(Treize heures quarante-neuf minutes)
M. Khadir
: Bon, alors,
bonjour. Nous sommes, Manon Massé et moi, donc, représentants de Québec
solidaire ici, à l'Assemblée nationale, excessivement honorés de recevoir aujourd'hui,
dans l'enceinte même de l'Assemblée nationale, au coeur, donc, des décisions
qui se prennent au Québec sur ce que nous faisons de notre sous-sol, de notre industrie,
de nos exportations et importations, pour reconnaître le travail exceptionnel,
le travail admirable d'une femme, d'une militante des droits sociaux et des
droits environnementaux, Mme Kathleen Ruff, que nous avons eu le plaisir
d'accueillir ici pour reconnaître son travail dans ce qui... ce qu'on peut
appeler, à juste titre, dans un avancement pour notre société et une évolution
assez importante dans l'idée qu'on se fait, au Québec, de l'amiante, du rôle
que l'amiante a jadis joué dans notre industrie, dans notre économie et de la
réussite collective d'avoir pu enfin, malgré toutes les bonnes raisons de
préserver des emplois que... devant lesquelles nous sommes habituellement, de
mettre enfin... à l'extraction de l'amiante et à son exportation en raison
d'une raison bien simple, c'est que l'amiante est un poison, et que ce poison
cause le cancer, et que nous ne pouvions plus accepter que notre territoire,
que le Québec soit associé à la propagation du cancer comme cela a été trop longtemps
le cas.
La décision du département des Services
publics et de l'Approvisionnement Canada d'interdire l'utilisation de l'amiante
dans les projets de construction dès le 1er avril 2016 est le jalon qui
nous a... le jalon important et significatif, parce que ça venait, en fait, de clore
un siècle de politique canadienne de soutien à l'extraction et à l'exportation
de l'amiante. C'est le jalon qui nous a déterminés de souligner la contribution
de militantes et militants de toutes ces causes qui, au départ... paraître
inatteignables, qui sont hors de portée en apparence, si on se fie à l'unanimité
politique qu'il y a alentour. Et c'était le cas de l'amiante, même au moment où
moi je suis rentré à l'Assemblée nationale en 2008. Mais, grâce au travail
acharné, patient, perspicace de personnes comme Kathleen, nous avons mis fin.
Et aujourd'hui l'Assemblée nationale, dans les termes suivants, a reconnu la contribution
de Mme Ruff :
«Que l'Assemblée nationale rende hommage à
madame [...] Ruff et la remercie pour sa persévérance dans la lutte pour cesser
l'exploitation de l'amiante au Québec et au Canada et pour interdire son
utilisation;
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse la
contribution essentielle du travail de Mme Ruff à la santé des
travailleuses et travailleurs ainsi que celle des citoyens et citoyennes du
Québec.»
Donc, c'est en raison de cette
reconnaissance, Kathleen, si vous me permettez, qu'au nom de l'équipe de
l'Assemblée nationale de Québec solidaire, au nom de notre parti, mais
également au nom de tous ces politiciens et députés qui ont donné, ont joint
leur voix à la nôtre pour reconnaître votre travail, que je voudrais vous
remettre une petite reconnaissance, qui est très peu par rapport à tous les
efforts consentis, une petite reconnaissance, qui est la Médaille de
l'Assemblée nationale.
Au revers... sur le côté principal de
cette médaille, comme vous le voyez, c'est la médaille qui représente
l'Assemblée nationale du Québec, son architecture, et en arrière, bien, c'est
Jean-Antoine Panet, qui est le premier orateur, le premier président de
l'Assemblée nationale. Et donc, à Kathleen Ruff, pour le rôle clé qu'elle a
joué pour bannir l'exportation de l'amiante par le Canada, preuve vivante que
le courage et la persévérance rendent possible de précieuses victoires pour des
causes justes. Merci de votre présence, Mme Ruff.
Mme Ruff (Kathleen) : Merci,
Amir. C'est très émouvant. Merci.
M. Khadir
:
Maintenant, si vous permettez, on va permettre à Mme Ruff de nous
entretenir.
Mme Ruff (Kathleen) : Oui, alors,
je veux dire tout d'abord que le Québec a vraiment de quoi être fier
aujourd'hui parce que, sans l'implication et sans le courage des scientifiques,
des professionnels de la santé, des politiciens, quelques politiciens
courageux, quelques syndicalistes courageux, on n'aurait pu rien faire sans
leur implication. Alors, je veux leur rendre hommage. Ils ont brisé le silence
ici, au Québec. Ils ont pris le beau risque de parler la vérité au pouvoir, et
c'est grâce à eux qu'on a pu gagner.
Et je veux souligner qu'autour du monde on
a suivi cette bataille. Et le courage de ces gens, le fait qu'au Québec ont ait
eu le courage de prendre une décision juste a inspiré les gens autour du monde
pour continuer la bataille pour la justice, même quand ça semble impossible. Alors,
grâce à eux, on a pu faire cela.
Et, autour du monde, les gens qui
travaillent pour protéger la santé... et c'est toujours les gens les plus
démunis qui sont les plus vulnérables, qui souffrent le mal quand les gens
profitent de vendre, d'exporter des produits hasardeux. Et ce n'est pas seulement
l'amiante, mais il y a beaucoup d'autres exemples. Alors, c'est inspirant, ce
qui est arrivé ici, au Québec. Et, autour du monde, on rend honneur au Québec
et à des gens comme Amir, comme Québec solidaire, comme les experts de la santé
ici, au Québec.
Alors, tout au début, tout était contre
nous. Chaque parti politique à Québec et à Ottawa appuyait l'exportation de
l'amiante ou activement ou par leur silence. Et, à Ottawa, c'était Jack Layton
qui a eu le courage pour briser le silence. Et ici, au Québec, c'était Amir
Khadir et Québec solidaire qui ont eu le courage, l'intégrité et la solidarité
d'opposer l'exportation de l'amiante pour tuer les gens dans des pays pauvres.
Alors, la question de l'amiante, ce n'est
pas seulement une question de l'amiante, c'est vraiment une question de la
corruption. On a parlé de ça aujourd'hui à l'Assemblée nationale. C'est une des
questions les plus importantes, un des défis les plus importants de nos jours parce
qu'on trouve... quand il y a des gens qui ont beaucoup de pouvoir, qui
profitent de certaines choses, alors on voit la corruption, la corruption des
faits, des données scientifiques, de la réalité, et on voit la corruption de la
politique gouvernementale. Et que ce soit l'industrie pétrolière, que ce soit l'industrie
des gaz de schiste et le «fracking», que ce soit la vente de «fast food
industry» ou des boissons sucrées, qui font tant de mal aux enfants au Québec
et ailleurs au monde, il y a une bataille pour la justice, il y a une bataille
pour la vérité, pour dire la vérité au pouvoir, même quand ça déplaît à des
intérêts spéciaux. Alors, il faut qu'on lutte pour l'indépendance, pour la
transparence, pour la justice. On a vu ça aujourd'hui à la législature.
Et je veux finir pour dire que, même quand
ça semble impossible… Ça nous semblait impossible de gagner, tout était contre
nous, on n'avait rien, sauf la vérité pour nous, mais on a gagné. Alors, ça
démontre qu'on peut confronter l'injustice, on peut confronter le pouvoir si un
autre monde est possible.
M. Khadir
: Merci
beaucoup, Kathleen.
Le Modérateur
:
Quelques mots en anglais pour les...
M. Khadir
: A few words in English.
Mme Ruff (Kathleen) :I want to say that, here today, I want to
honor the courageous people, small group of courageous people in Québec who joined the battle to break the silence, to break the
monopoly of political power, social power that the asbestos industry had held
for more than 100 years here in Québec. Thanks to them, thanks to the fact
that they took the risk of speaking the truth to power and confronting vested
interests in the asbestos lobby, we were able to stop the project which would
have made Québec the second biggest exporter of asbestos in the world, and so
it was an extremely important victory.
M. Khadir
: But I'm sorry, Kathleen, to say that we're not here
to honor what we were supposed to do long before banning the exploitation of
asbestos, we are here to honor your contribution to it. We are here to honor
the courageous battle you have done almost against everything and everybody for
so long, every power which today has obtained the complete banishment of its
exploitation in Canada and its exportation and we would want one day also its use
because we are still importing products containing asbestos, for up to a
quarter of a billion dollars, in almost every product that you can imagine.
So, this «médaillon»…
medal, this Medal of the National Assembly was offered to you today by Members of
the Parliament in recognition of your contribution along which the National
Assembly, just today, in its activities, passed a unanimous motion to recognize
that what you have done was the right thing to do and to recognize your
contribution to the health of Québec people but also of people around the
world. Thank you very much, Kathleen.
Mme Ruff (Kathleen) : Thank you, Amir.
M. Khadir
: Vous avez
le droit d'applaudir.
(Applaudissements)
Mme
Ruff (Kathleen) : Merci, merci à vous.
M.
Khadir
: Très bien. C'est terminé, merci.
(Fin
à 13 h 59)