(Quinze heures cinquante-cinq minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour. En
fait, je suis là parce qu'aujourd'hui on se retrouve devant une situation où le
gouvernement libéral résiste, ne veut pas tenir ce débat public sur la question
du salaire minimum de 15 $ l'heure. Et pourquoi je dis ça? Bien, d'une
part, ce matin, il y avait une commission lors de laquelle on s'est posé la
question du mandat d'initiative. Réponse, front commun des six libéraux devant
nous : Il n'en est pas question, il y a déjà un travail qui se fait par la
ministre du Travail, donc pas question de mandat d'initiative. Et, en Chambre,
tantôt, j'ai questionné parce que j'étais quand même un peu, disons, déçue,
choquée de voir que, d'un côté, le premier ministre se promène un peu partout
pour dire comment il souhaite que ce débat du salaire minimum se fasse de façon
publique avec les arguments de tout le monde et, de l'autre côté, quand on
offre une possibilité de le faire de façon réellement transpartisane à travers
un mandat d'initiative, bien là, à ce moment-là, on ferme la porte. Alors, je
suis vraiment déçue, désolée, choquée.
Mais ceci étant dit, on n'a pas dit notre
dernier mot. Il est clair que, pour nous, c'est important que ce débat-là ait
lieu sur la place publique parce que, derrière les portes closes... Bien sûr
que la ministre du Travail peut rencontrer les gens. Je l'ai entendue, donc
j'invite les gens qui voudraient aller expliquer à la ministre du Travail
pourquoi d'avoir un salaire minimum à 15 $ l'heure, ça serait d'améliorer
la dignité des des travailleurs à petit salaire... puisqu'elle a dit qu'elle
était prête à rencontrer tout le monde.
Ceci étant dit, pour moi, ce n'est pas ça,
un débat public. Pour moi, un débat public, c'est lorsqu'on peut poser des
questions, interagir, entendre les questions des autres. Et là-dessus j'en
aurais plusieurs à poser pour déconstruire les peurs entourant la question du
salaire minimum.
Alors, la lutte n'est pas terminée. D'ailleurs,
il y a des pétitions qui sont encore en train de se faire signer. J'invite
aussi la population à joindre la grande manifestation du 15 octobre à
Montréal pour demander l'augmentation du salaire minimum. Et c'est une lutte
que nous allons gagner en persévérant, et c'est ce que j'entends bien faire
pour la suite des choses.
M. Vigneault (Nicolas) : ...Mme
Massé, on semble vouloir continuer à aller de l'avant avec des rencontres
privées, et tout ça. Comment comptez-vous peut-être forcer la main au gouvernement?
On le sait, c'est difficile, là. La position semble ferme de ce côté-là.
Mme Massé : Bien, écoutez, je
pense que, pour moi, ce qui me frappe, c'est que, depuis le mois d'avril, les
trois partis ont changé de position. Vous vous rappelez, au printemps, avec les
motions que j'ai déposées, dont notamment la motion du mercredi, bon, bien, tout
le monde... les trois autres partis ont cheminé, jusqu'au point où le premier
ministre a dit publiquement, à au moins deux reprises, son intérêt de voir ce
débat-là se faire publiquement. Alors, moi, c'est un peu là-dessus que je
m'appuie. Et, s'il en est ainsi, j'en suis convaincue, c'est parce que la
mobilisation citoyenne est au rendez-vous. J'ai fait signer plusieurs pétitions
dans ma vie et je peux vous garantir que celle sur le salaire minimum, elle est
très facile à faire signer. Les gens ont compris que ça n'a plus de bon sens
que quelqu'un qui travaille 37, 40 heures-semaine n'a pas assez d'argent
pour vivre et doit se retrouver dans les banques alimentaires.
Voyez-vous, même aujourd'hui, même la CAQ
exigeait ce débat-là public sur la question du salaire minimum. Alors, si tous
les partis en sont rendus là, si la société civile en est rendue là... Et vous
allez voir, là, les pétitions s'additionnent de plus en plus. J'ai fait un premier
dépôt la semaine dernière, j'en déposerai d'autres dans les semaines à venir. Je
pense qu'éventuellement le gouvernement va saisir que la population du Québec
veut faire ce débat-là collectivement, ensemble. Pourquoi? Bien, parce qu'à la
base il y a une réflexion à faire sur le type d'économie qu'on veut. Est-ce
qu'on veut une économie, encore et toujours, qui crée la richesse et qui la
concentre vers le haut ou bien, au Québec, en 2016, on considère que, quand la
richesse est créée, elle doit aussi se répartir vers le bas?
M. Vigneault (Nicolas) :
Comment une commission permettrait d'aller plus loin, par exemple, par rapport
à une proposition du gouvernement, un projet de loi qui serait déposé et qui
serait amené aussi en commission et où les gens pourraient être entendus?
Mme Massé : C'est-à-dire qu'on
n'est pas certains que la ministre nous prépare un projet de loi. Ce qu'elle
dit, c'est qu'elle regarde — ce que, moi, j'en ai saisi — les
critères qui sont en présence, elle entend la commande de son premier ministre,
qui lui dit de réfléchir sur la question du salaire minimum, et, ceci étant
dit, elle est prête, avec les gens du ministère, à reconsidérer un certain
nombre de choses. Ça peut venir par règlement, vous le savez comme moi, ça peut
passer par un Conseil des ministres. Nous, ce qu'on veut, c'est un débat
public. C'est très différent. Merci beaucoup.
(Fin à 16 heures)