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Point de presse de M. Philippe Couillard, premier ministre, et M. Jean-Marc Fournier, leader parlementaire du gouvernement

Version finale

Friday, June 10, 2016, 11 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures six minutes)

M. Couillard : Alors, bonjour. Je suis heureux d'être en compagnie de notre leader, M. Fournier; nos officiers parlementaires : Gerry Sklavounos, leader adjoint; Mme Vien, leader adjointe également; Mme Ménard, présidente du caucus; M. Billette, notre whip; Patrick Huot, notre whip adjoint; Marie-Claude Nichols, whip adjointe; et, bien sûr, Jean Habel, député de Sainte-Rose.

Hier, on a posé le bilan des gestes qu'on a posés... qu'on a accomplis au cours des derniers mois dans plusieurs secteurs, et je vais répéter qu'il y a de bonnes nouvelles, même de très bonnes nouvelles pour les Québécoises et les Québécois.

Ça commence par les finances publiques. Après un déficit appréhendé de 7 milliards de dollars... de plus de 7 milliards de dollars à notre arrivée, on a présenté un deuxième budget équilibré consécutif. C'est la première fois que ça se produisait depuis 2008, ce n'est pas rien. L'agence de notation Standard & Poor's, comme vous le savez, a relevé à positive la perspective liée à la cote de crédit du Québec. C'est la première fois depuis la récession de 2008‑2009, et l'écart qui persiste entre l'Ontario et le Québec pour les taux d'intérêt est devenu minime. Ça aussi, c'est historique.

Donc, notre situation financière s'améliore, ce qui nous permet de prendre des initiatives et d'investir dans des domaines importants. D'abord, en éducation, 1,2 milliard, ça va ajouter près de 900 personnes auprès de nos élèves, professeurs, professionnels pour aider tous les élèves, mais particulièrement ceux qui ont des difficultés d'apprentissage. Ça permet de rénover nos écoles, ça permet de doubler le nombre de classes de prématernelle, de maternelle quatre ans dès l'automne prochain.

Ça nous permet également, cet état de santé de nos finances, d'investir en santé. Vous savez qu'on a mis... suite à la réorganisation administrative que vous connaissez, on a mis en place un guichet unique pour permettre à la population de trouver plus facilement un médecin de famille. Il y a près de 98 000 inscriptions qui sont déjà là depuis la mise en ligne. On va créer des supercliniques, il y a déjà plusieurs cliniques qui se sont avancées, qui ont levé la main et qui seront annoncées au cours des prochaines semaines et des prochains mois.

Les résultats pour l'économie, bien sûr, sont probants. Le manufacturier innovant, les exportations ont augmenté de façon importante. Il y a, je pense, un esprit d'entreprise au Québec particulièrement fort et, si on regarde les indices économiques, une confiance, parmi nos PME, qu'on n'a pas vue depuis très longtemps. On veut utiliser et transformer nos sociétés d'État pour qu'elles deviennent encore plus des moteurs de notre développement économique, et les résultats sont là.

Je vais revenir sur la question des emplois parce que le rapport d'emploi de ce matin fait partie des très bonnes nouvelles pour les Québécois. Il y a près de 22 000 emplois qui ont été créés au Québec en mai dernier pendant que l'emploi est resté stable au Canada. En fait, depuis notre arrivée, c'est le Québec qui mène dans la création d'emplois et la création d'emplois à temps plein au Canada. C'est 119 600 emplois à temps plein depuis notre arrivée au gouvernement, 74 200 emplois créés par nos entreprises. Et je vais insister là-dessus parce que c'est un changement considérable du paradigme habituel au Québec où on créait très peu d'emplois dans le secteur privé, beaucoup d'emplois dans le secteur public. Non pas que les emplois du secteur public ne soient pas importants, ils le sont, mais ce qui fait le moteur de l'économie, c'est la création d'emplois par les entreprises. Et un taux de chômage à 7,1 %, c'est le plus bas depuis sept ans. C'est au Québec, donc, que les entreprises créent le plus d'emploi, alors que, dans les mois précédant notre arrivée au gouvernement, il y avait eu des pertes d'emploi dans le secteur privé, moins 20 000, des pertes d'emploi à temps plein, près de 11 000 emplois perdus dans le secteur des emplois à temps plein

Notre plan économique répond aux besoins des créateurs d'emplois. Les réactions positives du milieu des affaires à nos diverses initiatives le démontrent. Que ce soit la stratégie aérospatiale, la politique énergétique, la stratégie numérique, le plan d'économie numérique, les 500 millions pour le manufacturier innovant, la Stratégie maritime avec les multiples zones industrialo-portuaires qui commencent à apparaître à travers le Québec, le secteur agroalimentaire, minier, touristique, la forêt, les allégements fiscaux pour nos entreprises pour les rendre plus compétitives et, bien sûr, d'autres stratégies comme celle de l'aluminium, particulièrement importantes pour le Québec, particulièrement importantes pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean, je voudrais le dire.

Dans le domaine de la culture et de la langue, plusieurs initiatives : le soutien au musée d'art contemporain, la bibliothèque Saint-Sulpice, Le Diamant ici même, à Québec, et le règlement sur l'affichage, qui est un bel exercice d'équilibre. Il permet d'assurer la visibilité de notre langue partout, partout dans les espaces publics.

Par rapport à ces progrès importants, ces bonnes nouvelles pour le Québec, la pratique des partis d'opposition, on l'a vu, c'est une attitude qui rappelle les vieilles façons de faire de la politique. Il y a un problème de crédibilité quand une opposition est incapable, jamais, de reconnaître un geste positif. Regardez, encore aujourd'hui, pour l'emploi, là, je sais bien que c'est une mauvaise nouvelle pour l'opposition, mais on aurait pu au moins penser aux familles qui ont eu toutes ces bonnes nouvelles au cours des derniers mois. Parce que leur discours, on le connaît, tout est mauvais, c'est prévisible. Les Québécois le savent et s'y attendent. Je vous rappelle cependant que les deux oppositions s'étaient engagées, en campagne électorale, à équilibrer le budget, ce que nous avons fait; à investir en éducation, c'est ce que nous avons fait; à améliorer l'accès aux soins de santé, c'est ce que nous faisons; développer l'économie, clairement, c'est ce que nous faisons.

Et pendant qu'on agit, le PQ cherchera encore le moyen de proposer un référendum sans en proposer un. C'est toujours la recette qu'on recherche. La CAQ continuera à se chercher une identité, une raison d'être, une cohérence et va accumuler les incohérences. On l'a vu au cours des dernières semaines, par exemple mobiliser l'Assemblée nationale sur la question d'un conflit de travail sur les autobus scolaires qui se règle simplement par la négociation sans dire un mot sur les localités de la Basse-Côte-Nord qui sont également complètement isolées et enclavées par un conflit de travail, mais ça, ce n'est pas important. On ameute l'opinion pour des bonis... soi-disant bonis en éducation, qui n'étaient que des rémunérations pour les enseignants. Manque de sérieux, parti brouillon, parti pas appliqué, parti qui n'est pas capable de gouverner le Québec.

Dans les deux cas, bien sûr, ils vont continuer leur travail visant à tenter de mettre de l'ombre sur un bilan qui, je le répète, est positif pour la population, également sur le plan législatif. M. Fournier vous en parlera dans quelques instants.

Je voudrais, avant qu'il ne le fasse, vous parler également, à titre de responsable des dossiers jeunesse, d'un important projet de loi public de député, déposé par le plus jeune député de l'Assemblée nationale, notre député de Sainte-Rose Jean Habel. Bravo, Jean, c'est formidable. On vient de rencontrer des groupes jeunesse, d'ailleurs, qui sont très heureux : Force Jeunesse, Fusion Jeunesse, Regroupement des jeunes chambres de commerce, la Fédération étudiante collégiale du Québec, l'Union étudiante du Québec. C'est un projet, je rappelle, qui propose que le gouvernement soit tenu de nommer, sur le conseil d'administration de chaque société d'État, au moins un membre ou une membre âgé de 35 ans ou moins au moment de sa nomination.

C'est stimulant et important de voir un jeune député dynamique poser des gestes concrets pour donner une voix plus forte aux générations qui montent. Vous savez que l'équité intergénérationnelle, pour notre parti, c'est très important. C'est une de nos huit valeurs fondamentales et une valeur qui nous a été transmise par notre Commission-Jeunesse.

Le projet de loi de Jean envoie un message très clair à la jeunesse du Québec. Elle a sa place, bien sûr, mais elle a sa place parmi les décideurs de notre société, et je tiens à le remercier à nouveau pour cette contribution exceptionnelle.

Sur ce, je cède la parole à M. Fournier pour le bilan parlementaire du gouvernement. Jean-Marc.

M. Fournier : Merci, M. le premier ministre. Bonjour à tous et toutes. Je sais que vous êtes très heureux que je puisse prendre la parole pour vous présenter ce bilan. Je le vois sur vos sourires.

Notre action parlementaire s'est d'abord déployée en matière d'intégrité durant cette session. À la suite du dépôt, en novembre 2015, du rapport de la commission Charbonneau, le gouvernement s'était engagé à agir rapidement pour donner suite aux recommandations. Six projets de loi ont été déposés en autant de mois, et la mise en oeuvre de près de la moitié des recommandations est entamée ou déjà complétée. Le gouvernement a donné suite à la recommandation n° 1 de la commission en déposant le projet de loi n° 108 instituant l'Autorité des marchés publics qui aurait pour mandat de surveiller le processus d'adjudication et d'attribution de l'ensemble des contrats publics.

Le projet de loi n° 101 donnant suite aux recommandations de la commission en matière de financement politique vise quant à lui à modifier la Loi électorale et à assainir le financement politique. Sa présentation à l'Assemblée a été précédée du dépôt d'amendements, par le gouvernement, au projet de loi n° 83 pour répondre aux préoccupations soulevées par la commission en matière d'attribution de contrats municipaux, d'éthique, de transparence et de financement des partis politiques municipaux.

Nous avons présenté également, dans la foulée de la commission Charbonneau, le projet de loi n° 98 concernant principalement la gouvernance du système professionnel. Dans le même esprit, le gouvernement a aussi récemment proposé plusieurs amendements au projet de loi n° 87 — il en a même été question ce matin — visant à faciliter la divulgation d'actes répréhensibles dans les organismes publics et à protéger les lanceurs d'alerte. Enfin, toujours dans la foulée des recommandations de la commission Charbonneau, le gouvernement a déposé mercredi le projet de loi n° 107 visant à accroître la compétence et l'indépendance du Commissaire à la lutte à la corruption et du Bureau des enquêtes indépendantes. Tous ces gestes concrets témoignent de la volonté ferme du gouvernement d'assurer l'intégrité au sein de l'État québécois.

Ayant atteint l'équilibre budgétaire grâce à la rigueur et au sens des responsabilités du gouvernement, le Québec a aujourd'hui la capacité de faire des choix et des investissements dans les secteurs prioritaires pour les citoyens comme c'est le cas en éducation. Le gouvernement maintient l'importance d'agir avec rigueur et à déposer des projets de loi qui visent à assurer une plus grande efficacité et le respect de la capacité de payer des Québécois. C'est le cas avec le projet de loi n° 110 concernant le régime de négociation des conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal déposé aujourd'hui même. Ce nouveau régime proposé constitue un outil équilibré et respectueux des travailleurs et des citoyens contribuables.

Nous avons aussi souvent parlé des possibilités de développement économique que permet la rigueur. Le projet de loi n° 76, qui a été adopté, en est une illustration. Il prévoit une organisation du transport en commun plus efficace, qui permettra de faire des économies et d'assurer un meilleur service aux citoyens. Cette nouvelle réorganisation assurera une meilleure harmonisation avec le projet du REM de la Caisse de dépôt qui permet des investissements de 10 milliards de dollars.

La proposition de modernisation du projet de loi n° 102 sur la qualité de l'environnement est un autre exemple de gestion responsable qui permettrait, si adopté, au Québec de bénéficier des mécanismes optimaux pour assurer la meilleure analyse des demandes d'autorisations environnementales, dans un cadre moderne et plus rapide. Plus d'environnement, plus d'économie, plus d'investissements, voilà ce que nous voulons léguer aux générations à venir.

Dans cet esprit où l'environnement est moteur de croissance économique, nous avons présenté le projet de loi n° 104 visant à stimuler l'offre de véhicules automobiles zéro émission. Le Québec a le lithium pour les batteries, l'aluminium pour les structures et l'électricité comme énergie. Favoriser le transport électrique, c'est favoriser l'économie du Québec.

Parlant d'énergie et d'économie, nous avons aussi présenté le projet de loi n° 106 donnant effet à la politique énergétique et créant Transition énergétique Québec, un guichet unique qui vise à permettre la conciliation du développement économique et la réduction des GES. Par l'adoption du projet de loi n° 77, nous aurons aussi une meilleure adéquation entre l'immigration et les besoins de main-d'oeuvre du Québec. Le résultat, à terme, sera une meilleure intégration en emploi des nouveaux arrivants et une économie plus forte pour tous les Québécois dans toutes les régions du Québec. Rappelons aussi l'adoption du projet de loi n° 88 favorisant le développement de l'industrie viticole locale, qui permettra aussi davantage de choix pour les consommateurs.

La rigueur et la croissance économique permettent de réinvestir notamment en éducation. Le gouvernement a fait part de son intention de poser des gestes favorisant la réussite scolaire et priorisant les élèves dans les écoles. À cet égard, le projet de loi n° 105 modifiant la Loi sur l'instruction publique a été déposé hier. Ce projet de loi propose de renforcer le rôle des parents et des directions d'établissement dans le réseau scolaire tout en définissant la place de chacun des acteurs du réseau dans la poursuite de l'objectif commun qu'est la réussite des jeunes. Ce projet de loi suit l'annonce, le 6 juin, de l'ajout de 100 classes de maternelle quatre ans à temps plein en milieu défavorisé pour l'année 2016‑2017, et ce, dans toutes les régions du Québec. Ce projet de loi et les nouvelles orientations du gouvernement ont été qualifiées de deuxième révolution tranquille par l'expert Égide Royer, professeur à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval, ajoutant que les objectifs du gouvernement, et je le cite, «sont véritablement ce qu'on peut imaginer comme étant le plus pertinent dans le système éducatif du XXIe siècle».

Le menu législatif de cette session s'est aussi intéressé aux aînés, aux jeunes et aux droits des personnes trans. Deux de ces projets de loi découlent d'initiatives de députés. Le gouvernement maintient ainsi son ouverture sans précédent à reconnaître les initiatives de la députation. On se souvient que l'année dernière nous avons adopté le projet de loi proclamant la Journée Nelson Mandela, proposé par le Parti québécois. Nous avons également étudié et amené au vote le principe du projet de loi n° 393 de la CAQ concernant les emplois supérieurs. Nous venons d'adopter le projet de loi public n° 492 de la députée de Gouin, déposé le 21 mai 2015 et visant à modifier le Code civil pour protéger les droits des aînés locataires.

Ce matin même, le député de Sainte-Rose, qui est avec nous, a présenté le projet de loi n° 693 modifiant la loi sur la gouverne des sociétés d'État afin de favoriser la présence des jeunes au sein des conseils d'administration. Mentionnons aussi l'adoption prévue aujourd'hui du projet de loi n° 103 visant à renforcer la lutte contre la transphobie et améliorer notamment la situation des mineurs transgenres.

Par ces projets de loi, nous cherchons à assurer une meilleure place pour chaque citoyen au sein de notre société. En quelques mots, notre bilan parlementaire est le suivant : intégrité, économie, éducation et une meilleure place pour les citoyens. Merci beaucoup.

Le Modérateur : Merci. On va procéder à la période de questions. Sachant que les groupes parlementaires font tous leur bilan cet après-midi, on va essayer de rouler rondement, peut-être une question et une sous-question. On va commencer par le micro de droite. Veuillez vous identifier ainsi que le média que vous représentez.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Marie-Laurence Delainey, TVA. Bonjour, M. Couillard.

M. Couillard : Bonjour.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Est-ce que vous êtes content que cette session-là se termine?

M. Couillard : C'est un très bon bilan, je suis très content. Je suis surtout fier de ce qu'on a accompli, autant dans le domaine des finances publiques, la reconnaissance qu'on a eue, qui est sans précédent, des investissements en éducation, des investissements en santé, des investissements dans l'économie. Les raisons pour lesquelles on avait dit aux Québécois qu'il fallait faire l'équilibre budgétaire, on les a démontrées, et les résultats sont là. En fait, je suis très, très fier de ce qu'on a accompli.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Vous êtes content, donc, de votre session. Mais est-ce que vous êtes content que ça se termine quand même? Parce qu'il y a des difficultés aussi.

M. Couillard : J'aurais continué à annoncer des nouveaux emplois tout l'été. D'ailleurs, je vais continuer à le faire. Il y aura une autre session cet automne, puis on aura l'occasion de continuer notre travail.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Est-ce que cette session-là est la plus difficile de votre carrière, M. Couillard?

M. Couillard : C'est la plus fructueuse en ce qui concerne le bilan du gouvernement. Jamais, depuis 50 ans, il n'y avait eu autant de progrès dans la reconnaissance hors Québec du statut des finances publiques du Québec. Jamais on n'a pu faire un investissement aussi important en éducation que celui qui a été annoncé. Jamais on n'a pu développer autant de stratégies novatrices dans le domaine économique. Jamais on n'a vu le Québec mener le Canada dans la création d'emplois et notamment d'emplois à temps plein. Ce n'est pas rien, et je pense qu'on doit constater clairement qu'il y a un bon gouvernement à Québec.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Mais est-ce que vous avez déjà eu une session…

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : …où vous aviez plus de difficultés…

Le Modérateur : Merci beaucoup. Micro de gauche.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, bonjour, M. le premier ministre. Marco Bélair-Cirino du Devoir.

Alors, une gestionnaire, cette semaine, du ministère des Transports, Mme Boily, a montré qu'une culture d'intimidation, de secret, a été érigée au ministère des Transports. Est-ce que l'État québécois est un monstre indomptable? Est-ce que vous avez le contrôle sur ce qui se passe dans les ministères?

M. Couillard : Non, pas du tout. Je dirais que non seulement... Je vais répéter, là. J'ai beaucoup commenté là-dessus hier, là, mais ce que je vais répéter aujourd'hui, c'est que non seulement je veux que les problèmes soient corrigés, mais je veux qu'on devienne exemplaires au Québec. Il y a d'ailleurs plusieurs provinces qui regardent ce qu'on fait dans le domaine de la lutte à la corruption, qui constatent que les initiatives sont importantes. Mais, dans le domaine de l'administration gouvernementale, dans le domaine des marchés publics, je veux qu'on soit exemplaires. Pas juste corrects, exemplaires, et c'est ce qu'on est en train de faire.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Une question toute simple : Aimez-vous ça être premier ministre?

M. Couillard : J'adore ça parce que je suis capable d'effectuer et d'accomplir les raisons pour lesquelles je suis revenu en politique : le redressement et la relance du Québec. On a redressé les finances publiques avec plus de 7 milliards dans le rouge. On a relancé le Québec en investissant dans l'éducation, qui est notre avenir, en développement les soins de santé, en annonçant un grand nombre de stratégies et de politiques économiques.

Puis on voit le résultat. Il n'y a personne qui serait plus heureux que je le suis ce matin, parmi mes prédécesseurs, de constater que le Québec mène le Canada dans la création d'emplois. Ça fait combien de temps qu'on n'a pas entendu ça? Et, bien sûr, ce n'est pas uniquement moi, c'est mon équipe, c'est notre parti qui nous a amenés là. J'adore ce que je fais, les résultats sont là, puis on va avoir encore des meilleurs résultats au cours des prochains mois.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous aimez ça assez pour diriger le Parti libéral lors des prochaines élections? Vous ne serez pas premier ministre d'un seul mandat?

M. Couillard : Bien sûr que non.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite.

M. Robillard (Alexandre) : Alors, je me présente, Alexandre Robillard de LaPresse canadienne.

M. Couillard, j'aimerais savoir : Est-ce qu'on doit comprendre, de ce que vous nous avez dit au cours des derniers jours, qu'avant le 18 mai vous ignoriez tout des problèmes au ministère des Transports, malgré le rapport Duchesneau, malgré le rapport Charbonneau? Et est-ce qu'on doit comprendre aussi que, selon vous, ce ne sont que des problèmes administratifs qui n'engagent aucune responsabilité politique?

M. Couillard : Non, ce n'est pas ça. Il y a un problème culturel profond, dans le ministère des Transports, qui n'est pas uniquement d'hier. Il y a des problèmes qui ont été soulignés, et c'est bien qu'ils l'aient été, par des personnes, dans une commission parlementaire entre autres, puis on va s'en occuper. Bien sûr, les élus ont la responsabilité de veiller sur les services publics, mais on l'a fait de façon, je dirais, très énergique, et on va continuer de le faire.

M. Robillard (Alexandre) : Mais quand même, là, est-ce qu'il y a une responsabilité politique dans ça? Parce que vous avez semblé, hier, vouloir limiter la responsabilité à l'administration.

M. Couillard : Non. La responsabilité, on l'a exercée. Je vous rappelle que ce n'est pas arrivé souvent qu'une sous-ministre en titre du ministère... de la fonction publique du Québec ait à quitter son poste. Je ne me souviens pas d'avoir vu ça récemment. Ce n'est pas anodin comme geste. On a mis en place...

La Vérificatrice générale, on lui a demandé d'intervenir; ce qu'elle fait. L'UPAC est dans le dossier depuis longtemps. On traite ça non seulement avec sérieux, mais avec le plus grand sérieux. Et je vous garantis qu'on va arriver avec des résultats qui seront démontrables régulièrement et qui vont nous placer non seulement sur la voie de la correction des problèmes, mais sur la voie de l'excellence dans nos services publics.

M. Robillard (Alexandre) : Peut-être une précision. Est-ce que c'est vrai que vous ne lisez pas les journaux? Est-ce que vous pensez que ça nuit à votre image?

M. Couillard : Non, je lis les journaux. Je lis même plus que les journaux, particulièrement vos articles. Ils sont toujours passionnants, M. Robillard, je dois vous dire.

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. le premier ministre. Patrick Bellerose du Huffington Post Québec.

Qu'est-ce que vous répondez aux critiques qui considèrent que vous avez reculé dans plusieurs dossiers, notamment sur l'immigration, sur les élections scolaires, la maternelle quatre ans?

M. Couillard : Je réponds qu'on aime, au Québec, avoir un gouvernement qui est déterminé mais qui écoute également et qui se dirige dans les zones de consensus de la population. Je pense que c'est ça qu'il faut retenir, autant en éducation que dans les autres projets que vous avez mentionnés.

Le résultat, c'est quoi? C'est des projets de qualité parce qu'ils récoltent l'assentiment d'une grande majorité de citoyens, que ce soit l'éducation, que ce soit le projet de loi qui était auparavant appelé sur les discours haineux, mais qui comprend des dispositions très importantes sur la radicalisation. Moi, je pense que c'est ce que les Québécois veulent. Ils veulent un gouvernement qui, bien sûr, agit, et on agit, un gouvernement qui est à l'écoute également.

M. Bellerose (Patrick) : Avec le recul, environ six mois plus tard, est-ce que vous considérez que vous auriez dû gérer autrement votre relation avec Pétrolia?

M. Couillard : Avec? Pardon.

M. Bellerose (Patrick) : Avec Pétrolia.

M. Couillard : Non, je le fais de façon très transparente depuis le début. Depuis le début, on leur dit qu'on va s'acquitter entièrement du contrat qui a été signé par nos prédécesseurs. On va le faire, et ce n'est pas du tout changé. Par ailleurs, je vous rappelle qu'on les soutient pour d'autres projets également. Il y a des projets en Gaspésie dans lesquels ils sont impliqués et dans lesquels on est en soutien, y compris en soutien financier, éventuellement. Alors, je pense que c'est important de le rappeler.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, il n'y a eu aucun problème de communication avec, par exemple...

M. Couillard : Non, non. C'est important de rappeler qu'on n'est pas défavorable à l'exploitation des hydrocarbures. On veut qu'elle soit bien sûr limitée et encadrée, mais on n'y est pas défavorable.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite.

M. Chouinard (Tommy) : Bonjour. Tommy Chouinard, LaPresse. Est-ce que vous avez une réflexion pour remanier ou ajuster votre cabinet ministériel d'ici la session automnale?

M. Couillard : Je suis toujours en réflexion quant à l'amélioration possible de mon équipe.

M. Chouinard (Tommy) : Je pose la question parce que vous aviez, lors du retrait de M. Hamad du Conseil des ministres, vous aviez bien insisté, martelé, que c'était temporaire, que vous aviez confiance en lui. Hier, vous aviez dit : Il n'y a pas de sanction, il n'y a pas de blâme. Doit-on s'attendre à ce qu'il réintègre bientôt le cabinet?

M. Couillard : Je vais vous prendre un engagement, là, précis. Le jour où il y aura un changement au Conseil des ministres, vous serez informés.

M. Chouinard (Tommy) : Il y a quelques semaines, je crois, que M. Barrette a dit que, pour la première fois, que la rémunération des médecins québécois était maintenant à parité actuellement avec l'Ontario, en tenant compte évidemment de la richesse collective.

Or, vous avez déjà... il y a déjà un accord qui a été signé prévoyant des augmentations encore substantielles pour les médecins d'ici 2020‑2021. Entendez-vous, dans le cadre des nouvelles négociations sur les ententes de rémunération avec les fédérations médicales, revoir le niveau des augmentations déjà prévues et étalées dans le temps?

M. Couillard : La seule chose que je dirais, parce que ce sont des négociations, puis M. Barrette les fera avec ses partenaires des fédérations médicales, la seule chose que je dirais, c'est que personne ne peut dire maintenant que les médecins québécois ne sont pas bien rémunérés. Ils sont très bien rémunérés, et le message que je veux envoyer très clairement, c'est que les prochaines négociations, elles vont être là pour les patients. C'est les patients qui doivent bénéficier de ce qu'on aura comme accord lors des prochaines négociations, et ce sera notre seule priorité.

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce que, pour les contribuables, est-ce qu'on doit comprendre qu'il est hors de question de revoir des augmentations déjà accordées?

M. Couillard : On aura ces conversations aux tables de négociation, mais je veux qu'on voie des résultats pour les patients.

M. Chouinard (Tommy) : Mais c'est parce que, là, vous ouvrez...

M. Couillard : Pour les patients, pour les patients. C'est des résultats pour les patients qu'on veut avoir.

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche.

Journaliste : Bonjour, M. le premier ministre. Bonjour aux gens qui vous accompagnent. Vous évoquez souvent, M. Couillard, l'équilibre des finances publiques que votre gouvernement a réussi. Le taux d'insatisfaction avoisine les 70 %. Comment expliquez-vous pareille insensibilité de la population envers votre réussite?

M. Couillard : Bien, je pense que vous êtes un peu dur pour la population en parlant d'insensibilité, là. Vous savez que je ne commente jamais les sondages...

Journaliste : 70 %, c'est quand même important, M. Couillard.

M. Couillard : Je vous laisse le choix des mots. Je ne commente jamais les sondages, mais le chiffre, pour moi, qui est important, c'est les emplois. La population, c'est du monde qui travaillent, qui veulent voir leur qualité de vie s'améliorer. Toutes les familles qui ont trouvé des emplois à temps plein depuis notre arrivée, alors qu'on perdait des emplois auparavant, tous les emplois créés dans nos entreprises, alors qu'on en perdait auparavant, je pense que c'est des bonnes nouvelles. Moi, ce sont les chiffres qui m'importent.

Journaliste : Votre gouvernement a multiplié les réformes en santé, mais les résultats tardent à venir. Il y a des milliers de gens, par exemple, qui quittent les urgences à tous les jours sans avoir été soignés. Comment expliquez-vous ça? Ça fait deux ans que vous êtes au pouvoir, puis les résultats des réformes entreprises à grand fracas, avec beaucoup de battage depuis deux ans, les résultats ne viennent pas.

M. Couillard : Bien, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. Il y a certains indicateurs qui s'améliorent, pas assez vite, mais ils s'améliorent. Mais, regardez, les gestes sont là, puis on va avancer. Les ententes avec les fédérations médicales, notamment, placent l'accès au sommet des priorités, et ce sera la seule priorité, notamment pour les médecins de famille. Les supercliniques, dont on avait parlé pendant la campagne électorale, il faut les faire. On va les faire, et il y a déjà plusieurs projets qui sont en négociation actuellement. On va les annoncer de façon à ce qu'il y en ait le plus possible partout au Québec.

C'est ça, la véritable réponse aux... une des véritables réponses aux problèmes des urgences, outre les soins de première ligne puis les soins à domicile. C'est d'avoir un endroit où aller quand on est une famille avec des enfants malades, le soir, ailleurs qu'à l'urgence d'un hôpital. C'est exactement ça qu'on va faire.

Journaliste : Vous avez promis de réinvestir dans les services publics. Allez-vous réinvestir en deçà, à égalité ou au-delà de ce qui a été coupé, M. Couillard?

M. Couillard : Il n'y a pas eu de coupure. Tous les budgets des ministères ont augmenté. Je regrette, cette...

Journaliste : Il y a un effort qui a été fait pour équilibrer les finances publiques, M. Couillard.

M. Couillard : Oui, mais de faire croître moins rapidement les finances publiques. Chaque fois que je parle à ceux qui déclament le mot «austérité», régulièrement, je leur dis : Pensez-vous, selon vous, que les budgets des ministères ont augmenté ou diminué au cours des... Alors, tout le monde : Bien, certainement diminué. Bien non, ils ont augmenté, les budgets, et maintenant on peut les augmenter encore plus. Bonne nouvelle.

Journaliste : Mais vous utilisez vous-même le mot «réinvestir». Donc, il y a eu des coupures...

M. Couillard : Non, investir encore plus, voilà ce que ça veut dire.

Le Modérateur : Micro de droite.

M. Couillard : Oui, bonjour.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour. Geneviève Lajoie, Journal de Québec. M. Couillard, encore hier, vous avez salué les compétences de M. Robert Poëti. Il y a plusieurs commentateurs politiques qui ne croient pas que vous pourriez le réintégrer dans le Conseil des ministres après les révélations qu'il a faites et ce qui s'en est suivi au MTQ. Est-ce que M. Poëti pourrait revenir au sein du Conseil des ministres?

M. Couillard : Je ne ferai jamais de commentaire sur la composition du Conseil des ministres. Le seul que je ferais, c'est que les raisons qui ont mené, malheureusement, à son départ du Conseil des ministres n'ont absolument rien à voir avec les éléments qui ont été discutés au cours des derniers jours et des dernières semaines. Ça n'a absolument rien à voir.

Robert Poëti, c'est un homme intègre, c'est un homme que j'aime beaucoup, qu'on aime beaucoup. On lui a confié un mandat actuellement pour favoriser l'accès aux marchés publics de nos jeunes entreprises, un mandat qu'il a pris avec beaucoup d'énergie, et je considère qu'il demeure un membre très, très important de mon équipe.

Mme Lajoie (Geneviève) : Donc, vous n'excluez pas qu'il pourrait revenir au Conseil des ministres?

M. Couillard : Le jour où il y aura une annonce de Conseil des ministres, vous serez informés.

Mme Lajoie (Geneviève) : Pétrolia est prête à rendre publique l'entente qui a été conclue avec le précédent gouvernement. Est-ce que vous souhaitez, vous aussi, que cette entente-là soit rendue publique?

M. Couillard : Regardez, on est pris avec ce contrat-là puis on va le respecter, je l'ai déjà dit plusieurs fois, là. Mais ce que je trouve regrettable, c'est que ça a été fait pendant une campagne électorale et que, de tous les partenaires signataires, seul le gouvernement ne peut pas se retirer. Je fais juste noter ça.

Maintenant, encore une fois, on va respecter le contrat. On va le respecter à la lettre, et les analyses sont en cours actuellement pour les certificats d'autorisation. Et, comme je disais à votre collègue tantôt, on est au travail avec Pétrolia sur d'autres projets, notamment sur la péninsule gaspésienne.

Mme Lajoie (Geneviève) : Sur les ententes, est-ce que vous êtes ouvert à ce que ça soit rendu public ou pas?

M. Couillard : Bien, il y a des secrets commerciaux là-dedans, on verra, mais ce n'est pas la priorité aujourd'hui. La priorité, c'est d'exécuter l'entente qu'on a avec eux et de les soutenir pour leurs autres projets.

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche.

Journaliste : Bonjour, M. Couillard, mesdames messieurs. Quand on regarde, du début de la session, avec la vente de RONA, jusqu'à la fin de la session, en passant par Pétrolia, Uber, le MTQ, on a l'impression que c'est une session durant laquelle votre gouvernement a géré les crises une après l'autre, a éteint des feux strictement.

Pourquoi est-ce qu'on reste avec cette impression-là?

M. Couillard : Bien, peut-être, écoutez, peut-être par l'importance démesurée qu'on donne parfois à certains éléments. Bien sûr, il y a toujours des événements qui sont imprévisibles ou incontrôlables dans la vie d'un gouvernement, mais il me semble qu'on devrait donner au moins autant d'attention aux résultats remarquables du Québec en finances publiques dans le domaine de l'emploi, dans le domaine économique. Les gestes décisifs...

Quand est-ce qu'on a vu ça, là, une loi sur la révision... une loi historique sur la révision du cadre environnemental être saluée à la fois par le milieu environnemental et le milieu économique? Moi, je pense que ce sont des éléments que la population doit connaître, et on va s'assurer qu'elle les connaisse.

Journaliste : Mais auriez-vous pensé gérer autant de crises en une seule session?

M. Couillard : Ce n'est jamais facile, gérer un gouvernement. Il y a toutes sortes d'intérêts divergents. On va continuer à faire face, c'est clair, à des événements au cours de la vie de notre gouvernement. Mais ce qui importe pour moi, encore plus que tout cela, c'est le progrès qu'on fait pour les Québécois.

Quand je vois le nombre d'emplois qui ont été créés, le nombre d'emplois à temps plein créés, le nombre d'emplois créés par les entreprises du Québec, chacun de ces emplois, c'est de la qualité de vie améliorée pour une famille au Québec. C'est ça qui compte pour nous.

Journaliste : Je me permets une dernière. Pouvez-vous garantir à M. Daoust qu'il sera à vos côtés au Conseil des ministres au retour, à la prochaine session en septembre?

M. Couillard : Je vous ai toujours dit qu'il n'y a pas de changement prévu à mon Conseil des ministres, et, s'il y en a, vous serez informés.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite.

M. Croteau (Martin) : Bonjour à tous. Bonjour, M. le premier ministre. Martin Croteau de LaPresse.

M. le premier ministre, vous rencontrez votre homologue Brad Wall, la semaine prochaine, pour discuter du dossier Énergie Est. Pendant sa campagne électorale, M. Wall a appelé les Québécois à rembourser la péréquation. Dans son discours inaugural, il a décrit le changement climatique comme un dogme malavisé qui n'est pas ancré dans la réalité. Diriez-vous que M. Wall a aidé la cause d'Énergie Est au Québec?

M. Couillard : Ah! je ne porterais pas de jugement là-dessus. Moi, je vois tous mes collègues des autres provinces et territoires avec empressement parce qu'il y a toujours des enjeux à discuter ensemble. C'est clair que, sur certains points, nos intérêts, nos convictions et nos intérêts ne sont pas les mêmes.

Sur la question de TransCanada, je m'attends à ce que M. Wall en fasse la promotion lors de sa visite au Québec. Cependant, on va lui rappeler ce qu'il sait, c'est qu'il y a un processus à suivre au Québec. Il y a le Bureau d'audiences publiques qui va déposer la position du Québec également à l'Office national de l'énergie, et c'est la façon dont on va se gouverner.

M. Croteau (Martin) : Il y a de plus en plus d'experts qui commencent à remettre en question les bénéfices économiques de ce projet-là, notamment en raison du bas prix du pétrole en ce moment. Il y a Jeff Rubin, l'ancien économiste en chef de la CIBC, il y avait un rapport interne du ministère fédéral des Finances là-dessus. Vous, est-ce que vous considérez que c'est un projet qui est bon pour le Canada?

M. Couillard : Ce qui va être important, c'est d'en délimiter clairement les retombées économiques. C'est la raison pour laquelle on a demandé au ministère des Finances de faire ce travail, et j'espère pouvoir le rendre public dès qu'il sera terminé, sur les véritables retombées économiques. Mais le Canada, c'est un vaste pays avec des réalités différentes d'un océan à l'autre. L'avenir du Québec, il est grandement basé sur nos ressources renouvelables, notamment sur notre eau, notre hydroélectricité, la capacité qu'on a d'innover dans les projets comme le train électrique de Montréal. C'est ça qui va assurer la prospérité pour tous les Québécois. Que d'autres régions basent leur économie sur leur géographie et la présence d'hydrocarbures, c'est une réalité, mais ce n'est pas celle du Québec.

M. Croteau (Martin) : Est-ce que vous seriez ouvert à ce que ce projet voie le jour en retour de redevances pour le Québec?

M. Couillard : Il faut faire attention au troc dans une situation comme ça. Il y a des principes essentiels qui sont la sécurité des communautés, les questions environnementales, les consultations avec les peuples autochtones. Toutes ces questions-là sont des principes fondamentaux. Il peut y avoir des bonnes réponses apportées, mais les questions doivent être posées, et les réponses doivent être apportées, et on va être extrêmement rigoureux. D'abord, le BAPE va faire son travail. On va analyser le rapport, on va voir le rapport sur les retombées économiques et on présentera la position du Québec à l'Office national de l'énergie.

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche.

Journaliste : M. le premier ministre, messieurs dames. En février, M. Couillard, votre gouvernement a subi un coup difficile avec l'obligation pour M. Moreau de partir en convalescence. Avez-vous quelque indication que ce soit concernant M. Moreau, un éventuel retour aux affaires?

M. Couillard : Bien, écoutez, la seule chose que je veux dire, parce que vous comprendrez que je ne rentrerai pas publiquement sur les détails, et puis d'abord ces détails appartiennent à Pierre, puis il n'est pas clair que je les connaisse tous, puis je ne veux pas les connaître non plus. Ce sont des choses qui le regardent lui et son médecin.

Ce que je peux vous dire, parce que j'appelle régulièrement notre ami Pierre, c'est qu'il va mieux, il prend de la force. J'espère, on espère tous le revoir parmi nous, mais ce sera à lui de décider lorsqu'il se sent capable de le faire avec toute son… Ce n'est pas le genre de gars, Pierre, qui veut revenir à 50 % de capacité. Il veut revenir avec sa pleine énergie, sa pleine capacité. On a hâte de le voir revenir parmi nous aussi. Et lui aussi, c'est un membre très, très important de mon équipe, et je lui souhaite encore tout le mieux, tout le bonheur possible puis l'amélioration de sa santé.

Mais les dernières nouvelles sont encourageantes. À chaque fois que je l'appelle, il m'a l'air d'avoir fait des progrès. Alors, j'espère le revoir prochainement.

Journaliste : Deuxième question. M. Coiteux a déposé tout à l'heure son projet de loi sur les relations de travail dans les municipalités. Craignez-vous un affrontement avec les organisations syndicales à l'automne?

M. Couillard : La raison pour laquelle on pose ce geste, c'est essentiellement une préoccupation d'équité, l'équité dans le rapport de force à la table de négociation mais l'équité pour les contribuables, qui ne sont pas à la table eux autres… ou elles, et qui reçoivent les factures de ces ententes dans un domaine où clairement il y a eu une tendance à une certaine inflation dans les conditions qui ont été négociées. Alors, il ne s'agit pas de nuire ou de favoriser le milieu municipal ou le milieu syndical, il s'agit de faire un terrain de jeu égal et de favoriser le contribuable, le payeur de taxes.

Journaliste : Mais la question était à l'effet de savoir si vous vous attendez à ce que les organisations syndicales acceptent ça sans broncher.

M. Couillard : Bien, elles se gouverneront elles-mêmes, là. Ce sera à elles de décider comment réagir à ce qu'on a déposé. Il y aura une commission parlementaire, je suppose qu'elles pourront venir se faire entendre.

Le Modérateur : Micro de droite. Dernière question en français.

Journaliste : Bonjour, M. le premier ministre. Qu'est-ce qui a été, pour vous, le plus dur durant cette session parlementaire?

M. Couillard : Ce qui a été le plus intéressant, c'est de considérer… de constater les succès de notre gouvernement. Moi, je suis quelqu'un de positif, je regarde vers l'avenir et je regarde les succès qu'on a obtenus. Qui aurait pu prévoir… D'abord, je me souviens, quand on a annoncé qu'on voulait rétablir l'équilibre budgétaire, une majorité de Québécois estimaient que ce ne serait pas possible. Qui aurait pu prévoir qu'une agence de crédit, après des années de nouvelles négatives, rehausse la perspective de la cote de crédit? Qui aurait pu prévoir que le Québec soit le meneur au Canada dans la création d'emplois? Peu de gens l'auraient prévu. On l'a fait parce qu'on a l'équipe, on a le plan et on a la détermination de mettre ce plan en place. J'en suis excessivement fier.

Journaliste : Mais il y a eu des coups durs. Quel a été le coup le plus dur?

M. Couillard : Il y a toujours des périodes difficiles, des événements imprévus. Moi, je suis gouverné entièrement par ma passion pour le Québec, le désir d'accomplir le redressement et la relance du Québec.

Journaliste : Une question pour M. Fournier. Avec le retrait de l'appui de Québec solidaire à l'adoption rapide du projet de loi n° 100, est-ce que vous allez recourir à une loi spéciale pour faire adopter le projet de loi sur l'industrie du taxi?

M. Fournier : Après que j'aie pris la parole à l'Assemblée pour indiquer à l'ensemble des députés de ne pas quitter la capitale, ce qui est un élément important si jamais on doit procéder à une autre méthode connue comme la procédure d'exception, qui n'est pas mise en branle pour l'instant, j'ai rencontré Mme David un peu plus tôt. Je lui ai exposé les situations et essentiellement… Je ne veux pas rentrer dans la négociation, qui n'est pas une négociation, dans le fond, qui est une discussion qu'on a eue, parce que j'espère qu'on va être capables d'en venir à une entente, elle a quitté pour parler à ses deux collègues.

Alors, au moment où on se parle, il serait prématuré de ma part de répondre, mais ne quittez pas vous non plus, et on vous donnera plus d'information un peu plus tard.

Le Modérateur : On va passer en anglais, micro de gauche.

Journaliste : Good afternoon.

M. Couillard : Hello.

Journaliste : Mr. Couillard, what was your reaction this morning to the latest Léger poll numbers that showed that you're down personally 16 points?

M. Couillard : Well, I'm not that concerned about polls, I'm mostly concerned about the well-being of Quebeckers. So what I want… The figure, the number I want to talk about is the number of new jobs created in Québec. Who would have said that Québec would be the leader in Canada as far as job creation is concerned, full-time job creation, job creation in the private sector? Those are the numbers I'm working for.

Journaliste : Does it concern you though that Quebeckers might think that you mishandled or not managed the way… effectively the problems with MTQ?

M. Couillard : I have full confidence that they see that we are sincere in our desire not only to correct issues but to be the first here, in Canada and elsewhere, on how we manage our public services. But again I know that all these jobs, these new jobs, mean extremely good news for families, and this is what pushes us forward. We have the plan, we have the team, we have the energy to put it forward, and this is what we're going to do.

Journaliste : On another subject, your government changed its mind on Bill 86, and now you've tabled Bill 105. What do you hope to accomplish with Bill 105?

M. Couillard : Well, we concentrated our energy in what people agree upon. People agree that schools should be given more autonomy. People agree that parents should have a better say in the deliberations of school councils. People agree that there should be more flexibility on how to allocate funds from the Ministry of Education to the school.

So we've concentrated and left in the bill what is a consensus and what everybody agrees upon. We don't want to spend more time on issues regarding, you know, the number of school boards and even school elections that I know a lot of communities find extremely important, particularly the English-speaking community. So we really decided to concentrate our energy on what brings people together rather that what divides them. The same goes with the hate speech legislation, where we removed clearly what was not acceptable to a significant part of the public and concentrated on what everybody agrees upon. And that's the way we want to conduct our government. Merci.

Mme Johnson (Maya) : Maya Johnson, CTV News. Hello, Mr. Premier. Hello everyone.

M. Couillard : Hello.

Mme Johnson (Maya) : Clearly, you seem determined to stay positive and focused on what you say…

M. Couillard : Yes, that's the way I am.

Mme Johnson (Maya) : …or your government's accomplishments from the past several months, but the public reception may be that, from January onward until this point, it's been one crisis management situation after another. How do you respond to that kind of criticism, that it's just been crisis management?

M. Couillard : Well, you know, people have to, of course, recognize that we have dealt with issues, not only with the desire to correct them, but to go beyond only correcting them. But again, when people see what we have accomplished, even during all these months, who could have said that we would balance the budget? Who would have said that rating agencies will complement Québec on its fiscal management? Who would have said that Québec would lead Canada in job creation? This is something I'm quite proud of, and I think Quebeckers are realizing the impact of our policies on their lives and, I think, will appreciate that.

Mme Johnson (Maya) : Those things though were under the radar, with all due respect, because of all of the other controversies overshadowing those things. So to what extent is that frustrating for you and your government?

M. Couillard : You know, I will return the question to you.

Mme Johnson (Maya) : What do you mean by that?

M. Couillard : It's important to talk about all aspects of what a government does.

Mme Johnson (Maya) : O.K. And, on another note, about the criticism from the Opposition saying... You've been described repeatedly by Mr. Legault as a tourist, as a spectator, as someone who has shown a lack of leadership. What's your response to that?

M. Couillard : My response is in what we have accomplished. You need a very good government to balance a budget with a $7 billion hole. You need a very good government to have compliments from rating agencies. You need a very good government to be able to invest $1.2 billion in our education system, to invest in our health care system, to produce strategies that bring praise from all sides of societies. I would say that evidence points to a very good government in Québec City, I'm quite proud of that.

Une voix : Micro de gauche, dernière question.

M. Hicks (Ryan) : Ryan Hicks, CBC News. Actually dovetailing on Maya's question, when it comes to dealing with crisis or problems that come up, are you worried that the fact that your calm exterior may be misinterpreted as not having a sense of urgency or not knowing how to deal with that situation at that moment?

M. Couillard : No, because that's the way I am. I will not change my nature, and the calm is not only exterior, it's also interior. That's the way I see life. One must be, yes, determined, but, at the same time, prudent and fair.

You know, I think the Opposition sometimes is very unfair when it launches accusations towards some of our civil servants without giving them the chance to answer and give their own side of the story. So I would say that I will continue to be that way, because this is the way I am. I am determined, but I am also prudent and respectful of the principles of natural justice.

M. Hicks (Ryan) : Projecting to 2018, when you get to the election, what will you be able or what will Quebeckers be able to see, concretely, on their kitchen table, that, OK, this, in our life right now, is because of a Couillard government?

M. Couillard : Well, I would tell you that there are close to 100,000 people who have full-time jobs now would answer your question very easily.

We will tell Quebeckers, first, what we have accomplished : We told you — speaking to Quebeckers — that we would balance the budget, so that we could invest in education, health care and economy, real business being taken care of, as you remember. But we will also present a plan for the next four years, which is going to push us even forward, more forward on the track to prosperity for Québec in the next generation.

Le Modérateur : Une dernière question à votre droite, monsieur…

Journaliste : Sorry, sir, I was napping in the back.

M. Couillard : Should I see this as a comment on my…

Journaliste : No, no, no. I was reading some of your employment statistics.

M. Couillard : And you don't find this interesting?

Journaliste : They're very interesting. I just want to ask… Yesterday, just… Far being from me to question things you've said in the past, but yesterday, you said it was a tough session.

M. Couillard : Yes, it's tough. Who would expect the job of Premier not to be tough? Who would expect conducting government, in a democratic and free society, not to be tough, having to deal with very conflicting views on a lot of issues? It has to be tough. You know, if it weren't tough, we wouldn't be here, you know, it could conduct itself on its own. So I know it's going to be tough. It's going to be tough again. But again I see the results. Those employment numbers, that plunged you in a nap apparently, I think, for people, in their daily life, are quite important actually.

Journaliste : I'll put those numbers in my story.

Des voix : Merci.

(Fin à 12 h 47)

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