(Dix heures dix-sept minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour,
tout le monde. Merci d'être là. Comme vous voyez, je n'arrive pas seule ce
matin. Je n'arrive pas seule parce que je ne suis pas seule à avoir été
ébranlée, je dirais, par les propos de M. Leitão, cet été, qui disait que
le salaire minimum à 10,75 $, c'était un salaire approprié, un salaire
suffisant — c'est les mots qu'il a employés — et il a même
dit, à un moment donné, que c'était même souhaitable que le 10,75 $ reste
dans cette brochette-là.
Ce que vous savez depuis déjà longtemps, c'est
qu'à Québec solidaire, le salaire minimum, pour nous, c'est quelque chose qui
devrait permettre à quelqu'un qui travaille, qui se lève à tous les matins,
tous les jours va travailler de vivre et non pas de survivre. Et, dans ce
sens-là, on endosse, depuis déjà plusieurs mois, une campagne de 15 plus, et
nous allons aujourd'hui déposer une première pétition concernant l'augmentation
du salaire minimum à 15 $ l'heure. Et on a trouvé important de dire, avec
les gens qui le vivent au quotidien... Parce que ce qui me frappe et ce qui
m'apparaît évident... C'est sûr que M. Leitão est économiste, mais je suis
certaine qu'il n'a pas élevé une famille avec 15 $ de l'heure... en fait,
avec 10,75 $ de l'heure. C'est ça, l'enjeu. C'est que les gens qui gagnent
ce salaire-là n'arrivent pas à payer le panier d'épicerie, à remplir l'ensemble
de leurs obligations au niveau des comptes, Hydro-Québec, le transport, etc., et
donc ça brise le contrat social qu'on s'est donné, comme quoi le travail
devrait permettre à quelqu'un de vivre dignement, et c'est ça qui nous choque
et c'est ça qui nous amène aujourd'hui à faire cette première étape de déposer
une pétition. Et je vais laisser mes collègues qui sont avec moi vous en parler
plus longuement.
Le Modérateur
: Je
passe maintenant la parole à Julien Daigneault, initiateur de la pétition qui
sera présentée cet après-midi et membre de la campagne 15 plus.
M. Daigneault (Julien) :
Bonjour à tous. Bonjour, tout le monde. Je voudrais tout simplement commencer
par remercier Québec solidaire du fond du coeur d'avoir appuyé, d'avoir endossé
notre campagne. Aujourd'hui, on dépose une première partie de la pétition,
c'est-à-dire la partie électronique, le volet électronique.
Donc là, Québec solidaire vient porter la
voix de milliers de Québécois et de Québécoises qui croient que le salaire
minimum, actuellement, à 10,75 $ est trop bas. Quand on se fie aux
chiffres, c'est 10 % en dessous du seuil de faibles revenus. Bref, il y a
un problème monumental. Puis ces gens-là qui ont signé la pétition veulent un
salaire minimum à 15 $ de l'heure maintenant, indexé automatiquement au
coût de la vie pour ne pas qu'on ait à ramener cette bataille-là dans cinq ans,
dans 10 ans, dans 15 ans, éternellement.
Donc, remercier Québec solidaire à ce propos-là,
qui est le seul parti à se battre activement puis à faire des gestes concrets
pour mettre sur la table cet enjeu-là, que ça soit dans l'ancienne campagne
partielle qu'il y a eu dans Saint-Henri—Sainte-Anne ou dans celle qui s'en
vient dans Verdun, où l'enjeu du 15 $ de l'heure va être fondamental.
Nous, on va être là. On est coude à coude avec Québec solidaire, on va se
battre.
Puis il y a d'autres pétitions qui s'en
viennent, d'autres milliers d'autres pétitions qui s'en viennent, qui sont
papier. La pétition continue à être signée, donc on encourage les gens à
continuer de la signer papier, puis il y en a des milliers qui ont été
accumulées par des grévistes qui sont en grève actuellement au Vieux-Port de
Montréal. Ils vont vous parler plus en détail de leur conflit, mais, grâce à
eux, cette campagne-là peut prendre une énorme ampleur. Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Merci.
La parole est maintenant à Konrad Lamour, président du syndicat des employés de
la Société du Vieux-Port de Montréal.
M. Lamour (Konrad) : Donc,
bonjour. Donc, de notre côté, initialement, les employés du Vieux-Port de Montréal,
ce qu'on a commencé à faire, c'est qu'on a embarqué dans la campagne de
pétition avec Julien et tous les organismes communautaires. On a aussi réalisé,
en faisant cette pétition-là, que nous, on avait quand même un problème au
Vieux-Port, dans le sens que nos salaires étaient nettement inférieurs à
quelqu'un qui fait exactement les mêmes tâches ailleurs. Donc, si vous allez au
parc Jean-Drapeau, si vous allez au Parc olympique ou à d'autres musées, comme
le musée Pointe-à-Callière, on fait en moyenne 5,50 $ pour le même
travail, que ça soit un éducateur, que ça soit quelqu'un qui travaille à la
sécurité, un technicien multimédia, quelqu'un à l'entretien, etc.
De plus, on a aussi réalisé que 40 %
de nos employés au Vieux-Port de Montréal faisaient moins de 15 $ l'heure.
15 $ l'heure ou 15,38 $, c'est, selon l'IRIS, ce qui est considéré un
salaire décent. Donc, c'est pour ça que nous, on a décidé de faire cette
approche dans notre convention collective et essayer de la négocier. Donc, c'est
clair qu'à ce stade-ci on est à un point où est-ce que le 15 $ ne sera peut-être
pas atteignable dans cette convention, mais au moins, dans notre négociation,
on veut établir les bases pour qu'elles puissent être établies pour la relève.
Donc, d'ici trois, quatre ans, quand la convention sera renégociée, on va avoir
une relève qui va pouvoir atteindre ce chiffre de 15 $ l'heure, ce qu'on
espère voir à l'échelle de la province. On est présentement en conflit de
travail, on est en grève, et nos moyens de pression vont continuer, en espérant
qu'on va pouvoir continuer à supporter les organismes communautaires, Québec
solidaire avec leur pétition et qu'on va pouvoir avoir un salaire décent pour
tous à l'échelle de la province. Si ça s'est fait aux États-Unis, si ça s'est
fait en Alberta, il faut que ça se fasse aussi au Québec.
Le Modérateur
: Merci.
La parole est maintenant à Pierre-André Audet-Bédard, président du syndicat des
travailleurs et travailleuses du Syndicat des travailleurs et travailleuses d'Indigo
Parc, CSN.
M. Audet-Bédard (Pierre-André) :
Donc, merci beaucoup. Indigo, c'est une compagnie qui gère des espaces de
stationnement. On a 90 membres dans la région de Québec. En février
dernier, à l'assemblée générale, on s'est prononcés pour adopter comme
revendication un salaire qui tourne autour de 15 $ de l'heure. On s'inspirait
de la situation américaine avec la campagne Fight for $15 et des gains
dans l'État de New York, la Californie et à Seattle. Aussi, comme mon camarade
le disait, l'étude de l'IRIS légitimise notre demande aux yeux des membres.
Donc, à l'unanimité, les gens ont adhéré à
la campagne 15 plus pour l'augmentation du salaire minimum. C'était logique
parce qu'on avait des objectifs communs avec la campagne puis on pensait que
c'était important de réseauter avec d'autres syndicats. Donc, ensuite de ça
aussi, il y a une prise de vote de grève à 95 % qui s'est tenue en assemblée
générale. Ça, ça témoigne du fait que les membres adhèrent à nos revendications.
Le dénouement, bien, donc, il y a eu un
blocage à la table de négociation, une grève de quatre heures, suite à ça une
reprise des négociations et une entente de principe qu'on va présenter à nos
membres demain. Donc, c'est un dénouement positif parce qu'on évite un conflit
de plus grande ampleur. Mais la lutte n'est pas terminée. Ça témoigne aussi que
la mobilisation collective porte fruit quand on a des revendications qui sont
porteuses puis auxquelles les travailleurs adhèrent. Parce que le 15 $ de
l'heure, ce n'est pas une revendication arbitraire, c'est le salaire qui nous
permet de vivre décemment et de sortir de la pauvreté, puis ça nous permet
aussi de quitter la logique patronale de la recherche du profit maximum puis
d'imposer nos propres impératifs à la négociation, qui sont ceux de vivre
dignement.
Finalement, bien, notre syndicat, on va
continuer de soutenir la lutte pour le 15 $ de l'heure puis on va continuer
de bâtir des solidarités avec les autres travailleurs en lutte. Donc, merci.
Le Modérateur
: Merci.
La parole est maintenant à Andrés Fontecilla, président et porte-parole de
Québec solidaire.
M. Fontecilla (Andrés)
:
Bonjour, mesdames messieurs. La lutte pour le 15 $ ne fait que commencer.
Tout d'abord, ici, nous sommes accompagnés des syndicats en lutte pour
l'obtention d'un salaire qui part à 15 $. Cela nous paraît tout d'abord
inacceptable. 15 $, ça devrait être un montant minimal assuré par une législation
de l'État. C'est à l'État d'assurer un revenu minimal pour les salariés partout
au Québec et non pas aux travailleurs et travailleuses de se battre, des fois dans
des conditions difficiles — comme les syndicats du Vieux-Port, qui,
depuis trois mois, sont en grève — pour obtenir un salaire décent
pour les travailleurs et les travailleuses.
Cette lutte ne fait que commencer, encore
une fois. Nous allons continuer à faire signer la pétition papier parce que
nous constatons que cette pétition suscite un très grand intérêt parmi la
population et nous croyons qu'elle va ramasser des milliers et des milliers de
signatures et des appuis encore. L'ensemble du mouvement social, que ce soient
les centrales syndicales, des groupes communautaires, des syndicats... Québec
solidaire y compris, se joignent à cette lutte, et nous entendons mettre en
oeuvre tout ce qui est possible pour faire en sorte de faire pression sur le
gouvernement de Philippe Couillard pour que, finalement, il acquiesce à
instaurer le salaire minimal de 15 $ partout au Québec.
Dans ce sens-là, nous invitons l'ensemble
de la population du Québec, l'ensemble des personnes, des gens qui veulent
améliorer concrètement les conditions de vie des travailleurs et travailleuses
à assister, à participer à la manifestation du 15 octobre prochain, à
11 heures du matin, à Montréal, au parc Le Prévost. Tous et toutes,
nous sommes convoqués à appuyer cette revendication fondamentale pour améliorer
nos conditions de vie. Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Merci à
tous.
(Fin à 10 h 26)