(Douze heures quinze minutes)
Mme Roy
(Montarville)
:
Merci beaucoup. Merci beaucoup, tout le monde. Alors, on vient de recevoir ce
rapport, ce matin, du Commissaire à l'éthique et à la déontologie.
50 pages. C'est un rapport extrêmement troublant, préoccupant que le
Commissaire à l'éthique vient de rendre contre M. Sam Hamad. Et il y a des
passages extrêmement graves. Ce sont des manquements importants, des
manquements graves, ce sont des manquements graves, des manquements importants
qu'a faits Sam Hamad, à la conclusion, à la lecture de ce rapport.
Pour le bénéfice des
journalistes — je sais que vous aimez la concision — je
vous amène tout de suite aux paragraphes 236, 237, 198, 201 et 202. Ne
serait-ce que la conclusion de ce rapport, et là je vais la citer, pour les
gens qui nous écoutent, alors : «...considérant les principes éthiques du
code, le commissaire est d'avis que M. Sam Hamad, député de Louis-Hébert, a
commis un manquement aux valeurs de l'Assemblée nationale prescrites par le
titre I du Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée
nationale, dans ses communications avec le représentant de Premier Tech, et en
l'absence de motivation de la décision prise au moment de soumettre sa
recommandation au Conseil des ministres afin d'accorder à l'entreprise une
subvention majorée de 7,5 millions de dollars à 8,5 millions de
dollars, notamment. [...]comme je l'ai mentionné précédemment — et
c'est le commissaire qui nous parle — [Sam Hamad] a été plus
qu'imprudent en contrevenant aux principes éthiques de base dans la gestion des
fonds publics. Par ses actions, il n'a pas contribué au maintien de la
confiance de la population envers les membres de l'Assemblée nationale.»
Écoutez, on se demande, après ça, pourquoi les citoyens sont cyniques. Bien, à
cause de ça, à cause de Sam Hamad.
Je vous amène maintenant au paragraphe
198 : «Le comportement de M. Hamad n'est pas simplement une
imprudence, mais constitue un manquement qui nuit au maintien de la confiance
de la population envers les membres de l'Assemblée nationale.» C'est ça qui
fait augmenter le cynisme chez la population.
Je vous amène par la suite au paragraphe
201 : «...l'absence de compte rendu des réunions statutaires au cours
desquelles M. Sam Hamad est consulté sur les orientations à prendre dans chaque
dossier constitue une lacune importante.» Il n'y a pas de pièce, il n'y a pas
de pièce justificative, pas de preuve.
202 : «Plus spécialement dans l'exercice
de la charge de membre du conseil exécutif, le défaut de fournir la ou les
raisons justifiant une majoration d'une subvention de l'ordre d'un million de
dollars constitue, à mon avis, un manquement aux valeurs de droiture, de
convenance, de sagesse et de justice de l'Assemblée nationale, qui nuit au
maintien de la confiance de la population envers les membres de l'Assemblée
nationale.»
Écoutez, ça continue comme ça, il y en a
pour 50 pages. C'est extrêmement troublant. Et je ne sais pas si M. Hamad
a lu ces paragraphes-là. Je l'invite à les relire. C'est un manquement à notre
code d'éthique. Cet homme-là est toujours assis là. Il a toujours la confiance
du premier ministre actuellement.
Écoutez, cet après-midi, le premier
ministre Couillard va faire son bilan, et moi, je veux qu'il prenne
l'engagement que plus jamais Sam Hamad ne siégera comme ministre au Québec
durant le mandat de M. Philippe Couillard. Posez-lui la question. Vous êtes
journalistes. M. Hamad, pour nous, il n'est plus crédible et il ne peut plus
siéger comme ministre.
Et ce rapport du Commissaire à l'éthique
ne le blanchit pas, bien au contraire.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Il
ne peut plus siéger comme ministre, mais peut-il demeurer député?
Mme Roy
(Montarville)
:
Vous savez, il y a quelqu'un qui devrait avoir du leadership au gouvernement
libéral, et c'est le premier ministre. Et, jusqu'à présent, il faut preuve d'un
très, très grand manque de leadership.
Je vous rappellerai que M. Hamad est allé se
promener en Floride, quand ça a sorti, cette histoire de subvention qui a été
augmentée de 1 million de dollars comme ça, sans justification. Il a fait
à sa tête, il est parti en Floride. Le leadership, là, c'est ça qui fait l'étoffe
d'un grand premier ministre. Bien, actuellement, on n'a pas un grand premier
ministre. Parce que, s'il avait du leadership, M. Couillard s'occuperait du cas
de M. Hamad. Et ce n'est pas le cas jusqu'à présent.
Et je vous rappellerai, il ne faut pas l'oublier,
que M. Hamad était le même ministre des Transports qui, en 2011, avait amené
avec lui Mme la sous-ministre Dominique Savoie. C'est Sam Hamad qui a fait
entrer Dominique Savoie au ministère des Transports, en 2011. Et hier, lors du
témoignage devant la CAP, témoignage extrêmement troublant, une des témoins,
Mme Boily, est venue nous dire : C'est à partir de 2011 que tout s'est mis
à dérailler. Qu'est-ce qui est arrivé, en 2011? Je pose des questions. Mais
c'est le même ministre, le même député, puisqu'il n'est plus ministre, mais
c'est le même M. Hamad qui maintenant, aujourd'hui, se retrouve avec un rapport
du Commissaire à l'éthique et à la déontologie qui vient nous dire carrément,
noir sur blanc, qu'il a commis de grands manquements à la déontologie, au code
d'éthique des députés de l'Assemblée nationale. C'est gênant pour tous les
députés qui sont là. Moi, si j'étais libérale, aujourd'hui, je serais bien
gênée.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais
les libéraux vont nous répondre qu'il n'y a pas de blâme. ««vous dites «des
graves manquements»...
Mme Roy
(Montarville)
:
Oui, c'est la conclusion, oui.
M. Bélair-Cirino (Marco) :...vous
avez cité plusieurs passages, mais il n'y a pas de blâme
M. Vigneault (Nicolas) : Il
n'y a pas de sanction.
Mme Roy
(Montarville)
:
Et voilà. Et c'est là que je vous amène — et, je vous dis, lisez-le,
là — je vous amène au paragraphe 185° et toute la clé est là.
Toute la clé est là. Notre commissaire à l'éthique s'est ramassé comme la
Vérificatrice générale. La preuve, qu'est-ce qu'il s'est dit, qu'est-ce qu'il
s'est passé durant ce lunch-là, durant ce déjeuner qui a fait que la subvention
est, comme par magie, passée de 7,5 millions à 8,5 millions, le
pauvre commissaire n'a pas cette preuve-là.
Et c'est pour ça que je vous amène au
paragraphe 185°, et il écrit quelque chose de très édifiant, j'y vais à
l'instant, 185 — d'ailleurs, vous pourriez lire 180°, 181° et
185° : «Ainsi, je constate, malgré les interrogations que soulèvent les
faits — donc cette subvention qui a augmenté comme par magie après un
déjeuner, là — je constate, malgré les interrogations que soulèvent
les faits, aucune preuve matérielle ne permet de soutenir ou d'écarter de façon
convaincante la conclusion que M. Sam Hamad est intervenu "d'une manière
abusive" pour favoriser les intérêts de Premier Tech.» Et il est là, le
problème, quand on parle de favoritisme ou que l'on parle de collusion ou de
corruption, la preuve. C'est que les gens se parlent puis il n'y a pas
d'écrits. Et, dans le rapport, actuellement, que vous avez sous les yeux, et
c'est pour ça que je disais, allez voir juste un petit peu avant 185°, 180° et
181°, on voit sur quoi justement le commissaire s'est buté, ce manque de
preuve, tout comme la Vérificatrice générale, même chose.
Je vous dis, c'est une mine de
renseignements. Donc, il n'y a pas de blâme parce qu'il n'a pas la preuve qu'il
l'a fait, cet avantage qu'on prétend qu'il aurait fait indûment à un ami. Parce
que, n'oubliez pas une chose, Sam Hamad, là, et Marc-Yvan Côté, ce n'est pas
n'importe qui, ces gens-là. C'est le même Marc-Yvan Côté qui, actuellement, est
accusé au criminel pour de graves accusations de collusion, de corruption, de
fraude, mettez-en, là, il y en a une série, dans la foulée de la commission
Charbonneau, au criminel, avec Mme Nathalie Normandeau. Cet homme-là a été
banni à vie du Parti libéral du Canada. Ça n'empêche pas M. Sam Hamad d'aller
déjeuner avec lui, il n'y a aucun problème avec ça, et c'est ce même M.
Marc-Yvan Côté qui, oui, est un des dirigeants de Premier Tech.
Comme par hasard, son grand ami est un des
dirigeants de Premier Tech. Ils vont déjeuner ensemble, subitement, la
subvention augmente de 1 million. Et on n'a pas la preuve de la
justification de cette augmentation de 1 million. Et il est là, tout le
problème. Mais les gens qui nous écoutent ne sont pas fous, ils comprennent
qu'il y a quelque chose qui est arrivé entre le matin puis le soir, puis après
le déjeuner, pour qu'une subvention augmente subito presto de 1 million sans
qu'il n'y ait aucune trace d'une motivation quelconque. Et le ministre de
l'époque nous dit : Bien, c'était mon pouvoir discrétionnaire. Mais ça
jette un discrédit sur la façon dont travaillent tous les ministres. Puis, là-dedans,
il y a des mises en garde : Faites attention. Faites attention. Il faut qu'il
y ait des traces.
Alors, je vous ai nommé les paragraphes, je
pense qu'ils sont très concluants. Mais, je le répète, M. Couillard, cet après-midi,
quand il va faire son bilan, là, moi, si j'étais lui, je serais gênée. Je ne
serais pas fière. Et je ferais preuve, pour une fois, de leadership et je
mettrais Sam Hamad au pas.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais M. Couillard s'est présenté avec M. Sam Hamad à ses côtés ce matin.
Il l'avait fait lors du dépôt de la Vérificatrice générale.
Mme Roy
(Montarville)
:
Oui.
M. Vigneault (Nicolas) : Qu'est-ce
que ça vous dit?
Mme Roy
(Montarville)
:
Il y a une conclusion de... Bien, écoutez, s'il endosse tout ça, s'il ne voit
pas que la conclusion, c'est qu'il y a un blâme et qu'il y a des manquements,
des manquements importants au code de déontologie, quel le premier ministre a-t-on?
Il est aveugle ou quoi? Il faut qu'il se réveille. Quand mon chef a dit :
Réveillez-vous, réveillez-vous! On voit ce qui se passe. La population voit ce
qui se passe. Il y a quelque chose qui se passe, et ça prend du leadership.
Et, pour ça, il y a un sérieux ménage qui
doit être fait. Et, ce matin, mon chef a posé des questions pertinentes. Il y a
un ménage qui doit être fait. Hier, avec ce qu'on a entendu à la CAP, il y a un
ménage qui doit être fait important au ministère. Il y a des gens qui parlent
qui ont peur de parler. Hier, les femmes qui sont venues nous parler l'ont
fait, naturellement, elles l'ont fait sous serment, et rappelez-vous qu'elles
sont sorties de la salle sous escorte, là. Et vous auriez dû voir ces femmes
qui nous parlaient, qui se sentaient enfin écoutées. Ça fait cinq ans qu'elles
voulaient nous parler. Et l'intimidation.
Et si, ça, ce n'est pas suffisant pour M.
Couillard, tout ce qui a été dit, hier soir, pour dégommer Mme Dominique
Savoie... Comment une haute fonctionnaire peut-elle avoir le droit de toujours
travailler après tout ce qui a été entendu là, quand ce sont des fautes graves,
extrêmement graves, qui auraient été commises? Si elle avait été dans le
secteur privé, ça fait longtemps que son employeur l'aurait mis à la porte.
Ça prend du leadership. Et les gens qui
nous écoutent sont tannés de voir qu'il y a de très hauts fonctionnaires qui
font la pluie et le beau temps au-dessus de la tête des élus, et qui n'ont
jamais de sanctions, et qui seront là à vie. On n'en peut plus de ça. Il faut
changer ça. Et visiblement le gouvernement libéral, le bon gouvernement, M.
Couillard n'a pas l'intention de changer les choses. Les
citoyens jugeront.
La Modératrice
:
Questions en anglais.
M. Hicks
(Ryan) : What do you make of the fact that the
Premier, Premier Couillard and Mr. Hamad consider Mr. Hamad clear of any kind
of wrong doing?
Mme Roy
(Montarville)
:
It's unbelievable. It's unbelievable. You only have to read the report and the
conclusion is clear. Mr. Hamad did not respect the code. It's there. It's
there! The problem is that the commissaire doesn't have the proof, what was
said between Mr. Marc-Yvan Côté and Mr. Hamad, he doesn't know. He doesn't
have that. He even says... He says in the report : If only I had a tape, I
would know who tells the truth. But, right now, he doesn't know.
M. Hicks
(Ryan) : But he still found violations.
Mme Roy
(Montarville)
:
Absolutely, absolutely. There is a lot of violation, that's the conclusion of
the report. And Mr. Couillard has to do something. And I ask him… This
afternoon, he's going to make the «bilan» of the session, the report of the
session, and he has to say that's unacceptable what… the conclusions are
unacceptable, and he has to promise that never again Sam Hamad will be a
minister with him. He has to promise that. It makes no sens, because, Sam Hamad
has no credibility anymore in Québec.
M. Hicks
(Ryan) : But the Premier ,at any kind of
chance that he gets, he walks with Sam Hamad, he patted him on the shoulder
after the audit yesterday and during the press conference about the «capitale
nationale», Sam Hamad was talking to the Premier. So, I mean, what do you make
of all this, because it seems that the Premier supports Sam Hamad.
Mme Roy
(Montarville)
:
He seems to protect him, but it's unbelievable, it's unacceptable. I urge him to read the report…
M. Hicks
(Ryan) : Why do you think he…
Mme Roy
(Montarville)
: And why? I don't know, why. Why does he protect that guy? And
that's the same, Mr. Sam Hamad is the same man, remember, a witness told
us that and I read it in the newspaper, that Mr. Sam Hamad, he's the one
who did hired Ms. Dominique Savoie and who brought her with him in the ministère des Transports in 2011. And,
yesterday, we have a witness who said to us: All started in 2011, when
Ms. Savoie came to the ministère des Transports. Everything changed. So, why is Mr. Couillard protecting
Mr. Hamad? And why is he protecting Ms. Savoie? If Ms. Savoie
were working in the private sector, she would be fired. And why isn't she? And
the people who are watching and who were listening, they are so pissed off with
that, with seeing high, high, high paid professional of the Government… «fonctionnaires, des grands
fonctionnaires», and people are pissed off to see those people who rule as
king, who do whatever they want and they still keep their job, till' the end of
the contract, and they don't loose a penny. That's unbelievable.
Mr. Couillard has to have some leadership and to fire Ms. Savoie as
asked him this morning my «chef», Mr. François Legault.
M. Hicks
(Ryan) : And just to clarify, you're saying
that Sam Hamad hired Dominique Savoie or transferred her from another ministry?
Mme Roy
(Montarville)
:
Yes, you're right, he transferred Mrs. Savoie because he was working with her
prior to that. He was working with her in another ministry. I think it was
Labor, I'm not sure. But he brings her with him, so I think they must have
something in common, they must be really good friends. They must see work the
same way, because you surround yourself with people who think like you.
So, that's a lot of
questions. But I urge the Prime Minister to take his responsibilities and to
promise to the Québec people that Mr. Sam Hamad will never, ever be minister
again during the mandat of Mr. Couillard. He has no credibility.
La Modératrice
:
Merci.
M. Hicks
(Ryan) : Merci.
M.
Bélair-Cirino (Marco) : Juste une précision, si vous me le permettez.
Vous êtes avocate. Bon, lors de la diffusion du reportage d'Enquête, on
parlait d'allégations de trafic d'influence. Est-ce que le rapport de la
Vérificatrice générale et celui du Commissaire à l'éthique et à la déontologie
dissipent ces allégations-là ou, au contraire, les renforcent?
Mme Roy
(Montarville)
:
Votre question est trop pointue. Un, je ne fais pas d'avis juridique puis,
deux, je vais vous en parler à l'extérieur. Je n'ai pas lu le rapport de la
Vérificatrice générale, donc je… Moi, je me suis attardée au rapport du
Commissaire à l'éthique pour le moment, alors je ne veux pas vous induire en
erreur.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais, à la lumière de ce rapport-là, est-ce qu'on…
Mme Roy
(Montarville)
:
Je ne veux pas vous induire en erreur, mais, dans ce rapport, M. le Commissaire
à l'éthique fait allusion… je vais vous donner les… fait allusion au rapport de
la Vérificatrice générale également. Il dit qu'il a rencontré les mêmes
obstacles.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Parfait.
Mme Roy
(Montarville)
:
D'accord? Merci.
(Fin à 12 h 32)