité de référer aux médecins. Toute la gamme de services est présente. Ils sont près des gens, c'est près de leur milieu, il y a une grande couverture des CLSC partout à travers la province. Alors, de déplacer les ressources, pour nous, ça ne fait aucun sens. Et, à la CSN, pour nous, c'est important de se faire la voix de ces personnes-là les plus démunies, parce qu'on parle de gens qui ne peuvent pas aller au privé, qui sont inondés de problématiques et qui n'ont pas nécessairement la possibilité de se mobiliser. Alors, c'est pour ça que nous, à la CSN, avec le Parti québécois, on a décidé de lancer une pétition, puis c'est l'appel, je vais terminer avec cet appel-là, j'appelle... Je remercie aussi la sagesse des P.D.G. qui ont reporté, j'appelle les autres à également faire preuve de sagesse et, particulièrement, j'en appelle au ministre de la Santé, Gaétan Barrette, de tenir compte des besoins de la population et non pas d'avoir une logique financière. Alors, nous, on va continuer de faire nos représentations tant et aussi longtemps que le moratoire ne sera pas chose faite partout.

Mme Gaouette (Mélissa) : Donc, Mélissa Gaouette. Je voulais saluer le courage des travailleurs sociaux, actuellement, qui sont très actifs sur le terrain, qui ont fait signer activement la pétition demandant le moratoire. Pourquoi ils font ça? C'est qu'ils vivent quotidiennement les impacts de ces décisions-là du ministre.

J'ai rencontré des gens hier de la région de Montréal, du CSSS Lucille-Teasdale, qui racontaient qu'il va y avoir des transferts qui risquent de s'opérer à partir du 20 juin, et l'employeur ne sait pas encore quels vont être les impacts sur les services, mais ils annonçaient qu'il pourrait y avoir des coupures de service de garde, des services psychosociaux le soir dans ce CLSC-là, ce qui impliquerait que les gens qui se présentent, qui sont en crise, qui viennent de perdre un proche, quelqu'un désorganisé, bien peut-être qu'il va falloir appeler les policiers pour intervenir, alors qu'il pourrait y avoir un service psychosocial de mis en place.

Les employeurs, ils ont eu le courage politique de demander un certain délai pour voir l'impact. Je demande au ministre d'avoir le même courage politique de mettre en place le moratoire, de prendre ce courage-là, au lieu de délaisser cette décision-là aux employeurs des différents CIUSSS. Prenons le temps d'évaluer vraiment l'impact de cette décision-là, qui est assez majeure. Il y a eu beaucoup de signataires de pétition en très peu de temps. Il va y avoir un impact majeur. Il peut y avoir des décès, il y a des gens suicidaires qui vont être livrés à eux-mêmes. Il faut absolument qu'il y ait un moratoire de mis en place le temps de prendre une décision éclairée dans ce dossier-là. Merci.

M. Caron (Régys) : Une question. À vous entendre, c'est une mauvaise décision. Pourquoi demander un moratoire et non pas l'arrêt complet des procédures dans cette affaire-là?

Mme Lamarre : En fait, on n'est pas contre le fait que, dans certains GMF, dans certains secteurs, il y ait une pertinence d'avoir un travailleur social. Ça se peut dans certains endroits. Ce qui est dénoncé, c'est le transfert massif, sans évaluation d'impact entre ce qu'on fait perdre aux CLSC, des travailleurs sociaux qui ont déjà des patients à leur charge, pas de plan de transition.

Une application drastique en date du 1er juin, c'est complètement déconnecté des besoins de la population. C'est vraiment, vraiment complètement déconnecté. Et la proportion qui quitte les CLSC pour s'en aller dans les GMF, ce n'est pas l'esprit dans lequel ça avait été fait. Ce qui a été fait, moi, j'ai participé au tout début des travaux des GMF au début des années 2000, 2003, là, et ce qui était convenu, c'est qu'il y aurait éventuellement des travailleurs sociaux dans les GMF, mais pas nécessairement déshabiller les CLSC, priver des citoyens qui ont déjà des besoins actuellement pour les déplacer, et surtout pas non plus créer un modèle avec une cascade d'autorité qui n'est pas le modèle d'une vraie interdisciplinarité. Parce que c'est ça qu'on a entendu, là. C'est que c'est le médecin qui va assigner les patients que le travailleur social va voir dorénavant dans le GMF. Donc, le travailleur social perd son autonomie, comme le disait M. Lacharité, au niveau de la possibilité d'accueillir directement des patients et des citoyens.

M. Caron (Régys) : Vous avez dit, Mme Lamarre, que là il y a des gens qui vont dans les CLSC, qui sont rencontrés puis ils n'ont pas besoin de voir un médecin...

Mme Lamarre : Oui.

M. Caron (Régys) : ...et là ils vont devoir rencontrer un médecin pour voir un travailleur social?

M. Khadir : Bien sûr. La vaccination, il y a une foule... En fait, là...

M. Caron (Régys) : Donc, ça va coûter... Donc, ça va coûter plus cher, là, il y aura des actes...

Mme Lamarre : Oui, ça va coûter plus cher.

M. Khadir : C'est déjà en action depuis de nombreuses années malheureusement.

M. Caron (Régys) : Comment vous dites, M. Khadir?

M. Khadir : C'est le genre de choses qui se produit. Donc, c'est ce qui distingue un peu une variété d'opinions ici. Pour nous, le modèle des GMF est un modèle défaillant, c'est un modèle qui représente tous les désavantages d'un système privé en donnant à ceux qui en profitent tous les avantages du système public, c'est-à-dire drainer des fonds publics, gérer ça comme privé, au détriment des fonds publics.

Un exemple. Le mode de fonctionnement de ces GMF donne tout le pouvoir aux actionnaires, aux détenteurs. Donc, il y a des médecins qui ont même été tassés et remerciés de leurs services, virés, dans certains GMF dont le contrôle a été pris par des fonds d'investissement, parce qu'ils refusaient, par exemple, d'accepter la ligne de conduite qui consistait à dire que le deuxième élément de consultation, il fallait que la personne revienne pour charger une autre visite. Comme médecin responsable, moi, si quelqu'un vient dans mon bureau et a un problème d'infection aux pieds puis qu'en même temps il a un rhume, je ne lui dirai pas : Bien, reviens pour ton rhume parce que je veux te facturer une deuxième fois, là. Mais, malheureusement, il y a des GMF qui procèdent comme ça.

Les GMF, c'est la porte ouverte aux frais accessoires. Les GMF, c'est la porte ouverte à toutes les dérives qu'on a connues au cours des dernières années dans la privatisation du système de santé. Alors, pour nous, vous avez raison, en fait, une demande que fait la CSN raisonnablement, c'est un moratoire, mais c'est sûr que, si on examine les conséquences de l'implantation des GMF au Québec, maintenant, là, qu'on a un recul depuis près de 15 ans, depuis 2002 que ça a été introduit, bien on se rend compte que c'est une grave erreur qui a préparé le terrain à ce genre de manoeuvres malhonnêtes, vicieuses de la part du gouvernement Couillard et Barrette, de privatiser le système de santé au service de ceux pour qui travaillait M. Couillard auparavant, des Medisys de ce monde.

M. Caron (Régys) : Alors, vous avez utilisé des mots très durs, là, «malhonnêtes», «vicieuses», M. Lacharité...

M. Khadir : Bien, c'est malhonnête parce que ça ne se dit pas...

M. Caron (Régys) : ...parlait de médecins profiteurs. On est vraiment devant une arnaque? C'est ça qu'on entend, M. Lacharité?

M. Lacharité (Jean) : Absolument. Moi, je pense qu'il y a... Ce n'est pas tous les médecins, là, je ne veux pas généraliser, mais il y a un certain nombre de médecins qui profitent énormément du régime. Vous avez vu la facture gonfler, là, des paiements à l'acte dernièrement? Et je rappelle qu'à la création du régime d'assurance maladie il y avait 500 codes de facturation. Savez-vous à combien de codes on est rendus? 11 000 actuellement. Alors, il y a un certain nombre de médecins qui profitent énormément du régime. Et un des problèmes, c'est la rémunération à l'acte, mais qui ne génère que du volume. Ça encourage les médecins à faire du volume, la rémunération à l'acte. Alors, ils ont tous les outils entre les mains pour gonfler leur rémunération.

Moi, je veux une... On demande un moratoire parce qu'on veut une évaluation notamment sur trois aspects : sur la question d'autonomie professionnelle de ces professionnels visés par les transferts; sur la question des services à la population pour les citoyennes et citoyens vulnérables dans les CLSC, hein, sur la qualité des services ou la perte de services; et une évaluation des coûts également. Parce qu'en plus, le ministre, il subventionne les GMF pour recevoir les travailleuses sociales ou les psychologues jusqu'à un montant pouvant aller jusqu'à 22 000 $ par année pour les installer dans les locaux. Donc, il prend des deniers publics pour subventionner directement le GMF, en plus de la rémunération à l'acte que les médecins vont charger. Alors, ça n'a pas de maudit bon sens.

Donc, il faut qu'il y ait une évaluation de l'ensemble de ces impacts-là, puis on verra aux conclusions. Moi, je pense qu'on va se retrouver avec une décision très malavisée en vidant les CLSC des professionnels.

M. Caron (Régys) : Il y a combien de signatures sur votre pétition?

M. Lacharité (Jean) : On a près de 10 000 signatures, qu'on a recueillies en quelques…

M. Caron (Régys) : Est-ce que c'est des usagers, des employés ou…

M. Lacharité (Jean) : Ah! c'est des usagers, des employés. Et moi, je vous signale également, là, qu'il y a des ordres de profession, l'ordre des travailleurs sociaux notamment, qui se sont prononcés très clairement contre cette mesure-là. Il y a des chercheurs qui se prononcent contre cette mesure-là. Il y a des citoyens et des citoyennes, des usagers, des usagères. Il y a toute sorte de monde qui a signé.

M. Caron (Régys) : Qu'est-ce qui vous fait dire, là, que des usagers vulnérables, comme vous avez évoqué, n'iront pas frapper aux portes des GMF, qu'ils vont rester le bec à l'eau?

M. Lacharité (Jean) : Bien, c'est parce que, bon, ce sont des citoyens qui sont souvent plutôt désorganisés. Alors, pour avoir accès au GMF, il faut que tu sois inscrit au GMF, il faut que tu aies accès à un médecin de famille. Ces gens-là, je ne pense pas qu'ils vont faire cette démarche-là, là.

M. Caron (Régys) : Ils ne sont pas qualifiés pour ça?

M. Lacharité (Jean) : Bien, c'est des gens qui ont des problèmes de toxicomanie graves, des gens qui ont des problèmes de santé psychologique graves, des personnes âgées, là, qui sont laissées à domicile sans soins à domicile suffisants, qui ont des problèmes cognitifs. Comment pensez-vous qu'ils vont aller s'inscrire dans un GMF?

M. Khadir : Bien, en fait, je mets au défi le ministre de me montrer un GMF qui s'occupe de ces patients-là, de cette — entre guillemets — clientèle toxicomane, aux multiples comorbidités. Et les seuls GMF qui le font, vous savez c'est lesquels? C'est les GMF qui sont devenus GMF par la force des choses, parce que c'était des CLSC, et les médecins, pas fous, se sont aperçus que le CLSC ne recevait pas les fonds nécessaires. Ils se sont transformés en GMF pour avoir droit à certains fonds pour mieux fonctionner. C'est les seuls qui s'occupent des clientèles vulnérables de cette nature, que vient de dire M. Lacharité. Il n'y en a aucun. Je mets au défi le ministre de nous en nommer juste un, un seul au Québec qui s'occupe de clientèles qu'on appelle dans le réseau «multipoquées».

Mme Gaouette (Mélissa) : Parce qu'à ce moment-là… À l'accueil psychosocial, c'est un service sans rendez-vous, les gens se présentent pour différentes raisons, et on les réfère vers le médecin quand il y a des besoins. Mais je vous dirais, là, c'est à peu près 20 % des gens qui ont besoin de consulter un médecin. Donc, je transfère des ressources vers le médecin, où la personne va devoir consulter le médecin, alors qu'elle se présentait sans rendez-vous. Et il faut qu'elle ait accès au médecin parce que, quand elle consultait à l'accueil psychosocial, parfois il n'y avait pas de médecin, et on installait un système de suivi pour pallier en attendant. Donc, c'est un service…

M. Caron (Régys) : ... 20 % de la clientèle des CLSC...

Mme Gaouette (Mélissa) : C'est ça qu'il faut étudier, mais, quand j'ai travaillé à l'accueil psychosocial, c'était deux clients, deux personnes qui consultaient sur 10 qui avaient besoin de consulter un médecin. Le restant, je pouvais référer vers une infirmière, en suivi psychosocial, vers une ressource communautaire. Donc, c'est une minorité. Et je ne transfère pas en fonction des besoins de cette minorité-là, je transfère en fonction des besoins du GMF.

M. Caron (Régys) : Donc, on va ajouter à la charge des médecins, c'est ça que vous me dites?

Mme Gaouette (Mélissa) : Bien, c'est qu'on transfère... il y avait un service sans rendez-vous, les gens se présentent, consultent, mais là ils vont devoir consulter un médecin...

M. Khadir : Je m'excuse, là. C'est complètement l'inverse. La charge que doivent prendre les GMF, ce n'est pas de s'occuper des 80 % que vient de décrire madame, d'accord? Donc, pour les 20 % qu'eux doivent s'occuper, on leur transfère l'essentiel des ressources qu'il y a dans les CLSC. Vous comprenez? Donc, on allège leur poids, on alourdit donc forcément le travail des CLSC. On donne toutes les ressources au GMF qui n'ont pas besoin de voir ces patients-là, là, d'accord? Et tout ce qui peut arriver, c'est que quelques-uns de ces patients-là aillent pour rencontrer la travailleuse sociale ou l'intervenante, vont devoir passer par un médecin qui va facturer l'État, puis ensuite le travail va être refait par l'autre professionnel. Donc, ça va coûter plus cher, ça va alourdir le système, ça va diminuer l'accessibilité, ça va alléger le travail de ces médecins et remplir les poches des investisseurs profiteurs qui ont la propriété de ces cliniques pour certains desquels a travaillé le premier ministre du Québec. Je parle de Medisys. M. le premier ministre du Québec aujourd'hui est en conflit d'intérêts avec ses décisions. Les décisions sont prises au profit de ceux qui ont payé le premier ministre du Québec il y a moins de 10 ans.

Mme Corriveau (Nancy) : Peut-être juste un petit complément sur la question des CLSC. Il faut juste rappeler que les CLSC sont déployés partout dans les régions, donc chaque personne, chaque citoyen en a un à proximité. Puis c'est souvent, les CLSC, un service où les gens vont aller pour les vaccins, donc en passant vont voir une intervenante, peut-être il y aura la possibilité ensuite d'aller à l'accueil psychosocial. Ça fait que tous les services multidisciplinaires sont déjà disponibles en CLSC, alors que, dans les GMF, on va choisir des professionnels, on va les enlever au réseau alors que le CLSC, c'est la Cadillac pour les services psychosociaux. On ne comprend vraiment pas qu'est-ce qu'il y a derrière ces transferts-là, en tout cas ce n'est assurément pas une logique pour répondre aux besoins et aux vulnérabilités des citoyens et des citoyennes.

Mme Lamarre : Parce que la localisation des CLSC est souvent aussi dans des secteurs qui sont moins favorisés. Il n'y a que 270 GMF sur tout le territoire du Québec. Mais je vous dirais...

Une voix :...

M. Khadir : 284 points de service pour à peu près 170 CLSC.

Mme Lamarre : Des CLSC. Mais, je vous dirais plus que ça. En termes d'accès, non seulement ça ne facilite pas l'accès, mais ça crée un niveau d'obstacles supplémentaire. Alors, on n'a pas les moyens d'ajouter des obstacles quand on a un accès qui est déjà laborieux pour un grand nombre de citoyens. Permettons... Pourquoi il faut toujours que ce soit le médecin qui soit la seule porte d'entrée dans notre système? C'est plus difficile, on en manque déjà et ça coûte plus cher.

Des voix : Merci.

(Fin à 13 h 54)

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