(Treize heures quarante-cinq minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour, tout
le monde. Écoutez, je trouvais ça important de venir partager ma compréhension
du dossier concernant la vente des actions de RONA. À la lumière des dernières informations,
les courriels qui ont été dévoilés hier, il y a une question qui reste en
suspens. Lorsque M. Ouellet a eu deux heures pour aller consulter pour
répondre finalement le fameux «O.K.» à Investissement Québec, qui a fait qu'on
a vendu l'ensemble des actions, la question, c'est : Le «O.K.» venait
d'où? Présentement, tout le monde présuppose que le O.K. venait de M. Daoust.
Pourtant, M. Daoust dit que non, il n'a pas donné cet accord-là, etc. Et on n'a
aucune preuve actuellement que M. Daoust ment ou quoi que ce soit.
Alors, moi, ce que je voudrais, c'est
peut-être ouvrir un peu les esprits et amener une autre hypothèse qui
m'apparaît tout aussi plausible. Vous savez, ça fait deux ans maintenant que je
suis à l'Assemblée nationale, et j'ai assez rapidement compris que tout ce qui
est chefs de cabinet sont nommés par le bureau du premier ministre. Alors donc,
est-ce que M. Ouellet, dans le fond, ce n'est pas vers M. Daoust qu'il s'est
retourné, mais bien vers le bureau du premier ministre, le bureau du premier
ministre, qui a pu, lui aussi, tout simplement dire à M. Ouellet : Bien,
oui, on y va, on plonge? Je crois que ce genre de décision là est assez
importante que M. Ouellet, qui, d'ailleurs, nous a habitués, dans un autre
dossier à ne pas se tourner vers le ministre responsable, mais de ne pas
transmettre les informations, notamment dans le dossier de la clé USB au
ministère du Transport, n'a pas... ne pas se tourner vers le ministre. Alors,
ça pourrait nous permettre de croire que c'est probablement M. Couillard qui a autorisé
cette vente-là.
Mon hypothèse est-elle aussi crédible que
les autres? Bien sûr, puisque maintenant nous n'avons aucune preuve et bien sûr
que la commission parlementaire de la semaine prochaine va nous permettre de
pouvoir éclaircir la situation si, d'une part, le premier ministre consent
enfin à ce que M. Ouellet, M. Daoust, certes, mais aussi le chef du cabinet du
premier ministre en poste à ce moment-là puissent venir témoigner devant la
commission. Je vous rappelle que Québec solidaire, depuis que M. Dutton a mis
dans l'espace public ses préoccupations concernant cette vente rapide des
actions d'Investissement Québec, nous demandons une commission parlementaire
pour faire l'ensemble de la lumière. Alors, il m'apparaîtrait... et M. le
premier ministre a même dit que lui aussi voulait faire la lumière. Bien, s'il
veut faire la lumière, bien, qu'il ne se gêne pas pour nous envoyer M. Ouellet
et son propre chef de cabinet.
Et, de plus, s'il veut vraiment faire la
lumière, j'apprécierais qu'il nous donne accès aux échanges courriel qui ont eu
lieu entre son chef de cabinet et M. Ouellet ou les gens d'Investissement
Québec le 26 novembre, là, avant 16 h 42, avant que le O.K. final
soit donné.
Il ne faudrait pas que M. Daoust soit le
bouc émissaire si, dans les faits, le O.K. est venu du bureau du premier
ministre. Pourquoi? Bien, vous comprendrez bien que ce gouvernement laisse
entendre comment il est un... comment il est un bon gestionnaire de l'économie
québécoise et, si on saute tout de suite aux conclusions que c'est M. Daoust qui
a fait la faute, eh bien, on va être orientés exclusivement vers cette
hypothèse, alors qu'il me semble que, lorsqu'on met en séquence les
connaissances que nous avons, comment ça fonctionne sur la colline Parlementaire,
bien, l'hypothèse que le O.K. vienne du bureau du premier ministre est tout
aussi plausible que les autres.
Je nous rappelle qu'aujourd'hui Lowe's, à
qui a été vendue RONA nous rappelle, nous dit que malheureusement ils n'ont pas
atteint la marge de profit qu'ils avaient imaginée, entre autres avec l'achat
de RONA, et vous comprendrez que, pour les Québécois et Québécoises, lorsqu'une
grande entreprise comme celle-là dit : Notre marge de profit n'a pas été
atteinte, on sait qu'il y aura des conséquences. Et c'est ce qu'on dit depuis
le début : En perdant ce fleuron québécois du giron du Québec, en donnant
la gestion de ce fleuron-là à l'extérieur du Québec, bien, qu'est-ce qui nous
dit que les plus ou moins 30 000 emplois ne sont pas... ne seront pas
fragilisés par cette marge de profit qui n'est pas atteinte? Qu'est-ce qui nous
dit que les fournisseurs qui sont nombreux ici sur le territoire québécois ne
seront pas défavorisés face à des fournisseurs soit des États-Unis ou de la
Chine? En fait, si ce gouvernement-là dit qu'il est un bon gestionnaire, bien,
je voudrais être assurée que le premier ministre n'a rien à voir avec cette
décision-là et, nous, quand on additionne les informations que nous avons,
notre conclusion est que le O.K. peut venir du bureau du premier ministre, et
j'espère qu'en commission parlementaire la semaine prochaine nous aurons la
chance de voir et M. Ouellet et le responsable de cabinet de M. Couillard, M.
Daoust, certes, pour qu'on puisse faire la lumière sur cette vente qui nous a
fait perdre une entreprise très chère au coeur des Québécois et Québécoises.
Merci.
(Fin à 13 h 51)