(Treize heures trente-trois minutes)
M. Legault
: Oui.
Bonjour, tout le monde! C'est avec beaucoup de plaisir que je veux vous faire
une annonce importante aujourd'hui. Je suis accompagné de Chantal Soucy, qui
est notre porte-parole en énergie, André Lamontagne, porte-parole en économie,
Mario Laframboise, porte-parole en affaires municipales.
Donc, je suis très fier aujourd'hui de
faire une proposition économique importante, constructive pour l'avenir du Québec.
Et évidemment on souhaite que le gouvernement libéral copie cette proposition,
sinon, bien, on va la mettre en place avec un gouvernement de la CAQ dans deux
ans.
Une des raisons de notre retard en économie
au Québec, c'est notre retard à prendre le virage numérique. Tout passe par les
bandes passantes. Aujourd'hui, c'est l'avenir. Et j'ai pu constater, lors de ma
tournée de cinq semaines à travers le Québec, que, dans plusieurs régions, on n'a
pas accès à Internet haute vitesse. Même dans certains endroits, là, qui ne
sont même pas à une heure de Montréal, on n'a pas accès à Internet haute
vitesse. C'est très mauvais pour les travailleurs autonomes, mauvais pour les
entrepreneurs, mauvais pour les citoyens. C'est comme si on était sur une
autoroute de l'information avec une vieille minoune. Il est temps qu'on ait une
auto neuve. Il est temps qu'on agisse. On ne peut plus attendre. Donc, c'est
pour ça qu'aujourd'hui la CAQ propose un plan d'implantation de trois ans pour
doter toutes les régions du Québec d'un accès à Internet haute vitesse. Quand
je parle de haute vitesse, je parle d'un accès qui peut atteindre 100 mégabits
par seconde mais avec un plancher partout de cinq mégabits par seconde.
L'Internet dans les régions du Québec… Je
me reprends. L'Internet dans les régions du Québec, ce n'est pas un luxe, c'est
essentiel. Au XXe siècle, c'était essentiel d'électrifier les campagnes. Au
XXIe siècle, c'est essentiel de fournir Internet haute vitesse à toutes les
régions du Québec. Et on pense que ce projet doit être fait en collaboration et
sous la supervision des MRC. Donc, ce sont les MRC qui sont les mieux placées
pour bien connaître les besoins des citoyens. Et donc un gouvernement de la CAQ
donnerait le leadership, la responsabilité aux MRC de fournir toutes les
régions du Québec avec un service Internet haute vitesse.
Maintenant, de son côté, on propose que le
gouvernement du Québec finance 30 % du coût minimum et, dans certains cas,
jusqu'à 40 %. Ça représente, pour le gouvernement du Québec, entre 500 et
800 millions de dollars. C'est beaucoup d'argent, mais on pense
qu'aujourd'hui c'est une nécessité pour le développement des régions. Dans
certains cas, dans la proposition qui est faite, les infrastructures d'Hydro-Québec
pourraient être utilisées, mais, ce qu'il est important de dire, ce seraient
les MRC qui seraient les maîtres d'oeuvre, et les redevances seraient payées
aux MRC. Donc, je pense que c'est très intéressant. Depuis longtemps, les MRC
demandent d'avoir accès à des nouvelles sources de revenus, mais ce qu'on
dirait, c'est que, dans le projet, les redevances seraient collectées et
gardées par les MRC.
Et il n'y a pas de raison de ne pas le
faire, là. On a vu, au cours des dernières années, que l'Ontario l'a fait, hein?
Puis, encore cet été, on annonçait des collaborations avec le gouvernement fédéral,
qui fournissait jusqu'à 33 % des coûts pour, entre autres, donner accès à
Internet haute vitesse dans 350 communautés du sud-ouest de l'Ontario. Et on a
aussi des régions, au Québec, qui ont déjà commencé à le faire. Par exemple,
récemment dans la MRC de Bécancour, 12 municipalités ont décidé d'investir
15 millions de dollars pour donner accès à Internet haute vitesse sur tout
leur territoire, même chose, on est en train de le regarder, du côté de la MRC
de Drummond, mais le gouvernement doit être un partenaire. On ne peut pas
pelleter ça dans la cour des municipalités puis des MRC. On parle quand même
d'investissements, là, très importants. Et actuellement le Québec a pris du
retard, et chaque jour qui passe, c'est une occasion qui est manquée.
Donc, il faut comprendre qu'il s'agit
d'une mesure qui est très importante, très importante aussi pour garder en
région nos jeunes, nos entrepreneurs. Donc, c'est aussi une façon de garder
puis de donner de la vitalité à nos régions.
Donc, pour créer de la richesse, il faut
investir, et le Québec a besoin de projets collectifs. Je pense que le projet
qu'on propose aujourd'hui, c'est un projet rassembleur, visionnaire, donc, pour
l'avenir du Québec, et je pense qu'on doit le faire avec un partenariat avec
toutes les régions du Québec.
La Modératrice
: On va
prendre les questions. Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) : M.
Legault, effectivement, votre évaluation de 800 millions de dollars, vous
la faites comment, là? De quelle façon vous avez calculé ça?
M. Legault
: Oui. O.K.
Bon, ce qu'on a fait, on a regardé les coûts en Ontario, on a regardé les
régions qui ne sont pas couvertes actuellement et on arrive à un coût total,
là, entre 1,5 milliard et 2 milliards. Donc, quand on dit que le
gouvernement du Québec paierait 30 % à 40 %, ça veut dire entre 500
et 800 millions de dollars. C'est pour ça que j'entendais tantôt M.
Couillard nous parler d'un plan de 100 millions. Ce n'est pas sérieux. On
en ferait des petits bouts, là, mais, si on est sérieux de donner Internet
haute vitesse à toutes les régions du Québec, on est très loin du compte avec
la proposition de M. Couillard.
M. Vigneault (Nicolas) : Mais
ça veut dire quand même, pour certaines municipalités, des coûts importants, là,
parce que le reste de la facture est assumé par les municipalités. Est-ce que vous
ne craignez pas qu'on se retourne encore une fois vers les citoyens et demander
des taxes additionnelles pour payer?
M. Legault
: Bon, deux
choses. D'abord, le gouvernement fédéral a fourni un tiers des coûts en
Ontario, donc ça veut dire qu'actuellement le Québec laisse de l'argent sur la
table. J'ai entendu tantôt la ministre fédérale, à la FQM, dire que le fédéral
était prêt à faire sa part. Deuxièmement, c'est très important dans notre
proposition, ce qu'on dit, c'est que toutes les redevances vont revenir aux
MRC. Donc, la partie qui serait investie par les MRC pourrait être remboursable
ou remboursée avec les redevances payées par les citoyens, les entreprises.
M. Vigneault (Nicolas) : Les
compagnies de télécoms ne risquent pas de vous regarder avec des gros yeux dans
ce contexte-là?
M. Legault
: Écoutez,
j'ai rencontré des entreprises de télécoms comme Bell. Actuellement, dans ces
régions-là, ce n'est pas rentable. Donc, on ne peut pas forcer des entreprises
privées à donner des services à perte. Par contre, ce qu'on doit comprendre,
là, c'est qu'avec ou non le réseau d'Hydro-Québec, ce qu'on appelle le
«backbone», là, donc amener le tuyau dans chaque région, ça serait la
responsabilité des gouvernements et des MRC, mais fournir le service dans
chaque maison, dans chaque entreprise, ça serait la responsabilité des
entreprises comme Bell, comme Telus, comme Vidéotron. Puis il y en a des
petites dans certaines régions. Et on verrait donc que ces entreprises-là
seraient obligées de payer une redevance aux MRC mais s'occuperaient de faire
le travail de raccordement maison par maison puis d'envoyer les factures à
chaque citoyen. Mais, pour avoir fourni le «backbone», les MRC auraient le
droit à une redevance. Mais il n'est pas question, là, qu'on commence, le
public, à aller s'assurer de donner Internet dans chaque maison. On va
s'assurer d'amener le «backbone» dans chacune des régions du Québec.
M. Vigneault (Nicolas) : Deux
autres questions, peut-être, sur d'autres sujets. M. Couillard vient tout juste
de réitérer sa confiance, il dit qu'il a toujours confiance en Laurent Lessard.
M. Legault
: Bien, écoutez,
il a fait ça avec d'autres ministres dans le passé, puis, avec les jours, les
semaines qui passent, M. Couillard, ça lui prend un certain temps pour se faire
un jugement politique, là. Il n'a pas les meilleurs réflexes quand il s'agit
d'éthique. Mais nous, on pense, à la CAQ, là, qu'actuellement il y a beaucoup
de travail à faire au ministère des Transports. Je ne pense pas que M. Lessard
ait la tête à faire avancer les dossiers importants au ministère des Transports
puis je pense qu'actuellement il y a comme trop de hasards, là, il y a trop de
subventions qui ont été données à des amis ou à la famille de M. Lessard. Je
pense que, si j'étais à la place de M. Couillard, là, je demanderais à M.
Lessard, au moins temporairement, de laisser sa place.
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
le rapport de la Protectrice du citoyen, on attaque de façon assez sérieuse
toute la réforme du ministre de la Santé, Gaétan Barrette. Est-ce que vous
estimez aussi que c'est une réforme ratée?
M. Legault
: Bien, effectivement.
Écoutez, là, depuis deux ans et demi, là, faites le tour dans toutes les
régions du Québec puis demandez aux gens : Est-ce que ça va mieux en
santé? Ça ne va pas mieux nulle part en santé. Donc, il y a effectivement des
coupures qui ont été faites aux dépens, même, de certains services. Donc, actuellement,
le moins qu'on puisse dire, c'est que ça ne va pas mieux qu'il y a deux ans et
demi.
La Modératrice
: Merci.
On va passer aux questions en anglais. Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Legault. If you consider high-speed Internet to be a
necessity rather than a luxury, why do you think it is taking so long for it to
be accessible in various regions of the province?
M. Legault
: I think that, right now, Mr. Couillard… a lack of vision when you
think about fast-speed Internet. We need to have that. It's a necessity like
electricity 100 years ago. So, I think, right now, we have to have a serious
plan, and Mr. Couillard doesn't have a serious plan. We evaluated that, in order
to give access everywhere in Québec, it would cost between $1.5 and $2 billion. And we think,
right now, the Québec
Government should supply between 30% and 40% of the money. The Federal
Government already did supply about 33% in some projects in Ontario, and we think that the MRC's should
supply some of the money, but, in exchange, they should receive the royalties
to give the service from the people using the service.
Mme Johnson (Maya) : …at $1.2 billion, between…
M. Legault
: $1.5 and $2 billion.
Mme Johnson (Maya) : 1.5, sorry. OK, $1.5 to $2 billion.
M. Legault
: Yes. So, it means the part of the Québec Government would be between $500 and $800 million. It's a lot
of money, but it's a real good investment for the economic development of all
regions in Québec and, right
now, it's a necessity.
Mme Johnson (Maya) : But that was actually going to be my next question. Can Québec really
afford to do this? I mean, we just saw the «rapport de la protectrice», who is saying that Quebeckers don't even have access
to essential health services. So, can we really afford to be investing more
money in Internet access?
M. Legault
:
But we can ask the question in the opposite : Can we afford not to have
access to Internet? And some analyses say that you can increase
by 1 % your economic growth in having fast-speed
Internet in all regions right now. Again today, the TD Bank decreased the forecast for this year in the economic growth from
1.7 % to 1.3 % only. So we really need to do
something for the economy, and Internet is a priority.
Mme Johnson (Maya) : And, on another topic now, as my colleague just said, Mr. Couillard
has reiterated his confidence in Mr. Lessard, and you don't seem impressed by
that.
M. Legault
:
No, I think that, right now, somebody has to focus on problems with the
Transport Ministry, and it is not the case. Of course, Mr. Lessard is stuck
in all kinds of problems right now. And it's surprising, it's the less I can
say, to see how many grants were given by the Liberal Government to some
friends of Mr. Lessard.
So, right now, I think
that Quebeckers are fed up and I think Mr. Couillard should take the only
acceptable decision : ask Mr. Lessard to take some time to make all those
files clear and… But, right now, I think he does not have the credibility to be
Minister of Transport.
Mme Johnson (Maya) : Mr. Lessard tried to distance himself from Mr. MacKay this morning.
He says, you know, he did not know him at the time that he came into that
position.
M. Legault
:
Is it somebody else at the Liberal Party? But every time you look a bit in
details about grants or nominations, it is always people from the Liberal
Party. So, if it is not Mr. Lessard who named Mr. MacKay… Mr. MacKay
himself said : I don't have the qualifications for the job. Himself said
that. So, the only qualification Mr. MacKay had is he was a good Liberal. Was
it a decision of Mr. Couillard or Mr. Lessard? I think, right now, we need to
have some answers and I think there is a total lack of leadership from Mr. Couillard
again. Thank you.
Une voix
:
Merci beaucoup.
(Fin à 13 h 48)