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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Friday, June 10, 2016, 20 h 08

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Vingt heures huit minutes)

M. Khadir : Bon, disons clairement, nous sommes malheureusement de voir que le gouvernement n'a pas pu saisir l'occasion qu'on lui offrait de remplir ses promesses honorablement. Ça fait près deux ans, trois consultations, et on a fait miroiter tant de choses aux chauffeurs de taxi. Il y a 20 000 familles qui dépendent du... en fait, qui attendent que le gouvernement fasse en sorte que tout le monde respecte les mêmes lois et qu'il n'y ait pas de concurrence déloyale.

J'invite les gens à s'intéresser un peu à ce que l'industrie du taxi est capable de faire aujourd'hui. Si le gouvernement donne des moyens, là, on a toute la technologie au Québec d'avoir une plateforme qui offre beaucoup plus, devant laquelle la plateforme d'Uber pâlit tellement il y a des possibilités d'intégrer. Je vous les nomme : transport adapté, transport par taxi, Taxi-partage, taxi collectif, Bixi, Communauto, covoiturage et les transports publics.

C'est un véritable foisonnement de techniques, mais aussi de plateformes, développées à Québec, développées... aux politiques du... Montréal, mais ces gens-là n'ont pas les milliards spéculatifs d'Uber, il faudrait que le gouvernement favorise plutôt un projet pilote venant appuyer ça plutôt qu'avantager Uber.

Maintenant, je voudrais juste qu'on retienne une chose. Le ministre, je le sentais vraiment très malheureux de ne pas être capable de rencontrer ses promesses. C'est un ministre qui a rencontré énormément de difficultés depuis un mois, pour toutes les raisons qu'on sait, mais il a pris soin, à plusieurs reprises, de me le répéter, en privé puis aussi en commission. Et, dans les remarques finales en Chambre, dans le discours qu'il nous a lu, il a dit : Il n'est pas question que moi, je négocie avec une entreprise qui n'a pas payé ses impôts et il n'est pas question que j'offre à Uber, dans un projet pilote, des avantages indus qui seraient inéquitables pour le reste de l'industrie.

J'ai demandé au gouvernement, à M. Fournier, de consentir à ce que le discours que M. Jacques Daoust nous a lu, pour éclairer sa pensée et son projet de loi, soit déposé en Chambre comme une preuve que c'est un engagement du gouvernement, que la parole de Jacques Daoust ne s'effacera pas si Jacques Daoust change de ministère, et Jacques... Fournier a refusé de le faire.

Journaliste : Donc, on comprend de ce que vous dites que M. Daoust se serait fait forcer la main, par des collègues peut-être, pour mettre de l'avant des amendements qui ne correspondent pas à sa vision?

M. Khadir : Moi, je pense, ça vient d'abord des manoeuvres malhonnêtes de l'entreprise Uber. C'est une entreprise qui dispose d'un arsenal important d'avocats d'entreprises de marketing. Ils sont maîtres en manipulation de l'opinion et en fausses représentations. Ils ont été condamnés en France pour ça.

Donc, quand ils se présentent comme covoiturage, autopartage, nouvelle technologie, ça fait partie de leur marketing. Et ils ont beaucoup de lobbyistes, je suppose, puis des relais à l'intérieur du Parti libéral. Puis il est clair, il est clair que M. Daoust a été forcé d'abdiquer. Il est clair que M. Daoust a été emmené à présenter un amendement, l'amendement 33, qui dénature tout ce qu'on avait prévu et toutes les promesses qu'on a faites.

Journaliste : Et là le fait que ça a été adopté sous le bâillon, trouvez-vous que c'est grave que le gouvernement ait eu recours à ce moyen-là?

M. Khadir : C'est un moyen disgracieux, c'est un moyen antidémocratique que le gouvernement a utilisé pour forcer la main à tout le monde. Il n'avait pas besoin de ça, il avait besoin simplement de reconnaître qu'il a fait des promesses. Et nous avons tenté...

J'invite tous vos auditeurs à aller sur le site de l'Assemblée nationale suivre les travaux de la commission après la période de questions hier, à partir de 11 h 30. D'accord? Vous allez voir que, pendant des heures, on s'est employés à offrir toutes sortes de possibilités au ministre et au gouvernement de s'amender. Je suis intervenu à moi tout seul plus de fois et plus longuement que tous les libéraux, y compris le ministre, réunis, mais malheureusement nous n'avons pas pu obtenir le minimum de collaboration. Je sentais le ministre obligé au mutisme, parce qu'il s'était retranché dans le mutisme à un moment donné parce qu'il n'avait pas de réponse, par probablement des pressions subies de l'interne par le Parti libéral.

Il y a toujours une espèce de grenouillage que je vois, là, depuis quelque temps, que je voyais là — c'est sûr qu'ils ont obtenu gain de cause — alentour du ministre, à chaque fois que la question d'Uber était évoquée dans l'examen du projet de loi.

Journaliste : Puis vous, avez-vous obtenu ce que vous vouliez en forçant le gouvernement à recourir à la procédure d'exception? Parce qu'au final le projet de loi a été adopté. C'est juste que, bon, il est 20 h 13, il n'est même pas si tard que ça, finalement. Ça ne change pas grand-chose finalement.

M. Khadir : Notre motivation, ce n'était pas de rendre la vie difficile à nos collègues, mais pour permettre au gouvernement une dernière chance, leur donner une dernière chance de prendre un engagement, de ne pas trahir leur promesse. C'est important.

Moi, je suis médecin actuellement, je suis député, j'ai énormément de privilèges, mais je n'oublie pas mes racines, je n'oublie d'où je suis venu. Moi, je suis un chauffeur de taxi de père en fils. Je l'ai montrée, ma... Ça, c'est mon permis de conduire classe 4C. Il y a 20 000 familles dont le revenu dépend du fait qu'ils ont légalement... ils sont allés chercher, comme moi quand j'étais jeune, un permis de conduire pour conduire un taxi, d'accord, qu'ils ont passé des cours. Ça engage des responsabilités, et eux veulent travailler dans un environnement où tout le monde se fait concurrence de manière déloyale.

Uber, actuellement, organise des gens précaires, des gens à faibles revenus, qui n'ont pas des revenus adéquats, ils les organisent pour faire une concurrence déloyale à des gens honnêtes de manière malhonnête, en plus en cachant des revenus dans des paradis fiscaux puis refuse même de payer les impôts, hein? Le gouvernement du Québec les a condamnés, est allé en cour, et encore une fois, aujourd'hui, malgré qu'il n'y a aucun flou là-dessus, hein, Uber prétend que, dans le fond, ils sont très bons, c'est juste la loi qui présente un flou qui les rend illégaux. Mais, excusez, là, en matière d'impôt, la loi est très claire. Même la CAQ, qui prend la défense d'Uber, insiste sur le fait qu'Uber paie ses impôts.

Alors, nous disons au ministre : Respectez votre parole. Nous disons au gouvernement : La parole du ministre doit être respectée. Ça doit être la parole du gouvernement, mais le gouvernement ne doit pas s'asseoir avec Uber tant qu'Uber n'aura pas payé ses impôts, tant qu'Uber ne paiera pas ses taxes et tant qu'Uber voudra faire une concurrence déloyale.

Journaliste : On n'a pas le sentiment que vous avez utilisé la mécanique du bâillon complètement en ce qui vous concerne, là, le bout auquel vous aviez droit. Il y a tout un débat, entre autres, sur l'adoption même de la motion de la procédure d'exception où vous n'êtes pas intervenus.

M. Khadir : Bien, comme je vous ai dit, notre but n'était pas de faire durer le malheur, de rester ici jusqu'à huit heures le soir.

Journaliste : Le levier que vous aviez...

M. Khadir : Oui, bien, le levier, je pense que le gouvernement a eu amplement le temps. Nous voulions donner un temps raisonnable, mais rien ne sert de faire durer le malheur pour la population, pour nous-mêmes, pour un gouvernement qui est tout à fait fermé à toute possibilité de se reprendre, de poser un geste honorable. Ils ont eu amplement le temps, je pense, la démonstration a été faite pour le public que le gouvernement a été incapable de saisir l'opportunité qu'on lui offrait. Merci.

(Fin à 20 h 16)

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