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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, September 20, 2016, 15 h 49

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures quarante-neuf minutes)

M. Khadir : Bonjour. Nous avons présenté à l'Assemblée nationale il y a quelques instants une motion pour demander au gouvernement de suspendre l'entente avec Uber dans le but d'examiner la nature de cette entente, puisqu'un jugement vient de tomber à la demande d'injonction qui avait été faite, un jugement qui rejette le caractère urgent, puisque, très bientôt, dans moins de quatre mois, nous allons entendre le jugement de la cour sur le fond du dossier d'Uber.

Uber, en fait, c'est un capitalisme sauvage. Puis ce qu'on vient de comprendre, c'est que le gouvernement actuel refuse, malgré tous les travaux qui ont été faits depuis deux ans et l'avis de deux ministres qui ont été remerciés de leurs services... Uber devait en principe obéir aux lois du Québec, payer ses impôts, non seulement l'impôt de ses chauffeurs, mais ses propres impôts, et, comme cette entente-là ne respecte pas l'esprit de ce consensus, nous, nous demandions que ça soit suspendu justement le temps que tout le monde se prononce sur le fond de cette entente-là, de la nature de l'entente qui a été conclue de manière secrète entre un nouveau ministre qui n'avait même pas eu encore le temps de se saisir du dossier...

Donc, on comprend que le premier ministre du Québec n'a aucune gêne à trahir la parole donnée aux chauffeurs de taxi, à leurs familles. Le message qui est lancé non seulement aux familles des chauffeurs de taxi, qui sont issus, en grande partie, des communautés immigrantes, mais à l'ensemble des gens qui sont précaires, qui ont de faibles salaires, de faibles revenus, les gens qui sont des gagne-modestes, que le gouvernement Couillard ne s'intéresse pas à leur sort, que le gouvernement Couillard obéit à une religion qui est la religion du marché libre, de la liberté pour les entreprises capitalistes sauvages de faire tout ce qu'elles veulent avec nos lois, y compris violer la règle première de vie en société, c'est de payer ses impôts par n'importe quelle entreprise, ce qu'Uber ne fera pas. 20 % de toute l'activité économique rattachée à l'activité d'Uber sur le territoire québécois va être libre d'impôt. Je ne connais pas beaucoup de monde au Québec qui jouisse de ce privilège-là, je ne connais pas de petits travailleurs à qui on dit : 20 % de votre salaire, là, vous n'avez pas à payer d'impôt là-dessus. Ça, c'est une première chose.

Maintenant, pour ce qui est de M. Lessard, je l'invite à se ressaisir parce que, là, il commence déjà à creuser, je dirais, sa propre chute. Essayer de se cacher derrière le Commissaire à l'éthique, là, ça ne sert à rien. Le commissaire à l'éthique, au moment où il a jugé, ne disposait sans doute pas de tous les faits qu'on connaît maintenant. J'espère que le gouvernement ne cherchera pas à discréditer une institution comme le Commissaire à l'éthique en s'appuyant sur le Commissaire à l'éthique pour excuser un comportement aussi peu digne de tout ministre ou de tout... Écoutez, on a emmené des gens pour moins que ça devant la commission Charbonneau, là. On a emmené des gens pour moins que ça, pour moins que ce qu'a fait le chef de cabinet du ministre Lessard, devant la commission Charbonneau, devant le vindicte populaire. Et là le gouvernement Couillard, qui prétendait vouloir tourner la page sur des périodes de corruption, n'est pas capable de reconnaître qu'il y a problème là-dedans. M. Lessard n'est pas capable de reconnaître... Ça fait longtemps, là, M. Lessard, ça fait huit ans au moins qu'il est là avec moi, là. Il a suivi tout ça, il n'a pas encore compris c'est quoi, la notion de conflit d'intérêts et apparence de conflit d'intérêts? Puis là on apprend, en plus, ça... c'est un travail que nous n'avons pas encore fait, mais je suis sûr que les journalistes, comme le public, comme la CAQ, tout le monde aura beaucoup de facilité à démontrer que probablement il y a des dizaines de milliers de dollars de contributions à la caisse du Parti libéral qui accompagnent, malheureusement, le tableau, qui sont en arrière-plan de tout ça. Je pense que le peuple québécois mérite qu'on respecte son intelligence. Et, M. Lessard, je le sais un homme capable de s'élever parfois au-dessus de la mêlée, je l'invite à cesser de se cacher derrière le Commissaire à l'éthique.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, précisément, qu'est-ce qu'il doit faire, là?

M. Khadir : Il doit reconnaître qu'il y a eu une grave erreur. Il doit reconnaître qu'il y a eu une grave erreur et en assumer les conséquences.

M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est-à-dire?

M. Khadir : Bien, c'est-à-dire, bien, déjà, ça, là, déjà, reconnaître ces faits, ça a des conséquences sur son parti dans la reconnaissance des torts, et le Parti libéral, pour acquiescer à ça, doit examiner toutes les contributions qui ont été faites alentour des gens qui entouraient ce projet, d'accord, parce que c'est hautement suspect maintenant qu'on sait ce qui est arrivé, pour remettre cet argent-là à l'État. Je rappelle que beaucoup d'argent sale, illégalement acquis par le Parti libéral du temps de M. Charest alentour de circonstances et de contrats comme celui accordé par le gouvernement à l'époque où ce monsieur-là travaillait au cabinet de M. Lessard, qui... c'est-à-dire, le lobbying qui a accompagné tout ça, beaucoup de cet argent-là se trouve encore dans le coffre du Parti libéral. C'est avec ça que le Parti libéral va aller chercher... essayer de chercher quelques comtés encore aux prochaines élections partielles.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, vous partagez l'observation de votre collègue de la Coalition avenir Québec Simon Jolin-Barrette, qui dit qu'il y a une odeur de corruption.

M. Khadir : Il a tout à fait raison, et c'est ça qui est vraiment dommage, c'est que le gouvernement Couillard, la journée même où on essaie, comment dit-on, d'honorer la mémoire de Sylvie Roy... Puis c'est le premier ministre lui-même qui a reconnu l'importance du geste posé par Sylvie Roy lorsqu'elle a réclamé la tenue d'une commission d'enquête, des gestes... enfin il ne l'a pas dit dans ces mots-là, mais de manière indirecte il a reconnu un rôle très important qu'elle avait joué sur la scène politique, puis je pense que c'est ça, un de ses faits d'armes les plus remarquables, que le gouvernement soit si incapable, si incompétent à reconnaître les problèmes d'intégrité. Il y a un problème de jugement grave au bureau du premier ministre, parce que ça doit venir du bureau du premier ministre. Je suis sûr que, si le premier ministre prenait deux minutes pour faire des liens, pour se rappeler ce qu'il a promis, bien, il demanderait à M. Lessard d'avoir des réponses plus dignes, qu'il n'essaie pas de se cacher derrière le Commissaire à l'éthique.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Dans un autre dossier, si vous le permettez, celui du ministère des Transports. Vous êtres membre, sauf erreur, de la Commission de l'administration publique. Mme Dominique Savoie, qui était la sous-ministre en titre du ministère des Transports et aujourd'hui dans les limbes de l'État québécois, elle est rattachée au ministère du Conseil exécutif. Est-ce que, tout d'abord, elle doit être démise de ses fonctions sans tarder par M. Couillard? Est-ce qu'elle a le droit à un procès juste et équitable, selon vous?

M. Khadir : Bien sûr, elle a le droit...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Et est-ce qu'elle a ce traitement-là présentement?

M. Khadir : Attendez. Dans les pays où il y a des problèmes de corruption de longue date, lorsque... On voit plusieurs gouvernements... Moi, je me rappelle très bien du gouvernement de Lula, lorsqu'il y a des accusations assez graves contre quelqu'un, en attendant que ces questions soient réglées, démettait la personne de ses fonctions, puis disait : Va te défendre devant les cours, tu as le droit à une défense pleine et entière et tu reviendras si tu démontres ton... Actuellement, c'est le contraire qui se passe. Le gouvernement protège, protège, protège, offre même des niches, offre même une espèce de havre de confort et de récompense probablement pour loyauté démontrée. On ne sait pas ce que Mme Savoie a exactement fait, mais on comprend très bien qu'au moment où elle les a faits, ça permettait au gouvernement d'éviter d'embarras. En fait, le gouvernement a essayé d'éviter l'embarras que ça se sache qu'il y avait d'énormes problèmes au ministère du Transport pendant tout le règne libéral, d'accord, donc, offre une protection en retour de la loyauté démontrée par cette sous-ministre qui, de toute évidence... Moi, je ne crois pas son hypothèse. Elle a écrit, hein, les journaux en ont parlé. Je ne crois pas ses affirmations comme quoi elle n'a pas agi de manière malveillante et n'a pas menti à l'Assemblée. Maintenant, elle va devoir aller convaincre la juge ou le juge, mais, en attendant, le gouvernement n'a pas à offrir du confort et un refuge pour ces gens-là. Il y a des accusations très graves. C'est vraiment une parole qui semble tout à fait non crédible donnée devant les membres de l'Assemblée nationale. Elle nous doit des excuses. Elle est dans le déni. Bon, d'accord, elle a droit à un procès, mais, en attendant, nous, sans se substituer au juge, on n'a pas à offrir un refuge et une protection à ces gens-là. Qu'on leur dise : Bien, allez vous défendre, vous êtes sous de graves accusations, et ces accusations sont importantes.

M. Rémillard (David) : Pour revenir sur M. Lessard, parce que, là, bon, il y a plusieurs ministres des Transports qui se sont succédé, là, le croyez-vous apte quand même, considérant toutes les circonstances, à continuer dans ces fonctions-là ou...

M. Khadir : Bien, c'est-à-dire, il y a des sérieuses questions à se poser. Je sais que M. Lessard est un homme d'expérience. Il a exercé plusieurs ministères. Mais là il arrive en plein moment où lui-même vit d'énormes questionnements sur les comportements éthiques de son bureau, des gens entourant M. Lessard, à qui il a donné des emplois. En plus, il y a tout le dossier d'Uber où il se fait tasser complètement par... Rappelez-vous la fameuse journée du mercredi où il tenait mordicus à une position du ministère, telle que véhiculée auparavant par M. Daoust, et là le soir même, après être entré dans le Conseil des ministres, bien, tout le tableau change et puis c'est autre chose qui prend la place. Il a été déconsidéré par le premier ministre Couillard par la décision prise sur Uber, hein, en quelque sorte. On a ignoré toutes ses affirmations solennelles comme quoi il allait défendre l'industrie du taxi, et maintenant, ce ministre-là, on lui demande de faire le ménage dans le ministère qui est le plus problématique, dans lequel on soupçonne depuis des années des pratiques qui ne sont pas conformes aux standards d'intégrité et de transparence exigés maintenant après la commission Charbonneau.

Donc, il y a deux ministères qui sont problématiques, le ministère du Transport et le ministère des Affaires municipales, et on lui confie le ministère du Transport à un moment fatidique, à un moment critique. Je pense qu'il y a un problème, il y a un grave problème. Ça montre à quel point ce gouvernement est fragile dans sa capacité à porter des jugements sur la situation des ministères et à confier des ministères à des personnes capables, suffisamment au-dessus des problèmes de soupçons, de scandales, de controverses pour pouvoir s'occuper de ces ministères. Moi, je trouve que c'est un grave problème maintenant de voir M. Couillard... un véritable problème, et ça montre les problèmes profonds de jugement et de capacité de ce gouvernement à trouver des gens qui n'ont pas quelque chose dans le placard, surtout tous ces ministres qui ont oeuvré dans le temps de Charest, là. Bien, c'est sûr que c'était pratique courante. Peut-être que M. Lessard ne s'imagine même pas qu'il y a... C'était tellement dans la culture, enraciné dans la culture de corruption du Parti libéral de M. Charest que M. Lessard ne trouve pas que c'est une anomalie ou un problème, hein? Que ça soit l'histoire de Lamontagne, de la manière dont les choses se sont déroulées, que son responsable de comté soit bénéficiaire indirectement de l'aide donnée à une coopérative de solidarité, ça ne semble pas sonner chez lui quelque chose de très grave, et c'est ça qui est le problème. Ce gouvernement-là est très pauvre, je dirais, en connaissance et en intégration des principes d'éthique, de conflits d'intérêts, d'apparence de conflits d'intérêts.

M. Boivin (Simon) : Sur Uber, rapidement, sur la décision rendue par le tribunal, est-ce que vous avez déjà répondu ou...

M. Khadir : Nous avons déjà répondu, c'est enregistré.

M. Boivin (Simon) : Vous l'avez fait déjà? Bon, bien, parfait. Merci.

M. Khadir : Oui. Merci. Thank you very much.

(Fin à 16 h 1)

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