(Vingt heures deux minutes)
Mme
Ouellet
: On
arrive à la fin du bâillon, un projet de loi n° 100 sur le taxi qui a été adopté,
mais malheureusement corrompu par l'article 33, l'article 33 qui concerne les projets
pilotes et, à travers les projets pilotes, peut créer... se donne les pouvoirs
de créer deux régimes, deux catégories de chauffeurs de taxi. Le ministre s'est
engagé à ne pas le faire. M. Daoust s'est engagé à ne pas le faire. M. Daoust
s'est engagé aussi à ne pas négocier avec Uber s'il n'avait pas payé ses
arriérés de taxes.
Donc, tout ce que nous pouvons faire rendu
en date de maintenant, c'est de lui demander de respecter sa parole, et il sera
donc sous surveillance parce que, là, il s'est donné les pouvoirs de le faire.
Nous lui demandons de ne pas les utiliser comme il s'est engagé à le faire, et
comme il parlait au nom du gouvernement, même s'il venait qu'à changer de
poste, ses successeurs devraient également respecter sa parole. Voilà.
Journaliste
: Il me
semble que ça fait au moins un an qu'on vous entend parler d'Uber, sinon davantage.
Le dossier est clos à partir de maintenant ou est-ce que vous devez exercer une
vigilance particulière?
Mme
Ouellet
:
Bien, le dossier n'est pas clos du tout. En fait, ça fait deux ans. Ça a
commencé à l'automne 2014 et ça fait deux ans qu'il y a du taxi illégal dans
les rues. Puis on s'entend bien, là, on est pour les nouvelles technologies, on
est pour les applications mobiles, puis c'est encore mieux quand c'est fait par
des programmeurs du Québec. On est pour l'économie de partage, le covoiturage,
mais Uber, ce n'est pas de l'économie de partage. Uber, ce n'est pas du
covoiturage. Je fais juste le rappeler à chaque fois parce qu'il y a comme un
mythe qui circule et je pense que c'est important de le dire, parce que, si
Uber était de l'économie de partage, bien, l'ensemble de l'industrie du taxi
serait aussi de l'économie de partage. Donc, on s'entend, ce n'est pas de l'économie
de partage.
C'est clair que ce n'est pas terminé. Ce
n'est pas terminé, premièrement parce que, malgré les amendements qu'on a
essayé de déposer, le ministre refuse que ce soit en application maintenant. Il
y a un délai de trois mois, ça fait que pendant encore trois mois la nouvelle
loi n'est pas en application parce qu'il va aller négocier un projet pilote
avec Uber. Et donc quelles seront ces conditions-là? Il s'est donné tellement
de libertés et donc, là, il faudra qu'il respecte la parole donnée.
Journaliste
: Et donc
le fait que ça se termine sur un bâillon, pour vous, est-ce que ça change quoi
que ce soit? Est-ce que vous diriez que ça noircit un peu l'affaire?
Mme Ouellet : Bien, c'est
clair que ça noircit l'affaire. C'est clair qu'on voit que le ministre Daoust
est vraiment affaibli. On se rend compte qu'il n'a même pas été capable de
passer son projet de loi, tant au niveau de son aile jeunesse que de son gouvernement,
qu'il a été obligé de faire un amendement en catimini pour faire plaisir à son
aile jeunesse et à Uber par la même occasion. Il faut se le rappeler, là, plusieurs
des lobbyistes d'Uber ont été reliés à l'aile jeunesse du Parti québécois.
Donc, encore le régime de lobbying qu'on voit réapparaître, là, au sein du Parti
libéral pour favoriser une multinationale étrangère qui fait de la fraude
fiscale au détriment de 22 000 travailleurs au Québec qui fonctionnent
selon les lois du Québec et qui font vivre 22 000 familles au Québec.
Journaliste
: Donc là,
pour la suite, si je comprends bien, vous allez surveiller étroitement le
projet pilote? C'est ça, la...
Mme Ouellet : Nous, on va le
surveiller, mais, je pense, l'ensemble de l'industrie aussi, et on a réussi à
avoir que... avant ça, c'était 45 jours. C'est un autre recul qu'il y a eu par
rapport à la loi actuelle. Donc, on aura 20 jours d'avance les détails du projet
de loi. Merci.
(Fin à 20 h 5)